Pape Maël Thiam, administrateur de l’APR : "Les Sénégalais ont porté leur choix sur un Macky Sall complice de son épouse(...) Nul n’aurait condamné la première dame si elle n’avait pas créé la Fondation " servir le Sénégal " (...)

 

 

Dakaractu : M. Thiam, en quoi consiste exactement votre fonction d'administrateur de l'Apr? 

 

Pape Maël Thiam : Mon rôle d’administrateur consiste à assister le Président dans le management du Parti. Plus précisément cela consiste à recevoir les militants et les responsables, les écouter, leur prodiguer des conseils et recommandations quant à leurs préoccupations, les assister dans leurs démarches. C’est aussi de contribuer à la réflexion politique, mais aussi à la promotion des résultats obtenus par le Président de la République et son gouvernement. En somme il s’agit d’un rôle de gestion du personnel politique et de production intellectuelle.

 

 

 

Dakaractu :Comment expliquez-vous que depuis plusieurs années d'existence, votre parti ne soit pas encore structuré? 

 

Pape Maël Thiam : Dire que l’APR n’est pas structurée, c’est se confiner au concept de structuration verticale théorisé jadis par Lénine. Il faut avoir à l’esprit que le principal objectif de la structuration verticale était de frayer des circuits de circulation de l’information depuis le sommet jusqu’aux militants à la base. Or au vingt et unième siècle, je veux dire à l’ère de l’explosion des outils de communication désormais accessibles de tous, l’information circule d’elle-même depuis les instances suprêmes jusqu’à la base. De plus l’expérience a démontré que tous les partis politiques au pouvoir au Sénégal qui ont procédé à la structuration verticalement ont dans le même temps entamé la phase de leur décadence.

En ce qui concerne l’APR, il faut rappeler que c’est dans sa phase de croissance que le parti a accédé au pouvoir du reste avec une structuration horizontale. Et c’est cette structuration horizontale qui nous a donné la victoire éclatante ( plus de 80%) aux élections locales passées. Si nous sommes d’accord que la vocation principale d’un parti politique est de gagner des élections, nous devons accepter que la méthode de l’APR édictée par la clairvoyance de son Président est une méthode gagnante. L’APR est le seul parti politique dont le cycle de vie présente une courte phase de lancement et de croissance non encore achevée (tous les jours de nouveaux militants, de nouvelles organisations de mêmes que de nouveaux haut responsables de l’opposition et de nouveaux élus locaux adhèrent au parti).

Quand nous estimerons que la phase de croissance est achevée, nous verrons, sous l’éclairage du Président, le comportement stratégique à adopter. Pour l’instant,  nous grandissons et nous gagnons. C’est aussi une autre manière de management d’un parti politique qui, du reste, ne fait qu’apporter une valeur ajoutée dans la communauté des sciences politiques. Et ce devra être la fierté de tous sénégalais et même de tous africains de parler du "Mackyisme" comme concept de gouvernance politique. En résumé, l’APR est bel et bien structuré, mais avec un format horizontal.

 

 

Dakaractu : Depuis quelques temps, votre mentor reçoit tous azimuts; Macky a d'abord taillé bavette avec ses alliés de la coalition Bby, puis ceux de Macky 2012, ensuite le directoire de l'Apr. D'aucuns pensent qu'il manœuvre et qu'il serait juste obnubilé par un second mandat. Que répondez-vous?

 

Pape Maël Thiam : Il serait étonnant que le Président d’un parti politique au pouvoir n’use pas de stratégie pour conserver ce dernier. Que cela fasse sujet de débat démontre que la posture jusque là connue du Président Macky SALL est celle d’un homme d’Etat ; c’est-à-dire celle de quelqu’un qui accorde une primeur aux intérêts supérieurs de la nation. Si depuis son accession à la magistrature suprême le Président Macky SALL s’était positionné comme un homme politique, c’est à dire  exclusivement orienté vers les prochaines échéances électorales, les initiatives de rencontres que vous évoquez seraient considérées comme des non évènements. Bref, qu’ y a-t-il d’extraordinaire qu’un Chef d’Etat Major rencontre les troupes alliées ou qu’un chef de parti réunisse ses lieutenants? Le contraire devrait légitiment inquiéter et les militants de son parti, et ses alliés mais aussi et surtout les sénégalais qui rêvent de voir le Président achever les innombrables chantiers de redressement du Sénégal qu’il a entamés.

 

 

Dakaractu : Venons en a l'actualité brûlante, je fais allusion aux attaques virulentes du jeune marabout Serigne Assane M'backé à l'encontre de la Première Dame. Aux dernières nouvelles, le guide religieux a porté plainte devant la Crei pour "dénonciation d'enrichissement illicite». En revanche, la fondation "Servir le Sénégal" a porté plainte par l'entremise de Me El hadj Diouf. Votre lecture?

 

 

Pape Maël Thiam : Vous comprendrez aisément qu’il soit suffisamment délicat d’aborder une problématique dont la source principale appartient à une famille oh combien vénérée de tous les sénégalais. Toutefois, je voudrais profiter de cette occasion pour rappeler que Serigne TOUBA est un patrimoine mondial ; je veux dire qu’il n’est pas la propriété exclusive de ses descendants. De plus sans prétendre être un érudit du mouridisme, je peux dire sans risque de me tromper que c’est son attachement au concept du  "maandou" qui l’a amené à jeter son tapis dans la mer pour exécuter l’un des piliers fondamentaux de l’islam, à savoir la prière. Je suis désolé qu’un de ses descendants soit amené, pour des motivations plutôt mondaines à proférer des propos diffamatoires à une personne qui n’a fauté que parce que, sensibles aux difficultés de ses pairs, s’emploie quotidiennement à chercher des solutions au nom de sa croyance à ALLAH.

Je regrette que cela soit portée aux juridictions mondaines car Serigne Touba ne croyait qu’à une seule et unique chose qui est la justice du Maître de l’Univers, je veux citer ALLAH.

 

 

 

Dakaractu : La Première Dame envisagerait même de dissoudre la fondation. Vous êtes pour ou contre?

 

Pape Maël Thiam : Nul n’aurait condamné la première dame si elle n’avait pas créé la Fondation  " servir le Sénégal ", dont les sénégalais qui nous écoutent ont fini de valider la pertinence, l’efficacité et l’utilité. Elle a osé, elle a également utilisé cette institution pour venir en aide à de nombreux concitoyens dans le besoin. Dissoudre la Fondation implique d’obstruer le soulagement d’une bonne frange de la population.

 

 

Dakaractu : M. Thiam, depuis la fameuse déclaration du ministre M'bagnick N'diaye, ils sont légion à croire que la Première Dame reste l'éminence grise du Président de la République...

 

Pape Maël Thiam : Si le Président de la République avait une épouse indigne de confiance au point qu’elle ne soit pas, à l’image de Khadija qui a donné le courage au Prophète Mouhamed PSL face aux irruptions sempiternelles de Djibril, je ne dormirai pas par inquiétude face à l’avenir des Sénégalais qui, dans leur écrasante majorité ont porté leur choix sur un homme complice de son épouse. Quel homme ne rêve pas d’une épouse digne de confiance? Quelle femme ne rêve pas d’un époux qui lui fasse confiance? Que la Première Dame soit une  source d’inspiration et une conseillère spéciale de son époux Monsieur le Président de la République dont elle a été la première supportrice, n’est qu’un gage de stabilité pour l’institution que nous avons l’obligation de soutenir pour un Sénégal Émergent.

 

 

Dakaractu : Vous êtes l'une des pièces maîtresses de l'Apr, il nous revient que votre mentor a repris langue avec l'ex Pm, Aminata Touré. Vous confirmez ses retrouvailles?

 

Pape Maël Thiam : Madame Aminata TOURE est une éminente responsable du Parti. Elle a combattu aux cotés du Président avec d’autres responsables que nous sommes pour la victoire du Parti. Elle a a été choisie comme l’aurait pu être tout autre responsable pour jouer des rôles précis à un moment donné. Conformément aux prérogatives que la constitution de notre pays octroie au Président de la République, ce dernier a choisi un autre militant de l’APR pour poursuivre la mission précédemment assignée à Mimi TOURE. Ceci n’a rien à voir avec le combat politique qui est le ciment de toutes relations intra APR. Que la Président du Parti rencontre une des ses responsables comme Aminata TOURE n’est que la preuve de la volonté de tous les deux de confirmer la pertinence du combat qui les a unis, celui là d’un Sénégal Émergent.

 

Dakaractu : Que pensez-vous de la fameuse traque des biens supposés mal acquis et de manière générale du "cas Wade-fils"?

 

Pape Maël Thiam : A mon humble avis, l’héritage le plus douloureux du Régime WADE est celui de la perversion des valeurs et la dévalorisation du travail au profit du clientélisme politique, de la corruption et du concept de la courte échelle. Par conséquent la culture de la reddition des comptes est pour moi une des solutions pour l’émergence d’un "homo-industrialis" sénégalais, formaté à servir son pays plutôt que de se servir de ce dernier.

 

 

Dakaractu : M. Thiam, toute dernière question, êtes-vous optimiste pour votre mentor? Croyez-vous qu'il  puisse rempiler? L'économie est au ralenti, il suffit de faire un tour dans les "grand-place" par exemple, ou même emprunter un bus, juste pour recueillir les conversations de la quasi totalité des Sénégalais, on ne peut plus dépités...

 

Pape Maël Thiam : Je suis plutôt optimiste pour le Sénégal et le sénégalais. Il ne faut pas oublier que le Sénégal avait entamé une pente de décadence caractérisée par plusieurs maux : dévalorisation des institutions, montée exponentielle de la corruption, la concussion, le népotisme, la gabegie et la dévalorisation du travail et bien d’autres fléaux comme la cécité économique marquée par un déséquilibre entre le monde rural et celui dit urbain. Aujourd’hui, avec la mise aux normes du pays par une réduction drastique du train de vie de l’Etat, une redistribution rationnelle et plus juste des ressources du pays par la prise en compte de ce que j’appelle l’autre Sénégal, c’est  à dire celui des locataires, celui des gorgorgolu avec la bourse familiale, le CMU, l’augmentation des salaires par le renoncement à la fiscalité sur ceux-ci, j’ai un bon espoir pour l’avenir. J’ai d’autant plus d’espoir que la vision fondamentale du Président est sous- tendue par une autosuffisance alimentaire, la maîtrise des prix des denrées de première nécessité, du carburant qui par ailleurs n’ont connu aucune inflation depuis que le président Macky Sall est venu au pouvoir; sans oublier le Plan Sénégal Émergent validé par l’ensemble de la communauté des partenaires financiers. Bravo Macky !