Une gouvernance malmenée: Voici quelques fondamentaux à restaurer


Une gouvernance malmenée: Voici quelques fondamentaux à restaurer
Le peuple sénégalais vient de manifester à la face du continent et du monde la preuve de sa maturité démocratique ou tout au moins de la ténacité de son système électoral. Ce faisant, il a confirmé la pérennité d’un système capable de sanctionner l’éxercice du pouvoir et de l’alterner de manière ordonnée. Il restera donc à la nouvelle équipe entrante à jouer sa partition et prolonger ce momentum pour un approfondissement de notre ensemble démocratique encore perfectible à bien des égards.
Car à bien des égards, il ya encore matière à parfaire. Nos systèmes de gouvernance politique, économique, sociale ou administrative n’ont hélas opéré que des gains marginaux dans certains domaines si ce n’est régressé lamentablement dans d’autres. Le Sénégal vient de consacrer son statut d’exception dans une région d’Afrique aux mœurs démocratiques encore balbutiantes et encore trop souvent sujettes a régression…Il faut maintenant élargir et solidifier les fondements de cette exception sénégalaise pour qu’elle soit à jamais sans retour..
En politique, le principe consacré de la séparation des pouvoirs, naguère malmené sous l’ère PDS devra être réhabilité pour davantage renforcer un rééquilibrage nécessaire et une autonomisation accrue entre les pouvoirs de l’éxécutif, du législatif et du judiciaire. L’implication d’une presse indépendante et impertinente mais plus professionnelle devra être sauvegardée et consolidée comme acquis. Sa liberté de blâmer sans entrave ni intimidation rendra plus crédible ses éloges.
Sur le plan judiciaire, il sera urgent de mettre un terme à une pratique pernicieuse d’instrumentalisation de la justice et des juges comme il en fut hélas trop souvent dans un passé récent ou même lointain. Les décisions de justice devront être exemplaires pour être acceptées du citoyen et le règne de l’impunité ou l‘absence de sanctions doivent être proscrits.
Sur le plan social, la société civile –sous toutes ses formes et dénominations – devra poursuivre et étendre son rôle de sentinelle et de rempart de notre pratique démocratique en renforçant sa mission dans la réédification de l’infrastructure éthique et morale de cette nation qui a beaucoup perdu sous ce chapitre pendant l’ère du régime sortant. Il sera opportun d’agir, d’alerter pour un retour de conscience civique au travers de nouveaux codes d’intégrité applicable à tout ceux qui ont (ou qui aspirent) à la charge de l’autorité publique.
En économie, il s’impose l’imperieuse necessité de refonder les bases d’une gouvernance économique vertueuse. L’économie du Sénégal sous le règne du président sortant (malgré des efforts louables en matière d’infrastructures surtout urbaines) n’a pas seulement souffert d’un taux de croissance qui a été insuffisant à faire reculer le niveau de pauvreté ou à créer des emplois nouveaux, elle a aussi subi des pertes énormes liées à la corruption. Lorsque le budget de la Présidence de la république est rendu surdimensionné à des fins d’utilisation privée clientéliste et non d’utilité publique productive, c’est autant de perdu pour le revenu national. Pis la corruption érigée en méthode de gouvernement - jusqu’à son comble qui mena à la rocambolesque valise au représentant du FMI- s’était aussi muée en sociodrame avec pour effets néfastes de se substituer au mérite et a l’effort personnel consacrant le culte de l’ostentation, du clinquant et de la jetmania … ouvrant l’accès de n’importe qui a n’importe quelle sinécure.
Au plan des affaires, une transparence restaurée avec des règles claires améliorera l’attractivité du Sénégal pour les flux de capitaux étrangers. Des règles plus aptes à accroitre la prévisibilité de l’interaction dans les pratiques marchandes et à mieux protéger contre les abus de l’autorité administrative ou judiciaire dans les pratiques contractuelles. Le Sénégal mérite mieux que les ornières de son rang (154 sur 183 pays) dans le classement de la Banque Mondiale pour « L’environnement des affaires ».
Il sera enfin primordial de réévaluer notre système d’intégrité national et restructurer sa capacité à prévenir, détecter et sanctionner la corruption et la fraude. Une approche plus unificatrice des divers organes de vérification et de lutte contre la corruption et leur mise sous une tutelle indépendante de l’exécutif serait un alignement salutaire aux normes internationales et un gage crédible d’une nouvelle détermination à agir contre les prévarications des comptes publics. Mais agir contre ce fléau n’est pas seulement affaire de structures et de mécanismes, c’est aussi affaire d’éxemple. En premier lieu au plus haut sommet de l’état par ceux qui l’incarnent. Pour enfin permettre l’avènement d’un état parcimonieux, un état équitable, un état transparent, pour tout dire un état citoyen. Le Sénégal d’aujourd’hui ne mérite pas moins et l’exige sans doute plus qu’hier en raison des dérives qu’il a enduré dans un passe récent.
Au demeurant une gouvernance effective est aussi une gouvernance qui se mesure et s’évalue. Une fonction robuste de suivi et d’évaluation de la performance gouvernementale -rattachée à l’autorité directe du président- lui rendra sa crédibilité et son efficacité.
La cacophonie d’une action gouvernementale atomisée autour d’un découpage ministériel pléthorique et incohérent devra être bannie à jamais. Un pays à ressources limitées comme le Sénégal ne peut optimiser ses performances socio- économiques que grâce à des interventions ciblées autour de priorités structurantes limitées au travers d’une approche sectorielle claire non cannibalisée par des découpages ministériels absurdes. L’éxécution de cette action par des ministères techniques ou agences publiques devra être considérée sans à priori guidée par le seul souci de l’efficacité économique et de l’impact recherché.
Car une fois dissipée la griserie d’un changement politique souhaité par une accablante majorité, la réalité têtue d’un pays pauvre - encore loin des fondamentaux d’un pays émergent ou même des objectifs du millénaire pour le développement des Nations Unies malgré les forfanteries du président déchu - ou la majorité subsiste encore quotidiennement en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2USD – demeure et reste l’enjeu existentiel des sénégalais.
L’exception démocratique hélas n’est pas une nourriture terrestre, elle ne se mange pas, elle n’est pas une fin mais simplement la condition de possibilité de la seule éxception qui vaille: celle d’un mieux être pour le plus grand nombre. Le double cri de colère et d’espérance des Sénégalais du 25 Mars n’a d’autre résonnance que celle la. Puisse ce cri être entendu pour longtemps par les vainqueurs du jour au delà de la frénésie des nominations et du brouhaha de la célébration.

Papa Malamine Tandian
Fonctionnaire International
Samedi 14 Avril 2012
Papa Malamine Tandian / Fonctionnaire International




1.Posté par Sow le 16/04/2012 08:47
Bonne reflexion qui aussi appelle a des debats. Par consequent, il serait utile de mettre un contact email et aussi l'organisation pour laquelle vous etes affilie dans le systeme international.

2.Posté par Khaly le 16/04/2012 11:21
Great! Cependant, tu n'as rien dit sur la sanction de la parole "maraboutique"...

3.Posté par zeund le 22/04/2012 08:47
Excellent papier. Relexion structurée et éclairante. Voila les vrais chantiers a accomplir par Macky. Le Senegal ne manque pas de matiere grise comme vous cher Monsieur il manque de politiciens vertueux…Continuer donc de nous éclairer. Merci

4.Posté par FATOU GOMIS BALDE le 20/01/2013 15:45
Article stupide.. juste du m'as tu vu? m'as tu entendu ou peut être meme du m'as tu lu?



Dans la même rubrique :

AIDA CHERIE - 22/05/2015