KOLDA : Les misères des jeunes, des adultes face au jeu de hasard…


Les jeux de hasard font des misères au niveau des jeunes, des adultes et même chez certaines vieilles personnes à Kolda. Ainsi, le goût du jeu a fini par rendre ces derniers dépendants avec des conséquences graves dans leur vie sociale et économique. Beaucoup sont devenus accros et se sont éloignés de l’école ou de l’apprentissage de leur métier avec ce jeu en ligne via son application mobile dénommé « xbet ». En ce sens, il suffit de disposer de la connexion, d’un smartphone et d’un compte de mobile money combiné pour faire des mises. C’est devenu une drogue chez les jeunes et sources de problèmes sociaux sérieux qui entrainent même parfois la mort par suicide ou par meurtre à cause de l’endettement.

 

Aujourd’hui partout au Fouladou, notamment dans les villages, les zones urbaines et péri urbaines les jeunes s’adonnent à ce jeu souvent à leur péril. Et à titre d’exemple, récemment un jeune étudiant a perdu tout l’argent servant à sa préinscription.

 

Selon certains que nous avons approché ce jeu n’est que la recherche du gain facile qui rend oisif la jeunesse. Pour rappel, ce jeu se fait en ligne soit en misant sur des matchs de championnat étrangers ou des jeux proposés par l’application comme le casino avec ses roulettes entre autres. Cependant, pour d’autres ce jeu a des avantages car il permet de décanter parfois des situations difficiles. Dans la foulée, ils précisent que malgré cela les misères et les pertes sont plus nombreuses.

 

Aissatou W en tenue de sport, jeune élève en classe de seconde rencontrée dans un restaurant estime que le jeu n’a pas sa place dans la vie des jeunes. En ce sens, elle précise  « nous constatons que les jeunes s’adonnent de plus en plus au jeu de « xbet » en délaissant parfois leurs études ou métiers. D’ailleurs, je n’ai jamais joué et ne sais même pas comment le faire. Et je vois que les jeunes à la recréation ou à la sortie de l’école discutent de ce jeu afin de voir les astuces d’améliorer leurs chances. C’est pourquoi, j’invite les jeunes à se concentrer sur leurs études car c’est le seul moyen sûr de gagner dignement sa vie et non sur le jeu… »  

 

Dans cette dynamique, il est rare aujourd’hui d’avoir des manœuvres ou des apprentis dans les métiers à cause de ce jeu. A cela, il faut ajouter les motos taxis jakarta qui emploient une partie des jeunes en accentuant ce manque.

 

Lamine Ndiaye est un jeune féru du ballon rond, téléphone dans la main, qui mise tous les jours sur les matchs de football sur « xbet ». A ce titre, il déclare « je suis tellement accro au « naar » comme ils l’appellent que je reste des jours sans aller étudier. Ainsi, je fais de petits boulots pour avoir de l’argent pour jouer même si je suis conscient du danger à mon âge. En réalité, j’ai plus perdu que je n’ai gagné mais j’espère toujours avoir le gros lot. » Dans la foulée, il précise « cela me fait des misères si je ne joue pas ou si je perds. Et à pareil instant pour un rien je suis en colère et j’en fais tout une histoire. »

 

Il n y a pas que les jeunes qui s’adonnent au jeu mais aussi des adultes, des grandes personnes responsables ou des fonctionnaires.

 

Approché sur la question, Abdoulaye S âgé de plus de 45 ans, agent assermente d’affirmer «  je joue au PMU et pari sportif depuis plus de dix ans mais avec l’avènement  de « xbet » c’est devenu pire de mon côté. Parfois, j’ai envie de miser tout mon salaire (hésitation). Et quand je n’ai plus d’argent, je me retrouve avec des dettes à la fin du mois qu’il faut solder puisque le jeu n’attend pas. Et ce sont des pressions énormes que j’ai parfois à cause de l’endettement. »

 

Sans détours, il soutient « il m’est arrivé plusieurs fois de me disputer âprement avec ma femme jusqu’à en venir aux mains. Et en étant accro au jeu, on n’a pas d’amis car la frustration de la perte ronge l’esprit. Et pire, on ne voit que le gain prochain malgré les pertes répétitives. Et je rappelle que j’ai perdu une somme financière importante depuis que j’ai commencé à jouer… »

 

Au cours des interviews, nous avons senti un besoin des individus interrogés de se confesser sur la situation. C’est le cas d’Idrissa casquette blanche, pantalon kaki bleu qui se dit « vouloir quitter ce jeu » pour se concentrer sur son avenir. Ainsi, ils ont été nombreux à nous raconter leur calvaire, leur déception ou leurs illusions ayant entrainé leur aliénation.

Madou Diallo
Vendredi 26 Avril 2024
Dakaractu



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