Faure Gnassingbé, qui dirige le Togo depuis 2005, consolide son pouvoir


Le dirigeant togolais Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a prêté serment samedi à Lomé comme président du conseil des ministres, désormais la plus haute fonction du pouvoir exécutif, après une réforme constitutionnelle critiquée par l'opposition qui l'accuse de vouloir rester indéfiniment au pouvoir.

Cet héritier d'une dynastie familiale au pouvoir depuis plus d'un demi-siècle a succédé à son père Eyadéma Gnassingbé, qui a dirigé sans partage ce petit pays d'Afrique de l'Ouest pendant près de 38 ans.

L'adoption de la nouvelle Constitution en avril 2024 a provoqué un tollé dans les rangs de l'opposition et de la société civile, les opposants dénonçant un "coup d'Etat institutionnel".

Pour Nathaniel Olympio, porte-parole du Front "Touche pas à ma Constitution", "cette prestation de serment est l'acte terminal du viol orchestré de la conscience de chaque Togolais". "Ce dernier acte de construction de la Ve République marque la fin du régime et cette fin interviendra inéluctablement, d'une façon ou d'une autre", a-t-il assuré à l'AFP.

Les deux principaux partis de l'opposition, dont l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC), et la société civile ont appelé à un rassemblement dimanche à 14h00 dans la capitale Lomé pour protester contre le nouveau texte.

A ses détracteurs qui l’accusent d’autoritarisme, Faure Gnassingbé répondait calmement à l'AFP en 2020 ne pas se "sentir l'âme d’un dictateur".

Faure Gnassingbé, qui aura 59 ans en juin, a prêté serment devant le Conseil constitutionnel dans la matinée, a constaté un correspondant de l'AFP. L'ancien président nigérien Mahamadou Issoufou (2011-21) était présent.


- "Allégeance" de l'armée -


Les forces armées ont fait "allégeance" au président du conseil des ministres, "chef suprême des armées".

Des partisans du pouvoir ont brandi à l'extérieur du bâtiment des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Tous pour un Togo fort, nous sommes Faure" ou encore "Le Togo est fort avec Faure".

Selon la réforme constitutionnelle, la fonction de président de la République devient honorifique et le président du Conseil des ministres doit être le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale: il s'agit actuellement du chef de l'Etat Faure Gnassingbé, qui pouvait se représenter une dernière fois en 2025.

Le parti de Faure Gnassingbé, l'Union pour la République (Unir), a largement remporté les élections législatives d'avril 2024 avec 108 sièges sur 113. Il a également raflé 34 des 41 sièges de sénateurs, lors d'un scrutin boycotté par les principaux partis d'opposition.

Son triomphe électoral aux législatives et sénatoriales lui assure donc de rester le maître du Togo pour au moins les six prochaines années.

Les envoyés spéciaux des médias étrangers n'avaient pas obtenu d'accréditations pour couvrir ces élections.

Les prochaines scrutins, les municipales, ont été fixés au 10 juillet. Les principaux partis de l’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), ont affirmé qu’ils y prendront part.

La nouvelle Constitution supprime l'élection du chef de l'État au suffrage universel direct et instaure un régime parlementaire. Le président de la République n'a dans les nouveaux textes qu'un rôle honorifique.

Jean-Lucien Kwassi Savi de Tové, ancien opposant et ex-ministre âgé de 86 ans, a été élu par les députés et sénateurs réunis en congrès au poste de nouveau président de la République, un poste honorifique. Elu sans surprise, car il était le seul candidat. Il a ensuite prêté serment.
Samedi 3 Mai 2025
Dakaractu



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