Dans son propos, le sociologue a affirmé, de manière péremptoire, que l’Islam a lutté contre la polygamie. Il asseoit son argumentaire sur le texte qui subordonne la polygamie à l’exigence d’équité entre les épouses (verset 3, sourate « Les Femmes »). D’après ses explications, cette équité serait impossible à observer comme le corrobore le verset 129 de la sourate précitée. Il affirme également qu’au même titre que l’esclavage, dont l’abrogation était progressivement prévue, la bonne pratique de l’Islam devait faire disparaître la polygamie au profit de la monogamie. Il finit par arguer que dans beaucoup de sociétés musulmanes, la polygamie est prohibée.
Son propos, ci-dessus élucidé, de même que l’argumentaire sur lequel il est adossé, sont d’autant plus erronés qu’ils sont en porte à faux avec l’Islam. S’il avait porté un jugement personnel sur la pertinence ou non de la polygamie, nous pourrions le lui concéder ; par contre, nous ne pouvons nous abstenir de réaction dès lors qu’il attribue faussement un point de vue à l’Islam. Notre optimisme nous recommande, tout de même, de croire qu’il a péché par ignorance. Et dans le cas d’espèce, il convient de tirer au clair certains aspects du sujet afin de leurs débarrasser des biais axiologiques pour permettre aux esprits libres de pouvoir prendre position en toute indépendance.
En effet, l’analyse de certains phénomènes sociaux est dévoyée par des jugements faits à l’emporte-pièces au détriment de l’analyse systémique qui devrait conduire le sociologue à concevoir et appréhender l’Islam comme un système de vie complexe, lequel ne peut être charcuté sans risque de travestissement de son essence et de sa philosophie. Ainsi, tout raisonnement simpliste, n’utilisant que certains de ses composants et ignorant la totalité du tout, est facilement voué à la fausseté du résultat. Tel est le sort du jugement que le sociologue de ce plateau a imprimé sur la position de l’Islam par rapport à la polygamie.
En réalité, la monogamie, tout comme la polygamie, constituent deux systèmes matrimoniaux dont la genèse est difficilement localisable dans le temps. En tout état de cause, le Prophète Adam a pratiqué la monogamie puisqu’il n’avait pas le choix. Le Prophète Noé (Noh) avait deux épouses, le prophète Ibrahim avait 3 épouses et le Prophète Mohamed a enjoint aux musulmans de se limiter à quatre femmes.
Des Sénégalais modèles, qui constituent la fierté et la référence de la majorité de sénégalais depuis toujours, ont déjà montré la voie. Ceux d’entre eux qui vivaient sous le régime de la polygamie constituent des cas d’école assez élogieux qui peuvent nous éclairer sur les meilleures options possibles à prendre. La ponctualité, la rigueur et le sérieux dans le travail qui constituent, certes, des points sur lesquels l’occident a damé le pion à beaucoup de sociétés humaines, se retrouvent parmi les valeurs fondamentales qui fondent les rapports sociaux et de travail aussi bien dans certaines sociétés africaines traditionnelles que dans les valeurs islamiques. Pour dire que nous n’avons pas toujours besoin d’être en odeur de sainteté avec l’occident. Sur le plan de l’organisation sociale, il est mal placé pour s’ériger en référence. Nous devons éviter de nous installer sur « la natte des autres » (Joseph Ki-Zerbo). Nous pouvons valablement nous établir sur notre natte pour penser notre présent et prévoir notre futur. Et les références ne manquent pas. Il suffit de regarder du bon côté.
Tout compte fait, dans l’Islam, le nombre d’épouses légales est compris entre un et quatre. Le texte coranique qui parle de l’institution du mariage érige la monogamie en régime d’exception qui permet aux hommes qui ne remplissent pas les conditions pour avoir entre 2 et 4 épouses de se limiter à une seule femme.
De même, l’équité à laquelle il est fait allusion dans le verset 129 de la sourate « Les Femmes » concerne les sentiments du cœur plus connus sous l’appellation d’amour. En réalité, l’exigence d’équité dont on tient rigueur à l’homme polygame à l’endroit de ses épouses concerne le traitement hors de la chambre conjugale de même que la répartition des biens matériels (dons, cadeaux, libéralités, effets vestimentaires, mobiliers, voitures, parures, villas, vergers, titres fonciers, etc.).
Pour ce qui concerne la prohibition de la polygamie dans certaines sociétés dites « arabo musulmanes » ou « berbero musulmanes », nous rétorquons qu’il n’est pas possible d’appréhender l’Islam pour ce que des musulmans font ou sont. Si par exemple une partie des musulmans refusent d’observer certains préceptes, la responsabilité (de cette non observance), de même que la pertinence de ces préceptes ne peuvent pas être imputables à la doctrine islamique. L’Islam ne doit être jugé que par rapport à ce qu’il est ou par rapport à ce que des systèmes concurrentiels sont.
Par rapport à son dernier argument, à savoir l’analogie entre la l’esclavage et polygamie, il faudrait savoir qu’il est mal à propos car, d’une part, ces deux éléments ne relèvent pas d’un même registre et, d’autre part, il n’a jamais été question d’abrogation en ce qui concerne la pratique de la polygamie, au contraire elle est fortement recommandée, sous réserve de la capacité à se conformer à ces conditions et exigences.
Tout compte fait, il convient de se rendre à l’évidence que l’Islam encourage fortement le mariage sachant que l’option optimale reste la polygamie. L’essentiel est de choisir le régime selon sa situation et ses possibilités. Si des systèmes de vie d’inspiration occidentale ont redimensionné les ambitions des citoyens en les confinant à la recherche de la pitance, d’une femme et d’un toit, un bon musulman doit pouvoir s’évertuer à intégrer, dans ses visées, la constitution d’une famille élargie dont tous les membres sont bien éduqués et bien préparés à relever les défis et à affronter les difficultés de la vie pour instituer par dessus tout, l’équité sociale.
Dans la doctrine islamique, beaucoup d’allusions ont été faites tendant à encourager la bonne pratique de la polygamie (et non la mauvaise observance de ses exigences) pour ses effets positifs sur la démographie musulmane, la préservation des valeurs morales à travers la plus grande démocratisation du mariage, entre autres. Ce n’est pas parce que Mademba ou Fatou, à cause de leurs carences éducatives et morales, ne peuvent pas s’assumer par rapport aux contraintes de la polygamie qu’il faut le présenter sous un visage qui peut décourager Massamba, qui voudrait s’en accommoder puisque pouvant se conformer à ses conditions et exigences.
Donc pratiquée comme il se doit, la polygamie apporte beaucoup au rayonnement de l’Islam et au bien être des musulmans des deux sexes. Dès lors, la moindre attitude du musulman à l’égard de la polygamie serait de ne pas la dénigrer et de l’admettre, même s’il ne la pratique pas, comme une option matrimoniale bien encadrée, comme l’est du reste la monogamie. Il appartient ainsi aux musulmans de jouer leur partition, chacun selon ses capacités et sa position, pour la préservation des préceptes et institutions telles que prévus par l’Islam.
Il y a lieu de s’inquiéter du devenir de nos sociétés, lorsque des associations de défense des droits de l’Homme s’acharnent à la protection des droits des homosexuels et qu’à l’inverse, des musulmans, à cause des déviances de certains de leurs frères musulmans ou de l’influence des valeurs occidentales, tentent de jeter un discrédit sur la polygamie, qui est une des valeurs de l’Islam et non des moindres.
Par contre, les arguments tendant à décourager la polygamie sont nés d’amalgames, très en vogue, dès fois entretenus par des observateurs très connus dans le milieu des médias, entre la doctrine de l’Islam et le comportement des musulmans. Est-il judicieux d’assimiler l’Islam à ce que les musulmans font à tous les coups ?
La polygamie est en définitive une recommandation divine, une option d’adoration du Seigneur des mondes, qui recouvre toute sa pertinence et ses bienfaits, quand elle est bien observée. Par contre sa mauvaise observance ternit l’image des systèmes de vie qui l’instituent et décrédibilise ses défenseurs.
Serigne Aly Cissé Diene Sociologue
Son propos, ci-dessus élucidé, de même que l’argumentaire sur lequel il est adossé, sont d’autant plus erronés qu’ils sont en porte à faux avec l’Islam. S’il avait porté un jugement personnel sur la pertinence ou non de la polygamie, nous pourrions le lui concéder ; par contre, nous ne pouvons nous abstenir de réaction dès lors qu’il attribue faussement un point de vue à l’Islam. Notre optimisme nous recommande, tout de même, de croire qu’il a péché par ignorance. Et dans le cas d’espèce, il convient de tirer au clair certains aspects du sujet afin de leurs débarrasser des biais axiologiques pour permettre aux esprits libres de pouvoir prendre position en toute indépendance.
En effet, l’analyse de certains phénomènes sociaux est dévoyée par des jugements faits à l’emporte-pièces au détriment de l’analyse systémique qui devrait conduire le sociologue à concevoir et appréhender l’Islam comme un système de vie complexe, lequel ne peut être charcuté sans risque de travestissement de son essence et de sa philosophie. Ainsi, tout raisonnement simpliste, n’utilisant que certains de ses composants et ignorant la totalité du tout, est facilement voué à la fausseté du résultat. Tel est le sort du jugement que le sociologue de ce plateau a imprimé sur la position de l’Islam par rapport à la polygamie.
En réalité, la monogamie, tout comme la polygamie, constituent deux systèmes matrimoniaux dont la genèse est difficilement localisable dans le temps. En tout état de cause, le Prophète Adam a pratiqué la monogamie puisqu’il n’avait pas le choix. Le Prophète Noé (Noh) avait deux épouses, le prophète Ibrahim avait 3 épouses et le Prophète Mohamed a enjoint aux musulmans de se limiter à quatre femmes.
Des Sénégalais modèles, qui constituent la fierté et la référence de la majorité de sénégalais depuis toujours, ont déjà montré la voie. Ceux d’entre eux qui vivaient sous le régime de la polygamie constituent des cas d’école assez élogieux qui peuvent nous éclairer sur les meilleures options possibles à prendre. La ponctualité, la rigueur et le sérieux dans le travail qui constituent, certes, des points sur lesquels l’occident a damé le pion à beaucoup de sociétés humaines, se retrouvent parmi les valeurs fondamentales qui fondent les rapports sociaux et de travail aussi bien dans certaines sociétés africaines traditionnelles que dans les valeurs islamiques. Pour dire que nous n’avons pas toujours besoin d’être en odeur de sainteté avec l’occident. Sur le plan de l’organisation sociale, il est mal placé pour s’ériger en référence. Nous devons éviter de nous installer sur « la natte des autres » (Joseph Ki-Zerbo). Nous pouvons valablement nous établir sur notre natte pour penser notre présent et prévoir notre futur. Et les références ne manquent pas. Il suffit de regarder du bon côté.
Tout compte fait, dans l’Islam, le nombre d’épouses légales est compris entre un et quatre. Le texte coranique qui parle de l’institution du mariage érige la monogamie en régime d’exception qui permet aux hommes qui ne remplissent pas les conditions pour avoir entre 2 et 4 épouses de se limiter à une seule femme.
De même, l’équité à laquelle il est fait allusion dans le verset 129 de la sourate « Les Femmes » concerne les sentiments du cœur plus connus sous l’appellation d’amour. En réalité, l’exigence d’équité dont on tient rigueur à l’homme polygame à l’endroit de ses épouses concerne le traitement hors de la chambre conjugale de même que la répartition des biens matériels (dons, cadeaux, libéralités, effets vestimentaires, mobiliers, voitures, parures, villas, vergers, titres fonciers, etc.).
Pour ce qui concerne la prohibition de la polygamie dans certaines sociétés dites « arabo musulmanes » ou « berbero musulmanes », nous rétorquons qu’il n’est pas possible d’appréhender l’Islam pour ce que des musulmans font ou sont. Si par exemple une partie des musulmans refusent d’observer certains préceptes, la responsabilité (de cette non observance), de même que la pertinence de ces préceptes ne peuvent pas être imputables à la doctrine islamique. L’Islam ne doit être jugé que par rapport à ce qu’il est ou par rapport à ce que des systèmes concurrentiels sont.
Par rapport à son dernier argument, à savoir l’analogie entre la l’esclavage et polygamie, il faudrait savoir qu’il est mal à propos car, d’une part, ces deux éléments ne relèvent pas d’un même registre et, d’autre part, il n’a jamais été question d’abrogation en ce qui concerne la pratique de la polygamie, au contraire elle est fortement recommandée, sous réserve de la capacité à se conformer à ces conditions et exigences.
Tout compte fait, il convient de se rendre à l’évidence que l’Islam encourage fortement le mariage sachant que l’option optimale reste la polygamie. L’essentiel est de choisir le régime selon sa situation et ses possibilités. Si des systèmes de vie d’inspiration occidentale ont redimensionné les ambitions des citoyens en les confinant à la recherche de la pitance, d’une femme et d’un toit, un bon musulman doit pouvoir s’évertuer à intégrer, dans ses visées, la constitution d’une famille élargie dont tous les membres sont bien éduqués et bien préparés à relever les défis et à affronter les difficultés de la vie pour instituer par dessus tout, l’équité sociale.
Dans la doctrine islamique, beaucoup d’allusions ont été faites tendant à encourager la bonne pratique de la polygamie (et non la mauvaise observance de ses exigences) pour ses effets positifs sur la démographie musulmane, la préservation des valeurs morales à travers la plus grande démocratisation du mariage, entre autres. Ce n’est pas parce que Mademba ou Fatou, à cause de leurs carences éducatives et morales, ne peuvent pas s’assumer par rapport aux contraintes de la polygamie qu’il faut le présenter sous un visage qui peut décourager Massamba, qui voudrait s’en accommoder puisque pouvant se conformer à ses conditions et exigences.
Donc pratiquée comme il se doit, la polygamie apporte beaucoup au rayonnement de l’Islam et au bien être des musulmans des deux sexes. Dès lors, la moindre attitude du musulman à l’égard de la polygamie serait de ne pas la dénigrer et de l’admettre, même s’il ne la pratique pas, comme une option matrimoniale bien encadrée, comme l’est du reste la monogamie. Il appartient ainsi aux musulmans de jouer leur partition, chacun selon ses capacités et sa position, pour la préservation des préceptes et institutions telles que prévus par l’Islam.
Il y a lieu de s’inquiéter du devenir de nos sociétés, lorsque des associations de défense des droits de l’Homme s’acharnent à la protection des droits des homosexuels et qu’à l’inverse, des musulmans, à cause des déviances de certains de leurs frères musulmans ou de l’influence des valeurs occidentales, tentent de jeter un discrédit sur la polygamie, qui est une des valeurs de l’Islam et non des moindres.
Par contre, les arguments tendant à décourager la polygamie sont nés d’amalgames, très en vogue, dès fois entretenus par des observateurs très connus dans le milieu des médias, entre la doctrine de l’Islam et le comportement des musulmans. Est-il judicieux d’assimiler l’Islam à ce que les musulmans font à tous les coups ?
La polygamie est en définitive une recommandation divine, une option d’adoration du Seigneur des mondes, qui recouvre toute sa pertinence et ses bienfaits, quand elle est bien observée. Par contre sa mauvaise observance ternit l’image des systèmes de vie qui l’instituent et décrédibilise ses défenseurs.
Serigne Aly Cissé Diene Sociologue
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