Cheikh Mohamed Ndiaye , Guide religieux : « Contre le Sénégal, la Côte d’ivoire a gagné depuis le 4 juin dernier »

J’avais dit que Gervinho, Kalou, Gradel et Drogba vont marquer pour la Côte d’ivoire.

Dix jours avant la rencontre, j’avais dit à un journaliste que les stations ne devraient pas vendre de l’essence dans des bidons…

Pourquoi je ne marche pas avec le « 12e Gaïndé »…

Le contrat, le procureur, le vainqueur de la Can 2013 et les cinq cents millions

Guide religieux imprégné du sport et féru du football, Cheikh Mohamed Ndiaye n’est plus à présenter. Son nom, depuis 2002, est chevillé au corps du football sénégalais. Mais depuis cet âge d’or et ses belles nuits de rêve au Mali et au Japon, le semblant de gloire qui faisait vibrer les passions a déserté la « tanière ». Défaut de politique adéquate ? Carence dans le management du foot ? Les mêmes questions reviennent, les acteurs se succèdent et les responsabilités souvent désertées. Dans ce tout incompris, Cheikh Mohamed Ndiaye qui se définit comme « l’esclave de Borom Touba » assume toute cette dégringolade et revendique les « racines » du mal. Aujourd’hui où la Côte d’ivoire a lessivé les espoirs, le même profil émerge. Dans cet entretien, il revient sur l’élimination des « Lions » qu’il a acquis depuis le 4 juin 2012 et il prédit un avenir ténébreux pour le onze sénégalais. Dans la perspective de Can 2013, son « art » sera échangé au prix fort. Un demi-milliard pour qui veut épouser dame coupe.

Comment avez-vous vécu le match Sénégal-Côte d’Ivoire ?

C’est un match que la Côte d’ivoire a gagné depuis le 4 juin dernier, avant le tirage au sort.

Comment est-ce possible ?

J’ai fait une conférence de presse le 30 mai dernier pour dire que les chances du Sénégal sont anéanties. Quatre jours après, j’ai entendu des défis. D’aucuns m’avaient lancé ces défis en disant que le Sénégal remporterait la Can 2013. Ce même jour, j’ai demandé à Serigne Touba de réaliser mon vœu de faire éliminer l’équipe nationale. Auparavant, je disais que leur qualification était sous mon pied. J’ai demandé qu’ils soient éliminés à cet instant. Des amis et proches me demandaient de leur laisser au moins participer à la compétition, pour, au moins vivre l’événement. Mais, ce jour-là, j’ai dit à Serigne Touba, cette fois-ci, je veux qu’on élimine les "Lions" dès maintenant. Dix jours après les prédictions du 4 juin 2012, j’ai invité la presse pour lui dire que le Sénégal sera éliminé dans toutes les compétitions. En ce moment, la Centrafrique devait jouer l’Égypte. Les supporters priaient dans les radios pour une victoire de la Centrafrique afin que les « Lions » fassent partie du premier chapeau et héritent des tocards. Avec la victoire de la Centrafrique, les supporters jubilaient parce que les « Lions » devaient faire partie du premier chapeau. Mais, le premier manque de chance, c’est que même avec cette victoire, la Caf a fait hériter le Maroc du premier chapeau au détriment du Sénégal. La deuxième malchance, c’était lors du tirage au sort. Il fallait éviter le Ghana, la Côte d’ivoire, le Nigeria, les grandes équipes. Je leur ai dit, par la grâce de Borom Touba, vous tomberez sur cette équipe ivoirienne que vous évitez.

Qui vous a lancé ce défi dont vous avez fait état ?

J’ai appris, à travers la presse, que les "saltigués" (féticheurs) avaient prédit la coupe pour le Sénégal. Mais, j’ai pris leur contre-pied dans l’édition de L’Office du 30 mai. Des journalistes d’une radio de la place qui n’ont pas cité le titre en revue de presse, ont cependant commenté l’article pour dire et répéter que "le bon sens ne l’admet pas". Soit ! Mais, je leur ai rétorqué que c’est une situation que nous vivrons et les yeux ne mentent pas. De la même manière, une très grande télévision de la place, lors l’une de ses émissions matinales, animée par une dame, a présenté le titre où L’Office avait titré « le marabout Cheikh Mohamed Ndiaye prend le contre-pied des ‘Saltigués’ : le Sénégal ne se qualifiera pas à la Can ». L’un des journalistes présents sur le plateau avait commenté : "Il (le marabout) n’est pas Dieu". Je ne suis pas Dieu, mais j’ai son agrément, lui ai-je répondu. Alors j’ai prié pour l’élimination des « Lions ». Avant de gagner une coupe, il faut d’abord participer à la compétition. Et, depuis 2002, j’ai dit que le Sénégal ne gagnera jamais la Can, j’ai réitéré les mêmes propos lors de la dernière Can. C’est parce que je me base sur quelque chose : l’avenir du football sénégalais est sous mon pied. Il est possible de penser que le Sénégal n’a pas une bonne équipe, mais il est difficile d’admettre que l’aspect mystique est la cause de la contre-performance des « Lions »…

C’est parce qu’elle est une grande équipe que Sénégal a osé se présenter comme la meilleure en Afrique. Lors du match aller contre la Côte d’ivoire, j’ai renversé la tendance du match dans les 20 dernières minutes.

Comment avez-vous fait pour y parvenir ?

J’attends le moment qui me convient pour demander à Serigne Touba d’exaucer mon vœu. Un grand entraîneur de football, Malick Diop, coach de l’équipe "Yengoulène" des Parcelles, qui dirige également un centre de formation de football, était avec deux de ses amis ici, dans ma chambre. Il m’a demandé mon avis sur le match Côte d’Ivoire/Sénégal, une semaine avant. Je lui ai dit que les « Eléphants » allaient battre les « Lions » par quatre buts. Et je jure sur le nom de Cheikh Ahmadou Bamba, il n’y a aucune prédiction qui me soit révélée en rêve, par les cauris ou par des pratiques mystiques écrites. Je demande seulement à Serigne Touba de faire ceci pour moi et il l’agrée. J’ai dit à Malick Diop : Gervinho, Kalou, Gradel et Drogba vont marquer pour la Côte d’ivoire.

Beaucoup de marabouts prétendent pouvoir décanter la situation. Finalement on s’y perd dans ce capharnaüm. Tout le monde semble tenir les choses entre ses mains...

Je serais ravi que l’équipe aille rendre visite à tous ces marabouts et autres féticheurs en leur donnant de l’argent. Les uns parlent de Tamalé, les autres se sont manifestés lors des éliminatoires passés. Moi, je parle depuis 2002. La presse leur ouvre ses colonnes et elle ne vient pas me rendre visite. Le journal L’Observateur est venu chez moi le jour de la défaite des « Lions » contre l’équipe équato-guinéenne, lors de la dernière Can. La journaliste m’a dit : "Cheikh-bi, tout ce que vous m’aviez dit avant la Can s’est révélé". Elle m’a interviewé et je lui ai dit en exclusivité, que le Sénégal ne sera pas à la prochaine coupe du monde. La même personne m’avait invité à parler de la présidentielle qui devait se tenir le mois suivant. Je lui ai dit que le vainqueur sera Macky Sall ou Abdoulaye Wade qui sont tous les deux disciples de Serigne Touba. Mais, ils n’ont pas publié l’entretien.

Vous parlez de la prochaine coupe du monde ?

Affirmatif et je le confirme ici. Je ne sais pas ce que décidera la Fifa suite aux événements du 13 octobre. Mais non seulement l’équipe ne sera pas à la Can 2013, mais elle sera encore éliminée à la coupe du monde, elle ne sera pas à la Can 2015, elle ne sera pas aux JO 2016 et elle ne participera pas à la Can 2017. Les « Lions » ne seront pas de la partie durant toutes ces cinq campagnes. Le basket est en train de faire des résultats, de même que le handball. Mais le football fera encore l’objet d’humiliations. Le Sénégal ne gagnera jamais aucun trophée continental toute catégorie confondue.

Vous voulez que l’équipe vienne vous rendre visite... Ils sont déclarés persona non grata chez moi. C’était facile avant. Je leur avais juste demandé de s’amender, mais ils n’avaient pas l’humilité de le faire. Mais, Serigne Touba m’a encore donné la victoire devant eux. Car, ils avaient refusé de me présenter des excuses, aujourd’hui, les autorités sénégalaises ont présenté des excuses publiques à Alassane Ouattara et au peuple ivoirien. Or ces excuses ne vont pas régler leur problème ; ce qui les a amenés à s’amender devant Ouattara vient de leur refus de s’amender devant Cheikh Mohamed Ndiaye, l’esclave de Borom Touba. Et ils vont encore être humiliés. Ils vont présenter leurs excuses à d’autres.

Faites-vous allusions aux débordements du 13 octobre dernier ?

Non ! Et vous me donnez l’occasion de rappeler l’antécédent que j’ai eu avec l’équipe nationale. Elle remonte à 2002 lorsqu’ils ont censuré le passage dans lequel les joueurs disaient, « nous sommes les Lions de Serigne Touba » dans la fameuse chanson « Gaal-ga ngui reubi » (la pirogue part à la pêche). Pour en revenir aux incidents du samedi 13 octobre, retenez que dix jours avant la rencontre, j’avais dit à deux journalistes que les stations d’essence feraient mieux de ne pas vendre du carburant dans des bidons pour éviter le feu au stade. Mais, j’ai appelé l’un d’eux pour lui demander de ne pas écrire cette information pour ne pas être photographié comme un incitateur. Comment appréhendez-vous toute cette violence dans le football ? Ce n’est pas nouveau dans les stades. Contre la Gambie c’était pareil. En son temps, la bande à El Hadj Diouf et Fadiga a été humiliée au stade Senghor. Et je le leur avais dit avant le match. J’avais prédit le résultat le 6 février 2008, lors d’une conférence de presse, avant la fin de la Can 2008 à Tamalé. À cette occasion j’avais dit que le Sénégal ne serait ni à la Can ni au mondial 2010. Bien avant cela, en 2005 j’avais appelé Mbaye Ndoye (ancien président de la FSF), Thiam "Gaïndé", Mbacké Seck, Alioune Dramé (ancien directeur de cabinet de l’alors ministre des Sports, Daouda Faye) et le directeur de cabinet du Premier ministre d’alors, Macky Sall, pour leur dire : le Sénégal ne se qualifiera pas au mondial 2006. Aujourd’hui encore, ils sont éliminés et ce sera pire dans l’avenir. Ce n’est pas une question de personnes. Même avec les meilleurs joueurs du monde sous la coupole des meilleurs dirigeants et du meilleur ministre des Sports, l’équipe nationale de football ne bougera pas. Qu’ils fassent jouer des Brésiliens en équipe nationale, ils seront humiliés.

Comment avaient réagi les Mbaye Ndoye et autres ?

Ils ne me croyaient pas. Ahmet Bachir Kounta pourrait également en témoigner. Ils doivent savoir que ces prédictions ne me sont pas révélées en songe. Vous pouvez voir quelque chose en rêve, vous le dites et un homme de Dieu empêche sa réalisation ou bien même, détourne le résultat. Ce n’est pas une affaire de marabout, c’est bien au-delà.

La violence va crescendo dans les stades, cela devrait vous pousser à les aider, non ?

J’ai déjà demandé à Serigne Touba d’exaucer mon vœu de détenir les clés de l’équipe nationale et c’est fait. Pourquoi n’ont-ils pas eu cette même humilité qui les a poussés à demander pardon à Ouattara. Ils pouvaient le faire avec moi. Je ne suis ni féticheur, ni charlatan ni magicien. Je ne m’en cache pas, je suis un "Goor Yallah" (homme de Dieu), je suis un Cheikh de Serigne Touba. Je fais partie du gouvernement de Dieu par la grâce de Serigne Touba. J’ai la dimension de trois de ses compagnons, je ne suis pas n’importe qui. Et, ce que j’ai fait contre l’équipe nationale, je l’ai fait contre le Jaraaf.

Le Jaraaf de Dakar ?

Oui. Le Jaraaf a violé un contrat qui me liait avec lui. Ils me doivent 160 millions. C’est une requête que m’avait soumise Wagane Diouf, leur président. Il était accompagné de Serigne Touba Sow et d’Oumar Cissé. Ils avaient un projet avec des Belges pour la construction du complexe Keur Jaraaf, évalué à 16 milliards. Wagane m’avait dit qu’ils ont tout fait mais qu’ils n’avaient pas pu trouver un accord avec les Belges et qu’ils sollicitaient mes prières en échange des 10% du montant du projet, d’une maison et d’un véhicule. Me El Hadj Diouf s’était engagé à se rendre en Belgique pour l’achat du véhicule. Quand j’ai soumis le projet à mon maître Serigne Touba, il me l’a accordé. Le protocole d’accord était alors signé et la première pierre posée par Papa Diop qui était le maire de Dakar. Ils ont gaspillé des millions à l’occasion. Les communicateurs traditionnels, les troubadours, tout le monde était de la partie. Wagane m’avait dit "je suis satisfait de ton travail, tout ce que vous m’aviez dit je l’ai vu. Je vais vous donner votre argent dès après le départ des Belges". Depuis, je ne l’ai pas revu. J’ai vainement tenté de le joindre mais son téléphone est toujours fermé. J’avais compris, j’ai répliqué et il va le regretter. Aujourd’hui, non seulement le projet est annulé, mais pire encore, le Jaraaf va perdre tout son prestige. Il est la passoire des équipes : Renaissance de Dakar, Mbaxane de Thiès, Diokoul Fc, les Hlm. À chacun son tour et, le Jaraaf n’a encore rien vu. Même l’équipe de basket qui faisait des performances s’est éteinte.

Pourrait-on voir votre main derrière une équipe à la Can 2013 ?

Toute équipe qui accepte mes conditions, je lui donne la coupe d’Afrique des nations. Et je lance un appel particulièrement au Maroc, au Nigeria, au Ghana et à l’Algérie.

Pourquoi pas la Côte d’ivoire ?

J’avais l’intention de travailler avec elle. Mais, j’y ai renoncé depuis que le « 12e Gaïndé » a décidé de supporter les « Éléphants ». Je ne marche pas aux côtés du « 12e Gaïndé » parce que toute équipe qu’il supporte va perdre. Donc je ne peux plus prier pour la Côte-D’ivoire. Contre les « Lions », j’avais gratuitement prié pour les « Eléphants » parce que c’est ma réputation qui était en jeu. À vous entendre, on a l’impression que la Côte d’ivoire ne remportera pas la Can 2013… Je ne veux pas faire du tort et je n’ai fait aucune prédiction sur elle. Mais j’ai le droit de dire que j’ai renoncé à travailler pour la Côte d’ivoire. Je vous ai cité un carré d’équipes et la première avec qui je tombe d’accord, je lui donne la coupe d’Afrique des nations. Leurs ambassadeurs sont là et mes portes leur sont ouvertes.

Quelles sont ces conditions ?

Je demande cinq cents millions (500. 000. 000) de francs Cfa et je ne marchande pas, le contrat sera écrit. On sera devant le procureur de la République et je vais recevoir le cinquième du montant (cent millions) ; le reliquat peut attendre jusqu’au soir de la finale. Je ne vais plus travailler en catimini pour éviter le même coup que celui de Wagane Diouf et du Jaraaf de Dakar. Une fois ces conditions remplies, je convoquerais la presse pour lui révéler publiquement que je vais donner la Can à telle équipe.