Après deux mandats consécutifs à la tête de l’Etat, Me Wade, champion toutes catégories des FAL2012 et de certains cercles religieux mourides, vient d’être défait au forceps, dans la soirée du 25 mars 2012, par un adversaire invincible : le peuple.
Armés de leurs seuls gourdins électoraux, les Sénégalais ont, courageusement et définitivement, brisé le rêve insensé du patriarche de 90 ans de vouloir briguer mordicus un troisième mandat. On lui porta une si rude estocade qu’il ne put la parer. Quelle triste fin !
Outre le fait que la punition infligée au camp libéral ait été cinglante, cette débâcle a eu un effet salutaire immédiat : le peuple a repris son pouvoir. En effet, malgré les intimidations (menaces de couper les vivres aux populations « hal pulaar » de Podor et de Matam), la profusion de « ndigël », la brutalité policière qui a fait des dizaines de morts, la partialité manifeste de la justice constitutionnelle et l’argent du contribuable trop généreusement distribué ça et là par le PDS pour s’acheter le verdict des urnes, les mains des Sénégalais n’ont pas du tout tremblé au moment de choisir un quatrième Président de la République en la personne de Macky Sall. Cela signifie concrètement deux choses : les citoyens sont les seuls vrais détenteurs du pouvoir et que les hommes politiques sont là pour les servir, rien d’autre. En d’autres termes, la volonté populaire est la seule qui vaille dans une démocratie. C’est l’unique constante, les acteurs politiques étant des variables.
Avec cette deuxième alternance démocratique, le peuple sénégalais vient de montrer à la face du monde qu’il ne se laissera plus piétiner sans broncher. Fini le temps de reculer ! Il est debout et n’entend plus jamais se coucher. On pourrait même ajouter qu’il a décidé de prendre son destin en main et de n’obéir désormais qu’à ses propres choix.
En 2000, les Sénégalais avaient annoncé la couleur en sanctionnant lourdement Abdou Diouf et l’inamovible parti socialiste qui était resté au pouvoir pendant quatre longues décennies. Aujourd’hui, c’est au tour de Me Abdoulaye Wade et de ses alliés de subir les foudres de sa colère. Morale de l’histoire : l’homme politique se croit aussi rusé que le lièvre (ndiombor en wolof). Il se dit, à chaque fois, qu’il peut facilement tromper le peuple, voire l’endormir. Malheureusement, ce dernier le surprend toujours et le remet aussitôt à sa place.
L’histoire du politicien, d’ici ou d’ailleurs, s’apparente à celle d'un oiseau aux ailes d’emprunt qui se croit tout permis et qui vole si haut, si haut dans le ciel que ses ailes gèlent. Il tombe alors et s'écrase de tout son poids dans un champ caillouteux. Dans leur tartuferie, peu, en effet, se souviennent, une fois au pouvoir, qu’ils sont des mandants du peuple. Souvent, ils s’enivrent du pouvoir et se laissent aller à des comportements aux antipodes des valeurs républicaines. A ce propos, Abraham Lincoln disait que l’on pouvait tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne pouvait pas tromper tout le peuple tout le temps. Avec le verdict populaire du 25 mars 2012, nos politiques doivent finalement comprendre que le pouvoir terrestre est éphémère et le pouvoir n’est qu’un poison. C’est aussi une leçon qui doit inspirer le pouvoir arrivant.
Le choix de Macky Sall procède, incontestablement, d’une réelle volonté populaire de changement et de rupture dans la conduite des affaires publiques. Il est aussi, nous pouvons le croire, une invite à moins de précipitation et d'arrogance, mais à plus de recul, plus d'humilité, plus de convictions profondes. Car, les 12 années d’alternance ont été cauchemardesques pour les populations. Sous Wade, les Sénégalais ont subi toutes sortes de brimades et de privations. A preuve, de nombreux journalistes, hommes politiques, défenseurs des droits humains et même simples citoyens n’ont eu de cesse de défiler devant la DIC (Division des Investigations Criminelles) pour un oui ou pour un non. Le régime libéral a fait de cette division de la police nationale un redoutable instrument de répression (arrestations et poursuites judiciaires arbitraires) contre tous ceux qui se sont mis en travers de son chemin. Barthélémy Dias et Malick Noël Seck en savent quelque chose !
Avec l’arrivée de Macky, il est attendu qu’il soit mis fin très rapidement aux dérives autoritaires auxquelles les tenants de l’alternance nous ont habituées. Les chantiers de la justice sont énormes. Pour les réussir, le nouveau régime devra garantir plus de dignité, de sécurité et de liberté à tous les citoyens sans exclusive. En outre, l’impunité, l’usage démesuré de la force et le recours à la violence gratuite doivent cesser, voire disparaître à jamais. Car, comme disait Charles V de France : «la joie du juste est que justice soit faite".
Dans tous les secteurs, les attentes des populations sont immenses. On ne pourrait certainement pas les énumérer toutes. Mais, tout le monde s’accorde sur une chose : de profonds changements sont nécessaires et attendus avec impatience. A titre d’exemple, sur le plan institutionnel, il est absolument impérieux de redresser la barque avant qu’il ne soit trop tard car l’Etat wadien en a fait une embarcation ébréchée de tous bords. Toutes les institutions (Assemblée Nationale, Sénat, Conseil Economique et Social,…) ont été affaiblies par l’amateurisme, l’incompétence notoire et les trop fréquents ratages notés dans la gouvernance du Chef de l’Etat sortant ; homme qui n’a jamais pu véritablement s’entourer de patriotes sincères, dynamiques, humbles et travailleurs. Wade a toujours fait la promotion de médiocres politico-carriéristes et politico-affairistes qui n’ont eu pour port d’attache que la défense de leurs seuls intérêts.
Aujourd’hui, il s’agira surtout de remettre de l’ordre dans la maison et de la nettoyer à fond. Car, lorsque la situation l’exige, il faut prendre les mesures nécessaires. Sur ce chapitre, Niangal promet « aux grands maux les grands remèdes » et avertit qu’il ne plaisante pas !
Sur le plan économique, la crise est profonde .A cause, en grande partie, de la gabegie, de la trop grande « générosité »du grand-père de la nation et de la mainmise des « alternoceurs » sur nos maigres ressources nationales tous les signaux, nous dit-on, sont au rouge. Ce que l’on redoutait depuis longtemps semble se confirmer aujourd’hui : les caisses de l’Etat sont vides ou presque, selon Wade. A l’en croire, il ne resterait même plus un os à ronger dans la marmite ! On court droit vers la cessation de paiement des salaires de la fonction publique dans les deux prochains mois. Si un tel scenario se précisait, il serait utopique de vouloir calmer la rue. On se retrouverait inéluctablement alors dans la situation de la fable de la Fontaine où il serait impossible de discuter avec quelqu’un tiraillé par la faim ou de le raisonner.
L’élection aux allures de plébiscite du maire de Fatick rappelle sans conteste celle de son (ex) mentor et prédécesseur le 19 mars 2000. Il y a 12 ans, en effet, les Sénégalais offraient sur un plateau d’argent le pouvoir à Wade en votant massivement pour lui. Malheureusement, il n’a pas su, à notre avis, faire bon usage de ses deux mandats, gêné en cela, peut-être, par un ego surdimensionné. C’est cette fatuité qui, nous semble-t-il, l’a perdu au soir du 25 mars 2012 parce que ni lui ni son entourage n’ont su décoder les signaux d’alarme émis par le peuple à l’occasion, tout d’abord, des élections locales de mars 2009 puis durant la chaude journée du 23 juin 2011. Ainsi, tous les espoirs placés en ce vieil opposant, chantre du « Sopi » et acteur central de la première alternance démocratique survenue au Sénégal en 2000, ont rapidement fondu comme neige au soleil.
Aujourd’hui, le patron de l’APR et nouveau Président de la République cristallise tous les espoirs. La tâche sera titanesque pour lui et pour son équipe. Vouloir corriger toutes les erreurs du gouvernement sortant n’est même pas pensable encore moins envisageable à court terme. Dans certains cas, cependant, un rapide tri des priorités s’impose. Parmi celles-là, il y a la résolution des crises universitaire et scolaire, le retour définitif de l’électricité dans les ménages, la réduction du coût des denrées de première nécessité, entre autres. Mais, ça ne saurait attendre ! Le peuple a faim et soif. Une prompte et efficiente réponse à ses attentes fera gagner, à coup sûr, des galons à la prochaine équipe gouvernementale que tous rêvent de voir faire renaître l’espoir.
La satisfaction des besoins du peuple est désormais attendue, voire exigée de la fonction présidentielle. Si Macky le comprend ainsi, c’est tant mieux. Autrement, lui et son gouvernement seront priés de plier bagages à la prochaine élection présidentielle. « Ma carte, mon arme » est la nouvelle trouvaille des électeurs sénégalais. N’est-ce pas Gorgui ?
Amadou SARR, saramadou2008@gmail.com
Armés de leurs seuls gourdins électoraux, les Sénégalais ont, courageusement et définitivement, brisé le rêve insensé du patriarche de 90 ans de vouloir briguer mordicus un troisième mandat. On lui porta une si rude estocade qu’il ne put la parer. Quelle triste fin !
Outre le fait que la punition infligée au camp libéral ait été cinglante, cette débâcle a eu un effet salutaire immédiat : le peuple a repris son pouvoir. En effet, malgré les intimidations (menaces de couper les vivres aux populations « hal pulaar » de Podor et de Matam), la profusion de « ndigël », la brutalité policière qui a fait des dizaines de morts, la partialité manifeste de la justice constitutionnelle et l’argent du contribuable trop généreusement distribué ça et là par le PDS pour s’acheter le verdict des urnes, les mains des Sénégalais n’ont pas du tout tremblé au moment de choisir un quatrième Président de la République en la personne de Macky Sall. Cela signifie concrètement deux choses : les citoyens sont les seuls vrais détenteurs du pouvoir et que les hommes politiques sont là pour les servir, rien d’autre. En d’autres termes, la volonté populaire est la seule qui vaille dans une démocratie. C’est l’unique constante, les acteurs politiques étant des variables.
Avec cette deuxième alternance démocratique, le peuple sénégalais vient de montrer à la face du monde qu’il ne se laissera plus piétiner sans broncher. Fini le temps de reculer ! Il est debout et n’entend plus jamais se coucher. On pourrait même ajouter qu’il a décidé de prendre son destin en main et de n’obéir désormais qu’à ses propres choix.
En 2000, les Sénégalais avaient annoncé la couleur en sanctionnant lourdement Abdou Diouf et l’inamovible parti socialiste qui était resté au pouvoir pendant quatre longues décennies. Aujourd’hui, c’est au tour de Me Abdoulaye Wade et de ses alliés de subir les foudres de sa colère. Morale de l’histoire : l’homme politique se croit aussi rusé que le lièvre (ndiombor en wolof). Il se dit, à chaque fois, qu’il peut facilement tromper le peuple, voire l’endormir. Malheureusement, ce dernier le surprend toujours et le remet aussitôt à sa place.
L’histoire du politicien, d’ici ou d’ailleurs, s’apparente à celle d'un oiseau aux ailes d’emprunt qui se croit tout permis et qui vole si haut, si haut dans le ciel que ses ailes gèlent. Il tombe alors et s'écrase de tout son poids dans un champ caillouteux. Dans leur tartuferie, peu, en effet, se souviennent, une fois au pouvoir, qu’ils sont des mandants du peuple. Souvent, ils s’enivrent du pouvoir et se laissent aller à des comportements aux antipodes des valeurs républicaines. A ce propos, Abraham Lincoln disait que l’on pouvait tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne pouvait pas tromper tout le peuple tout le temps. Avec le verdict populaire du 25 mars 2012, nos politiques doivent finalement comprendre que le pouvoir terrestre est éphémère et le pouvoir n’est qu’un poison. C’est aussi une leçon qui doit inspirer le pouvoir arrivant.
Le choix de Macky Sall procède, incontestablement, d’une réelle volonté populaire de changement et de rupture dans la conduite des affaires publiques. Il est aussi, nous pouvons le croire, une invite à moins de précipitation et d'arrogance, mais à plus de recul, plus d'humilité, plus de convictions profondes. Car, les 12 années d’alternance ont été cauchemardesques pour les populations. Sous Wade, les Sénégalais ont subi toutes sortes de brimades et de privations. A preuve, de nombreux journalistes, hommes politiques, défenseurs des droits humains et même simples citoyens n’ont eu de cesse de défiler devant la DIC (Division des Investigations Criminelles) pour un oui ou pour un non. Le régime libéral a fait de cette division de la police nationale un redoutable instrument de répression (arrestations et poursuites judiciaires arbitraires) contre tous ceux qui se sont mis en travers de son chemin. Barthélémy Dias et Malick Noël Seck en savent quelque chose !
Avec l’arrivée de Macky, il est attendu qu’il soit mis fin très rapidement aux dérives autoritaires auxquelles les tenants de l’alternance nous ont habituées. Les chantiers de la justice sont énormes. Pour les réussir, le nouveau régime devra garantir plus de dignité, de sécurité et de liberté à tous les citoyens sans exclusive. En outre, l’impunité, l’usage démesuré de la force et le recours à la violence gratuite doivent cesser, voire disparaître à jamais. Car, comme disait Charles V de France : «la joie du juste est que justice soit faite".
Dans tous les secteurs, les attentes des populations sont immenses. On ne pourrait certainement pas les énumérer toutes. Mais, tout le monde s’accorde sur une chose : de profonds changements sont nécessaires et attendus avec impatience. A titre d’exemple, sur le plan institutionnel, il est absolument impérieux de redresser la barque avant qu’il ne soit trop tard car l’Etat wadien en a fait une embarcation ébréchée de tous bords. Toutes les institutions (Assemblée Nationale, Sénat, Conseil Economique et Social,…) ont été affaiblies par l’amateurisme, l’incompétence notoire et les trop fréquents ratages notés dans la gouvernance du Chef de l’Etat sortant ; homme qui n’a jamais pu véritablement s’entourer de patriotes sincères, dynamiques, humbles et travailleurs. Wade a toujours fait la promotion de médiocres politico-carriéristes et politico-affairistes qui n’ont eu pour port d’attache que la défense de leurs seuls intérêts.
Aujourd’hui, il s’agira surtout de remettre de l’ordre dans la maison et de la nettoyer à fond. Car, lorsque la situation l’exige, il faut prendre les mesures nécessaires. Sur ce chapitre, Niangal promet « aux grands maux les grands remèdes » et avertit qu’il ne plaisante pas !
Sur le plan économique, la crise est profonde .A cause, en grande partie, de la gabegie, de la trop grande « générosité »du grand-père de la nation et de la mainmise des « alternoceurs » sur nos maigres ressources nationales tous les signaux, nous dit-on, sont au rouge. Ce que l’on redoutait depuis longtemps semble se confirmer aujourd’hui : les caisses de l’Etat sont vides ou presque, selon Wade. A l’en croire, il ne resterait même plus un os à ronger dans la marmite ! On court droit vers la cessation de paiement des salaires de la fonction publique dans les deux prochains mois. Si un tel scenario se précisait, il serait utopique de vouloir calmer la rue. On se retrouverait inéluctablement alors dans la situation de la fable de la Fontaine où il serait impossible de discuter avec quelqu’un tiraillé par la faim ou de le raisonner.
L’élection aux allures de plébiscite du maire de Fatick rappelle sans conteste celle de son (ex) mentor et prédécesseur le 19 mars 2000. Il y a 12 ans, en effet, les Sénégalais offraient sur un plateau d’argent le pouvoir à Wade en votant massivement pour lui. Malheureusement, il n’a pas su, à notre avis, faire bon usage de ses deux mandats, gêné en cela, peut-être, par un ego surdimensionné. C’est cette fatuité qui, nous semble-t-il, l’a perdu au soir du 25 mars 2012 parce que ni lui ni son entourage n’ont su décoder les signaux d’alarme émis par le peuple à l’occasion, tout d’abord, des élections locales de mars 2009 puis durant la chaude journée du 23 juin 2011. Ainsi, tous les espoirs placés en ce vieil opposant, chantre du « Sopi » et acteur central de la première alternance démocratique survenue au Sénégal en 2000, ont rapidement fondu comme neige au soleil.
Aujourd’hui, le patron de l’APR et nouveau Président de la République cristallise tous les espoirs. La tâche sera titanesque pour lui et pour son équipe. Vouloir corriger toutes les erreurs du gouvernement sortant n’est même pas pensable encore moins envisageable à court terme. Dans certains cas, cependant, un rapide tri des priorités s’impose. Parmi celles-là, il y a la résolution des crises universitaire et scolaire, le retour définitif de l’électricité dans les ménages, la réduction du coût des denrées de première nécessité, entre autres. Mais, ça ne saurait attendre ! Le peuple a faim et soif. Une prompte et efficiente réponse à ses attentes fera gagner, à coup sûr, des galons à la prochaine équipe gouvernementale que tous rêvent de voir faire renaître l’espoir.
La satisfaction des besoins du peuple est désormais attendue, voire exigée de la fonction présidentielle. Si Macky le comprend ainsi, c’est tant mieux. Autrement, lui et son gouvernement seront priés de plier bagages à la prochaine élection présidentielle. « Ma carte, mon arme » est la nouvelle trouvaille des électeurs sénégalais. N’est-ce pas Gorgui ?
Amadou SARR, saramadou2008@gmail.com
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