Pourquoi Robert Bourgi déballe-t-il ? (Par Cheikh Yérim Seck).


Pourquoi Robert Bourgi déballe-t-il ? (Par Cheikh Yérim Seck).
DAKARACTU.COM - Robert Bourgi a atteint l’objectif qu’il recherchait. Il a réussi à braquer les projecteurs des médias et l’attention de l’opinion sur les valises de billets remis par les chefs d’Etat africains à l’ancien président français Jacques Chirac, via son homme de confiance Dominique de Villepin. Les plaintes annoncées de ces deux personnalités vont amplifier l’effet de l’opération de communication menée par l’avocat et lobbyiste. Le but de cette opération est limpide aux yeux des initiés : noyer une polémique que n’aurait pas manqué de susciter La République des mallettes, le livre à paraître de l’écrivain à scandale Pierre Péan.
Dans cet ouvrage au vitriol, Michel de Bonnecorse, l’ex-Monsieur Afrique de Jacques Chirac, fait un témoignage on ne peut plus compromettant contre l’actuel chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, que Bourgi cherche à protéger. « Il semblait évident qu’il y aurait deux candidats à droite, Robert Bourgi estima qu’il était temps de tendre la sébile pour les deux », confie Bonnecorse à Péan. Dès lors, « il obtient de Denis Sassou Nguesso et d’Omar Bongo des sommes conséquentes », poursuit-il. Mais quand il rentre à Paris, « Dominique de Villepin est à terre, après l’échec retentissant du CPE en avril 2006, son projet de loi retiré. (…) Tout logiquement, Bourgi estime que désormais la route est dégagée pour Sarkozy. Villepin est cuit… Et au lieu de distribuer une mallette à chacun, il n’en fait qu’une, plus grosse, et la dépose aux pieds du ministre de l’Intérieur » de l’époque, Nicolas Sarkozy. Michel de Bonnecorse conclut ses confidences : « Et le retour sur investissement a été immédiat après l’élection de Nicolas Sarkozy : Omar Bongo a été un des tout premiers, sinon le premier chef d’Etat appelé par le nouveau président. (…) Bongo obtint alors un prêt pour l’Etat gabonais de 40 millions que Chirac lui refusait. »
Ce passage de l’ouvrage aurait fait l’effet d’un séisme dans une démocratie polémique comme la France s’il n’était d’ores et déjà noyé par la polémique sciemment soulevée par Bourgi. Qui anticipe la dénégation pour contrer Péan : « Ni Omar ni aucun autre chef d’Etat africain, par mon intermédiaire, n’a remis d’argent ni à Nicolas Sarkozy ni à Claude Guéant. »
Sarkozy avait bien besoin d’un tel coup de main de son « ami », surtout après les dégâts causés par la juge Isabelle Prevost-Desprez qui, dans son livre « Sarko m’a tuer », l’a accusé d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent en liquide de Liliane Bettencourt. La juge d’instruction dessaisie de l’affaire Bettencourt a écrit : « La secrétaire de la milliardaire a confié à ma greffière, après son audition par moi : ‘’J’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal.’’ »
Les spécialistes de la communication de masse connaissent bien la technique mise en œuvre par l’ami de Nicolas Sarkozy et de son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant. Elle consiste à allumer un contre-feu pour détourner l’attention de l’opinion sur l’incendie.
Mais le contre-feu a embrasé beaucoup de palais africains et brûlé leurs locataires. Bourgi rapporte qu’Abdoulaye Wade, Denis Sassou Nguesso, Omar Bongo, Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo ont remis un montant global de 10 millions de dollars à Villepin, pour Chirac, en 2002.
Comment Abdoulaye Wade, qui venait d’arriver au pouvoir, a-t-il pu tremper si tôt dans les magouilles françafricaines ? Comment a-t-il pu être généreux avec Jacques Chirac qui le snobait ostensiblement lorsqu’il était dans l’opposition ? Celui qui proclamait urbi et orbi qu’il n’est pas son ami mais celui de son prédécesseur Abdou Diouf, dont la fille, Yacine, est sa filleule ? Wade n’aime-t-il que ceux qui le snobent ou lui tiennent tête, comme le décrit souvent son entourage ?
Robert Bourgi a la famille Wade dans son collimateur. Et a trop forcé le trait pour citer Karim Wade. Sinon, avait-il besoin de signaler que le président équato-guinéen, Obiang Nguéma, a remis 1,5 million d’euros à Dominique de Villepin en présence d’Abdoulaye et de Karim Wade ?
Si le lobbyiste affirme qu’il n’a aucun problème avec le chef de l’Etat, ses rapports avec le fils de ce dernier sont irrémédiablement compromis. Dakaractu est en mesure de révéler que la crise entre Bourgi et la famille présidentielle a éclaté à l’occasion du voyage d’Abdoulaye Wade à Benghazi. L’ex-missi dominici du numéro un sénégalais à Paris n’a pas apprécié que ce dernier l’ait mis à l’écart pour concocter son équipée libyenne avec Bernard-Henri Lévy.
Suite à l’article de la correspondante de l’Express (faisant état du coup de fil du fils du président à son « tonton » pour demander l’intervention de l’armée française), Bourgi a insisté pour qu’il n y ait pas de droit de réponse. Sans résultat. Bachir Diawara, chef de cabinet du ministre d’Etat Karim Wade, a fait ne sortie au vitriol contre lui. Le mal était fait.
Robert Bourgi, 66 ans, qui s’est senti insulté par quelqu’un qui a l’âge de son fils, a déclenché les hostilités. Après une accalmie, suite à une médiation menée par le ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères, Madické Niang, le lobbyiste n’a toujours pas fini de faire dans le déballage qui risque de s’intensifier dans les heures et jours à venir. Son acharnement actuel contre ses anciens amis Abdoulaye et Karim Wade, dont il découvre les défauts à quelques mois de la fin de leur pouvoir, ne l’honore toutefois guère. 
Lundi 12 Septembre 2011



Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

5.Posté par PAPE le 12/09/2011 10:56
BOURGI EST UN MERCENAIRE A LA SOLDE DES OCCIDENTAUX. IL N'EST PAS CREDIBLE.


4.Posté par Deug_verite le 12/09/2011 10:23
"QUAND LE NAVIRE COULE..." wakh fegne!

3.Posté par Triste fin le 12/09/2011 10:17
Toute la force de cet article est contenue dans cette ultime phrase :" Son acharnement actuel contre ses anciens amis Abdoulaye et Karim Wade, dont il découvre les défauts à quelques mois de la fin de leur pouvoir, ne l’honore toutefois guère". Bourgi est sans états d'âme, tout comme Wade qui a pensé ainsi faire plaisir à Chirac. Wade et son fils indigne doivent comprendre définitivement que Sarkozy ne les soutiendra pas dans leur volonté de piétiner la constitution. ALEA JACTA ES.

2.Posté par Agent xxx le 12/09/2011 10:12
CYS il ne faut pas en vouloir á Bourgi, il faut savoir observer et ecouter pour vraiment comprendre le language divin. Dieu nous parle par le language des signaux ( Ayyat en arabe). Tout ceci rentre dans le bouclage du sort de Wade and Co, ils n auront plus de soutient interieurement et exterieurement pour sauvegarder leur pouvoir, C EST FINI.

La fin est un processus et non un evenement, c est la fin qui vous parle en ce moment á l interieur comme á l exterieur du Senegal.

La semaine passe je vous avais ecris ici que l´heure est declenche et que vous verrez bientot.

Vive le peuple du Senegal et vive le Senegal.

1.Posté par gino le 12/09/2011 08:39
Ce types est un chien car même si ce qu'il dit est vrai, celà prouve qu'il n'est pas loyal car il avoue avoir lui même remis l'argent.Il s'accuse donc d'être un corrupteur car il a remis l'argent à Chirac.Ces pratiques sont connues de tous depuis Miterrand, l'Afrique a toujours financé la vie politique française avec de l'argent français en réalité car après l'élection les financements tombent en Afrique pour retrourner dans des valises ou des Djembés en France comme expliqué par Bourgi.Ce Bourgi est foutu, il a été magouilleur de la Françafrique et plus personne ne lui fera confiance, il mérite la prison autant que tous ceux qu'il accuse aujourd'hui.Bourgi ne croit en rien, c'est le bras armé de Sarkozy qui essaie de détourner l'attention empêtré qu'il est actuellement dans des scandales de remises d'enveloppes par Liliane Béttencourt.
Le révélations vont encore tomber ces jours-ci concernant Karim Wade et son père, ça va être terrible...

1 2


Dans la même rubrique :