DAKARACTU.COM Cette nuit du 25 mars a dû être la plus longue de son existence. Il est aux portes de la présidence de la République et, à 51 ans, il voit défiler les étapes de sa vie, au ralenti, même si celle-ci a connu un rythme accéléré ces dernières années, qui l’auront vu passer de directeur général d’une société nationale en 2000 à président de l’Assemblée nationale en 2009, en passant par divers postes de ministre parmi lesquels le premier d’entre eux. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance pour cet homme né à Fatick en plein bassin arachidier, de parents modestes mais qui lui auront fait passer une enfance heureuse et studieuse, pendant laquelle il fréquente l’école de la République avec rigueur et assiduité, se donnant les moyens d’accomplir ses rêves et de comprendre le monde qui l’entoure. Ingénieur, géologue, il se spécialise dans le pétrole. Après avoir fait ses classes dans And - Jëf, le parti de Landing Savané, il s’émancipera auprès d'Abdoulaye Wade du temps de son opposition à Diouf. Longtemps fidèle parmi les fidèles, il se verra confier les ministères de l’Energie et des Mines, de l’Hydraulique, de l’Intérieur, avant de prendre la primature à la faveur de la disgrâce d'Idrissa Seck, auquel il fait dans un célèbre discours un enterrement de première classe, précipitant la chasse qui allait mener ce dernier en prison. Il conduit avec succès la campagne électorale de Wade en 2007, la gagne et se voit ouvrir les portes de la présidence de l’Assemblée nationale. C’est à ce moment peut-être qu’il va ressentir en lui les valeurs qui lui ont été inculquées durant cette enfance jalonnée d’épreuves qui l’ont forgé, et raffermi dans ses convictions de travail, de rigueur, de patience et de persévérance. Là, il commet l’erreur de convoquer le fils tout-puissant du président de la République pour qu’il s’explique sur les chantiers qu’il a eu à conduire en vue de la conférence de l’Oci. Patatras !! Tout s’écroule et, une modification constitutionnelle plus tard, voilà Macky Sall devenu opposant à son mentor du fait d’éjection sans fioritures ni reconnaissance de son perchoir. Cette épreuve va le sanctifier, dans ce pays qui n’aime pas l’injustice et qui sait glorifier les martyrs. Sa rondeur physique fait le reste et sa mine bon enfant renforce chez les Sénégalais le sentiment que c’est surtout pas à lui que Wade devait s’en prendre. Macky Sall devient ce jour le caillou dans la babouche de Wade, et l’empêchera de cheminer tranquille le reste de son quinquennat. Macky Sall aura fait sa carrière au sein du régime en place et, ironie de l’histoire, va avoir le plaisir de donner à des populations qui attendent cela désespérément, depuis les premiers désaveux de l’alternance, la satisfaction de mettre un monstre sacré de notre vie politique en ballotage. Pour cela, il aura montré aux Sénégalais des valeurs de résistance et de fierté autant que d’endurance et d’humilité, qui l’ont rendu incontournable sur la scène politique. Ce 25 mars, il saura si sa mère a bien travaillé. Et il aura comme viatique de servir et produire avec désintéressement, avec ce respect qu’il a du droit et de la justice. L’injustice a été son booster. Et son distributeur d’énergie, ce qui ne veut pas dire qu’il soit rancunier et vindicatif. Trop rond pour être méchant. La rondeur est souvent généreuse. Espérons-le pour le Sénégal.
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