Relance ou mort programmée du monde rural: L’heure du choix pour la filiere arichidiere


Relance ou mort programmée du monde rural: L’heure du choix pour la filiere arichidiere
L’année  derniere pour la premiere fois depuis 10 ans, les paysans de notre pays n’ont pas connu la torture des bons impayés  apres avoir vendu leur arachide. C’était une veritable rupture au plus grand soulagement et au plus grand benefice des paysans. Cette rupture dans la campagne de commercialisation de l’arichide dont le   prix a connu une hausse très importante est due à  l’arrivée des opérateurs extérieurs parmi lesquels des hommes d’affaires  chinois et russes,  entre autres, qui ont employé beaucoup de femmes et de jeunes dans les localités où ils étaient implantés. Avec la campagne de l’année derniere l’Etat n’a pas eu besoin de venir en aide au monde rural parce que les paysans ont pu vivre de leur travail et de leur production.
Cette situation n’a pas  été favorable à certains industriels, acteurs  historique de la filière ainsi qu’ aux autres intermédiaires qui, depuis la réforme qui a introduit le système « carreaux usine », ont toujours offerts des prix très bas par rapport au coût de production de l’arachide et avec des bons impayés qui ont créé beaucoup de problèmes aux producteurs et aussi beaucoup de remous et de revendications dans le Pays. Osons le dire. Ce n’était rien d’autre que l’exploitation des paysans qui pour la premiere fois ont le choix l’année derniere et naturellement ils ont choisi de vendre leur arachide au plus offrant. Quoi de plus naturel.
 
L’agriculture est le premier industriel du Sénégal mais les acteurs locaux de la filière, opérateurs et patrons d’industrie ont déployé  un lobbying intense qui a déclenché une pression énorme, en distillant de fausses informations qui faisaient croire que le capital semencier national  était menacé et qu’avec cette ouverture, nous  risquions de ne plus avoir de semences de qualité pour les campagnes à venir. Les faits ont démontré le contraire. La realité est ces industriels defendent une rente  et des interets de rentiers qui enrichit quelques individus au detriment des millions de paysans.
           
 
Maintenant c’est l’heure de choix. Il est urgent de trouver des solutions urgentes et appropriées, sinon la situation connue l’an dernier va certainement faire reculer ces intervenant qui ont contribué à la valorisation de l’arachide  et suscité l’engouement des producteurs qui refont confiance à  cette spéculation,  ainsi que d’autres personnes actives qui ont investi les campagnes pour s’adonner à cette culture. Le risque  majeur est la mévente, et surtout  la baisse drastique des prix aux producteurs, si une réponse appropriée et urgente n’est pas apportée à cette situation préoccupante aux conséquences fâcheuses pour les principaux acteurs de la filière.
Cela risque de se produire cette année, car le stock de l’an passé  n’a pas été entièrement écoulé parce qu’il était supérieur à la capacité d’absorption des industries nationales. Les blocages à l’exportation n’ont pas non plus permis de trouver des acquéreurs. En conséquence, avec la production attendue cette année,  la situation sera plus dégradée encore, parce que le peu d’opérateurs étrangers présents la dernière fois ne reviendront pour, les raisons évoquées tantôt.
 
Conformément à son  rôle d’organe de renseignement économique, la CCIAK a esquissé des solutions, qui peuvent contribuer à la solution du problème, en même temps qu’elle avait alerté  plusieurs fois les autorités lors de la dernière campagne de commercialisation précédente au cours de rencontres, par envoi de correspondances et la tenue de plusieurs points  de presse sur le sujet, pour attirer leur attention sur les conséquences de  cette situation que l’on connait aujourd’hui.
 
Ces solutions sont les suivantes :
 
  • La signature une convention entre le Sénégal et  la Chine, pour que l’arachide puisse y  être exportée Chine, dans le respect des normes qui sont en vigueur dans ce Pays en ce qui concerne ce produit.
  • Organiser les opérateurs afin qu’ils soient en mesure d’exporter eux même l’arachide
  • Accompagnement  par les patrons d’industries oléagineuses des producteurs dans l’obtention des intrants et de matériels agricoles
  • Renforcement des capacités des producteurs pour qu’ils puissent satisfaire la demande intérieure et extérieure
 
Si des mesures ne sont pas prises, ce serait un désastre pour les producteurs d’arachide car ils seront à nouveau confrontés à la mévente  de leurs productions, ainsi qu’aux effets pervers des spéculations orchestrées qui vont occasionner une baisse drastique des prix aux producteurs. Ce sera immanquablement un retour à un monopole qui ne dit pas son nom car les huileries  nationales seront les seuls débouchés d’une production qui dépasse largement leur capacité de trituration.
 
Au moment où l’agriculture doit être suffisamment attrayante pour la jeunesse et participer à l’édification d’une économie solide et durable pour notre Pays conformément au programme économique « Yoonu-Yokuté » initié par l’Etat du Sénégal, ce serait un vrai recul qui constituerait un frein à la relance de ce secteur névralgique de haute importance qui doit désormais être le fer de lance de l’impulsion du développement économique et social de notre pays.
 
Kaolack etant le cœur du bassin, la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Kaolack, la seule institution qui regroupe tous les acteurs de la filiere  conformement à sa mission  propose  à une concertation entre tous les acteurs de la filere pour l’impulsion du développement économique et social de la Région, à partir de l’Agriculture. Je tire la sonnette d’alarme  parce que c’est le role naturel de la chambre de commerce qui a  une mission d’information, de formation et d’assistance.  Les chambres de commerce  constituent aussi, en particulier pour les pouvoirs publics, des organes de renseignements économiques et professionnels.
 
C’est dans ce cadre que je porte à  la connaissance de l’opinion les informations  ci-dessus afin de la prendre à temoin sur  l’urgence  d’une intervention appropriée de l’Etat, pour la survie de la filière arachidière, et la pérennisation des acquis des producteurs nationaux, au premier rang desquels nos vaillants paysans:
 
 
Serigne Mboup
President de la Chambre de  Commerce, d’Industrie d’Agriculture de Kaolack
 
Lundi 30 Septembre 2013




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