« La grandeur des chefs n’est pas dans leur personne, mais dans la
mesure où ils servent la grandeur de leur peuple » (J. Marti)
Monsieur le Président de la République, votre élection à la tête de l’Etat a suscité un immense espoir pour des millions de sénégalais qui ont été trahis, abusés et méprisés par un régime effroyablement corrompu, et qui au-delà de ses quelques réalisations (infrastructures) fut une calamité pour les classes populaires.
Il est clair pour tous que Me Wade, homme peu modeste, arrogant il ya si peu de temps, a décrédibilisé toutes les institutions de la République, traitant toutes les affaires politiques, administratives et judiciaires de l'Etat comme s'il s'agissait d'affaires personnelles, familiales.
Finalement le vieux Président se considérait comme un Leviathan, qui n’avait de compte à rendre à personne et qui avait tous les droits face à des individus qui avaient, eux, presque perdus tous les leurs.
Oui le Sénégal porte encore les stigmates du régime libéral qui a utilisé la puissance publique comme un instrument d’une petite élite qui s’est enrichie, s’est gavée au détriment de la population. Au lieu de prendre à bras-le-corps la question du chômage de masse, les problèmes économiques, les grèves dans les établissements, l’insécurité qui règne en Casamance et dans le Boundou, les libéraux se sont attelés en 12 ans, à développer le clientélisme, à balkaniser l’Etat, à distribuer des billets, des 4x4, des terrains, bref à semer le chaos, le désordre pour conserver le pouvoir.
Oui Monsieur le Président de la République, sans tomber dans l’angélisme, nous espérons un changement réel, une rupture profonde avec l’ancien système qui a mis en lambeaux les fondements de notre République.
La joie fut immense au soir de votre élection, celle de voir une malédiction se dissiper, une page marquée par des tragédies se refermer à jamais.
Rien ne sera facile. La tâche sera rude, tant les défis à relever au niveau national et international sont énormes. Mais tout est possible.
Une question urgente s’impose : il s’agit de la crise malienne qui est loin d’être résolue.
A l’évidence, les putschistes ont commis une erreur stratégique en renversant le Président Amadou Toumani Touré, lequel n’a pu gérer efficacement la menace des rebelles touaregs du Nord et des islamistes d’Aqmi. Mais, je crois que la C.E.D.E.A.O commettra également une erreur stratégique majeure en laissant ces bandes armées privées s’emparer du territoire malien, où le pouvoir central a perdu partiellement le monopole de la violence physique légitime. Ce serait grave de laisser le Mali devenir un foyer du terrorisme et du djihadisme. Les enseignements que nous avons tirés de l’Afghanistan des talibans sont suffisamment graves pour accepter cet état de fait.
La question malienne est donc capitale pour nous les voisins. Car, sa dislocation entraînera le chaos et provoquera un état de guerre permanent, un état hobbesien. D’où la terrible menace qui nous guette.
Ces groupes armés aux desseins prédateurs marqués ignorent complètement le droit, la justice, la démocratie, l’Etat, les critères moraux et ne connaissent pas de frontières nationales. Ils cherchent avant tout à remettre en cause l’ordre social et politique des Etats, et à modifier en profondeur les relations internationales.
Au-delà du cas malien, l’Afrique de l’Ouest est devenue une région de transit et de stockage des produits stupéfiants. De sa par sa position géostratégique, il est plus facile de mener des activités criminelles, illégales à travers cet immense espace sans être inquiétés. C’est pourquoi, il est plus que urgent que nos Etats mettent en place une politique ambitieuse de défense, renforcent la coopération policière et judiciaire pour mieux lutter contre ces bandes privées criminelles, sources de désordres planétaires, et qui attisent des conflits armés dans de nombreux pays pour mieux développer leurs activités. Nonobstant les contraintes financières, le Sénégal devra moderniser ses forces armées, en augmentant ses effectifs, sa capacité de frappe, en développant ses services de renseignement, qui doit être l’un de ses piliers de sécurité et de défense.
En somme, nous vivons dans un monde en plein chaos financier, économique ; un monde où seule la force demeure hélas le critère le plus important. Les dirigeants politiques africains doivent mutualiser leurs efforts et mettre en place de nouvelles stratégies efficaces pour sortir le continent de sa marginalisation politique et économique. Afrique doit maintenant émerger, si elle veut influencer la politique et les lois internationales, sans jamais oublier qu’aucun Etat ne peut être fort, puissant et respecté sur la scène mondiale, s’il n’a pas une économie solide, et une armée forte.
Pour reprendre les mots de H. Morgenthau, la politique internationale est une lutte pour le « pouvoir » , et la « puissance » demeure l’élément central dans les relations internationales.
Oui le réalisme est plus que jamais le paradigme dominant en relation internationale.
Nous le voyons aujourd’hui, le respect de la souveraineté nationale devient conditionnel pour tous les États qui n'ont pas les capacités militaires, diplomatiques, et économiques. Par contre, les Etats qui investissent massivement dans l’économie, l’industrie, la recherche, les équipements et la haute technologie militaire acquièrent ipso facto un droit que n'ont pas les autres pays, celui de se mêler des affaires internes des autres Etats.
Ces Etats peuvent violer les lois internationales et ignorer les avis et les recommandations de la Communauté Internationale, si ces derniers ne concourent pas à leurs objectifs politiques, économiques et géostratégiques.
Raison pour la quelle, notre Etat doit mettre au cœur de sa politique, le réalisme et l’intérêt national, tout en continuant à défendre ses idéaux, ses valeurs, et à cultiver la notion de patriotisme. Pour cela, le pouvoir devra inventer une nouvelle stratégie de développement économique cohérente, basée sur une réelle volonté politique ; impliquant sur le plan national, la mise en place d’instruments de lutte contre la corruption, qui gangrène les services de sécurité, le monde politique et l’économie ; renforcer la bonne gouvernance, redonner à la justice toute son indépendance, prendre de nouvelles initiatives et mesures en matières fiscales, économiques ; soutenir la recherche, l’éducation, et promouvoir le développement des petites et moyennes entreprises, indispensable pour accéder au statut de puissance ; résoudre la question énergétique ; et enfin sur le plan international, renforcer la coopération régionale et sous régionale, tout en mettant en place de nouvelles politiques stratégiques avec les puissances émergentes, qui sont en pleines dynamiques.
Tout le problème est de savoir infine comment faire pour que le civisme, la vertu, l’amour pour sa patrie, le respect du bien collectif, le sens de la responsabilité soient intériorisés par la classe dirigeante et par tous les membres de la société.
Dans l’espoir d’une vraie rupture.
Par Souleymane Sadio Diallo, docteur en science politique/Paris
dialloley@yahoo.fr
mesure où ils servent la grandeur de leur peuple » (J. Marti)
Monsieur le Président de la République, votre élection à la tête de l’Etat a suscité un immense espoir pour des millions de sénégalais qui ont été trahis, abusés et méprisés par un régime effroyablement corrompu, et qui au-delà de ses quelques réalisations (infrastructures) fut une calamité pour les classes populaires.
Il est clair pour tous que Me Wade, homme peu modeste, arrogant il ya si peu de temps, a décrédibilisé toutes les institutions de la République, traitant toutes les affaires politiques, administratives et judiciaires de l'Etat comme s'il s'agissait d'affaires personnelles, familiales.
Finalement le vieux Président se considérait comme un Leviathan, qui n’avait de compte à rendre à personne et qui avait tous les droits face à des individus qui avaient, eux, presque perdus tous les leurs.
Oui le Sénégal porte encore les stigmates du régime libéral qui a utilisé la puissance publique comme un instrument d’une petite élite qui s’est enrichie, s’est gavée au détriment de la population. Au lieu de prendre à bras-le-corps la question du chômage de masse, les problèmes économiques, les grèves dans les établissements, l’insécurité qui règne en Casamance et dans le Boundou, les libéraux se sont attelés en 12 ans, à développer le clientélisme, à balkaniser l’Etat, à distribuer des billets, des 4x4, des terrains, bref à semer le chaos, le désordre pour conserver le pouvoir.
Oui Monsieur le Président de la République, sans tomber dans l’angélisme, nous espérons un changement réel, une rupture profonde avec l’ancien système qui a mis en lambeaux les fondements de notre République.
La joie fut immense au soir de votre élection, celle de voir une malédiction se dissiper, une page marquée par des tragédies se refermer à jamais.
Rien ne sera facile. La tâche sera rude, tant les défis à relever au niveau national et international sont énormes. Mais tout est possible.
Une question urgente s’impose : il s’agit de la crise malienne qui est loin d’être résolue.
A l’évidence, les putschistes ont commis une erreur stratégique en renversant le Président Amadou Toumani Touré, lequel n’a pu gérer efficacement la menace des rebelles touaregs du Nord et des islamistes d’Aqmi. Mais, je crois que la C.E.D.E.A.O commettra également une erreur stratégique majeure en laissant ces bandes armées privées s’emparer du territoire malien, où le pouvoir central a perdu partiellement le monopole de la violence physique légitime. Ce serait grave de laisser le Mali devenir un foyer du terrorisme et du djihadisme. Les enseignements que nous avons tirés de l’Afghanistan des talibans sont suffisamment graves pour accepter cet état de fait.
La question malienne est donc capitale pour nous les voisins. Car, sa dislocation entraînera le chaos et provoquera un état de guerre permanent, un état hobbesien. D’où la terrible menace qui nous guette.
Ces groupes armés aux desseins prédateurs marqués ignorent complètement le droit, la justice, la démocratie, l’Etat, les critères moraux et ne connaissent pas de frontières nationales. Ils cherchent avant tout à remettre en cause l’ordre social et politique des Etats, et à modifier en profondeur les relations internationales.
Au-delà du cas malien, l’Afrique de l’Ouest est devenue une région de transit et de stockage des produits stupéfiants. De sa par sa position géostratégique, il est plus facile de mener des activités criminelles, illégales à travers cet immense espace sans être inquiétés. C’est pourquoi, il est plus que urgent que nos Etats mettent en place une politique ambitieuse de défense, renforcent la coopération policière et judiciaire pour mieux lutter contre ces bandes privées criminelles, sources de désordres planétaires, et qui attisent des conflits armés dans de nombreux pays pour mieux développer leurs activités. Nonobstant les contraintes financières, le Sénégal devra moderniser ses forces armées, en augmentant ses effectifs, sa capacité de frappe, en développant ses services de renseignement, qui doit être l’un de ses piliers de sécurité et de défense.
En somme, nous vivons dans un monde en plein chaos financier, économique ; un monde où seule la force demeure hélas le critère le plus important. Les dirigeants politiques africains doivent mutualiser leurs efforts et mettre en place de nouvelles stratégies efficaces pour sortir le continent de sa marginalisation politique et économique. Afrique doit maintenant émerger, si elle veut influencer la politique et les lois internationales, sans jamais oublier qu’aucun Etat ne peut être fort, puissant et respecté sur la scène mondiale, s’il n’a pas une économie solide, et une armée forte.
Pour reprendre les mots de H. Morgenthau, la politique internationale est une lutte pour le « pouvoir » , et la « puissance » demeure l’élément central dans les relations internationales.
Oui le réalisme est plus que jamais le paradigme dominant en relation internationale.
Nous le voyons aujourd’hui, le respect de la souveraineté nationale devient conditionnel pour tous les États qui n'ont pas les capacités militaires, diplomatiques, et économiques. Par contre, les Etats qui investissent massivement dans l’économie, l’industrie, la recherche, les équipements et la haute technologie militaire acquièrent ipso facto un droit que n'ont pas les autres pays, celui de se mêler des affaires internes des autres Etats.
Ces Etats peuvent violer les lois internationales et ignorer les avis et les recommandations de la Communauté Internationale, si ces derniers ne concourent pas à leurs objectifs politiques, économiques et géostratégiques.
Raison pour la quelle, notre Etat doit mettre au cœur de sa politique, le réalisme et l’intérêt national, tout en continuant à défendre ses idéaux, ses valeurs, et à cultiver la notion de patriotisme. Pour cela, le pouvoir devra inventer une nouvelle stratégie de développement économique cohérente, basée sur une réelle volonté politique ; impliquant sur le plan national, la mise en place d’instruments de lutte contre la corruption, qui gangrène les services de sécurité, le monde politique et l’économie ; renforcer la bonne gouvernance, redonner à la justice toute son indépendance, prendre de nouvelles initiatives et mesures en matières fiscales, économiques ; soutenir la recherche, l’éducation, et promouvoir le développement des petites et moyennes entreprises, indispensable pour accéder au statut de puissance ; résoudre la question énergétique ; et enfin sur le plan international, renforcer la coopération régionale et sous régionale, tout en mettant en place de nouvelles politiques stratégiques avec les puissances émergentes, qui sont en pleines dynamiques.
Tout le problème est de savoir infine comment faire pour que le civisme, la vertu, l’amour pour sa patrie, le respect du bien collectif, le sens de la responsabilité soient intériorisés par la classe dirigeante et par tous les membres de la société.
Dans l’espoir d’une vraie rupture.
Par Souleymane Sadio Diallo, docteur en science politique/Paris
dialloley@yahoo.fr
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