Islam et francophonie : Concept, adhésion ou adhérence?


Islam et francophonie  : Concept, adhésion ou adhérence?
Depuis les premiers pas de l'homme sur terre, la pensée universelle n'a cessé de parler aux consciences par le dialogue et le creuset des cultures. Les hommes, les nations, les communautés échangent par des langues, pour mieux s'imprégner des réalités de l'univers, de leurs besoins et comment les satisfaire. Le monde n'a cessé de marcher sous la "rivalité" effrénée des langues, les plus notoires sont celles qui ont mis en scelle l'anglais, le français et l'arabe.

Trois langues, trois cultures et une seule d'entre elles a révélé à l'univers, une pratique religieuse basée sur une unicité, qui offrit clémence, orthodoxie et égalité aux hommes, la dignité embrassée, le Créateur à ses créatures ; ces dernières soumises à l'Ineffable, nous sommes alors au 7ème siècle, au centre du monde (Makkah).

La meilleure d'entre ces religions, est celle qui nous unit avec d'autres peuples, avec lesquels nous n'avions auparavant aucune attache. Sans airs géographiques, l'Islam a réussi de fort belle manière, à réunir pauvre et riche dans une même forme d'adoration et dans un exercice constant de solidarité.

C'est dire donc toute l'acuité de la perception du moyen oral de communication, vecteur fondamental et sacerdotal de l'action de l'homme à la recherche de sa foi, de la cohésion, de la stabilité, de la paix et de l'harmonie.

L'Islam étant, en lui-même, un moyen d'échange basé essentiellement sur la recherche d'une puissance ineffable, Dieu, l'Exalté, d'une supériorité (Fawqiyyah) ni physique, ni spatiale ; vient ensuite se mêler dans cette introspection, l'arabe, la langue maternelle de celui qui révéla les bases gnostiques et celles ascètiques, axées sur une subversion qui marqua le temps, les consciences et l'univers en général.

L'oreille, le cœur et l'esprit furent au centre de la révélation, de la langue arabe dans son pur classicisme, Il [Muhamad "saws"] parla à son peuple, c'est cette même religion et cette même langue qui allaient percer les frontières d'Arabie depuis le Hijjaz pour aller à la rencontre et à la conquête des cultures et de l'universalisme.

L'Islam donc était soumis aux dures réalités de la rivalité des langues et des férocités qui désintégraient les relations entre les peuples, mais il les surmonta avec aisance sans astreinte, et "s'accorda" à elles avec brio, puisque renfermant en son sein, un projet de société d'envergure où pouvait s'identifier sans heurt et sans leurre tout aspirant et tout peuple égaré, dès lors, il allait participer aux énormes réformes qui allaient conduire le monde à ouvrir un œil "objectif" sur lui.

Le cas qui nous intéresse ici est l'arrivée de l'Islam dans les zones francophones. En Europe par exemple, avant qu'il n'y arrive, de grandes révolutions ont mis à nu les différends et les velléités qui sommeillaient dans leurs contrées à fortes concentrations de révolutionnaires, d'intellectuels, de chercheurs, de scientifiques et de savants.

Des révolutions qui se sont souvent soldées par des fossés, des vilenies, des dissonances éparses, et ces dernières n'ont jamais été résolues, d'où l'échec de l'intégration de la classe moyenne dans la société et dans les activités de la cité, en désaccord avec une classe bourgeoise qui ne voulut point entendre parler d'une même justice, d'une équité et d'une même liberté pour tous.

Or, ce même problème, ou du moins, cette problématique ne s'est point posée avec l'avènement de l'Islam, car rien que les recommandations salutaires de la Zakât (impôt sur la fortune) avaient réglé le problème d'insertion des plus démunis, des plus faibles, avec une justice à une seule vitesse, et un regard croisé, symbole de la communion entre frères de foi, brisant les cloisons de frères de sang, d'ethnie et les frontières géographiques, etc., dès lors, la rencontre entre la stabilité du riche et la fragilité du pauvre était devenue effective, inscrite dans le livre, qui n'a certes rien omis ; le Saint Coran !

L'Islam donc, fut un fédérateur, sans frontière, il voyagea libre, parla aux peuples, aux consciences, et dialogua dans un débat ouvert avec toutes les autres obédiences cultuelles, et le dernier mot revenait à la vérité, c'est-à-dire à l'Islam évidemment !

Dès lors, il s'est signalé dans les coins les plus reculés de la terre, les prêches traduites en français, le livre Saint, le Coran traduit par d'éminents savants qui taquinaient la langue de Molière avec aisance, et qui maniaient merveilleusement l'arabe classique, ont su se rapprocher du sens profond des versets, les explicitant d'un œil humain, avec mansuétude, quand il est certes trivial, que traduire un texte, c'est y extirper en grande partie, sa sève nourricière.

Des thèses sur l'Islam et ses fondements sont venus étayer que ce même Islam introduit dans nos pays francophones allait surpasser toute autre croyance, en terme d'activités liées à la foi, les cinq prières journalières, exercices physiques et spirituels, nourriture de l'âme ; en épissure avec l'homme, grain de sable, avec ses multiples défauts, face à son Créateur, généreux Donateur aux infinis dons et à son incommensurabilité, la prière du vendredi, etc.

Des moments forts où l'homme en scelle, est en osmose avec sa conscience, il est conséquent, à un pas de son Créateur, en contact permanent avec Lui (Alastu bi Rabikum - Ne suis-Je pas votre Dieu -). L'exceptionnel en soi, humblement recherché et retracé, était retrouvé dans les champs célestes de l'Islam, un pur vecteur de solidarité, qui guérit tout cœur égaré, et rend triplement riche la pensée, dans sa structuration, conduisant l'esprit vers une réelle transcendance.

D'autres parts, des poésies dédiées au Prophète de l'Islam (psl), en arabe puis traduites en français, en exemple à Al-Burda (le manteau) de Imam Al-Busayrī, ou en français tout court, en exemples, aux célèbres réflexions poétiques de Lamartine ou de celles de Victor Hugo, qui avaient fini par fasciner le monde des savants, et ces derniers se sont tous inspirés de la noble vie du Saint Illustre pour produire des textes de grande qualité, qui ont dans un sens ou un autre enrichi la lecture collective et universelle, dans les espaces francophones.

Tous ces produits de l'esprit ont fini par démontrer que ce merveilleux homme d'Arabie, aux pleins pouvoirs, de Dieu, Il les acquit ; présentait des signes évidents d'humilité, de sagesse, d'altruisme, et redistribuait tout ce qui était en sa possession aux autres, sans se soucier de ses lendemains, certes, en Dieu, l'Exalté, Il avait placé toute sa confiance.

L'Islam, aujourd'hui est diabolisé en Europe, particulièrement en France, berceau de la francophonie où le débat fait rage, où ses intellectuels ont peurs de le voir devenir incontournable dans les instances de la République, qui se dit laïque timidement, où le musulman est restreint à pratiquer sa foi entre quatre murs, certes l'exercice de la foi relève du privé, sans qu'il ne soit point imposable.

La question que tout le monde se pose au lendemain des lois interdisant le voile en France, ou les minarets en Suisse, est, pourquoi ces pays ont peur de l'Islam ? Nous ne les indexons point, mais c'est juste un constat collectif qui assomme la conscience et somme le monde à un débat ouvert et contradictoire entre penseurs, chercheurs et scientifiques, accès à l'impressionnante percée de l'Islam dans la francophonie, et l'extraordinaire dégringolade des autres croyances dans ces mêmes contrées ?

La francophonie, si elle n'unit pas, elle désunit. Si toutefois, les penseurs et les savants lisaient le livre Saint, se rendront-ils compte que Dieu, l'Exalté a garanti à l'Islam, une fulgurante expansion et une belle ascension dans cet univers qui est sien.

L'on nous parle souvent de dialogue de culture, de brassage, de jumelage, de rencontres pour mieux resserrer les liens francophones qui nous unissent, mais qu'ont-ils réellement fait pour que pratiquer son islam "francophone" puissent se faire le plus simplement possible ?

Trop de restrictions, trop d'amalgames, que de mépris, en définitif, la question qui domine la conscience est, veulent-ils réellement de l'Islam dans la francophonie ?

Il est évident que quand une réalité perce les frontières du lieu de sa naissance, ou de son émanation, elle devient difficile à maîtriser quand elle franchit d'autres frontières, voilà pourquoi la relation entre l'Islam et la francophonie devrait être revue sérieusement, quand la population européenne est vieillissante, quand son taux de mortalité est nettement plus élevé que son taux de natalité, quand ses ressources s'épuisent, quand elle cherche partenaire stratégique partout, quand elle cherche à assainir son économie, quand difficilement marche son union, quand elle, par ses bras sénescents, n'arrive plus à isoler l'Islam, la conscience plurielle exige d'elle une nouvelle conduite, une redistribution des cartes, un nouveau partenariat gagnant-gagnant.

Il est bien beau de se réunir en des conférences, de structurer, de mettre en place des mécanismes qui garantissent la bonne marche de l'institution, mais quand ses relations avec l'Islam sont heurtées, alors où finira leur compagnonnage ? Le grand perdant ne peut être que la francophonie, car il est tout évident que pour le musulman, il n'est point question de vivre sans son Islam, une affaire à la fois, individuelle et collective, quand il est très aisé pour lui, de se séparer de la francophonie sans aucun remord.

Il vaudrait mieux alors pour cette grande institution qu'est la francophonie, de trouver les remèdes face aux maux qui la gangrène, qui n'honore en rien sa relation avec l'Islam, qui en plus de la descente pratique cultuelle qu'il propose, a des produits dérivés essaimés dans tous les démembrements affiliés directement ou indirectement à ladite institution, seulement la réalité de cette relation incongrue, ne réside point dans les rencontres officielles, mais chez les peuples qui vivent ensemble, partagent la belle langue française, un outil respecté, ni vulgaire, ni agressif, qui fixe son destin à la voix de la paix, de la solidarité, de l'interactivité, et du commun vouloir de vie commune.

Vive l'Islam "francophone" et vive la francophonie "islamique" !


Par Sheikh Alassane Sène "Tarée Yallah"
humble serviteur du Prophète Muhamad (saws)
Vendredi 1 Août 2014




1.Posté par AZIZ le 01/08/2014 22:38
Très belle analyse Ya Sheikh Assane.



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