Mr le Président, prenez de la hauteur si vous ne voulez « plus jamais être attaqué »!

Mr le Président,
Au cours d’une manifestation politique organisée par votre camp, vous avez exprimé votre engagement à faire appliquer les dispositions de la Constitution et du code pénal pour mettre un terme aux attaques dont vous seriez l’objet. S’agit- il d’une volonté de protéger l’institution présidentielle ou plutôt la manifestation d’une allergie a la critique ?
Nous admettons, dans une République normale, l’impérieuse nécessité pour chaque citoyen de respecter les Institutions de la République parmi lesquelles la plus haute que vous êtes censée incarner. Toutefois, le caractère partisan de la manifestation qui vous a servi de cadre pour invoquer la Constitution et le code pénal pose en toile de fond le débat sur la compatibilité ou non entre la fonction de Président de la République et celle de Leader de parti.
Le dédoublement fonctionnel qui caractérise votre action depuis que vous êtes élus à la tête de l’Etat sème la confusion et pousse à s’interroger légitimement sur le destinataire des attaques que vous évoquez. Qui est la véritable cible de ces attaques ? S’agit- il du Président de la République ou du Chef de Parti pleinement engagé dans l’arène politique ? La question se justifie d’autant plus que c’est devant une foule de militants surexcités que vous avez choisi de vous adresser à vos détracteurs.
Notre intention n’est pas de défendre les pilleurs des deniers publics qui doivent restituer jusqu’au dernier centime les fonds frauduleusement soustraits des caisses de l’Etat, qu’ils soient dans l’opposition ou dans les lambris dorés du pouvoir. Mais, si vous avez décidé de vous départir de votre manteau de Chef de l’Etat pour enfiler celui de Chef de parti, vous n’avez pas le droit de recourir aux pouvoirs que vous confère la Constitution pour vous en prendre a des adversaires politiques.
Mr le Président, vos compatriotes qui ont opté pour le changement le 25 mars dernier ne sont pas soucieux que de pain. Ils aspirent tout aussi a des reformes institutionnelles susceptibles de faire franchir d’autres paliers a leur démocratie. Dans ces reformes, il est attendu une loi constitutionnelle qui rendrait incompatible la charge présidentielle avec le statut de Chef de parti. La « Charte de gouvernance démocratique » issue des conclusions des Assises Nationales et dont vous êtes signataire préconise d’ailleurs une telle reforme qui devrait permettre au Président de la République d’avoir la hauteur que nécessite l’exercice d’une fonction si délicate.
Mr le Président, vous ne pouvez prétendre incarner l’unité nationale tout en restant à la tête d’un clan. Donnez un contenu au slogan qui vous semble si cher : « La Patrie avant le parti ». Mettez- vous au- dessus des contingences politiques si « vous ne voulez plus jamais être attaqué ».

Serigne Assane Kane
Membre de la Jeunesse pour la Démocratie et
Le Socialisme (JDS)
assanekane2012@yahoo.fr