Selon un rapport de l’Ifri, Mokhtar Belmokhtar a recruté des Sénégalais

Après l’Etat islamique, un rapport révèle qu’Al-Mourabitoune compte des combattants de nationalité sénégalaise. Al-Mourabitoune est une Katiba d’Aqmi dirigée par l’insaisissable Mokhtar Belmokhtar.


Responsable des attaques qui ont ensanglanté Bamako (Mali), Ouagadougou (Burkina Faso) et le Grand Bassam (Côte d’Ivoire) entre fin 2015 et début 2016, Al-Mourabitoune compterait des combattants sénégalais en son sein. C’est ce que Dakaractu a lu sur un rapport publié en janvier 2017 par l’Institut français des relations internationales (IFRI).
 
Ecrit par Marc Mémier, chercheur associé à l’Ifri, ce rapport intitulé « Aqmi et Al Mourabitoune : le djihad unifié » estime à 200 et 250 les hommes de Mokhtar Belmokhtar. « Les effectifs sont composés majoritairement de Touaregs et d’Africains noirs alors que les Arabes sont minoritaires. Ils sont pour la plupart Maliens (notamment des Peuls des régions de Mopti et Gao) mais on trouve aussi des Nigériens, Sénégalais, Burkinabés ainsi que quelques Mauritaniens. Le mouvement compte également parmi ses cadres des Algériens et des Tunisiens81.», détaille le rapport.
 
Sur leur répartition, Dakaractu a pu déceler qu’une cinquantaine d’entre eux « seraient répartis entre une et deux petites cellules de quelques hommes dans plusieurs pays sahéliens, y compris des pays côtiers comme la Côte d’Ivoire ». Ils ont pour mission le « renseignement », les « activités de propagande », l’ « entraînement » et « la préparation d’opérations ».
 
« Nous sommes Al-Qaïda »
 
Mais le rapport de l’Ifri ne confirme-t-il pas ce qu’on savait déjà à propos de la participation de Sénégalais dans des opérations commanditées par Mokhtar Belmokhtar ? En 2008, deux diplomates canadiens sont capturés par trois éléments de la brigade d’al-Moulathamoun (les enturbannés) à l’ouest de Niamey. L’un d’eux est Sénégalais. Ibrahim, se prénomme-t-il. C’est lui qui annonce aux otages qu’ils sont entre les mains d’Al Qaïda. C’est encore lui qui fait office d’interprète quand Robert Fowler et Louis Guay lorsque ont été présentés à l’émir du groupe. Tout ceci est contenu dans « Ma saison en enfer : 130 jours de captivité aux mains d’Al Qaïda ». Un ouvrage écrit par Robert Fowler.
 
Ecarté de la direction d’Aqmi au Sahel pour des raisons liées à sa contribution dans l’effort de guerre, Mokhtar Belmokhtar met en place les « Signataires par le Sang ». Ce nouveau groupe s’allie avec le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) pour présider aux destinées de Gao, l’une des villes nord-maliennes occupées en 2012 par les djihadistes. Expulsés par l’armée française, ils unissent leurs forces pour créer « Al Mourabitoune » qui n’intégrera Aqmi qu’en 2015. L’annonce officielle est faite par Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Aqmi. Quelques semaines auparavant, le 20 novembre 2015 l’hôtel Radisson Blu de Bamako a été conjointement attaqué par Aqmi et Al-Mourabitoune qui signaient implicitement leurs retrouvailles. Le 15 janvier 2016, le restaurant Cappuccino et le Splendid Hôtel, à Ouagadougou sont pris d’assaut par des djihadistes se réclamant d’Aqmi et d’Al Mourabitoune. Au treizième jour du mois de mars, la tuerie de la station balnéaire de Grand Bassam, en Cote d’ivoire, confirme le retour définitif de Belmokhtar dans Al Qaïda au Maghreb islamique. Selon les communiqués de revendication publiés par la branche médiatique d’Aqmi, toutes ces opérations ont été menées en partie par des autochtones.
 
Mokhtar Belmokhtar est un vétéran du jihad contemporain. Parti en Afghanistan vers la fin des années 80, écrit Lemine Ould M. Salem dans on ouvrage « Le Ben Laden du Sahara: Sur les traces de Mokhtar Belmokhtar », il n’a pas pu rencontrer Oussama Ben Laden. Mais, il y croisera tout de même des seconds couteaux comme Abou Qatada ou encore Abou Mouhamed al-Maqdissi. De retour en Algérie, il dirige la brigade du martyr et poursuit son jihad. Très influent au sein du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), né des flancs du Groupe islamique armé (GIA), le borgne djihadiste contribue à rapprocher ce groupe et Al Qaïda central. Malgré l’assassinat de l’émissaire de Ben Laden qui y voit une trahison des djihadistes algériens qu’il soupçonne d’être infiltré par les services secrets, Belmokhtar parvient à convaincre le défunt chef d’Al Qaïda de sa bonne foi. Pour obtenir gain de cause, il surprend le 04 juin 2005 la caserne de l’armée mauritanienne à Lemgheyti. C’est après ce carnage dans lequel une dizaine de soldats mauritaniens ont péri que le GSPC s’est transformé en Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
 
Lire le rapport de l’Ifri/ AQMI et Al-Mourabitoun : le djihad sahélien réunifié? 

https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/aqmi-al-mourabitoun-djihad-sahelien-reunifie
Jeudi 12 Janvier 2017




Dans la même rubrique :