Une manifestation loyaliste se termine dans le sang à Gao


Une manifestation loyaliste se termine dans le sang à Gao
Près d’un millier de manifestants s’en sont pris, mardi, au quartier général de la Minusma à Gao pour contester un projet de zone de sécurité dans le nord du Mali. Au moins trois personnes auraient perdu la vie dans les heurts. 

Les manifestants défilent depuis deux jours pour dénoncer le projet de zone temporaire de sécurité discuté entre la Minusma et la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une plateforme réunissant des groupes armés indépendantistes du nord du Mali. 
 
Les manifestants se sont dirigés vers le quartier général de la Minusma, en périphérie de Gao, après s'être réunis au centre-ville. Photo Mahamane Agé.

La principale crainte des manifestants concerne la ville de Tabankort, où les casques bleus se sont interposés le 20 janvier entre le CMA et une milice favorable à Bamako, le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia). Les casques bleus ont, à ce moment là, essuyé des tirs auxquels ils ont riposté. Après ces affrontements, le CMA a menacé de se retirer de tout le processus de dialogue en cours actuellement à Alger. Face à cette situation, la Minusma a proposé le déploiement de ses forces en remplacement de toute présence armée pro-malienne, condition acceptée par le groupe rebelle indépendantiste.

Cependant, à Gao, certains n’ont pas apprécié cette proposition. Pour les manifestants, si les groupes armés favorables à Bamako quittent Tabankort, celle-ci sera aussitôt envahie par les groupes indépendantistes. Or, Tabankort, à 200 km au nord, est le dernier verrou avant Gao.
 
Dans la foule, une banderole "retrait de la plateforme à Tabankort", l'une des principales revendications des manifestants. Photo Mahamane Agé.

Mardi, les manifestations ont dégénéré à la mi-journée : une partie de la foule a tenté de rentrer dans le quartier général de la Minusma en périphérie de la ville et de s’en prendre aux soldats en leur lançant des pierres et des cocktails Molotov. Des gaz lacrymogènes ont été lancés par la police de la Minusma qui a tenté de disperser la foule par des tirs de sommation. 
 
Des pneus ont été brûlés en guise de protestation par les manifestants. Photo transmise par un Observateur à Gao.

"Il y a une semaine, les habitants de Gao acclamaient la Minusma"

Un habitant de Gao joint par France 24 raconte :
 
J’ai vu un jeune homme en sang et évanoui être évacué dans un véhicule vers l’hôpital, mais impossible de dire s’il a été touché par une balle car tout le monde a pris la fuite en entendant des tirs de sommation [d’autres habitants affirment avoir vu des policiers de la Minusma tirer dans la foule, et des gens être touchés]. Ce qui est clair, c’est que par rapport au premier jour [lundi] de manifestation, les gens étaient beaucoup plus hostiles et voulaient en découdre avec la Minusma.

La Minusma n’a pas une très bonne réputation à Gao, les habitants ne comprennent pas bien quel est son rôle dans la protection des civils. Mais ce qui est étonnant, c’est qu’il y a une semaine, les mêmes soldats avaient été acclamés à leur retour à Gao après avoir répliqué à des tirs rebelles à Tabankort. Ceci prouve que d’une semaine à l’autre, la situation est très volatile ici.

Des Observateurs à Gao nous ont transmis des photos où on voit des personnes ensanglantées soignées sur place. Selon eux, certains ont été touchés par des tirs de policiers de la Minusma.

Selon RFI, les manifestations auraient fait au moins trois morts et une quinzaine de blessés, un bilan non confirmé par le porte-parole de la Minusma Olivier Salgado. 

Joint par France 24, il évoque cependant "une situation très grave". Deux policiers de la Minusma ont été blessés par des jets de pierre, selon lui. Les manifestants ont ensuite tenté de s’en prendre à une autre base de l’organisation onusienne abritant des soldats ivoiriens et sénégalais. À la mi-journée, la situation semblait sous contrôle.
 
Déjà la veille, de très nombreux habitants de Gao s'étaient rassemblés pour contester le projet de mise en place de cette zone de sécurité. Photo prise lundi par Mahamane Agé.
Mardi 27 Janvier 2015




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