DAKARACTU.COM L’élection présidentielle a lieu dans exactement quatre mois et nous assistons à ce qui ressemble à un suicide politique de la gauche sénégalaise qui, faute d’opérer une vraie mutation, se prépare à perdre le gain d’une victoire qui pouvait lui être acquise. Cette gauche n’a pas compris encore la nécessité de s’unir véritablement et de s’ouvrir à une ambitieuse restructuration, qui prendrait les contours francs d’une rénovation.
En pleine attente des Sénégalais d’une véritable alternative au pouvoir libéral ayant atteint ses propres limites du fait d’une hyperpersonnalisation autour de sa constante Abdoulaye Wade, la gauche qu’on peut recenser autour du Parti socialiste (PS) et de l’Alliance des forces de progrès (AFP) s’adonne à une vaine et improductive guerre de leadership qui a tendance à lasser un électorat avide de changement. A quoi assiste-t-on ? A une querelle de positionnement entre les deux têtes d’affiche du PS et de l’AFP, avec des relents de rancune non assumée, liée aux élections de 2000 qui avaient suivi l’éclatement du PS avec les départs de Moustapha Niasse et de Djibo Leyti Ka. Les comptes de cette déchirure, malgré les visages sereins des deux protagonistes, ne semblent toujours pas soldés. Benno Siggil Senegaal est le théâtre d’une guerre larvée, d’une paix armée, où l’on sent que les deux courants s’étripent en douce, et que l’atmosphère dégénère lentement en égrenant régulièrement les termes de la chronique d’un clash annoncé. Parce que, d’une part, la démocratie à laquelle ces deux partis appellent n’est pas vraiment exercée en leur sein même. La désignation des candidats à la candidature de ces deux entités de Bennoo s’est faite par… acclamation. Avant qu’un simulacre de primaires vienne sauver les apparences au PS. Les mauvaises habitudes sont tenaces. Les deux candidats pressentis sont les deux candidats déclarés et désignés sans débat aucun. Aucun de ces partis n’a soupesé le poids actuel et réel de ces deux hommes auprès de l’opinion, surtout sa frange la plus jeune. Moustapha Niasse a-t-il décollé des 5% qui étaient ses suffrages en 2007 ? Tanor Dieng s’est-il posé la question de savoir si les Sénégalais avaient réellement passé l’éponge sur la gestion contestée de son parti avant 2000 qu’il incarnait au plus haut point ? Les études d’opinion sont unanimes : aucun des deux n’est à ce jour à un niveau d’intentions de vote capable de le propulser au second tour. Nul n’ignore que si Bennoo désigne Niasse, c’est le PS qui explose. Si Bennoo désigne Tanor, il ne sera pas sincèrement soutenu par l’AFP. Et ils refusent tous deux une solution médiane : adouber un homme neuf.
Il ne leur effleure pas l’esprit que les Sénégalais attendent un certain renouvellement des cadres de leurs deux partis qui mènent la danse au sein de leurs appareils, qu’ils désirent un rajeunissement symbolisé par des hommes comme Khalifa Sall, Malick Gackou ou le Dr Malick Diop. Aucune alternative n’est proposée en termes de génération, et comme en plus cette gauche n’a pour l’instant comme seul programme que le départ de Wade et son irrecevabilité de candidature, il est sûr qu’elle n’est pas très attrayante. D’autant que ses partenaires historiques comme la LD, le PIT et, dans une pire mesure, AJ/Pads qui aura cheminé avec les adversaires d’aujourd’hui jusqu’à la limite du tolérable, sont dans une situation qui frise l’indifférence totale des Sénégalais. Surtout chez les jeunes qui ont d’autres filtres de lecture de la chose politique que ceux qui prévalaient au temps de leur relative splendeur.
Cette gauche-là n’a pas su saisir les opportunités historiques qui se sont offertes à elle tout au long des mandats de Wade. Pour beaucoup moins que les graves erreurs des libéraux ces dernières années, l’opposant d’alors, Abdoulaye Wade, mettait régulièrement le régime de Diouf à l’agonie.
Cette gauche-là donne l’impression d’être débordée par le Mouvement des forces vives du 23 juin (M23), ne prenant plus d’initiatives, ou les prenant en chemin, comme les Assises Nationales, qu’elle a rejoint en traînant les babouches. En plus, les vraies propositions de changement n’émanent pas d’elle, étant le fruit de personnalités de la société civile qui provoquent chez ces hommes de gauche des réflexes d’exclusion ou des procès en illégitimité. Ceux qui ont pensé la très raffinée procédure de désignation du candidat unique proposée par Bennoo Alternative 2012 en savent quelque chose.
Cette gauche-là n’est pas attrayante, elle n’a rien d’excitant. Et, dans le cas où les électeurs qui veulent en découdre avec Wade étaient face à un scrutin sans ce dernier, ce n’est pas Tanor ni Niasse qui tireraient les marrons du feu, encore moins Savané ou Bathily, mais peut-être bien des hommes qui auront su se démarquer des libéraux arrogants, comme Macky Sall ou Idrissa Seck, qui n’ont pas renoncé pour autant aux idéaux du libéralisme.
Le salut de la gauche dans ce pays qui a encore espoir en elle réside dans une véritable démocratisation des instances qui dirigent ses partis, mais aussi dans le rajeunissement des hommes qui prétendent en leur sein présider aux destinées de ce pays qui a connu un bouleversement sociologique et démographique rendant caduques les mécanismes qui ont guidé jusqu’ici son implantation politique.
Si la gauche sénégalaise n’intègre pas ces nouveaux paramètres, elle sera passée à côté de son histoire, mais surtout, par autisme, comme par prétention, elle aura raté l’occasion de prendre un pouvoir qu’il suffisait de ramasser, tant il était tombé à terre. Au lieu de cette figure conquérante, elle a opté pour les querelles intestines qui la ravalent à la catégorie des oppositions les plus bêtes du monde.
En pleine attente des Sénégalais d’une véritable alternative au pouvoir libéral ayant atteint ses propres limites du fait d’une hyperpersonnalisation autour de sa constante Abdoulaye Wade, la gauche qu’on peut recenser autour du Parti socialiste (PS) et de l’Alliance des forces de progrès (AFP) s’adonne à une vaine et improductive guerre de leadership qui a tendance à lasser un électorat avide de changement. A quoi assiste-t-on ? A une querelle de positionnement entre les deux têtes d’affiche du PS et de l’AFP, avec des relents de rancune non assumée, liée aux élections de 2000 qui avaient suivi l’éclatement du PS avec les départs de Moustapha Niasse et de Djibo Leyti Ka. Les comptes de cette déchirure, malgré les visages sereins des deux protagonistes, ne semblent toujours pas soldés. Benno Siggil Senegaal est le théâtre d’une guerre larvée, d’une paix armée, où l’on sent que les deux courants s’étripent en douce, et que l’atmosphère dégénère lentement en égrenant régulièrement les termes de la chronique d’un clash annoncé. Parce que, d’une part, la démocratie à laquelle ces deux partis appellent n’est pas vraiment exercée en leur sein même. La désignation des candidats à la candidature de ces deux entités de Bennoo s’est faite par… acclamation. Avant qu’un simulacre de primaires vienne sauver les apparences au PS. Les mauvaises habitudes sont tenaces. Les deux candidats pressentis sont les deux candidats déclarés et désignés sans débat aucun. Aucun de ces partis n’a soupesé le poids actuel et réel de ces deux hommes auprès de l’opinion, surtout sa frange la plus jeune. Moustapha Niasse a-t-il décollé des 5% qui étaient ses suffrages en 2007 ? Tanor Dieng s’est-il posé la question de savoir si les Sénégalais avaient réellement passé l’éponge sur la gestion contestée de son parti avant 2000 qu’il incarnait au plus haut point ? Les études d’opinion sont unanimes : aucun des deux n’est à ce jour à un niveau d’intentions de vote capable de le propulser au second tour. Nul n’ignore que si Bennoo désigne Niasse, c’est le PS qui explose. Si Bennoo désigne Tanor, il ne sera pas sincèrement soutenu par l’AFP. Et ils refusent tous deux une solution médiane : adouber un homme neuf.
Il ne leur effleure pas l’esprit que les Sénégalais attendent un certain renouvellement des cadres de leurs deux partis qui mènent la danse au sein de leurs appareils, qu’ils désirent un rajeunissement symbolisé par des hommes comme Khalifa Sall, Malick Gackou ou le Dr Malick Diop. Aucune alternative n’est proposée en termes de génération, et comme en plus cette gauche n’a pour l’instant comme seul programme que le départ de Wade et son irrecevabilité de candidature, il est sûr qu’elle n’est pas très attrayante. D’autant que ses partenaires historiques comme la LD, le PIT et, dans une pire mesure, AJ/Pads qui aura cheminé avec les adversaires d’aujourd’hui jusqu’à la limite du tolérable, sont dans une situation qui frise l’indifférence totale des Sénégalais. Surtout chez les jeunes qui ont d’autres filtres de lecture de la chose politique que ceux qui prévalaient au temps de leur relative splendeur.
Cette gauche-là n’a pas su saisir les opportunités historiques qui se sont offertes à elle tout au long des mandats de Wade. Pour beaucoup moins que les graves erreurs des libéraux ces dernières années, l’opposant d’alors, Abdoulaye Wade, mettait régulièrement le régime de Diouf à l’agonie.
Cette gauche-là donne l’impression d’être débordée par le Mouvement des forces vives du 23 juin (M23), ne prenant plus d’initiatives, ou les prenant en chemin, comme les Assises Nationales, qu’elle a rejoint en traînant les babouches. En plus, les vraies propositions de changement n’émanent pas d’elle, étant le fruit de personnalités de la société civile qui provoquent chez ces hommes de gauche des réflexes d’exclusion ou des procès en illégitimité. Ceux qui ont pensé la très raffinée procédure de désignation du candidat unique proposée par Bennoo Alternative 2012 en savent quelque chose.
Cette gauche-là n’est pas attrayante, elle n’a rien d’excitant. Et, dans le cas où les électeurs qui veulent en découdre avec Wade étaient face à un scrutin sans ce dernier, ce n’est pas Tanor ni Niasse qui tireraient les marrons du feu, encore moins Savané ou Bathily, mais peut-être bien des hommes qui auront su se démarquer des libéraux arrogants, comme Macky Sall ou Idrissa Seck, qui n’ont pas renoncé pour autant aux idéaux du libéralisme.
Le salut de la gauche dans ce pays qui a encore espoir en elle réside dans une véritable démocratisation des instances qui dirigent ses partis, mais aussi dans le rajeunissement des hommes qui prétendent en leur sein présider aux destinées de ce pays qui a connu un bouleversement sociologique et démographique rendant caduques les mécanismes qui ont guidé jusqu’ici son implantation politique.
Si la gauche sénégalaise n’intègre pas ces nouveaux paramètres, elle sera passée à côté de son histoire, mais surtout, par autisme, comme par prétention, elle aura raté l’occasion de prendre un pouvoir qu’il suffisait de ramasser, tant il était tombé à terre. Au lieu de cette figure conquérante, elle a opté pour les querelles intestines qui la ravalent à la catégorie des oppositions les plus bêtes du monde.
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