Monsieur,
Depuis quelques jours, la « TFM » organise une série d’émissions consacrées à la collecte nationale et internationale de fonds et de biens destinés aux sinistrés des inondations de cette année. J’invite les sénégalais à réfléchir sur les conséquences immédiates et futures d’une telle initiative ; certes nobles mais qui, de mon point de vue, n’entre pas dans les prérogatives d’une association privée, fut-elle une télévision que j’adore et que je regarde tous les jours. J’invite également Sidy Lamine NIASS à répondre, lors de l’émission « Diiné ak Diamono » du jeudi 30 août 2012, aux différentes questions que je soulève à la fin de cet article.
Dans tous les pays organisés, en cas de cas de calamité, c’est l’Etat, à travers ses services, qui organise les secours aux populations en difficulté. Il peut, selon son appréciation propre, faire appelle à des privés (associations, ONG) nationaux ou internationaux. Dans le cas du Sénégal, il a toujours existé, depuis le régime de Senghor jusqu’à nos jours, un ministère chargé de la SOLIDARITE NATIONALE. Qu’il s’appelle Ministère de la famille ou Ministère de l’action sociale ou Ministère de la Solidarité, la mission reste la même ; celle d’organiser les secours aux populations en difficulté.
Malheureusement, dans le Sénégal d’aujourd’hui, on confond très souvent « légitimité » et « légalité ». Certes, il est légitime pour tout citoyen ou toute association de porter secours à une personne en difficulté mais il est illégal d’utiliser tous les moyens pour y parvenir et à tous les prix.
Que je sache, dans le contrat qui lie le « Groupe Futur Média » et l’Etat du Sénégal, une action de si grande envergure, n’y figure pas. Les missions d’une télévision sont connues et demeurent les mêmes dans tous les pays du monde. Certes, la radio comme la télévision est un moyen efficace pour sensibiliser les auditeurs et téléspectateurs, à travers l’information. En outre, elle permet de toucher le maximum de donateurs. Mais son rôle d’informer et d’éduquer s’arrête là. C’est donc l’Etat qui devrait utiliser ce moyen, entre autres, pour mener à bien cette opération de collecte de plusieurs Milliards de Francs CFA et de Centaines de Milliers de tonnes de biens (habits, nourritures, produits, etc.).
Avant de redistribuer ces fonds et ces biens, il y a d’abord nécessité de procéder à un recensement exhaustif des personnes et des biens affectés par les inondations. Tous les observateurs sont unanimes pour dire qu’il faut déloger définitivement tous ceux qui sont dans une zone inondable et les reloger ailleurs. Mais aussi, il faut prendre des mesures courageuses qui consistent à sanctionner sévèrement ceux d’entre eux qui retournent sur ces mêmes lieux pour y reloger et pérenniser le phénomène.
L’expérience du plan « Diakhaye » est assez éloquente. Il y a parmi les sinistrés des gens qui utilisent les inondations comme un fonds de commerce en réoccupant des maisons abandonnées par leurs anciens propriétaires déjà relogés à « Diakhaye » pour se faire victimes et bénéficier ultérieurement des mêmes faveurs que les précédents occupants. Cela devient un éternel recommencement. C’est donc dire que seul un Etat avec ses services (Gouvernance, Préfecture, services départementaux, ONG, associations) a les moyens humains et matériels pour recenser, enquêter, déguerpir, reloger, surveiller, sanctionner, protéger les populations, et résoudre définitivement le problème.
J’ai entendu des présentateurs de cette chaîne de télévision dire qu’ils vont construire une cité de 100 habitations pour y reloger des sinistrés. D’après leurs dires, cette cité s’appellerait « Cité TFM ». Je ne peux m’empêcher alors de me poser ces questions : Depuis quand, la TFM est devenu un promoteur immobilier ? Quels sont les critères pour reloger une centaine de familles sur les milliers de sinistrés de Dakar, de Kaolack, de Fatick, de Saint-Louis, de Thiès, de Touba, de Tivaouane, des autres villes touchées et de tous les villages inondés et dont la presse ne fait pas cas ? Est-ce que les fonds récoltés à travers tout le Sénégal et partout dans le monde vont uniquement servir aux victimes des inondations de Dakar ? N’y a-t-il pas une certaine publicité derrière cette opération ? Pourquoi une cité TFM ? Qui est derrière cette vaste opération et pour quel dessein (ambition à long terme) ?
C’est le lieu de rappeler aux organisateurs de cette campagne nationale et internationale de collecte que tous les citoyens sont égaux devant la loi et ils ont les mêmes droits. Le Sénégal ne saurait se limiter à sa seule capitale. C’est ce traitement de faveur de Dakar au détriment du reste du pays qui est la cause de beaucoup de frustration des populations. Aussi, favorise-il le nomadisme, l’encombrement humain, la création de bidonvilles et l’occupation anarchique des terres et des rues de Dakar.
Chers compatriotes, comme tout bon sénégalais, je compatis avec les sinistrés et présente mes condoléances aux familles des victimes qui ont été emportés par l’eau. Je salue également l’initiative de la TFM. Mais, il est venu le moment de laisser passer l’euphorie et de gérer cette opération convenablement, dans l’intérêt du Sénégal.
On a entendu hier une réaction timide de la Cours des comptes. Il ne faut pas attendre que le mal soit commis pour auditer les comptes. Il faut plutôt agir avant et non après. J’invite donc les autorités publiques à sortir de leur émoi et de leur long mutisme pour prendre en charge cette campagne de solidarité nationale et internationale. Dans tous les coins de rue, on voit des personnes quémander des fonds pour la « campagne de solidarité ». Elles entrent dans toutes les maisons, sans badges, ni lettre de mission de la TFM. Elles sont dans les mosquées, dans tous les quartiers du pays. Et, en pareilles circonstances, on ne peut pas distinguer les malintentionnés des bienfaiteurs.
Je salue l’initiative du Président de la République qui consiste à supprimer le Sénat. Même si je ne suis ni de son parti ni de sa coalition, je reconnais néanmoins qu’il s’agit d’une mesure courageuse, responsable et opportune. Par la même occasion, j’exprime mon total désaccord vis-à-vis de mon frère de parti Maître Amadou SALL, ancien Ministre. On reste dans l’opposition mais une « opposition constructive » ; c’est-à-dire, qui critique lorsqu’il le faut mais qui approuve et encourage les mesures salutaires même lorsqu’elles émanent de nos adversaires. Nous ne sommes pas des ennemies mais des compatriotes qui avons un amour égal pour le même pays. Il ne faut donc pas critiquer pour critiquer ; cela devient improductif. Nous avons perdu les élections de 2012 mais devons rester élégants et dignes.
Pour terminer, j’invite la TFM à prendre un peu de recule et à verser TOUS les fons et biens collectés au Gouvernement. Elle a déjà beaucoup et bien fait. Elle est à féliciter par tous les concitoyens et par le Gouvernement. L’heure est venue maintenant, pour elle, de reprendre ses esprits et continuer à produire des émissions comme elle sait bien le faire, à la grande satisfaction des téléspectateurs et auditeurs sénégalais et du monde entier.
En conclusion, je voudrai interpeler Sidy Lamine NIASS pour l’émission de ce soir.
Que pensez-vous de l’initiative de la TFM d’organiser une campagne nationale et internationale de collecte de fonds et de biens en faveur des sinistrés ?
Que pensez-vous de la Cité « TFM » qui va abriter cent (100) familles sinistrées et laisser en rade des milliers d’autres familles victimes ?
Que pensez-vous du silence coupable de l’Etat, par rapport à des initiatives privées de cette nature ?
Que pensez-vous de mon point de vue développé dans cet article ?
Mamadou FALL,
Formateur en Mathématiques au CRFPE de Thiès
Ancien Président de l’Association des Conseillers Pédagogiques du Sénégal
Membre du PDS, depuis 1974
Depuis quelques jours, la « TFM » organise une série d’émissions consacrées à la collecte nationale et internationale de fonds et de biens destinés aux sinistrés des inondations de cette année. J’invite les sénégalais à réfléchir sur les conséquences immédiates et futures d’une telle initiative ; certes nobles mais qui, de mon point de vue, n’entre pas dans les prérogatives d’une association privée, fut-elle une télévision que j’adore et que je regarde tous les jours. J’invite également Sidy Lamine NIASS à répondre, lors de l’émission « Diiné ak Diamono » du jeudi 30 août 2012, aux différentes questions que je soulève à la fin de cet article.
Dans tous les pays organisés, en cas de cas de calamité, c’est l’Etat, à travers ses services, qui organise les secours aux populations en difficulté. Il peut, selon son appréciation propre, faire appelle à des privés (associations, ONG) nationaux ou internationaux. Dans le cas du Sénégal, il a toujours existé, depuis le régime de Senghor jusqu’à nos jours, un ministère chargé de la SOLIDARITE NATIONALE. Qu’il s’appelle Ministère de la famille ou Ministère de l’action sociale ou Ministère de la Solidarité, la mission reste la même ; celle d’organiser les secours aux populations en difficulté.
Malheureusement, dans le Sénégal d’aujourd’hui, on confond très souvent « légitimité » et « légalité ». Certes, il est légitime pour tout citoyen ou toute association de porter secours à une personne en difficulté mais il est illégal d’utiliser tous les moyens pour y parvenir et à tous les prix.
Que je sache, dans le contrat qui lie le « Groupe Futur Média » et l’Etat du Sénégal, une action de si grande envergure, n’y figure pas. Les missions d’une télévision sont connues et demeurent les mêmes dans tous les pays du monde. Certes, la radio comme la télévision est un moyen efficace pour sensibiliser les auditeurs et téléspectateurs, à travers l’information. En outre, elle permet de toucher le maximum de donateurs. Mais son rôle d’informer et d’éduquer s’arrête là. C’est donc l’Etat qui devrait utiliser ce moyen, entre autres, pour mener à bien cette opération de collecte de plusieurs Milliards de Francs CFA et de Centaines de Milliers de tonnes de biens (habits, nourritures, produits, etc.).
Avant de redistribuer ces fonds et ces biens, il y a d’abord nécessité de procéder à un recensement exhaustif des personnes et des biens affectés par les inondations. Tous les observateurs sont unanimes pour dire qu’il faut déloger définitivement tous ceux qui sont dans une zone inondable et les reloger ailleurs. Mais aussi, il faut prendre des mesures courageuses qui consistent à sanctionner sévèrement ceux d’entre eux qui retournent sur ces mêmes lieux pour y reloger et pérenniser le phénomène.
L’expérience du plan « Diakhaye » est assez éloquente. Il y a parmi les sinistrés des gens qui utilisent les inondations comme un fonds de commerce en réoccupant des maisons abandonnées par leurs anciens propriétaires déjà relogés à « Diakhaye » pour se faire victimes et bénéficier ultérieurement des mêmes faveurs que les précédents occupants. Cela devient un éternel recommencement. C’est donc dire que seul un Etat avec ses services (Gouvernance, Préfecture, services départementaux, ONG, associations) a les moyens humains et matériels pour recenser, enquêter, déguerpir, reloger, surveiller, sanctionner, protéger les populations, et résoudre définitivement le problème.
J’ai entendu des présentateurs de cette chaîne de télévision dire qu’ils vont construire une cité de 100 habitations pour y reloger des sinistrés. D’après leurs dires, cette cité s’appellerait « Cité TFM ». Je ne peux m’empêcher alors de me poser ces questions : Depuis quand, la TFM est devenu un promoteur immobilier ? Quels sont les critères pour reloger une centaine de familles sur les milliers de sinistrés de Dakar, de Kaolack, de Fatick, de Saint-Louis, de Thiès, de Touba, de Tivaouane, des autres villes touchées et de tous les villages inondés et dont la presse ne fait pas cas ? Est-ce que les fonds récoltés à travers tout le Sénégal et partout dans le monde vont uniquement servir aux victimes des inondations de Dakar ? N’y a-t-il pas une certaine publicité derrière cette opération ? Pourquoi une cité TFM ? Qui est derrière cette vaste opération et pour quel dessein (ambition à long terme) ?
C’est le lieu de rappeler aux organisateurs de cette campagne nationale et internationale de collecte que tous les citoyens sont égaux devant la loi et ils ont les mêmes droits. Le Sénégal ne saurait se limiter à sa seule capitale. C’est ce traitement de faveur de Dakar au détriment du reste du pays qui est la cause de beaucoup de frustration des populations. Aussi, favorise-il le nomadisme, l’encombrement humain, la création de bidonvilles et l’occupation anarchique des terres et des rues de Dakar.
Chers compatriotes, comme tout bon sénégalais, je compatis avec les sinistrés et présente mes condoléances aux familles des victimes qui ont été emportés par l’eau. Je salue également l’initiative de la TFM. Mais, il est venu le moment de laisser passer l’euphorie et de gérer cette opération convenablement, dans l’intérêt du Sénégal.
On a entendu hier une réaction timide de la Cours des comptes. Il ne faut pas attendre que le mal soit commis pour auditer les comptes. Il faut plutôt agir avant et non après. J’invite donc les autorités publiques à sortir de leur émoi et de leur long mutisme pour prendre en charge cette campagne de solidarité nationale et internationale. Dans tous les coins de rue, on voit des personnes quémander des fonds pour la « campagne de solidarité ». Elles entrent dans toutes les maisons, sans badges, ni lettre de mission de la TFM. Elles sont dans les mosquées, dans tous les quartiers du pays. Et, en pareilles circonstances, on ne peut pas distinguer les malintentionnés des bienfaiteurs.
Je salue l’initiative du Président de la République qui consiste à supprimer le Sénat. Même si je ne suis ni de son parti ni de sa coalition, je reconnais néanmoins qu’il s’agit d’une mesure courageuse, responsable et opportune. Par la même occasion, j’exprime mon total désaccord vis-à-vis de mon frère de parti Maître Amadou SALL, ancien Ministre. On reste dans l’opposition mais une « opposition constructive » ; c’est-à-dire, qui critique lorsqu’il le faut mais qui approuve et encourage les mesures salutaires même lorsqu’elles émanent de nos adversaires. Nous ne sommes pas des ennemies mais des compatriotes qui avons un amour égal pour le même pays. Il ne faut donc pas critiquer pour critiquer ; cela devient improductif. Nous avons perdu les élections de 2012 mais devons rester élégants et dignes.
Pour terminer, j’invite la TFM à prendre un peu de recule et à verser TOUS les fons et biens collectés au Gouvernement. Elle a déjà beaucoup et bien fait. Elle est à féliciter par tous les concitoyens et par le Gouvernement. L’heure est venue maintenant, pour elle, de reprendre ses esprits et continuer à produire des émissions comme elle sait bien le faire, à la grande satisfaction des téléspectateurs et auditeurs sénégalais et du monde entier.
En conclusion, je voudrai interpeler Sidy Lamine NIASS pour l’émission de ce soir.
Que pensez-vous de l’initiative de la TFM d’organiser une campagne nationale et internationale de collecte de fonds et de biens en faveur des sinistrés ?
Que pensez-vous de la Cité « TFM » qui va abriter cent (100) familles sinistrées et laisser en rade des milliers d’autres familles victimes ?
Que pensez-vous du silence coupable de l’Etat, par rapport à des initiatives privées de cette nature ?
Que pensez-vous de mon point de vue développé dans cet article ?
Mamadou FALL,
Formateur en Mathématiques au CRFPE de Thiès
Ancien Président de l’Association des Conseillers Pédagogiques du Sénégal
Membre du PDS, depuis 1974
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