Le barreau n’interdit pas aux avocats désignés par les CAE de défendre Habré (bâtonnier)


Le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Amath Bâ, a démenti, vendredi à Dakar, l’information selon laquelle le barreau de Dakar aurait interdit aux conseils de Hissein Habré désignés par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) de défendre l’ex-président tchadien.

"On n’a pas interdit qui ce soit", a répondu Amath Bâ à la question d’un journaliste de savoir si cette mesure annoncée dans la presse du jour a été prise par le barreau.

L’opportunité pour les avocats désignés par les CAE de défendre M. Habré est en train d’être étudiée au sein de la corporation, a-t-il dit en marge de la cérémonie de prestation de serment de 33 avocats stagiaires.

"La question qui se pose à nous les avocats, et à l’Ordre des avocats surtout, est de savoir s’il est possible de constituer des [conseils] pour quelqu’un qui en a déjà constitués. Deuxièmement, est-il possible de commettre d’office des avocats pour quelqu’un qui ne souhaite pas être défendu ?" s’est demandé le bâtonnier, qui a qualifié ces questions de "difficiles" à trancher.

"Devant une juridiction criminelle, un accusé peut dire qu’il va se défendre lui-même. Il peut également dire que les avocats qu’il a commis n’iront pas à l’audience. C’est sa liberté, qui doit être respectée", a précisé Amath Bâ.

Il a rappelé les raisons qui ont emmené les juges des CAE à désigner d’office trois avocats pour la défense de l’ex-président du Tchad : "Les avocats qui ont été choisis par Hissein Habré ne sont pas venus confirmer ou infirmer devant la juridiction [qu’ils ont été commis]. Les Chambres africaines extraordinaires, ayant constaté cela, ont décidé de commettre des avocats d’office."

"La position de l’Ordre, c’est que si Hissein Habré a choisi des avocats, ils doivent officialiser leur constitution. Une fois que cela est fait, le problème est simplifié. La balle est dans leur camp", a ajouté Me Amath Bâ.

Si, lors de la reprise de son procès, "Hissein Habré décide que ses avocats (ceux qu’il a choisis lui-même, Ndlr) n’aillent pas à l’audience, là on est devant une autre difficulté", a-t-il poursuivi.

Le bâtonnier a dénoncé les sorties médiatiques de certains de ses confrères. "Un avocat ne peut pas être constitué pour faire des conférences de presse. Il est constitué pour aller à l’audience. On a rappelé ce principe, qui est très clair", a dit M. Bâ.

Le procès de l’ex-président tchadien, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture, a été ajourné quelques jours après son ouverture en juillet dernier. Il va reprendre lundi.
Source: APS
Vendredi 4 Septembre 2015




1.Posté par professeur le 05/09/2015 08:27
C’est ahurissant !!
Ces explications qui se veulent claires, montrent qu’il y a de vraies défaillances au sein même du Barreau, surtout lorsque son bâtonnier s’explique de cette manière.
Il faut rappeler deux choses :
La 1ere est que Mr Habré a des avocats et le fait de ne pas comparaitre ou de ne pas laisser plaider ses avocats choisis est son système de défense, chacun a le droit de choisir son système de défense.
La seconde c’est que dans une démocratie, on ne défend jamais quelqu’un contre son intérêt, sauf s'il est constaté qu’il a perdu la raison ou il est mineur, ce qui n’est pas le cas à mon connaissance de Monsieur Habré.
Entendre dire que les avocats désignés par ces CAE l’ont été pour l’intérêt de la justice et non de Habré, la messe est dite.
Jamais dans l’histoire du droit un avocat n’a été désigné pour autre chose que l’intérêt de son client et même précise la déontologie de l’ordre des avocats de Paris comme de la communauté internationale, l’avocat doit défendre les intérêts de son client même si ces intérêts sont en contradiction avec l’intérêt de l’ordre dont il appartient, c’est vous dire que la primauté va à l’intérêt du client.
Quant à ce bâtonnier il devra commencer par faire ouvrir des comptes CARPA comme cela les gains des clients ne pourront pas être encaissés directement par les avocats sur leur compte personnel.
Mais les avocats sont à l’image du Sénégal n’est-ce pas ?
Un avocat



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