Radioscopie de l’engagement politique des mouvements citoyens : Le cas original de «Bës-Du-Nakk»


Radioscopie de l’engagement politique des mouvements citoyens : Le cas original de «Bës-Du-Nakk»
Les dernières élections législatives du 1er juillet dernier n’ont pas manqué de charrier un vent de renouveau et de recomposition d’une originalité remarquable dans note espace politique, certes, mais elles ont surtout permis d’éventrer le secret qui se cachait derrière la force de frappe électorale des mouvements citoyens.
A ce propos, un mouvement a particulièrement attiré l’attention de l’ensemble des observateurs, mais surtout celle de la classe politique locale pour avoir été la révélation de ces  joutes. Il s’agit du Mouvement Bës Du Nakk dont l’incursion dans l’arène des conquêtes politiques n’en continue pas moins de poser une équation à multiples inconnues dont l’avenir immédiat nous fournira, sans doute, des réponses qui pourraient être tout aussi surprenantes.
La force désormais incontestable de ce mouvement qui a conquis sa place aux côtés des grands partis tient, sans doute, tant à la personnalité singulière de son leader qu’à sa démarche politique originale et la surprise qu’il a créée vient du fait que dans le «partage du gâteau» post-alternance, le mouvement de El Hadj Mansour Sy Diamil qui n’était attendu presque nul part est venu, pour ainsi dire, mettre les pieds dans le plat en tenant la dragée haute et en coiffant au poteau les coalitions dont les chances, étaient sans commune mesure avec les siennes.
Seul grand parti à l’hémicycle
Sans background politique autre que celui solide de son leader et de quelques uns de ses proches collaborateurs, sans moyens financiers comparables à ceux de ses rivaux et, malgré une confection de listes faite en catastrophe et une campagne électorale tout aussi improvisée, Bës Du Niakk n’en est pas moins devenu, pour quatre raisons au moins, la principale force organique de notre Parlement :
1°) Bdn est la seule liste à avoir obtenu quatre députés sans avoir eu besoin de s’encombrer d’un seul allié et avec une présence minimaliste dans quatre (4) régions sur quatorze (14) et dans neuf (9) départements sur quarante-cinq (45) là où les coalitions ayant obtenu plus ou autant de députés que lui (à savoir BBY, Sopi et Gis-Gis) avaient aligné, dans l’ensemble des départements, des candidatures appuyés par une logistique et des moyens financiers quasiment illimités.
 2°) Rapportés aux 45 départements que compte le Sénégal, ses quatre députés équivaudraient à 30 élus si ce Mouvement avait couvert l’ensemble des Départements. Individuellement pris, rares seraient les membres de la coalition BBY qui aurait fait le même score.
3°) Bdn a réussi à faire pièce à la forfaiture de ses alliés de BBY qui ne lui proposaient pas plus d’un seul et unique. D’avoir craché sur ce quota injuste n’a fait qu’ajouter aux mérites de Bës-Du-Nakk.
Du reste, les absences du Parlement de grands alliés comme ceux de Landing Savané, Ibrahima Fall, Cheikh Tidiane Gadio s’explique par le manque de cette témérité dont Bdn joué son va-tout en soumettant ses propres listes à la sanction populaire.
4°) En se présentant sous sa propre bannière, Bdn est la seule réelle grande formation politique de la présente législature et a gagné ce laurier d’exclusivité en s’abstenant d’altérer sa dénomination, en se refusant de travestir ses propres couleurs et attributs, contrairement à ces partis supposés «historiques» ou détenteurs de  «majorités» qui, eux, ont choisi de se mettre en «sécurité » en se réfugiant dans des coalitions qui leur ont fait perdre leur âme, leur autonomie et leur personnalité politique.
Ainsi, par ce jeu de sécurisation et d’instinct de conservation, ni l’APR ni le Ps ni l’AFP ni Rewmi encore moins leurs satellites ne peuvent revendiquer une présence à l’Assemblée sous leur propre dénomination et doivent se mordre les doigts en constatant qu’ils sont historiquement absents de cette 11e législature.
Les héros du 1er juillet
De toute évidence, les résultats que le Mouvement Bës-Du-Niakk a obtenus dans des conditions particulières d’impréparation et d’improvisation en occupant la deuxième place presque partout, ont fait de ses partisans les véritables héros du 1er juillet 2012.
Ces élections ont été un indicateur du ras-le-bol généralisé des populations qui, en faisant confiance à ce mouvement citoyen original, manifestent par là même leur dégoût et leur déception mais surtout leur aversion pour les forfaitures répétitives d’une classe politique dont la fraiche actualité sur la traque des biens (bien ou mal acquis) suffit à camper la perfidie du comportement et des lubies exécrables.
L’une des leçons à tirer de ces cruelles réalités est que, désormais, ce trouble-fête qu’est Bës-Du-Nakk vient créer une césure profonde dans cette perpétuelle bipolarisation de l’espace politico-électoral entre socialistes et libéraux et qui viennent de démontrer avec la chaude actualité sur les audits qu’ils n’étaient que des frères siamois. D’où la ferveur manifestée par l’électorat en faveur de Bdn en raison des immenses espérances d’un changement de fond en comble de notre code de conduite politique et de la reconstruction du socle moral et éthique aujourd’hui extraverti sur lequel, hélas ! reposent nos institutions.
Les espérances populaires que Bdn ne saurait négliger s’inspirent des sacrifices endurés par son fondateur qui vient de démontrer sa capacité à se débarrasser de ses étiquettes de dignitaire religieux pour jouer le rôle de messie et de porte-étendard d’une nouvelle race de brain-trusts politiques décidés à être les pionniers d’une nouvelle méthode de gouvernance.
Curieusement, il y a comme un sursaut populaire basé sur une obligation de participation active à cette série de combats qui, inévitablement, s’engagera pour assainir nos mœurs politiques et sociales, pour restaurer les valeurs fondamentales de la République dont le caractère aujourd’hui extraverti coule de source. Tant et tant de gravissimes impairs et incongruités qui ont noms : prévarication, imposture, corruption, mal-gouvernance, gabegie, spoliation du patrimoine foncier, perversion des mœurs politiques. Le tout se résumant à cette dramatique absence de fibre patriotique sans laquelle le développement de notre pays restera une gageure et l’émergence de l’Afrique un éternel mirage.
Le cas bienheureux de Hélène Tine
L’adhésion de plus en plus massive derrière El Hadj Mansour Sy Diamil et son mouvement, trouve ses meilleures justifications dans la conviction largement partagée que seul des profils d’intellectuels multilingues et des dirigeants de son expérience de sa sensibilité et qui, plus est, tirent leurs références de valeurs hautement éthiques et morales et dont l’éducation de base et les origines à la fois culturelles et cultuelles constituent les soubassements de l’engagement citoyen peuvent conduire les mutations dont nos pays ont besoin pour changer la trajectoire de leur destin. Cette réalité aussi tenace que cruelle pointe le curseur des urgences sur les responsabilités historiques et les chantiers de conquêtes politiques qui attendent les mouvements citoyens et la société civile. Ces défis qui se dressent devant eux sont aussi nombreux que les enjeux dont le dénouement conditionne un décollage qui ne saurait être  ajourné ad vitam aeternam.
En jouant ainsi le rôle d’aiguillon et d’éveilleur de consciences, El Hadj Mansour Sy Diamil vient d’indiquer à l’élite politique le vrai sens qu’elle doit donner à son combat.
La propulsion au-devant de la scène parlementaire de ce vrai martyr des hypocrisies politiciennes qu’est Helène Tine intègre la logique d’ouverture et de rassemblement de ce mouvement. Mais elle reflète son esprit œcuménique d’ouverture, de large fusion des grandes sensibilités en permettant, du même coup, au Mansour Sy de déjouer avec élégance les plans de diabolisation et de stigmatisation qui tentaient de faire oublier son relief intellectuel exceptionnel pour ne présenter le petit-fils de Maodo que comme un «simple religieux» incrusté dans la politique au gré du hasard et des circonstances.
Grâce à cet esprit, Mme Hélène Dione-Tine devient, ainsi, heureusement, l’unique femme chrétienne de l’hémicycle, permettant au Sénégal de sauver la face et de confirmer sa réputation de pays de tolérance et de syncrétisme religieux. Du même coup, cette élection vient dépouiller ce mouvement de toute préoccupation religieusement tendancieuse et lui permet d’écrire quelques unes des plus belles pages d’histoire de l’exception sénégalaise par cette belle illustration de la cohabitation entre nos religions.
L’utilité d’un nouveau pole politique cette valse d’ignobles malfaiteurs et de vandales du patrimoine public qui se succèdent à la tête de notre pays depuis son Indépendance sans nous faire entrevoir la moindre perspective de développement. Le drame que cette race nous vivre subir est à la dimension des scandales en série qui, d’un gouvernement à un autre et d’une clique de politiciens à une autre, jettent une lumière sur l’urgence de mettre hors d’état de nuire les dirigeants qui incarnent, de façon itérative et éhontée, ces comportements pervers jamais punis, hélas !
Un éternel mirage
Une telle réalité tout aussi tenace que cruelle pointe le curseur des urgences sur les défis, les obligations et les chantiers politiques qui attendent tous les mouvements et partis qui de la morale et de l’éthique leur crédo et leur sacerdoce dans un Sénégal qui persiste à accorder leurs suffrages à des gus qui n’ont jamais donné le moindre gage de compétence et d’honnêteté.
La négligence de ces facteurs de bonne gouvernance a produit les monstruosités qui ont noms : prévarication, imposture, corruption, mal-gouvernance, gabegie, spoliation, meurtres, impunités, perversion des mœurs sociales et politiques …, le tout se résumant à cette dramatique absence de désintéressement, d’éducation civique et de fibre patriotique. Avec les désastres que les régimes précédents nous ont laissés en héritage notre pays restera une gageure et celui de l’Afrique un éternel mirage.
Les gouffres creusés par ces frasques itératives ont atteint des profondeurs si abyssales qu’ils doivent renforcer l’engagement de tous à prêter attention et intérêt à ce Mouvement qui a joué un rôle décisif dans les batailles qui ont porté le président Macky Sall à la tête du pays.
Ceci amène à se poser une multitude de questions : Pourquoi la médiocrité a le vent en poupe dans un pays qui a produit les premiers cadres du continent et qui compte encore le plus grand nombre d’universitaires dans toutes les matières ?
Jalousie, ostracisme et arrogance
Pourquoi ce pays exceptionnel sous tous les rapports méprise-t-il ses citoyens porteurs de valeurs intrinsèquement rédemptrices et snobe ses hommes de valeurs dont la compétence nous a valu d’occuper les postes et fonctions dans les plus hautes institutions internationales (parlement de la francophonie, O.C.I, Parlement panafricain, Cedao, Uemoa, Unesco, Fao, Bad…)  ?
Au constat des choix opérés par l’actuel régime sur les hommes qui nous représentent dans certaines institutions, force est de reconnaître le gravissime recul que le Sénégal est en train de connaître par la faute d’un casting d’une médiocrité insoutenable.
Face à des pays africains qui envoient dans ces institutions des élites et des universitaires émérites, des parlementaires et sommités intellectuelles aguerris maîtrisant aussi parfaitement les enjeux politiques, économiques, diplomatiques et géostratégiques que renferment les dossiers sensibles de l’heure et qui, plus est, manient aisément les langues de communication les plus usitées en Afrique (anglais, français, arabes) voilà que le Sénégal s’illustre, lui, par la médiocrité de ses plénipotentiaires en se singularisant par des choix catastrophiques sur des gus sans relief, alors que cette question du profil de nos représentants dans les instances internationales est fondamentale pour la reconquête de notre leadership continental.
Les choix opérés par l’actuel régime ne donnent aucun signe d’une rectification salutaire quant à nos chances de quitter ces positions marginales, voire ridicules sur la scène mondiale où tant et tant de gravissimes décisions font la  risée d’un Sénégal subitement devenu méconnaissable.
Cette situation s’explique par le fait qu’il ne manque pas, dans l’entourage du président de la République, d’un contingent d’hommes ostracistes qui tentent de se libérer de leur complexe par une mise en quarantaine de citoyens et  de cadres émérites qui ont autre chose à faire prévaloir qu’un simple compagnonnage politique circonstanciel avec le président Macky Sall
L’Absence de Bdn des instances exécutives au profit de personnalités apocryphes et de partis à la représentativité douteuse voire nulle, est aussi curieuse que gênante.  Tout le monde est convaincu qu’un seul poste de 6e vice-président à l’Assemblée nationale ne récompense que trop mal la contribution et les sacrifices qu’El Hadj Mansour Sy a endurés, à ses risques et périls, pour précipiter la chute du défunt régime. Nonobstant cette injustice, Bdn et les mouvements citoyens doivent se convaincre que les chances d’une refondation nationale reposeront inéluctablement sur leurs capacités à conquérir de plus en plus d’espaces politiques et électives tout en jouant le rôle de sentinelle des acquis démocratiques, fruit de conquêtes populaires.
«Yoonu Yookuté » a été battu
Il importe de relever les amalgames que les partisans du président Macky Sall et de l’APR continuent de distiller de façon si insidieuse et non moins malhonnête à propos du «Yoonu-Yookuté».
C’est une lapalissade que d’affirmer que le programme auquel le président Macky Sall doit son fauteuil n’est pas celui présenté par la coalition «Macky-2012».
Si ce programme a obtenu 26 % des suffrages au premier tour, cela signifie qu’il a été rejeté par 74 % des Sénégalais et qu’il lui a été substitué le «Benoo-Bokk-Yakaar».
Il n’est pas besoin de rappeler que le «Yoonu Yokkuté» a été surclassé et battu par celui du candidat Abdoulaye Wade auquel 32 % de Sénégalaises et de Sénégalais avaient accordé leur faveur au premier tour.
De toute évidence, si, au deuxième tour, le score du président Macky Sall a été rendu historique par l’étendue des soutiens dont il a bénéficié, ses 25 % du premier tour ne l’a pas été moins, puisqu’aucun candidat n’a jamais été élu président du Sénégal à partir d’un si ridicule niveau de représentativité personnel au premier tour. Il est donc par trop prétentieux d’exiger de ses alliés la prise en charge et la défense d’un  «Yoonu Yokuté» dont ils ne se sont jamais réclamés et dans lequel seuls 26 % d’électeurs se reconnaissent et persister à se réclamer d’un programme rejeté, dès le premier tour, par 74 % des Sénégalais (le «Yoonu Yokuté») est donc la meilleure façon de fragiliser cette coalition déjà bancale.
Les «cadres» de l’APR gagneraient à ne pas persister à étaler sur la place publique leur immaturité politique en se réclamant d’un programme auquel un nombre lilliputien d’électeurs avait accordé un crédit si peu honorable. Et nous voilà, désormais, de plus en plus, face à des velléités de sabotage de la coalition par ces apprentis faucons grisés par des postures dont ils semblent avoir tant de mal à démontrer le mérite.
Paraphées par tous les acteurs de l’Alternance, les Assises nationales doivent demeurer le point de départ d’un questionnement pluriel voire consensuel sur l’avenir du pays en tant qu’unique référence programmatique bénéficiant de l’onction des électeurs et de l’estampille du peuple souverain.
Enfin, les qualités de décideurs et le leadership dégagés par Mansour Sy Jamil ont démontré ses capacités à faire des choix pertinents et expéditifs, car il n’y a d’homme que celui qui choisit. Qui décide de son choix. Fut-ce injustement, fut-ce arbitrairement. On ne fait quelque chose de bon qu’à ce prix : en choisissant - brutalement au besoin - une allée bien droite dans le jardin des hésitations.
                                             

                                                                                                                                                                      Cheikh Tidiane DIOP
                                                                                                                                                               Consultant en Communication


 
                                                                                                                  Bës-Du-Niakk : littéralement en wolof : «un grand jour pointe à l’horizon.»
 
Mardi 12 Février 2013




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