Arrêté avec Guy Marius Sagna lors de la marche de l'opposition : Daouda Guèye revient sur les conditions de sa détention qu'il juge arbitraire...


C’est une situation kafkaïenne que le régime antidémocratique et liberticide du président Macky Sall nous a fait vivre pendant quarante-huit heures. 
Le 14 octobre, parti prendre part à la marche organisée par le Front pour la Défense du Sénégal / FDS Mànkoo Wattu Sénégal, regroupant les associations de la société civile et des partis politiques pour, entre autres, dénoncer les menaces que ce régime fait peser sur les libertés, avec sa culture d’interdiction des manifestations de la société civile et des partis politiques, j’ai été arrêté à 16 heures 26 minutes à la place de l’Obélisque, avec deux autres camarades du Grand Parti, le coordonnateur de la Coalition Non aux APE, et un autre compatriote, membre du PDS.  Nous sommes ensuite conduits au Commissariat du 4e Arrondissement, où à notre arrivée  nous sommes installés dans le hall, nos téléphones portables par-devers nous. Ce vendredi 14, vers 19 heures, le commissaire et son adjoint prennent nos filiations, ensuite RIEN. On nous permet de recevoir ceux qui viennent nous rendre visite, sauf pour les leaders du Front. Les policiers leur ont refusé l’accès commissariat. On nous laisse dormir dans le couloir qui donne sur le bureau du commissaire.
Et le lendemain, à notre réveil, personne ne nous dit rien. Et  la journée, nous  la passons  à tourner en rond, recevant de temps en temps la visite d’amis, de parents, de camarades de partis de l’opposition et de la société civile. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, d’aucuns postaient leur scepticisme en se demandant comment  nous pouvions dire que nous sommes arrêtés par la police alors que nous continuions d’être actifs sur Facebook. C’est simple ! Nous avons gardé nos téléphones et c’est le chef de poste qui les rechargeait chaque fois que les batteries n’en pouvaient plus. Tout ceci est évidemment surréaliste. C’est en début de soirée de ce samedi 15, vers 20 heures, que le commissaire est revenu pour nous convoquer dans son bureau  à des fins d’enquête.
Alors, le coordonnateur de la Coalition nationale Non aux APE lui pose deux questions : « Que faisons-nous ici depuis hier ? », « quand est-ce que ce kidnapping  prendra fin? ». Et le commissaire de préciser que ce ne sont pas ses services qui nous ont arrêtés, tout au plus nous  avons été  mis à sa disposition. Cela est venu renforcer notre incompréhension et le sentiment d’injustice qui nous ont habités dès notre arrestation. Nous passons de nouveau la nuit au violon. Et le dimanche, nous nous  réveillons avec le même sentiment d’incompréhension étroitement lié à l’absurdité de notre situation. Nous avons passé la matinée à nous tourner les pouces, quand nous ne recevions pas des visites. Et c’est peu après 14 heures que le commandant nous convoque dans son bureau pour signer le document mettant fin à notre détention. 
On nous aura ainsi privé de plus de 48 heures de liberté, pour rien. Et n’importe quel sénégalais qui exprime son désaccord avec la gestion du régime de Macky Sall, n’est pas à l’abri de cet arbitraire. Allons-nous nous taire, nous terrer et laisser faire ?
La colère s’étant relativement estompée grâce aux marques de compassion et de solidarité de parents, d’amis, de collègues ou de compatriotes anonymes, la réflexion a établi de manière claire et distincte le caractère antidémocratique et liberticide de ce régime, allergique à toute voix, toute démarche opposée à sa façon de voir les choses et de conduire les affaires de la Res-publica (chose publique, donc appartenant à toutes les Sénégalaises et à tous les Sénégalais).  Me sont alors venues à l’esprit deux déclarations du président de l’APR. La première a été faite lors de sa rencontre avec certains chefs de groupe de presse en avril 2015. Macky Sall déclarait : « Mon rôle, c’est de tout faire pour réduire l’opposition à sa plus simple expression ». La seconde, c’était le 07 mars au Grand Théâtre, où devant ses ouailles mobilisées pour la campagne référendaire, Macky Sall criait : « Que cela plaise ou non, l’opposition va subir ma politique ! »
Évidemment,  le président de l’APR confond le terme « opposition » tous ceux qui, membres de la société civile, des partis politiques, d’un mouvement ou d’une association quelconque, portent une voix dénonciatrice de « sa politique » faite de reniements, de népotisme, de rancune et d’écrasement des libertés, de la liberté de réclamer la transparence dans la gestion de nos ressources naturelles, de la liberté de manifester que nous Sénégalais nous sommes attribuée à l’article 10 de la Constitution. D’ailleurs, à quoi sert-il de parler de nouveaux droits alors que les anciens, dont le droit de manifestation, sont foulés au pied par un régime liberticide, allergique à la critique ? 
Il aura beau utiliser nos deniers pour se payer les « nouveaux chiens de garde », suivant l’expression de Serge Halimi, comme ce petit conseiller en communication au malheureux tweet essayant de railler bassement le compatriote, président de l’ACT, nous n’accepterons jamais la pensée unique. Nous manifesterons, nous marcherons, nous allons nous exprimer sur la marche de notre pays.
L’essence du citoyen, c’est la liberté civile. S’il perd cette liberté, il perd sa qualité de citoyen pour devenir un sujet, assujetti au diktat du dictateur. Allons-nous accepter cela ?
Quand l’essentiel est en danger,  s’opposer devient un DEVOIR.

Daouda Guèye de Pikine
Professeur de philosophie
Grand Parti Suxali Sénégal
Grand Parti Pikine Officiel
davehegel@yahoo.fr
Jeudi 20 Octobre 2016




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