Pas de pardon présidentiel pour Noël (Yérim Sow)


Pas de pardon présidentiel pour Noël (Yérim Sow)
Que ceux qui ont rêvé de pardon présidentiel pour Malick Noël Seck se rassurent, Wade ne pardonne que les coupables ! Célébrons ensemble le courage des hommes du M23 et tous ceux qui se sont associés a leur geste, en adoptant la seule attitude qui s’impose a l’heure actuelle : Signer la lettre de Malick Noel Seck et la remettre aux membres du Conseil Constitutionnel. Je dis bien les Hommes du M23, ni les « Jeunes », ni les « Militants », ni les « Activistes ». Épithètes paternalistes à l’usage de planqués septuagénaires qui ne souffrent pas des mêmes maux que nous.
Malick Noël Seck est en prison pour avoir exposé une « forfaiture annoncée ». Le mode de nomination des membres du Conseil Constitutionnel au Sénégal est une hérésie institutionnelle qui rend caduques toutes leurs décisions.
Le Conseil constitutionnel français, sur lequel il est calqué, se compose de 9 membres nommés, auxquels s'ajoutent des membres de droit. Trois le sont sur décision du Président de la République, lequel désigne aussi le Président du Conseil. Trois par le Président de l'Assemblée nationale et trois autres par le Président du Sénat. Les anciens Présidents de la République française sont membres de droit et à vie.

Au Sénégal, les cinq membres du Conseil sont nommés par le Président de la République !

MNS a pressenti que les membres du Conseil Constitutionnel avaient déjà décidé de valider la candidature de Wade aux élections de 2012. Comment pourrait-il en être autrement ?
On l’accuse d’avoir menacé de mort les membres de ce fameux Conseil, alors que l’actuel président de la République était inculpé pour l’assassinat de l’un de ses membres, après la victoire du PS aux législatives de 1993. Les craintes de MNS, personne ne les comprend mieux que Wade, qui disait à la veille de ces élections : « Je ne donne aucun crédit aux décisions du Conseil constitutionnel qui se trouve sous l’influence des hommes d’Abdou Diouf, en particulier de son vice-président, Me Babacar Sèye, qui a été pendant longtemps un député socialiste. Ce n’est pas sérieux. »

Dès son arrivé au pouvoir, Me Wade fera gracier les assassins de Me Sèye (Clédor Séne, Assane Diop et Pape Ibrahima Diakhaté, tous proches du PDS) qui menaçaient de ne plus se taire, et leur remettra dix-huit millions de francs chacun.
Les « Sages » savent à qui ils ont affaire et sauront ne pas décevoir « leur » Maître.

MNS a réussi à créer un vrai débat national, son geste dit clairement ce que tout le monde pense : « Je vais en prison pour avoir soi disant menacé un juge dans un pays où ceux qui les tuent sont libres. » La lettre de MNS va bien au-delà du juridisme à laquelle on l’a réduite. Elle fait appel à l’intégrité morale des leaders politiques, comme préalable nécessaire à l’organisation des élections de 2012.
« Vous ne pouvez pas souhaiter une amélioration de vos conditions d’existence sans au préalable vous assurer de l’intégrité morale de ceux qui nous gouvernent », disait-t-il depuis sa prison. Cette déclaration n’appartient à aucun parti, c’est un cri du cœur, l’interpellation d’une administration plus soucieuse d’obtenir un « brevet d’honnêteté » des membres de la communauté Européenne que d’apporter des solutions durables aux fléaux nationaux! En 2002, lorsque la famine avait particulièrement affecté la zone nord du pays touchée par les conséquences désastreuses de pluies hors saison, Wade prélevait 500 millions de francs au secteur agricole pour restaurer l’avion présidentiel. Le cout final de ce projet sera de 31 milliards de francs CFA. Il prétendra n’avoir utilisé aucun fond public avant d’être contraint d’admettre qu’il avait puisé 10 milliards d’un supposé fonds résiduel du ministère du Transport qui, en réalité, n’existe pas ! Et tout fonctionne comme cela : l’ANOCI, le FESMAN, la statue de la renaissance Africaine etc.
On peut penser bien des choses de la démarche de MNS, mais on lui reconnaîtra de nous avoir démasqué Wade, son régime, sa police et ses juges !

Déposer une lettre aux domiciles du président du Conseil, au domicile du ministre de la justice, de celui de l’énergie ou chez toute personne dont les décisions ont une incidence concrète sur et dans nos vies, est un acte nécessaire, parce qu’on ne demande pas l’autorisation de se révolter. C’est l’effet de surprise qui fit trembler le pouvoir quand le mouvement du 23 Juin illumina Dakar de ses incendies et de ses espoirs.

Interrogé par ses juges, MNS dira qu’il est allé déposer cette lettre au domicile du Président du Conseil, parce qu’il a « choisi d’ouvrir sur un autre soleil les yeux de son fils » !
Et parce que l’intégrité n’est pas une croisade qui fait l’unanimité, dans ce Sénégal, où les riches triomphent et les pauvres restent impuissants, où l’individu se fait sermonner à l’aide de ce que Dieu dit, recommande et exige, mais où aucun régime ne survivrait à deux mois de vérité ; il écope de deux ans ferme. Ses avocats sont brillants, l’indignation les sublime. Ils sont face à l’impossible dialogue entre l’individu et notre système politique, incarné ici par un procureur aux ordres, dont l’incohérence du discours et les lapsus révélateurs font penser à « une leçon mal apprise » ! C’est un procès Kafkaïen puisqu’il n’y a pas de plaignant.
« Outrage à magistrat » sans magistrat, puisque les membres du Conseil constitutionnel ne sont pas, aux termes du droit sénégalais, des magistrats de l'ordre juridique ou administratif.
«Violence et voie de fait » sans victimes, puisque personne n’a porté plainte !

Dans ce tribunal, MNS n’était ni un membre du parti socialiste ni même un ennemi du PDS, c’était un citoyen Sénégalais, un patriote qui a compris que la liberté de la parole et la transparence de l’Etat, colonne vertébrale d’une démocratie, sont inaliénables et ne se négocient pas !
« La riposte doit être à la mesure de la provocation » (Mamadou Dia). Autrement dit, ne ratez pas le rendez-vous de l’histoire, et si vous n’avez pas su saisir ce moment ne vous attendez à aucune amélioration de la part des gouvernements qui succéderont à Me Wade ; parce qu’ils se comporteront exactement comme lui et ses complices ; parce que la corruption sera devenue, alors, notre culture !

Yerim Sow
Président d'honneur du Comité de Soutien à Malick Noël Seck
yerim@malicknoelseck.com
www.malicknoelseck.com
Mercredi 9 Novembre 2011




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