YOUSSOU NDOUR REFUSE DE METTRE «TOURISTA» EN MUSIQUE


YOUSSOU NDOUR REFUSE DE METTRE «TOURISTA» EN MUSIQUE
Mission prémonitoire ou simple acte citoyen, en tout cas, dans un passé récent, Youssou Madjiguéne avec sa chanson «tourista» de son album «womaat», a été un chantre remarqué de la teranga sénégalaise et un fervent promoteur du tourisme sénégalais. A présent ministre du Tourisme et des Loisirs, il a déclaré le secteur touristique sénégalais: « peu compétitif » et à l’entendre, presque du seul fait de la : « cherté des billets d’avions » et du « manque de performance de Sénégal Airlines». Cet argument est spécieux et largement insuffisant. Car mieux que quiconque, Youssou Madjiguéne n’avait-t-il pas dans cette remarquable chanson, pointé avec un réalisme saisissant, les contradictions et les manquements de certains de ses compatriotes avec l’esprit de teranga? Le chanteur n’y avait-il pas également invité ces derniers, à l’autocritique et à l’introspection?

Par ailleurs, self made man tenace, businessman averti, mais surtout parolier hors pair, pourquoi Youssou Ndour ministre ne s’est-il donc pas inspiré du cinglant diagnostic des maux dont souffre le tourisme sénégalais, établi par Yousou Ndour chanteur, pour articuler sa mission et réussir là où des politiciens et des technocrates réputés ont lamentablement échoué?

Partant d’un pays occidental pour la destination Sénégal, nous allons de l’enregistrement des bagages dans un aéroport occidental, jusqu'à notre installation dans un taxi de l’aéroport International Léopold Sédar Senghor de Dakar, vous faire vivre toutes les étapes de ce long périple. Les paroles de la chanson « Tourista», chantées dans une très belle et éloquente musique, nous accompagneront tout au long de ce voyage durant lequel, nous confronterons cette teranga clamée par tout un peuple, à différentes situations qui se présenteront. Nous nous intéresserons bien évidement -mais en concomitance avec ce qui précède- à l’organisation et au fonctionnement de l’aéroportuaire international d’un pays qui a choisi de faire du tourisme, un des moteurs de son développement.

Mais avant tout, considérons cette contribution comme une adhésion à la démarche d’introspection et d’autocritique à laquelle Youssou Ndour invite chaque sénégalais dans sa chanson «tourista». Aussi, bien des peuples se méprenant sur ce qu’ils sont en réalité; donc, citoyen sénégalais et lié au destin au peuple auquel j’appartiens, je m’autorise à ce titre, à mettre à l’épreuve des faits ce que Yousous Ndour appelle « notre fierté nationale » c’est à dire: la terranga sénégalaise. Si sa réalité se confirme, il convient de la promouvoir. Dans le cas contraire, il serait plus convenant de la faire descendre de son piédestal et la dégager de ses faux-semblants. L’adage wolof dit bien : « Celui qui conseille autrui de bien veiller à son hygiène, est soucieux de la bonne santé et de la dignité de l’autre». C’est pourquoi, si un seul sénégalais qui après avoir lu cette contribution, juge constructive l’idée d’une remise en question de certaines certitudes, alors cet écrit aura alors atteint son but.

Toutefois, pour ceux qui, ne la trouvant pas à leur goût, la voient antinationaliste, ou que d’autres la trouvant déplacée, accusent son auteur de complexé ou d’arrogant, c’est qu’ils paraissent être prisonniers d’un chauvinisme exacerbé ou d’un aveuglement inutile. Ils ne semblent pas également avoir compris Macodou Deguéne Diop qui disait que: « les peuples n’aiment pas qu’on dévoile le caractère scabreux de leur fondation ». N’allons pas trop vite en besogne et demandons-nous d’abord, ce qu’est donc cette Teranga Sénégalaise? Est-elle seulement un concept idéalisé communément intégré ou une qualité réelle de chaque sénégalais? Ayetcheu ! Namou namou namou...tchoup chayip tchou tchap yip ! »

En wolof, la langue la plus parlée au Sénégal, l’expression teranga -dans le contexte qui nous concerne- renvoie à un autre terme wolof téraal, signifiant l’action d’accueillir plus que convenablement un convive; faire plaisir, gâter quelqu’un. Nous ne savons pas par contre si téraal constitue l’étymologie du mot teranga, disons juste que téraal est polysémique et renvoie à bien d’autres contenus. Par exemple, l’expression téraal fait référence à quelqu’un qui a fini sa tache. Aussi, si dans une sérieuse dispute (impliquant les femmes en général) l’une des protagonistes interpelle son adversaire par l’expression «yaw dé teraal-nga!»: «tu as trouvé à qui parler», c’est qu’elle est décidée à répondre physiquement à la provocation. Pour une autre acceptation, téraal dénote avec ce cadre conflictuel et fait référence à la pirogue qui après une journée de pêche fructueuse, s’échoue en douceur sur la berge. Rappelons ici le parallèle du mot « téraal » avec le nom de notre pays, le Sénégal qui signifie pour certains: Sunu-gaal, c'est-à-dire notre pirogue. Si teranga, évoque la fortune, ou l’avoir, toutefois, de manière plus précise, disons que cette expression wolof s’impose comme la représentation sociale sénégalaise essentiellement liée à l’accueil et à l’hospitalité, dans le pays. Elle s’apparente à une sorte de structure idéologique commune, acceptée et partagée. Sa matrice se trouve dans un ensemble d’injonctions, et de prescriptions/proscriptions, aussi bien explicites qu’implicites: «Tu dois,…Tu ne dois pas, …Partage,…Sois tolérant…Soit patient avec l’étranger!» La teranga dans la société sénégalaise fait obligatoirement référence à des comportements positifs, des conduites nobles et des attitudes généreuses et courtoises à l’égard de tout étranger qui arrive dans le pays, ou à tout hôte étranger qu’on reçoit chez-soi. Ayetcheu !

-..L'étranger qui arrive chez toi
Tu dois l'accueillir et le mettre à l'aise… »

Ainsi, tout sénégalais ou toute sénégalaise est sensé l’avoir intégré -sans qu’on sache à vrai dire comment, peut-être par mimétisme- et se doit de l’appliquer. Mais la teranga a ceci de particulier: c’est qu’elle semble ne devoir s’appliquer qu’à l’intérieur du pays. Cela signifie t-il alors, qu’en dehors du Sénégal ces qualités et obligations n’ont pas lieu d’être? Empruntons alors le vol pour la destination Sénégal ! Ayetcheu! Namou! Namou! Namou!

Nous sommes tous réunis dans ce grand hall d’embarquement d’un aéroport occidental. Certains compatriotes en costume, un pied posé sur la barre du chariot de bagages, les bras tranquillement suspendus au levier de commande, sont tout en réserve. D’autres, des femmes surtout, à la fière allure, sont dans l’observation comme pour se faire une idée sur les personnes présentes. Assis sur des banquettes, des anciens égrènent le chapelet, mallettes fermement maintenu sous l’aisselle. Plus loin, des plus jeunes, des étudiants peut-être, assis à la terrasse du café d’à-côté, dégustent une boisson en lisant le journal. Ils ne ratent rien de l’ambiance. De petits groupes formés de voyageurs et d’accompagnants devisent. L’atmosphère est conviviale.Il n' y a rien de plus agréable que de retourner au pays! On reconnaît les excédentaires de bagages à leurs regards stressés qui lorgnent tout charriot passant à leur portée.

On présente aux agents de sécurité passeports et titres de voyage. Après examen des documents, on est orienté vers les comptoirs d’enregistrement. L’accueil est cordial, mais l’hôtesse ne cède à aucune tentative de séduction du voyageur en excédent de bagages. Les consignes sur les vols à destination de Dakar sont claires: tolérance zéro! Et on écarte poliment, mais fermement, tout négociateur ou adepte du quiproquo. La fidélisation des clients sérieux et le respect des horaires sont à ce prix. Sur les flancs des comptoirs d’enregistrement, certains passagers refoulés pour excédent de bagages et qui ne voulant payer de surtaxes, s’adonnent sans discrétion, à une sorte d’exercice d’équilibriste avec leurs valises surchargées. Cette scène rappelle curieusement l’aéroport de Dakar. Mais bons sang, pourquoi ne pas le faire chez soi? Un simple pèse-personne mécanique suffirait amplement: l’on se pèse tout seul, d’abord en notant son poids; puis une seconde fois valises en mains pour avoir le poids total; l’on soustrait de ce dernier son propre poids initial; l’on a ainsi le poids approximatif de chaque valise! Simple non! Ou fait-on le pari de la roublardise? Le choix de se donner en spectacle? Aytcheu!

-«..na gnou setaat sunu boppë té nurok lignuy oté…Faisons, notre autocritique et notre introspection…»

On chemine sans grandes difficultés vers les zones d’embarquement. Ici, l’infrastructure aéroportuaire est propre, fonctionnelle et la signalétique très performante. L’ordre y règne et les différents acteurs aéroportuaires sont clairement identifiés. Chacun joue sa partition et cette harmonie est d’autant plus rassurante que les usagers sont non seulement rassurés, mais surtout volontiers, disciplinés.

Tient! Voilà le premier cordon de contrôle. Notons la présence d’une balance électronique posée à côté de l’agent de sécurité de la compagnie aérienne. Ce dernier n’hésite pas un seul instant à soumettre à la balance, tout bagage-à-main suspecté de bourrage. C’est le déchirement pour les fraudeurs : le porte monnaie ou la confiscation des bagages! Les tensions ne sont pas rares et peuvent prendre des tournures inattendues. Mais pourquoi ce risque inutile! Naïveté ou inconscience? Va savoir! Aytcheu!

-«..Faisons, notre autocritique et notre introspection…»

Plus loin. Les formalités de police des frontières! Pour un pays développé l’on devrait s’attendre à une multitude de machines ultrasophistiquées. Non! Seulement un nombre suffisant de guichets et quelques fonctionnaires de police. Les doigts du policier parcourent rapidement les pages du passeport et de temps à autre, il scrute d’un regard expert le visage de chaque passager, mais les files d’attentes avancent et se dégarnissent. Contrôle expéditif ou laxiste? Volonté d’efficience peut-être. Ici, l’on a fait le choix de la sous-traitance des taches secondaires de sécurité, pour l’optimalisation des missions exclusives de police des frontières.

Plus loin, avant l’arrivée en salle d’embarquement, c’est le contrôle de sûreté. Les portiques de sécurité et les tapis de contrôles radioscopiques sont à suffisance. Bien que très directifs les agents sont corrects et très efficaces. Pourquoi attendre qu’on nous demande de jeter la bouteille d’eau minérale, d’ôter la veste, de défaire la ceinture, de vider les poches. Anticipons! On gagne du temps! Pauvre dirianké! (femme plantureuse, la quarantaine, mariée en générale, élégante et d’un certain niveau social), on lui vide son Samsonite qu’elle a longuement exhibé au hall d’enregistrement, puis lui retire tous ses effets de toilette. Ils seront détruits sans qu’elle puisse obtenir dédommagement! Aurait-elle oubliée cette consigne de sécurité aéroportuaire élémentaire? Elle qui s’est vantée à haute voix, d’être une globe-trotter confirmée?

Au free-shop, tout y passe, comme s’il n’y en avait pas au bled. Pour beaucoup, ceux venant d’occident sont toujours meilleurs. Donc: parfums, paquets de cigarettes, confiserie remplissent les paniers, mais les bouteilles d’alcool sont soustraites du regard des barbus et autres porteurs de chapelets. Leurs regards bien que furtifs, sont suffisants pour déstabiliser le chrétien pourtant autorisé ou intimider le plus téméraire des musulmans indélicats. Le couple mixte ou interculturel, royalement ignoré dans les rues occidentales, est à présent, mal à l’aise du fait, des jugeants regards de quelques barbus et des attitudes de désapprobation de quelques porteurs de préjugés. Nous ne sommes pas encore au Sénégal, mais le radicalisme religieux rampant suffit à alerter des menaces sur nos libertés collectives et individuelles, des citoyens d’une républicaine sénégalaise, démocratique et laïque. Mais ça, c’est un autre problème! Aytcheu !

-« …quand nous accueillons des étrangers, offrons leur cette hospitalité afin qu'ils gardent de bons souvenirs… Partageons, partageons avec eux nos bonnes intentions et nos meilleurs souhaits afin qu'ils gardent de bons souvenirs et veuillent bien revenir chez nous …» chantait l’artiste.

On annonce l’embarquement! L’on se dresse! Les files se forment. Passeports et tickets d’embarquement ressortent! Quelques passagers resquillent pour être les premiers à embarquer, sans doute emportés par la convoitise des meilleures cabines. Des passagers, outrés les fusillent du regard, alors que d’autres luttent à ne pas les imiter.

Tient, en plein milieu de la passerelle mobile d’embarquement, une hôtesse garde bien visible, une balance électronique. Faut pas exagérer quand même! Sourires et assistances des hôtesses et des Stewards nous accueillent à bord de l’appareil, mais il y a quelques confusions au niveau des places. Normal, les sièges hublots et ceux des couloirs sont recherchés, contrairement aux sièges du centre qui sont évités, voire détestés. Choisir sa place lors de l’achat du billet ou au moment de l’enregistrement met à l’abri de déconvenues. Tout le monde est presque installé. Les bagages à main qui n’arrivent pas à rentrer en cabine sont pris en charge par les hôtesses de l’air.

Au fait, curieusement, avant notre décollage pour l’Afrique aucune de ces dernières ne parcoure l’appareil en pulvérisant un aérosol insecticide! Pourtant, au Départ de Dakar pour une destination occidentale, une fois bien sanglé, l’on nous pulvérise! Zèle ou conformité aux règles sanitaires internationales. Ces aérosols n’en sont pas moins incommodants pour les passagers qui d’ailleurs n’ont aucune garantie quant à l’innocuité effective de ces aérosols, ni des mesures de protection sur la vaisselle, les boissons et autres plateaux repas. Selon certains experts, les pays tropicaux sont des transmetteurs de maladies vectorielles », donc l’objectif serait, d’empêcher l'introduction involontaire à bord des aéronefs à destination de l’Occident, de maladies par des insectes transportés. Pourtant partout dans le monde, divers insectes vivent dans l’environnement humain immédiat. Les acariens en particulier, peuplent les draps et autres couettes, de tous les lits du monde. Au bout du compte donc, pays occidentaux et pays tropicaux sont tous soumis aux mêmes risques de transport d’insectes et de diffusions de maladies vectorielles. Seulement, la réalité est que, contrairement à ces pays de destinations, nos autorités locales ne semblent pas être soucieuses de ces sujets là. Notamment, la question des impacts psychologiques de ces vaporisations sur leurs citoyens. D’abord, le caractère parfumé de l’aérosol renvoie pour certains, immédiatement au fameux: «les bruits et les odeurs » de Chirac. Pour d’autres, c’est le sentiment d’exhalaison collective d’odeurs nauséabondes, que cette vaporisation destine justement à masquer. Enfin, la fonction pesticide de ces aérosols, renvoie également à la perception commune, d’être suspectés d’être porteurs d’insectes et/ou de germes, donc au final, d’être des contaminateurs potentiels. L’on se sent, montré du doigt, discriminé. Les compagnies aériennes gagneraient à communiquer mieux. Poursuivons notre voyage! Aytcheu! « Nameu nameu nameu... djoutchou tchaayip ! djou- djoup tchaayip !» Aytcheu

Take-off, mais le voyant lumineux rouge qui reste toujours allumé, montre que notre ascension se poursuit. Alors cher ami qui se défait de ses sangles, quitte son siège et se lève, ne te donnes pas en spectacle, ne donnes pas de motif d’intervention à l’agent de sécurité, ménages ton amour-propre.

Plus tard : Cling ling! Enfin le voyant vert s’allume et les déclics simultanés des ceintures de sécurité claquent par intervalles. L’on se lève, s’étire, baille. Les objectifs sont vite identifiés: toilettes, sièges vides pour s’allonger, ou bien retrouver quelque part dans l’avion, l’ami d’enfance, le camarade de classe ou de fac, le copain de quartier rencontré dans le hall d’enregistrement et qu’on avait vu depuis…Que de souvenirs! L’on refait le monde et promet de se revoir durant le séjour, boire ensemble un bon bissap ou partager un succulent thiebou djën. C’est la détente et les sourires. Les miens comme je les aime quoi ! Ëskey! Aytcheu !-« Nameu ! nameu ! nameu!! Djoutchou tchaayip ! Djou- tchou- tchout-chou , Tchaayip !»

Quelques heures après, les chariots de restauration et de boissons! On prononce fort et avec l’accent nassaran s’il vous plaît:« please coca sir!», «jud’fruits madame!!» mais concernant le whisky l’on le murmure du bout des lèvres. Soutoura ou autocensure? Assumez waye!Ayetcheu-« Nameu… !
Hum ! Miam-miam les effluves! Marre de la volaille! Donc, en attendant le «penda mbaye» de Yaye, ce sera le poisson de ce -très frugal et combien léwaat (fade)- repas. Non tonton! C’est bien une escalope de dinde et non un morceau de porc! Depuis belle lurette, le kor niamé est en voie de disparition dans la majeure partie des vols à destination du Sénégal. Dommage pour mon voisin manjak très sympathique, il se contentera de la dinde, en attendant délicieux rôtis de mbaam de Grand-Yoff et les fraiches bières gazelles koumba. Ne vous inquiétez pas tonton! Nous trinquons juste au retour de chez nous, au Djolof! Mon ami manjak et moi, ne tacherons pas votre beau boubou. Les mini-cakes et le thé terminent ce dernier repas complet. Au fait, quand est-ce viendront-elles débarrasser?

Quand le voisin de devant bascule son siège, l’autre froisse le visage pensant qu’il n’en a pas le droit. Oh que si! Mais avec la manière. C’est que le voisin veut juste digérer confortablement en regardant le film. Donc surtout pas d’énervement! Dialoguons, on va chez nous! Ayetcheu! Namou… namou…

Au fil des ronflements et les heures passant, la lumière tamisée finie par disparaitre, pour laisser arriver la délivrance des fiches de débarquement. Soulagement pour certains, parce que signe que Dakar n’est plus bien loin, mais nouvelle galère pour d’autres. Qui va m’aider à déchiffrer ce rébus? Qui peut me passer un stylo? L’effet psychologique de ces fiches de débarquement ou d’embarquement est globalement négatif sur l’ensemble des passagers. Ces questions fusent quant à leur utilité: recueil de données pour la politique touristique ou collecte d’éléments statistiques pour l’amélioration du service aéroportuaire; Ou plus grave: moyen de filage des potentiels terroristes ou possibilité de fichage et de traçage pour des fins politiques, de citoyens sénégalais expatriés, potentiels opposants politiques. D’autres inquiétudes demeurent concernant ces formulaires : leur durée de conservation, les risques sur la vie privée.

Notre descente se poursuit jusqu’à l’atterrissage. Les applaudissements retentissent pendant que l’avion roule encore brouillement sur la piste. Malgré les instructions de l’hôtesse en chef…rebelote! Quelques passagers se lèvent avant l’arrêt total de l’appareil sur le tarmac. La discipline relative à l’aéroport occidental n’est plus de mise. N’était-elle que de façade là-bas? La conformité à la norme locale reprendrait-elle le dessus, sur certaines attitudes jusqu’ici bridées? Certains passagers qui ont résisté à défaire leurs sangles ne sont pas surpris de ces comportements minoritaires. Ils sourient juste, impuissants. Aux portiques de l’avion, l’équipage pas désabusé du tout -la force des habitudes peut-être - sourit tout en lançant de doux, mais surtout professionnels aux-revoirs à chaque passager empruntant la passerelle. Cette scène dénote de manière flagrante avec l’attitude des hôtesses sénégalaises accolées à la passerelle. Ces dernières intimidées ou sur la défensive, nous zyeutent. Point de happy face, point d’expressions bienveillantes, professionnelles. Sur le tarmac, les agents de sécurité à leur tour, orientent avec autorité les passagers vers les bus de tarmac. Face à cet accueil glacial, on en sentirait presque plus la revigorante et réminiscence bouf fée marine chaude, qui happe dés qu’on quitte l’avion, et qui confirme qu’on est bien arrivée à Dakar, au Sénégal. Les passagers débarquent du bus de tarmac. Deux gendarmes en faction qui discutent, les regardent, indifférents. La teranga ne concernerait-elle pas les corps habillés? Pourtant, il est dit d’elle, une sorte de jeu auquel tout le monde doit se soumettre. En tout cas, elle qui devait commencer dés la passerelle de l’avion, ne semble pas encore être au rendez-vous. Convoquons alors Youssou ! Aytcheu !

-« …Notre hospitalité est une fierté nationale
Le slameur, déclame l'hospitalité sénégalaise
Le chanteur fait les éloges de l'hospitalité sénégalaise
L'écrivain vente l'hospitalité sénégalaise
Dés lors… quand nous accueillons des étrangers [ajoutons nos concitoyens expatriés] offrons leur cette hospitalité...»

Les premiers à engager prestement les marches du hall d’arrivée, sont les voyageurs aguerris, grands connaisseurs des déboires de l’aéroport L.S.S. Les passagers aux lourds bagages à mains triment aux escaliers. Des touristes désorientés du fait de la signalétique insignifiante de l’aéroport L.S.S, suivent la troupe. Dés l’Arrivée au hall d’accueil, deux policiers surgissent en agitant des formulaires. La description du fonctionnaire de police sénégalais est la suivante : une chemise bleue presque déteinte pour certains. D’autres avec leurs chemises bien bleues, armes de service et ceinturons sur lesquels sont accrochées des menottes, ressemblent à s’y méprendre aux flics rencontrés en France. Pourtant le Sénégal est bien un pays souverain. De petites serviettes ou des mouchoirs sont curieusement accrochés aux cols des chemises de certains fonctionnaires de police. Leur fonction est d’éponger la sueur débordante due à la chaleur excessive qui règne dans ce hall d’aéroport? Quand est-il de la climatisation? En tout cas, des auréoles sombres ou jaunâtres au niveau des aisselles, entachent les chemises de certains policiers. Quand on voit un fonctionnaire de police qui circule dans le hall, chaussé de tongues ou tcharakh; les bas du pantalon remontés presque à hauteur des genoux; les manches de chemise retroussées jusqu’aux coudes; sans béret et les cheveux perlées de gouttelettes d’eau: c’est qu’il revient sans aucun risque de se tromper, des ablutions ou djappe, et qu’il ne va pas tarder à prier. Mais pour combien de temps? Faire une remarque publique sur ce sujet, c’est prendre le risque de se faire traiter d’impie ou d’islamophobe. Un policier à l’uniforme tiré, au béret ou à la casquette impeccable, aux souliers lustrés, à l’allure militaire est très rare dans cet aéroport.

En attendant, le flux des arrivants continue, et d’autres policiers leur indiquent les pupitres, comme pour leur signifier qu’ils doivent y remplir les fiches de débarquement. Vaine initiative messieurs car c’est déjà fait. Allez plutôt occuper les nombreux guichets vides, afin d’épargner aux passagers, ces longues files d’attente. Dites le surtout dans votre tête! Car le visage sévère et la posture du policier, donnent une indication claire de l’idée qu’il se fait de l’immigré et non du sénégalais expatrié -son compatriote- que vous êtes. Si elles ne sont passées sous silence, ces considérations infondées sont malheureusement parfois entendues, à l’encontre de ces derniers: « l'immigré sénégalais est en perte d’identité ou victime d’acculturation profonde. Il se prend pour un toubab. Il calque les mauvaises attitudes et adopte les mauvaises pensées des occidentaux auprès desquels il vit. Toujours, aux yeux de certains: l’immigré est fondamentalement animé d’un complexe de supériorité, mais surtout arrogant et impertinent. Foncièrement donneur de leçons et éternel insatisfait, s’il ne manque d’être acerbe sur l’organisation et le fonctionnement du pays ainsi que sur les comportements de certains de ses compatriotes, comment peut-il alors se priver d’être critique sur la façon dont les acteurs de l’aéroport mènent leur travail? Ces préjugés défavorables parcourant certains travailleurs aéroportuaires, il est probable qu’ils s’exprimant à travers leurs faits et gestes, dans leurs relations avec les expatriés. Donc, celui qui parmi les expatriés sénégalais ou touristes, commettra l’imprudence de faire la moindre remarque à ces derniers, l’apprendra à ses dépends. L’humiliation sera immédiate. Ayetcheu !

-« …Nous devons développer le sens du partage et mettre notre hôte à l'aise… »

Cependant, si le policer s’adonne à de la taquinerie ou de la familiarité avec les passagers, c’est que la demande de cadeaux ou saarité, de gouro (cola) ou de ndenki (repas) n’est pas loin. Poursuivons notre lente progression vers la file d’attente. D’autres fonctionnaires de police font le choix du langage corporel en comme pour faire comprendre aux passagers, qu’ils doivent se ranger pour les formalités. Pourtant, l’installation suffisante de gardes-corps, aurait certainement dispensée de toutes ces contorsions inutiles. Qu’on explique aussi le choix de cette communication non verbale! Un simple « Messieurs Dames par ici s’il vous plaît !» n’est-il pas suffisant?

Sur le flanc gauche de la file, de curieux appareils en panne ou non utilisés, rajoutent à l’encombrement. Ces machines semblent narguer les passagers. Ce qui rend certains très amères et révoltés! Mais où passe donc l’argent des taxes aéroportuaires? Ces machines qui nous provoquent, ne sont-elles pas les outils de contrôle informatisé des fameux passeports numérisés de Wade, avec lesquels son ministre de l’intérieur d’alors Me Ousmane Ngom nous a tant cassé les oreilles, et dont les scandales ont fait les choux gras de la presse sénégalaise? Si ces machines ne fonctionnent pas ou ne sont pas utilisées. Que font-elles alors là? Pourquoi? Qui ? Quand? Comment? A moins quelles fassent fonction de décoration ou sont destinées à impressionner nos voisins de la sous-région? Si c’est ça le but, c’est raté. Car tout prés de nous, existe Yundum International Airport en Gambie, chef-d’œuvre architecturale, modèle d’organisation et de fonctionnement.

Nous voila enfin arrivé au guichet de contrôle, et voici à présent de manière exhaustive, les étapes de contrôle, auxquelles le passager qui a passé 5h30 ou 8h d’avion est soumis. Rappelons que durant ces étapes le voyageur est rarement aidé par le policier. Ce dernier estimant que le passager est sensé connaître toute la procédure. Le primo- arrivant au Sénégal donc, néophyte de la culture locale, découvre très vite qu’un claquement autoritaire des doigts, signifie qu’il faut faire quelque chose d’attendue du policier.

Première étape: le fonctionnaire de police effectue la vérification manuelle du passeport du voyageur. Il s’intéresse à l’authenticité du titre et à sa date de validité. La désinvolture de certains policiers durant les étapes de contrôle peut être affligeante. Quelques uns font le travail sotchou ou cure dents serré entre les dents blanches; D’autres mâchouillent sans gêne des morceaux de gouro. On en a vu un, travaillant le téléphone portable calé entre l’oreille et l’épaule.
Deuxième étape: c’est le recoupement de la photo du passeport avec le visage du voyageur capté par la caméra. Le voyageur doit savoir qu’il doit fixer cette dernière pour permettre le recoupement facial. Troisième étape : c’est l’analyse informatisée des empreintes digitales: le voyageur doit savoir par lui-même, quel doigt il doit placer dans l’orifice. Il n’existe dans cet aéroport aucun panneau explicatif des procédures de police. Des fonctionnaires excédés par les hésitations et les tâtonnements de certains voyageurs -sans doute intimidés par toute cette sophistique- vont jusqu’à désigner aux passagers à travers la vitre, quels doigts placer dans le lecteur d’empreintes digitales. Le bruit produit par le cachet violemment apposé au passeport du voyageur, fait sursauter ce dernier. Mais cela ne signifie point la fin de son calvaire. Quatrième étape : c’est l’examen de la fiche de débarquement. L’agent n’est guère patient avec le voyageur qui donne une adresse incomplète ou qui s’est trompé d’avoir rempli la partie réservée à l’administration. Il n’aime pas non plus, ni répéter, ni reformuler sa question souvent posée de manière très autoritaire, jusqu’à friser l’engueulade.

-«… L’étranger qui arrive chez nous..Tu dois l'accueillir et le mettre à l'aise
De telle sorte qu'il puisse rentrer avec de bons souvenirs
Comme ça, il n'hésitera pas à revenir prochainement… »

Le policier du pays -du pays de Senghor le poète- ne comprend peut-être pas, que son interlocuteur n’est pas encore familiarisé au fort accent wolof qui teinte le français de beaucoup de sénégalais, parmi lesquels, lui-même. L’épreuve est-elle enfin finie? Non! Dernière étape : un agent de police assit en équilibre précaire sur un tabouret, cale entre ses jambes son portable qui crachouille une émission radio très animée. Cela ne l’empêche guère de tendre la main en direction du voyageur pour lui réclamer, ce qui reste de la fiche de débarquement. Par reflexe ce dernier, l’évite. Contrarié, mais sûr de son droit, c’est à peine que le policier ne manque d’arracher de la main du voyageur, le bout de la fiche. En définitive le voyageur qui débarque à l’aéroport L.S.S doit être un sachant naturel, doublé d’un mimétique en puissance.

Pourquoi ce dispositif sophistiqué et multiformes sécuritaire digne de science fiction pour une simple formalité de police aéroportuaire quand nos frontières terrestres sont plus que perméables? Le danger ne vient-il que par les airs? En quoi et depuis quand notre pays est-il une cible potentielle du terrorisme international? Ou cède t-on à la psychose sécuritaire mondiale? Notre ancien président, friand de prestiges et autres blasons, et qui a initié ces mesures, loin de se préoccuper de la sécurité de ses concitoyens, n’avait d’autres buts que la recherche des félicitations de Nicolas Sarkozy. Maintenant qu’il n’est plus là pourquoi ne pas alléger ce dispositif?

En tout cas, donner une priorité absolue à la lutte antiterroriste aéroportuaire en négligeant ou en occultant totalement les autres risques, est irresponsable. En effet, face à ce contexte de circulations intenses dus non seulement aux accords de coopérations multilatérales intenses, mais aussi aux actions des nombreuses ONG présent dans notre pays, et sachant le contrôle des carnets de vaccination presque disparu à l’aéroport L.S.S, qui peut assurer que les maladies occidentales, comme les dévastatrices grippes, auxquelles les sénégalais ne sont pas immunisés, ne sont pas des dangers pour les populations? Qui peut garantir que les animaux domestiques et d’élevage, ne sont des périls zoonotiques pour les populations? Vu l’absence du service des eaux et forets, qui peut également confirmer que les plantes, les fleurs et autres arbres fruitiers introduits via l’aéroport, ne sont pas des risques éco-épidémiologiques pour notre agriculture et nos écosystèmes locaux? Il ne s’agit pas de rajouter d’autres contrôles à un autre déjà saturé, mais de soulever des incohérences. Quels sont les dispositifs de préventions? Quels sont les scénarii de lutte des autorités contres ces périls? Car pour l’heure, quand nous voyons des douaniers -qui pourraient suppléer à ces manques- affalés sur leurs chaises ou entassés derrières des écrans de contrôle radiographique, obnubilés par la traque d’appareils électroménagers; cela ne nous rassure point. Le fait que les douaniers aient reçus des consignes de souplesses à l’égard des expatriés ne doit pas les dispenser de ces obligations. Poursuivons notre parcours!
Donc, passé le policier assit sur son tabouret, nous convergeons vers le hall de récupération des bagages. Avant d’y accéder, on est accueilli par un cordon hétéroclite de personnes qui zyeutent les voyageurs. Tous, se retrouvent sur un seul et unique objet : le badge. En effet, agents des tour-operators, représentants d’agences de voyages, personnel administratif aéroportuaire; cambistes ambulants et locataires immobiliers clandestins, mais surtout les porteurs de chariots en uniformes, ont tous suspendus à leur cou -telles des effigies des fanatiques religieux- un badge. Quels enjeux se cachent donc derrières ces badges? Ce qui devait être un sésame, est devenu ici, un objet qui a perdu toute crédibilité. Objet de confiance, le badge est réduit ici à un simple gadget, qui suscite désormais la méfiance des voyageurs. Certains ne les considèrent plus que comme des outils facilitant, le racolage de clients ou l’arnaque de voyageurs. A tous ces badgés se mêlent d’autres personnes sans badge et dont on s’interroge, comment elles ont pu échapper à la vigilance des policiers en faction, pour accéder à cette salle. Les badgés en uniformes sont experts dans l’art de dissimiler leur accaparement inadmissible des chariots. Mais pas suffisamment pour décourager certains passagers de les leur disputer. Dans cette salle où l’attention des voyageurs est mobilisée autour des tapis roulants qui tardent à charrier leurs précieuses cargaisons, la tension est palpable. Le second tapis roulant qui est sensé venir épauler le très vieux tapis roulant de mon enfance et qui a vu naitre mes neveux et petits enfants, ne règle pas le stresse des voyageurs. Comment nos autorités ont-ils pu s’imaginer, que seule l’installation d’un second tapis roulant, suffirait à résoudre les problèmes d’un aéroport international équipé d’une seule salle d’accueil, par ailleurs susceptible de recevoir des milliers de voyageurs? Qui? Quand? Comment? Les ministres et autres élus du peuple doivent impérativement délaisser les salons d’honneurs, pour venir faire l’expérience du calvaire que vivent les sénégalais et les visiteurs de notre pays. C’est une obligation morale!

La récupération des bagages atténue provisoirement, la pénibilité produite par le soulèvement de tous les bagages afin de les soumettre aux appareils des douaniers. Le contrôle est rapide, et très rares sont ceux inquiétés. L’on franchit une sorte de paravent pour être enfin au dehors de l’aéroport.

Une foule agglutinée derrière des barrières vous déshabille du regard. On y cherche les visages familiers des accueillants, mais les cartes prépayées et les téléphones portables posés à quelques centimètres de votre nez, causent un choc visuel vous masquant la vue. Les interpellations des vendeurs, des taximen clandestins et des badauds se mêlent aux sollicitations des quémandeurs de pièces de monnaies occidentales, des mendiants et autres éclopés. Tous vous suivent où que vous alliez. Certains allant même jusqu’à se disputer vos bagages. Pour le primo arrivant cette expérience doit être quelque chose de très terrifiant, voire traumatisant. Du couloir qui mène au parking des taxis, on entend pour un trajet aéroport/centre-ville, des écarts de prix trois fois supérieurs avec ceux affichés. Arrivé au parking, des clients de tangana (boisson chaude) assis sur des bancs, cerclent la vendeuse. Ils se retournent, mais sans arrêter d’attaquer par de fortes mastications, la demi-baguette dégoulinante de maille-nesse (mayonnaise). De sifflantes gorgées viennent noyer ce concert gustatif. Tous semblent indifférents à la mauvaise odeur qui s’échappe des immondices. Quand les boites dégoulinantes de lait sont un régale pour les nuées de mouches, les cartons éventrés et ramollis sèment à tout vent les papiers, qui trouvent abris sous les nombreux bus en stationnement.

L’eau issue des lavages récurrents de voitures et des multiples djappe, remplie les nids de poules -pour ne pas dire d’autruches- ceci fait penser à des oasis dans un désert. Ces auréoles aquatiques contrastent avec l’ambiance sèche et poussiéreuse du parking. Des seaux bariolés, ainsi que des chiffons sales et troués suspendus à des fils donnent au lieu un aspect de mini favelas. Ayetcheu !

-« …La saleté, les poubelles, les mauvaises odeurs...
C'est néfaste pour la santé et donne une mauvaise image de notre pays… »

Des curieux et des mendiants ne ratent rien au marchandage entre le client et taximan. Certains n’hésitant pas à y jeter leurs grains de sels, mais toujours en faveur du taximan presque leur allié objectif. Du moment que le citron est là, il faut le presser ici au maximum, lui tirer tout son jus avant qu’il se fasse assécher ailleurs. Dés l’accord sur le prix, et même avant, certains se jettent sur les bagages, pour les installer dans le coffre du véhicule, dans l’espoir de quelques pièces occidentales. Excellents producteur d’un discours misérabiliste, ils ont toujours gain de cause. L’aéroport de Dakar ne connaît pas l’aide désintéressée. Teranga où es-tu ? Ayetcheu !

-« …Toi le taximan, tu dois bien jouer ta partition
Toi le vendeur, tu ne dois pas exagérer sur les prix
Les retombées vont profiter à la nation
Du moment qu'on en a fait une fierté nationale
Nous devons l'extérioriser à travers nos faits et gestes … »

Avant de conclure constatons que les maux qui affectent notre tourisme -si tenté qu’on puisse parler de tourisme sénégalais- sont multisectoriels. Ils se révèlent déjà en premier lieu au niveau de l’aéroport L.SS où les conditions d’accueil sont catastrophiques, inadmissibles! Certes envisager une réflexion collective impliquant toutes les composantes de la plate forme aéroportuaire pour régler ces maux s’impose à moyen terme; mais il est surtout, impératif de sortir de cette sécurité aéroportuaire à vocation exclusivement antiterrorisme et définir un projet de sécurité globale, équilibrée souple et efficace et qui ne négligera ni de privilégiera aucun secteur. Les fiches de débarquement et d’embarquement complexifient un contrôle déjà multiforme. Elles doivent être immédiatement supprimées. Par ailleurs, en marge de leurs missions classiques, les fonctionnaires de police et de gendarmerie qui interviennent à l’aéroport, doivent accomplir des missions complémentaires: d’accueil et d’information des voyageurs. Des informations sur les enjeux socio-économiques, politiques et culturels et la sensibilisation de ces derniers sur leur position stratégique dans le dispositif de la politique touristique gouvernementale sont indispensables. Leur intégration des notions de bienveillances et de bien-traitances envers les arrivants dans notre pays, est nécessaire. Elle complète l’acquisition de la bonne distance relationnelle et renforce les notions de bonnes postures professionnelles. L’instruction des fonctionnaires à la problématique de la communication et des pratiques langagières, est un impératif. Des évaluations permanentes doivent être envisagées, afin de se prémunir des effets pervers de la routine. Mais tout cela ne peut avoir de sens et de portée, sans l’indispensable renforcement de la motivation et de l’engagement professionnel des fonctionnaires de polices de l’aéroport L.S.S. Des intéressements pécuniaires peuvent contribuer au succès et à l’efficacité de ces missions.

Les maux qui affectent notre tourisme sont également multifactoriels. En effet, l’anarchie et les actes d’incivilités qui sévissent aux abords de l’aéroport, dévoilent les symptômes d’un pays en pénurie, inorganisé, en déliquescence, et dont une grande majorité de citoyens sans repères et sans autorité susceptible de les cadrer, semble livrée à elle-même. Ainsi, sous l’empire des préoccupations de survie inhérentes à un contexte socio-économique extrêmement difficile, il est impossible pour une teranga, d’avoir prise, mais également, compliqué pour ces sénégalais d’en apprendre les règles. Ainsi, la teranga fait parti que de ces vains mots -comme disait l’autre- qui ne chantent plus qu’ils ne parlent. En effet, ici, les fonctionnaires et le personnel aéroportuaire, et la foultitude de xossulmen, ne semblent ni écouter ni n’entendre les paroles de « tourista » la chanson de l’artiste Yousou Ndour. Ils devraient pourtant savoir que les artistes sont, non seulement des créateurs d’objets de conscience, mais également de subtils régénérateurs des valeurs et des règles de conduite en usage dans une société. C’est pourquoi, chaque citoyen désirant avancer, gagnerait à s’inspirer ou en tout cas, à s’approprier les paroles des artistes et les traduire en actes et non les laisser à l’état de simples paroles de chanson. Toutefois, la cohérence voudrait que Yousou Ndour afin de faire de sa nouvelle mission un succès, mette en musique sa propre production musicale. Car nous le voyons bien ici, le diagnostique des maux de notre tourisme établit par sa chanson « tourista » est bien plus riche et édifiant que celui du ministre. Par ailleurs, l’artiste a toute la légitimité, dans le cadre de sa mission ministérielle, de mettre à contribution ses expériences, ainsi que ses compétences personnelles acquises dans d’autres domaines.

Après ces constats et ces quelques propositions, nous voila donc arrivée au terme de notre long périple. Certes traiter la teranga en dehors de son contexte culturel global a ses inconvénients, mais obéissant à notre démarche énoncée dans notre introduction, nous pouvons affirmer: qu’en dépit de quelques écarts -somme toute relatifs de quelques uns- que, de l’enregistrement, jusqu’à l’arrêt de l’appareil à l’aéroport International Léopold Sédar Senghor, l’ambiance conviviale et l’esprit de paix, entre passagers sénégalais, ont prévalu. Egalement, le respect mutuel entre tous les voyageurs. Si la générosité, la patience et la courtoisie, ces qualités qui font sens à ce qu’on appelle teranga, ont largement dominé, il convient alors de reconnaitre que même sous la pression d’un contexte occidental difficile et complexe, l’esprit de teranga a été bien visible à l’extérieur du territoire national.

De la passerelle de l’avion, jusqu’à notre accès dans le taxi de l’Aéroport L.S.S, attester de la réalité de la teranga en ces lieux ne peut que susciter un ensemble de perplexités. Les dithyrambes des traditionalistes et autres griots, les chansons élogieuses des artistes et les élucubrations apologétiques des intellectuels sur cette qualité d’hospitalité supposée des sénégalais, sonnent creux et peinent à se rendre visibles en ces lieux. Dans cette contradiction flagrante entre ce qu’on voudrait poser comme une réalité et la ténacité de ces faits incompatibles, cette teranga, se pose en définitive, comme un jeu de dupe et devient une idole trompeuse. Dés lors, tout le discours sur la particularité des sénégalais devient caduc.

Car si chaque pays du monde idéalise son peuple ou que chaque société soit portée à penser qu’elle est la meilleure, concernant l’Afrique, Cheikh Anta Diop nous rappelle que sous d’apparentes hétérogénéités culturelles, il y a une profonde unité et une profonde homogénéité culturelle des peuples africains, et ce, depuis la plus haute antiquité; et que cela joue sur les éléments constitutifs de la personnalité culturelle de l’africain qui sont: sa relation bienveillante avec autrui, mais aussi avec les choses, la nature... De plus, selon les grands voyageurs arabes de l’antiquité qui ont parcouru le monde: de tous les peuples, les africains sont les plus honnêtes et les plus paisibles, mais surtout les plus accueillants. Les parenthèses coloniales et les influences culturelles et religieuses ne peuvent gommer ces réalités. Ces traits culturels fondamentaux sont communs à tous les pays, à toutes les sociétés et à tous peuples africains. Donc, l’esprit d’accueil ou d’hospitalité -ou teranga si l’on veut- ne saurait être exclusivement sénégalais.

Aujourd’hui, chaque nation africaine, chaque fils et chaque fille de KEMET (l’Afrique) étant tiraillé entre, d’une part les traditions avec leurs avantages mais également leurs limites; et d’autre part déchiré par les manifestations d’un contexte de développement exigé par la modernité dont il subit au quotidien les effets sur le plan social, économique, culturel et religieux. C’est pourquoi, la société sénégalaise au lieu de s’enfermer et de se glorifier de cette teranga -qu’il est aisée de déboulonner dans ce contexte-ci, gagnerait plutôt, à savoir la relativiser afin de se donner l’opportunité de pouvoir découvrir auprès des autres ce qui lui fait défaut. Par exemple: la modestie et la discrétion. Ce sont ces mouvements et ces questions, qui rendent une société dynamique. Car toute société qui voudra : se figer dans des certitudes et non songer à se remettre en question, procéder à son renouvellement, est vouée à sa destruction. Dés lors, reconnaitre les limites de sa société, est non seulement une redécouverte de soi, mais est prouver sa capacité à envisager l’amélioration de certains de ses éléments primordiaux, ici en l’occurrence, la teranga sénégalaise. C’est une exigence africaine et les sénégalais en sont capables.

Pap Poûr-Méra DIOP
djehuty@hotmail.fr
Vendredi 21 Décembre 2012
Pape DIOP




1.Posté par bena boy le 21/12/2012 23:25
bravo mon cher c'est bien décortiquer bravo bravo bravo....

2.Posté par Pap Poûr-Méra DIOP le 22/12/2012 10:56
@Bena Boy, je ne sais pas qui est sous ce pseudo, mais je dis merci et peut-être rdv à l'adresse Email.

3.Posté par maaf le 24/12/2012 00:35
Oufff!!!! interressant mais trop long.pourkoi ne pas faire partie 1, partie 2 etc

4.Posté par mame boye le 30/12/2012 05:41
du nouveau sur skype vous voulez connaitre votre avenir ajoutez moi la.voyante89 MERCI



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