À l’initiative du Parti de la renaissance nationale (Parena de Tiébilé Dramé), une concertation sur les crises du Sahel a réuni à Bamako, les 10 et 11 décembre, de nombreux responsables des pays de la sous-région : société civile, élus locaux ou nationaux et représentants de partis au pouvoir ou dans l’opposition. Le constat est amer et le désengagement de l'État malien fortement critiqué.
Une trentaine de députés, quelque 200 maires et élus locaux des trois régions du Nord-Mali, ainsi qu'une vingtaine de représentants d’organisations indépendantes ont débattu pendant deux jours des problèmes d’instabilité et d’insécurité qui sévissent au Sahel. Les échanges ont été vifs, parfois violents. Des divergences communautaires ont éclaté et l'État malien a été souvent accusé de laxisme voire de démission face aux périls qui menacent les populations de la bande sahélo-saharienne.
Les témoignages de certains élus sont poignants, rendant la présence des salafistes moins virtuelle à tous ceux qui ne connaissent pas la réalité du terrain et ne perçoivent Aqmi qu'à travers ses messages vidéo ou audio. Hama Aboubacrine, vice-président du cercle de Goundam (200 kilomètres au sud de Tombouctou) raconte par exemple que les écoles de sa circonscription font régulièrement l’objet de « visites d’inspection par les salafistes. Ils interdisent les classes mixtes, chassent les enseignants de français et quand l’établissement obéit à leurs injonction, ils distribuent bonbons et stylos aux élèves.
Un poison nommé Aqmi
« À partir de Goundam, il n’y a ni préfet ni sous-préfet, poursuit Aboubacrine. La puissance publique qui administre, c’est Aqmi. » Tous les témoignages ont un point commun : ils relèvent l’absence de l'État. Et si les salafistes ne s’en prennent pas encore aux populations civiles, ils empoisonnent déjà le quotidien de ces dernières, « mesurant la longueur des barbes des hommes, distribuant des voiles islamiques aux femmes et faisant passer, aux unes et aux autres, des tests de connaissance du Coran et de la charia. La situation est intenable », raconte le député de Bara, une circonscription qui abrite la fameuse forêt du Wagadou, devenue le fief de la Brigades des Moulathamine (« Enturbannés », NDLR).
Le narcotrafic est également dénoncé comme une menace sur la fragile cohésion intercommunautaire. Quant aux conséquences de la crise libyenne, elles contribuent à noircir un tableau déjà sombre : d’anciens combattants d’origine malienne de la Légion islamique de Kaddafi, sont revenus dans leur pays avec armes mais sans bagages, et l’irrédentisme touarègue se réveille avec, à la clé, la résurgence des velléités indépendantistes de l’Azawad.
À l’issue de deux jours de débats passionnés, décision a été prise d’institutionnaliser un mécanisme de concertation par une réunion périodique. La prochaine du même genre est ainsi prévue dans six mois à Niamey. L’initiative sera cette-fois confiée au Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir).
JeuneAfrique
Une trentaine de députés, quelque 200 maires et élus locaux des trois régions du Nord-Mali, ainsi qu'une vingtaine de représentants d’organisations indépendantes ont débattu pendant deux jours des problèmes d’instabilité et d’insécurité qui sévissent au Sahel. Les échanges ont été vifs, parfois violents. Des divergences communautaires ont éclaté et l'État malien a été souvent accusé de laxisme voire de démission face aux périls qui menacent les populations de la bande sahélo-saharienne.
Les témoignages de certains élus sont poignants, rendant la présence des salafistes moins virtuelle à tous ceux qui ne connaissent pas la réalité du terrain et ne perçoivent Aqmi qu'à travers ses messages vidéo ou audio. Hama Aboubacrine, vice-président du cercle de Goundam (200 kilomètres au sud de Tombouctou) raconte par exemple que les écoles de sa circonscription font régulièrement l’objet de « visites d’inspection par les salafistes. Ils interdisent les classes mixtes, chassent les enseignants de français et quand l’établissement obéit à leurs injonction, ils distribuent bonbons et stylos aux élèves.
Un poison nommé Aqmi
« À partir de Goundam, il n’y a ni préfet ni sous-préfet, poursuit Aboubacrine. La puissance publique qui administre, c’est Aqmi. » Tous les témoignages ont un point commun : ils relèvent l’absence de l'État. Et si les salafistes ne s’en prennent pas encore aux populations civiles, ils empoisonnent déjà le quotidien de ces dernières, « mesurant la longueur des barbes des hommes, distribuant des voiles islamiques aux femmes et faisant passer, aux unes et aux autres, des tests de connaissance du Coran et de la charia. La situation est intenable », raconte le député de Bara, une circonscription qui abrite la fameuse forêt du Wagadou, devenue le fief de la Brigades des Moulathamine (« Enturbannés », NDLR).
Le narcotrafic est également dénoncé comme une menace sur la fragile cohésion intercommunautaire. Quant aux conséquences de la crise libyenne, elles contribuent à noircir un tableau déjà sombre : d’anciens combattants d’origine malienne de la Légion islamique de Kaddafi, sont revenus dans leur pays avec armes mais sans bagages, et l’irrédentisme touarègue se réveille avec, à la clé, la résurgence des velléités indépendantistes de l’Azawad.
À l’issue de deux jours de débats passionnés, décision a été prise d’institutionnaliser un mécanisme de concertation par une réunion périodique. La prochaine du même genre est ainsi prévue dans six mois à Niamey. L’initiative sera cette-fois confiée au Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir).
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