Abdou Fall, ancien ministre et leader du mouvement « alternative citoyenne » Haro sur « l’affairisme d'état »

De plus en plus proche de la mouvance présidentielle, l’ancien directeur de cabinet Politique du Président Wade diagnostique les tares qui plombent l’unité de la coalition Benno Bokk Yakaar, parle de ses rapports avec Me Wade, du procès de Karim Wade et avertit son nouvel allié Macky Sall qu’il invite à être particulièrement attentif aux pulsions au sein de son parti et de sa majorité. Car depuis 2000, d’après lui, les bourreaux de chaque président sont issus de son propre parti. Dans cet entretien, il théorise une gestion concertée du pouvoir et déplore la politisation de la traque des biens mal acquis qui donne à notre pays l’image d’un pays corrompu.


Abdou Fall, ancien ministre et leader du mouvement « alternative citoyenne » Haro sur « l’affairisme d'état »
Le président continue de consulter ses alliés. il a reçu Macky 2012 et Benno Bokk yakaar samedi. quelles solutions doit envisager le président sall en direction de 2017 ?
 
Je pense que les initiatives de redynamisation des forces politiques de la majorité sont tout à fait opportunes, dans le contexte actuel où nous sortons des dernières consultations électorales qui ont permis de parachever la mise en place des organes de pouvoir de l’actuelle majorité. Après les élections présidentielles, la formation du gouvernement, l’installation de l’assemblée nationale, on vient d’élire les conseillers municipaux, maires et conseillers départementaux. Le temps des compétitions est totalement derrière nous. C’est par conséquent le moment de se mettre en ordre de bataille pour nous attaquer résolument aux défis de développement de notre pays. C’est dans cette optique que nous lisons les fortes
initiatives présidentielles de la période.
 
Comment est-il possible de mettre en place une plateforme dans un contexte où certains alliés s’estiment combattus et où il y a une méfiance entre alliés ?
 
Cette méfiance est le résultat d’un déficit de concertation. C’est aussi simple que ça. Le grand problème que nous avons dans ce pays est que le Sénégal est traversé par une profonde crise de confiance entre les élites, entre les hommes politiques et entre les dirigeants et les citoyens de manière générale. Je pense que ça fait partie des questions pour lesquelles le président de la République doit prendre des initiatives de manière à restaurer des relations de confiance entre les différents acteurs, qui ont tous intérêt à se mettre ensemble pour faire avancer notre pays. Ça c’est une question majeure. Parce que tant que cette question ne sera pas réglée, nous serons toujours confrontés à des logiques de défiance, à des logiques de confrontations et non à des logiques de partenariat et de coopération, alors que nos pays sont assez vulnérables et assez fragiles, on a besoin de construire des consensus très larges pour faire face aux priorités sociales, aux urgences sociales. Il est en effet manifeste qu’un énorme déficit de concertation et de dialogue existe au sein de la classe politique de notre pays; au sein des partis d’abord, ce qui explique les convulsions qui les traversent souvent, entre partis du même bord ensuite et aussi entre majorité et opposition, ce qui est souvent source de malentendus, de préjugés voire de tensions et de conflits qui pourraient être évités si on arrivait à entretenir des relations d’échanges, sans préjuger des options et des positions des uns et des autres. La pratique du dialogue est l’un des moyens de pacification de l’espace politique et social, ce qui est une condition d’efficacité dans la gouvernance des communautés.
 
De fortes divergences persistent à Dakar où des maires Ps soupçonnent le gouvernement de faire obstacle à leur réussite. Quelle est votre opinion sur cette question ?
 
Je trouve regrettable qu’au sortir des élections locales de tels problèmes puissent encore subsister au sein de la majorité. J’espère que la reprise du dialogue et de la concertation entre partis membres de la majorité au pouvoir permettra d’aborder et d’aplanir ces mauvais débats dont on peut bien se passer. Les majorités élues ont aujourd’hui la chance de mettre en route une réforme porteuse de grandes avancées démocratiques et de développement à travers la communalisation intégrale qui, aux yeux de nombre d’experts avertis, pouvait constituer à elle seule le programme d’une réforme sur toute une décennie.
C’est un projet ambitieux de nivellement par le haut, qui vise à porter des communautés rurales et des communes d’arrondissement à des niveaux d’équipements, des capacités de gestion, de management et de mobilisation de ressources qui étaient jusque là l’apanage de quelques rares communes privilégiées, pour l’essentiel des capitales régionales. Ce projet ambitieux qui vise à transférer des pouvoirs, des  investissements, des ressources financières, des compétences administratives et techniques de nature à garantir une véritable gouvernance de développement au sein de localités qui étaient jusque-là laissées à elles-mêmes, un tel projet mérite d’être porté dans un esprit constructif; car il est évident que sa mise en oeuvre va nécessiter la gestion d’une phase de transition, surtout dans une ville comme Dakar qui va nécessiter une démarche concertée entre élus, administrations locales, régies financières et tutelle politique et administrative.
 
Et que répondez-vous à ceux qui déclarent que c’est parce qu’il constitue une menace pour sa réélection en 2017 que le président Macky sall s’acharne sur karim Wade ?
 
Je ne partage pas ce point de vue, Karim n’étant pas le leader du Pds encore moins leur candidat à ma connaissance. C’est par contre du côté des majorités qu’il y a lieu d’être plutôt prudent de nos jours. Depuis 2000, c’est l’implosion des majorités qui a emporté les candidats sortants, qu’il s‘agisse du Président Abdou Diouf ou du Président Abdoulaye Wade. Le Président Diouf a été emporté par une mauvaise gestion des dissidences au sein du PS portées à l’époque par Djibo Ka et Moustapha Niasse. Le Président Abdoulaye Wade, quant à lui, a commis les mêmes erreurs d’appréciations en ce qui concerne les ruptures avec Macky Sall et Idrissa Seck, entre autres… C’est pourquoi j’invite le Président Macky Sall à être particulièrement attentif aux pulsions au sein de son parti et de sa majorité.
 
Entretenez-vous encore des relations avec le président Wade et le Pds ?
 
Vous savez, je crois être parmi les rares responsables membres du PDS à avoir réussi «un divorce à l’amiable» avec le Président Wade et son parti. J’en suis heureux car je suis de ceux qui pensent qu’on peut rompre un compagnonnage sans verser dans des querelles inutiles. Nous ne sommes plus ensemble mais je n’en continue pas moins à considérer le Président Wade parmi les grands leaders politiques de son époque, dont la contribution a été importante dans les conquêtes démocratiques et dans les avancées économiques et sociales au Sénégal et en Afrique.
 
Quel regard portez-vous sur les affaires judiciaires en cours actuellement au sénégal ?
 

Je n’aime pas intervenir sur les questions pendantes en justice. Je ne peux manquer cependant d’exprimer le regret d’une politisation et d’une surmédiatisation d’affaires qui doivent être traitées dans le cadre strict de l’administration judiciaire. Au stade où en est la procédure, l’on ne peut que souhaiter que justice soit rendue dans la rigueur de la loi et dans le strict respect des droits et libertés des prévenus. C’est une expérience inédite d’application d’une loi votée il y a plus d’une trentaine d’années dans le contexte d’une époque très différente de celle d’aujourd’hui. Entre-temps, l’environnement politique, juridique et médiatique a considérablement évolué en terme d’exigences accrues de rigueur dans la gouvernance économique et financière de nos pays; dans le même temps, les droits et libertés des citoyens ont été considérablement renforcés. Il y a donc lieu de souhaiter qu’un juste équilibre soit établi entre des exigences apparemment contradictoires mais aussi fondamentales l’une que l’autre. La sérénité, la lucidité et la tempérance doivent absolument prévaloir dans la gestion de cette affaire. C’est là ma position de principe sur cette question. Le seul commentaire que je me permets, c’est qu’autant la reddition des comptes s’impose, autant on aurait tort d’en faire un point de focalisation au risque de donner de notre pays une image de corruption qui est loin de correspondre à la réalité de la conduite de la majorité de nos dirigeants placés à des niveaux de décision de gestion. Nous devons tous nous attacher à bannir, à condamner et à exiger les sanctions les plus exemplaires contre ceux qui profitent de leur posture de pouvoir pour abuser du bien public; mais nous devons cependant nous abstenir de nous laisser aller à des excès et à des généralisations abusives et tout à fait non fondées. L’affairisme d’Etat doit être extirpé des moeurs politiques. Mais je regrette, le Sénégal est loin  d’être le pays de corrompus que certains s’obstinent à dépeindre. Nous parcourons le monde. Et au regard de ce qui se passe partout ailleurs, et je dis bien partout, il y a certes des tares à corriger mais je refuse de me laisser aller à cette auto-flagellation presque masochiste.
 
Le président Macky sall n’a-t-il pas enterré le rapport de la commission Nationale de réforme des institutions en prenant une position aussi radicale contre le régime parlementaire ?
 
Je pense que le président de la République n’a jamais fait mystère de son option en faveur du régime présidentiel. Il faut aussi reconnaître, en parcourant son programme électoral, Yoonu Yokuté, qu’aucun de ses engagements en matière de réformes institutionnelles ne porte sur une remise en cause du régime présidentiel. Ses seuls engagements ont porté sur l’âge des candidats, la réforme du conseil constitutionnel et de la cour suprême, le verrouillage de la constitution en certaines de ses dispositions et enfin le référendum pour intégrer les révisions constitutionnelles. Il avait certes envisagé de tenir compte des recommandations des assises nationales, mais sa perspective a toujours été une perspective de consolidation des garde-fous et de renforcement des contre-pouvoirs et non de remise en cause du régime présidentiel. Il faut d’ailleurs à cet égard féliciter les membres de la CNRI pour les efforts considérables qu’ils ont déployés pour obtenir la participation citoyenne la plus large, dans ce débat sur les réformes institutionnelles.
 
Quelles perspectives pour le mouvement alternative citoyenne dans le processus de recomposition politique en cours ?
 
Notre mouvement inscrit son action dans la promotion de nouvelles solidarités et d’une nouvelle citoyenneté, en accompagnement aux politiques publiques. C’est pourquoi, à l’occasion de la concertation sur l’acte 3 de la décentralisation, nous avions marqué notre volonté et notre disponibilité à soutenir la plate-forme des réformes portées par le Président Macky Sall dans le cadre de son mandat. Nous sommes dans un pays où s’expriment avec force de légitimes aspirations au progrès et au bien-être, dans un contexte où on n’a pas encore achevé de construire les fondamentaux d’une véritable politique de développement. Plus de 50 ans après nos indépendances, nous faisons encore face à des défis majeurs parmi lesquels le défi d’une souveraineté alimentaire, le défi d’une indépendance énergétique, le défi du financement de notre développement, pour ne citer que ceux-là. Les dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays ont pu, chacun avec les contraintes de son époque, poser une pierre à l’édifice. Le Président Senghor nous a légué un Etat. Le Président Diouf a significativement contribué à la construction d’une démocratie digne de ce nom. Le Président Wade a fortement investi dans la construction des bases infrastructurelles de notre développement. Aujourd’hui, le Président a l’ambition, et il en a la possibilité de réunir les conditions d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035, tel que le PSE en a pris en charge la planification. Nous pensons que ce plan, dans ses composantes économiques, sociales et institutionnelles, peut constituer le socle d’une plate-forme mobilisatrice de l’écrasante majorité de nos compatriotes dans le cadre d’une gouvernance concertée mais respectueuse de l’autorité du Président de la République, leader de la majorité, tel que la constitution de notre pays en a fixé les règles.

"L'AS"
Lundi 22 Septembre 2014




1.Posté par paraca le 22/09/2014 16:17
Abdou tout ça ce sont des discours creux. Ne nous tympanise pas. Tu as attendu le dernier virage pour quitter Abdoulaye Wade . Ton opportunisme est connu de tous aussi bien politique que syndical. Transhume et tais toi!

2.Posté par 1234 le 22/09/2014 17:26
bien dit mr le ministre nous apprécions vos observations

3.Posté par 1234 le 24/09/2014 13:31
paraca propose des solutions au lieu de dénigrer les gens doul



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