La « relation de confiance » entre les éditions du Seuil et les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet est « de facto dissoute » a annoncé la maison d’édition, lundi 31 août, après que les auteurs ont été mis en examen pour chantage et extorsion de fonds auprès du royaume du Maroc.
Ils avaient été interpellés jeudi, soupçonnés d’avoir négocié l’abandon d’un projet de livre à charge sur le roi du Maroc, Mohammed VI, en échange de trois, puis deux millions d’euros négociés au fil de plusieurs rencontres. Le deal aurait été finalement conclu jeudi au cours d’un rendez-vous, pendant lequel l’avocat du Maroc leur a remis une enveloppe de 40 000 euros chacun. « Dans ces conditions, la publication envisagée ne saurait avoir lieu », indique la maison d’édition dans un communiqué.
Selon l’avocat du royaume, c’est Eric Laurent qui aurait déclaré « Je veux trois (…) trois millions d’euros », comme en attesterait une retranscription révélée par le Journal du dimanche du 30 août. Mais selon le journaliste, c’est son interlocuteur qui a émis l’idée d’une transaction. « Et là, je dis, mais sans y croire, ‘si vraiment on arrête de faire le livre, étant donné le sujet, écoutez… trois (millions d’euros)’ », a-t-il expliqué au Monde.
« Je suis tombée dans un piège »
« Je n’ai jamais voulu faire chanter qui que ce soit. Je suis tombée dans un piège », assure Catherine Graciet. Absente lors des premières rencontres, elle affirme que son co-auteur lui a dit avoir rencontré l’avocat du roi, Hicham Naciri, qui lui a « proposé trois millions d’euros contre la non-parution du livre ». Elle se rend à la troisième et dernière rencontre, reconnaît « un accès de faiblesse » lorsqu’elle finit après « des heures » par accepter un deal à deux millions d’euros ainsi que l’avance de 40 000 euros.
Interpellée avec Eric Laurent dans le hall de l’hôtel, elle dit avoir « compris la manipulation, la police en embuscade, les écoutes, le traquenard ». « Je sais que, déontologiquement, moralement, ce n’est pas génial, mais je n’y vois rien de mal pénalement », assure Catherine Graciet.
Le Monde
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