Serigne Abdou Hakim, une vie de piété et d’action (1938 – 2013)

Ce vendredi soir, les musulmans, dans la stupeur générale, viennent de perdre un homme exceptionnel dont la piété et les actions étaient au service de la toute société sénégalaise. La communauté mouride en particulier, qui plaçait beaucoup d’espoir en lui, vient de perdre un guide, un soufi authentique et un Mouride Sadik qui a consacré sa vie entière à l’application stricte des enseignements de son illustre grand-père Cheikh Ahmadou Bamba.


Serigne Abdou Hakim, une vie de piété et d’action (1938 – 2013)
Serigne Abdou Hakim, de par son physique frêle, marqué par le suivi stricte du Tasawuf, son ascétisme; un jeûne de presque la moitié de l’année et l’édification de mosquées dans toutes ses concessions où il tenait à diriger lui-même les prières canoniques. Son comportement exemplaire marqué par son détachement de la vie mondaine, la dévotion assidue à Dieu et la Khidma, c'est-à-dire, le travail acharné au Service de l’Islam pour apporter aide et assistance aux nécessiteux. Serigne Abdou disais je, rappelait à bien des égards la personne du Cheikhoul Khadim.

Né en 1938 à Touba Kael dans le département de Mbacke, Serigne Abdou Hakim est le fils de l'éminent Serigne Bassirou Mbacké ibn Cheikh Ahmadou Bamba et de Sokhna Khadidiatou Sylla issue de la famille des Sylla si célèbres dans l’Islam du Sénégal par leur parfaite maîtrise du Coran.

Après avoir fait ses humanités auprès de Serigne Mbacke Diakhaté  à Diourbel et de Serigne Mahmadane à  Kosso, Serigne Abdou a poursuivi ses études islamiques auprès d’un des plus grands érudits de l’Islam au Sénégal, Serigne Habibou Mbacke à Touba Mboul, village fondé par son père, Serigne Bassirou.
 Le livre saint mémorisé et les sciences islamiques maîtrisées, il sera très tôt responsabilisé par son père qui lui confia le village de Nasrou qu’il avait fondé non loin de son principal village qui est Typ. Il s’y adonna à la culture de la terre et à l’éducation coranique et spirituelle des talibés conformément aux premiers compagnons du fondateur du Mouridisme, qui s’évertuaient à étendre la communauté partout au Sénégal, par la création de nouveaux villages, l’édification de Daara et de foyers islamiques, la culture de la terre. Serigne Abdou Hakim a aussi brillamment suivi leurs pas, en contribuant considérablement à l’extension du Mouridisme et au développement du Sénégal tout en devenant l’un des plus grands agriculteurs du pays.

Il a fondé plusieurs villages, Daara, et exploitations agricoles. Parmi ceux-ci, ’’Ndiaye Ndiaye’’, ’’Mame Diarra’’, et plus récemment, ’’Touba Medina’’ qui est un vaste territoire agricole presque vierge que le défunt a entrepris de défricher et d’exploiter depuis trois ans. Il s'agit d'un véritable ’’nouveau Khelcom’’ dans la région de Kaffrine. Son frère aîné, Serigne Mountakha Bassirou tenait, durant ces trois dernières années, à mobiliser toute la famille de Serigne Bassirou et tous les talibés pour prêter main forte à Serigne Abdou et se mettre à son service. Une manière de lui témoigner toute la gratitude de la communauté mouride pour le rôle important que Serigne Abdou a toujours joué à Khelcom.

En effet, pendant plusieurs années, lors des travaux demandés par Cheikh Saliou Mbacke (RA) au khalif de Serigne Bassirou de l’époque, Serigne Moustapha Bassirou, c’est lui, Serigne Abdou que son frère désignait comme DIAWRIGNE des travaux sur le terrain. Infatigablement, il était durant tous les travaux qui pouvaient durer des semaines, sur place et était toujours devant les talibés pour les diriger et les encourager.

Serigne Abdou Hakim se distinguait également, et surtout, par son entier dévouement envers ses frères aînés, Serigne Moustapha Bassirou (RA) et Serigne Mountakha. Pour illustrer cela, il suffit de raconter l’anecdote suivante. Un jour, Serigne Moustapha Bassirou a remercié Dieu devant ses frères du fait qu'ils étaient tous unis derrière lui et qu'avec lui, ils étaient entièrement dévoués à Allah. Et de manière imagée, il a dit qu’il était certain que s’il leur servait un jour un repas, éteignant les lumières et leur demandant de manger sans que ses frères sussent ce qu’il avait mis dedans, il était certain qu’ils allaient manger sans se poser des questions. Ce jour là Serigne Abdou lui a dit : « Oui nous aurions mangé tout ce que vous nous auriez donné jusqu’à nettoyer le bol entièrement ». Quelle marque de confiance et de considération pour son aîné !

Serigne Abdou se distinguait aussi par l’éducation et la formation spirituelle des jeunes talibés. Les innombrables Dahira « Ahloul Minane » en sont une illustration. Ainsi, des milliers de jeunes, à travers le pays et notamment dans les grandes villes, se retrouvent chaque semaine dans ces Dahira pour étudier leur religion, lire le Coran et psalmodier les khassaides de Serigne Touba.

Son charisme, son équanimité, son sens des relations humaines et son humour légendaire ont fait que l’attachement de ses talibés à son égard était viscéral. Tous les musulmans avaient aussi un grand amour pour lui du fait de sa piété et son soutien envers les démunis. Il avait l’habitude de payer les ordonnances médicales des indigents à Touba.

On ne saurait terminer cet article sans parler de la relation particulière et exceptionnelle qu’entretenaient Serigne Abdou Hakim et son frère aîné Serigne Mountakha Bassirou Mbacke actuel khalif de Serigne Bassirou. Il nous suffit de dire qu’à plusieurs occasions, notamment lors du Magal de Porokhane, quand Serigne Abdou lui rendait visite, il demandait souvent aux talibés présents de réserver toutes leurs prières à Serigne Abdou : « toute prière que vous souhaitez formuler pour moi, réservez-la plutôt à Serigne Abdou ». Aujourd’hui Serigne Mountakha a perdu un frère, un ami et un confident.

Que retenir de la vie de Serigne Abdou ?
D’abord que la vie d’ici bas est éphémère, elle n’est faite que pour adorer Dieu et préparer la vie future et l'au-delà. Serigne Abdou Hakim a appliqué sa vie durant cette recommandation du Prophètes (PSL) : « Travaille comme si tu devais vivre éternellement, adore Dieu comme si tu devais mourir demain ». Par sa grande piété, son sens du travail au profit de la communauté musulmane et sa brillante contribution au développement du pays, c'est-à-dire, tout simplement, de ce qu’il faut faire dans la vie, il nous a donné un bon exemple à suivre.  Il est difficile voir impossible d’égaler son statut éminent et ses actions grandioses mais l’exemplarité de sa vie fait que nous devons tenter de suivre ses pas et essayer de l'imiter. C’est ce qu’il nous a enseigné et c’est la charge et l’héritage immense qu’il nous a laissés. Qu'Allah l'agrée, inscrive son nom dans le mémorial des saints bénis et le fasse parvenir dans les plus hautes sphères de la félicité.
 
Cheikh Fatma Mbacke ’’moustapha Bassirou’’
Lundi 8 Juillet 2013




1.Posté par Makhtar Seck le 08/07/2013 21:17
Serigne Abdou est multidimensioonnel.

2.Posté par Makhtar Seck le 08/07/2013 22:02
Serigne Abdou est multidimensioonnel.

3.Posté par Baba le 09/07/2013 00:25
J ai perdu mon marabout .serigne Abdou un homme de dieu

4.Posté par DIOP le 09/07/2013 01:02
L'ARTICLE EST ECRIT PAR SEYDINA OUSMANE SYLL MERCI DE RECTIFIER LE NOM DE L'AUTEUR

5.Posté par deug le 09/07/2013 09:31
c'est un veritable homme de dieu,un digne petit fils de serigne touba

6.Posté par jAMDA le 09/07/2013 09:37
Jolie témoignage il suffisait de le voir pour tomber sur son charme, nitou Yalla la wone vraiment, Yalla na Yalla yok ay leram

7.Posté par mamadou seck le 09/07/2013 10:53
on a perdu,on a perdu un grand homme de Dieu,un talibé de serigne touba, un exemple de la famille mouride, un homme multidimensionnel qui a toujours été au service de serigne touba et à toute la famille,une denrée rare,barki serigne touba.

aujourd'hui l'islam est ne deuil et particulièrement la famille de bassirou mbacké,fils de serigne touba

nous présentons nos condoléances à tous les musulmans,à tous ses amis, à tous les talibés mourides

que Dieu l'accueille dans son paradis firdawsi

8.Posté par assouscs le 09/07/2013 11:07
serigne abdou akim, un homme de dieu, yalla nanou yalla taass ci barkéém té yoke ay léram

9.Posté par un passant le 18/07/2013 17:42
Par obligation religieuse, je ne peux m'empêcher de faire ce témoignage envers l'homme. Il était d'une piété et d'une douceur extrême mais surtout fidèle en amitié.

Je retiendrais surtout de l'homme son esprit d'ouverture.

Je suis de Louga et notre famille est de la tarikha tidjane depuis des générations. J'étais très jeune et c'est du temps ou le maouloud était célébré avec fast à Louga et Serigne Abdou Hakim contribuait à rehausser la cérémonie.

Pendant un de ses passages (le premier si je ne m'abuse) un cousin de mon père fervent talibé mouride chargé de l'accueillir lui proposa d'être hébergé chez nous, ce qu'il accepta sans problème.

Quelques disciples, ayant appris la nouvelle voulurent, parce que mon père était tidjane , le déplacer au niveau d'une autre maison. mis au courant, le cousin vint au marabout et lui que dit si cela se faisait il romprait son allégeance au marabout mais heureusement Serigne Abdou lui fit savoir qu'il n'avait pas l'intention de quitter.

Ainsi commença une relation sincère qui ne fut jamais interrompue jusqu'à la disparition du marabout.

Et des années durant, à chaque maouloud, même s'il y avait d'autres chambres à la maison, mon père lui cédait la sienne pendant cette période et faisait tout pour lui rendre son séjour agréable.

Mais il faut reconnaitre que ce n'était pas tâche aisée car il jeunait tout le temps et mangeait peu quand il consentait à rompre son jeûne et passait le plus clair de son temps à prier.

Mais le fait le plus marquant, c'est qu'il est resté fidèle à cette amitié, du vivant de mon père comme après sa disparition et il disait souvent qu'il n'osait pas passer par Louga sans faire un crochet à la maison. Et son dernier passage date de moins de 6 mois quand il est venu présenter ses condoléances à un de ses parents disparus.

Quand j'ai appelé ma mère, elle m'a dit que Serigne Abdou est passé mais pour la première fois il n'est pas descendu de la voiture et de s'inquiéter de sa santé. Elle avait certainement vu juste.

Que l'accueille dans son paradis.



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