Lettre à M. Abdou Latif Coulibaly, Ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance, Porte parole du Gouvernement


A Monsieur Abdou Latif Coulibaly,
Ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, Porte parole du Gouvernement

Monsieur le Ministre,
Je sais que vous ne me connaissez pas. Je vous ai vu deux fois : la première était au tribunal de Dakar lors d’un de vos nombreux procès qui vous ont opposé à l’Etat du Sénégal durant le régime du Président Abdoulaye Wade. La deuxième était lors de la séance de dédicace de votre livre « Wade, un opposant au pouvoir, l’alternance piégée » à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2003. Donc, je n’ai aucune relation particulière avec vous qui puisse justifier mes propos. Il s’est juste trouvé que vous êtes un compatriote, j’ai suivi votre parcours pour lequel j’ai un grand respect mais surtout, vous avez en charge un Ministère pour lequel j’ai beaucoup d’espoir quant à son importance pour le développement social et économique de notre pays. J’ai donc décidé de vous écrire pour deux raisons principales:

1- Je considère, que vous ne méritez pas certaines des critiques formulées à votre endroit depuis un certain temps;
2- La deuxième raison est liée à l’importance du Ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance dans le contexte actuel du Sénégal et j’estime que vous avez un bon profil pour ce nouveau ministère.

Pourquoi je considère que vous ne méritez pas certaines des critiques?
Ces dernières semaines, vous avez fait l’objet de beaucoup de critiques notamment à la suite de votre nomination comme Ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, Porte parole du Gouvernement. Elles sont devenues plus sévères quand vous avez décidé d’adhérer à l’APR, le Parti du Président de la République, Macky Sall. Certains des auteurs de ces critiques pensent que Latif a « perdu son latin depuis qu’il est au cœur du système », tandis que d’autres vous qualifient même de « crétin », de « traitre », d’«opportuniste », d’«ingrat » ou d’«égoïsme ». Il y’en a même qui pensent que vous aviez utilisé votre posture de journaliste ou vous vous êtes servis des Assises Nationales comme un tremplin pour occuper vos positions actuelles. Je trouve tout cela trop excessif.
LATIF JOURNALISTE
Vous « avez été journaliste ». Durant tout le temps que vous avez exercé cette profession, vous nous avez gratifiés de reportages, d’enquêtes, d’éditoriaux, d’émissions radios, des interviews de haute facture qui ont largement contribué à l’éveil des consciences de la population. Ce travail a de manière significative contribué à la chute du Parti Socialiste après plus de 50 ans de règne, marquant ainsi la première alternance politique au Sénégal en 2000. Ce même travail a aussi pesé lourd sur la défaite du Parti Démocratique Sénégalais en 2012, après seulement 12 ans de pouvoir même si son ambition était de rester au pouvoir pour au moins 50 ans.
LATIF JOURNALISTE D’INVESTIGATION
Vous n’avez pas été simplement un journaliste mais vous aviez choisi le journalisme d’investigation, un métier qui comporte beaucoup de risques qui, non seulement expose la vie du journaliste lui-même, mais celle de ses parents et proches. Les risques de ce métier sont beaucoup plus accentués surtout dans des pays qui n’ont pas une longue tradition démocratique, notamment en matière de liberté d’expression. Ce métier aussi a un important rôle à jouer pour la société d’où le devoir de reconnaissance de celle-ci à l’endroit de ceux qui, comme vous, Abdou Latif Coulibaly ont exercé ou exercent encore ce métier. Le journalisme d’investigation traite de questions qui passent inaperçues pour le journaliste ordinaire et que le journaliste d’investigation porte à l’attention du public pour provoquer des réformes ou des changements qualitatifs pour le bénéfice de la société. Pour ne prendre qu’un exemple, on peut citer le cas des révélations que vous aviez faites sur la réfection de l’avion présidentiel.
LATIF PATRON DE PRESSE
Latif, vous êtes aussi membre fondateur du Groupe Sud Communication : Sud Communication est le premier groupe de presse privé avec une radio et un quotidien. Le Groupe Sud Communication aurait pu avoir sa télévision à l’instar des autres groupes de presse qu’il a devancés dans le métier, mais son ascension fulgurante, a été freinée après l’alternance de 2000 malgré le rôle qu’il y a joué. Le pouvoir de l’ancien Président Abdoulaye Wade n’a pu supporter la liberté de ton de ses principaux animateurs dont vous, Abdou Latif Coulibaly ; ce qui a conduit à une « série de mesures formelles comme informelles, tendant à asphyxier le groupe de presse ».
Latif, vous êtes aussi le fondateur et Directeur de l’Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication (ISSIC) depuis sa création en Décembre 1996 jusqu’à votre nomination comme Ministre Conseiller. Cet institut a formé de nombreux journalistes au Sénégal et dans d’autres pays de l'Afrique de l'Ouest, de l'Afrique Centrale mais aussi de l'Océan Indien.
La création du journal hebdomadaire La Gazelle en Mars 2009, est aussi votre œuvre. Plusieurs scandales de l’ancien régime ont été révélés par ce journal. On peut citer « L’Anoci, le plus grand scandale politico-financier du Sénégal contemporain » en 2009, « Le Monument de la renaissance africaine, un scandale foncier et financier incroyable » en 2010 pour ne prendre que ces exemples.
LATIF ECRIVAIN
Abdou Latif Coulibaly, vous êtes aussi écrivain. C’est vous qui, en 1999, à la veille des élections historiques de 2000, avez publié « le Sénégal à l'épreuve de la démocratie, ou, l'histoire du PS de la naissance à nos jours : enquête sur 50 ans de lutte et de complots au sein de l'élite socialiste ». Cet ouvrage d’une valeur historique, journalistique et politique importante, « est l’un des meilleurs textes politiques consacrés au Sénégal ». Ceux qui vous accusent d’acharnement contre l’ancien régime libéral, doivent comprendre que votre intérêt à la chose politique, votre critique á l’endroit des combines politiques dans les appareils politiques et votre engagement pour la démocratie, tout cela est antérieur à l’alternance politique de l’an 2000. Il s’est juste trouvé qu’à partir de 2000, les scandales ont connu des proportions inquiétantes et méritaient d’être portés à l’attention du public; ce que vous avez tenté de faire avec la publication des ouvrages comme :
« Wade, un opposant au pouvoir. L’Alternance piégée ? », 2003
« Affaire Maître Sèye, un meurtre sur commande », 2006
« Une démocratie prise en otage par ses élites: essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal », 2006
« Lonase, chronique d’un pillage organisé », 2007
« Contes et mécomptes de l’ANOCI », 2009
Durant tout votre parcours, votre audace, votre courage intellectuel et vos réflexions profondes n’ont jamais fait défaut. Au vu de ce qui précède, je vous dit « Bravo» parce que vous avez fait ce que vous avez pu en tant que journaliste et écrivain mais aussi en tant que combattant de la démocratie et défenseur de la liberté d’expression.
Vous avez décidé de quitter le métier de journaliste qui vous a beaucoup donné mais aussi un métier auquel vous avez apporté beaucoup de choses. Certains comme moi le comprennent et ne vous en veulent pas. D’autres considèrent cela comme de l’ingratitude et vous critiquent pensant que vous avez utilisé tout cela pour pouvoir négocier votre posture actuelle. J’estime, à mon humble avis qu’il n’y a aucune évidence, de la part des auteurs de ces accusations, que votre rupture avec le métier de journaliste ou encore votre engagement dans l’arène politique et votre adhésion à l’APR sont des éléments longtemps planifiés. Il n’est pas aussi prouvé, de mon point de vue, que votre implication dans les Assises Nationales fût guidée par des calculs ou des motivations autres que votre patriotisme, votre amour pour votre pays et votre souci de promouvoir la démocratie dans notre pays. Ainsi, le fait de considérer que vous avez utilisé votre posture de journaliste ou les Assises Nationales comme un moyen pour occuper vos positions actuelles me semble trop excessif voire même injuste et malhonnête vu votre parcours.
Vous avez eu le courage et l’honnêteté, non seulement d’exercer votre droit de ne plus être journaliste, pour continuer à dénoncer publiquement les scandales et/ou la mauvaise gestion des dirigeants politiques, mais vous avez publiquement annoncé votre intention de changer de métier pour maintenant essayer de mettre en pratique votre modèle de gestion, et contribuer à appliquer un modèle de gestion contraire à ce que vous critiquiez. J’espère que le modèle que vous allez proposé sera meilleur que tout ce que vous avez critiqué ces dernières années. Le temps n’est donc plus aux critiques, mais à l’action. A ce niveau, je pense qu’on doit vous laisser le temps de faire vos preuves dans votre nouveau métier et ne pas vous en vouloir d’avoir changé de métier. Vous auriez pu faire preuve d’hypocrisie, comme beaucoup de gens le font, en cumulant les fonctions ou professions de Ministre et de journaliste, mais vous ne l’avez pas fait. Même si rien ne s’y oppose, votre souci pour la transparence vous a inspiré à faire une distinction nette entre les deux. D’autres personnes peuvent et doivent prendre la relève pour critiquer le gouvernement mais pas pour se focaliser sur un membre du gouvernement parce que simplement il abandonné le rôle de « distributeur de note à la classe politique ».
Monsieur le Ministre, l’histoire de notre pays a montré, qu’il y a des personnes qui, toute leur vie durant, se sont battus pour combattre l’injustice, la corruption, la mal gouvernance, etc. De manière indubitable, vous en faites partie. Malheureusement dans notre pays, on oublie vite ou on fait semblant d’oublier le rôle important que certaines personnes ont joué pour le développement de notre pays. Il suffit d’une « petite erreur » pour qu’elles soient traitées de tous les noms d’oiseaux. Pour votre cas, aujourd’hui, du fait de votre choix actuel, vous faites l’objet d’attaques et de critiques. Ces critiques peuvent, dans une certaine mesure, être compréhensibles, mais dans un autre registre, elles me semblent injustes. Je ne crois pas que vous vous soyez «pendu à la place du village de Sokone ». On peut bel et bien faire la politique autrement et de manière beaucoup plus positive sans perdre sa liberté intellectuelle, morale et sociale.
Il me semble aussi très dangereux de faire croire que les gens sont tous pareils (« ñepp a yem ») et que tous les « défenseurs de la République », les animateurs des mouvements citoyens, les membres de la société civile ne sont (ou n’étaient) motivés que par des postes. Il y’en a qui aiment leur pays, un amour tel qu’aucun poste ne peut leur faire renoncer à leur principe et aux valeurs auxquelles ils croient. Jusqu’à preuve du contraire, je crois que vous êtes parmi ces gens. Il existe dans notre pays des gens dont l’engagement pour leur pays n’est guidé que par leur patriotisme. Si on ne les encourage pas, il faut éviter de les décourager. Il ne faut pas donner à notre jeunesse l’impression qu’il n’y a plus des gens sérieux, honnêtes, et d’une probité morale incontestable capables de s’engager par pur patriotisme. J’ai personnellement l’impression qu’il y a des gens qui ne vivent que de la critique, ne font que critiquer et ne proposent absolument rien pour faire avancer positivement les choses. Il ne faudrait pas que ces gens là vous distraient vous détournent de l’essentiel.

L’importance du Ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance dans le contexte actuel du Sénégal
L’autre et non moins importante motivation de ce texte, est ma conviction profonde que le Ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance, est un outil indispensable pour le développement de notre pays comme il l’est d’ailleurs dans le processus du développement international ces dernières années. La gouvernance, comme définie par la Banque Mondiale dans son rapport de 1992 intitulé « Gouvernance et Développement », est «la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d’un pays en matière de développement ». L’objectif des institutions comme la Banque Mondiale est de veiller à la durabilité des projets auxquels elles ont contribué au financement.
Le gouvernement, en décidant de mettre en place un ministère qui a en charge la promotion de la bonne gouvernance qui, au-delà des projets financés par les bailleurs, s’étend à tous les autres ministères et les projets qui y sont gérés, fait de lui un ministère transversal. C’est la raison pour laquelle les exemples que je vais prendre vont concerner plus directement d’autres ministères. La bonne Gouvernance étant multidimensionnelle, je vais axer mon propos sur le rôle de la lutte contre la corruption dans la promotion de la bonne gouvernance. Je vais baser mon propos sur quelques problèmes qu’on rencontre quotidiennement et éventuellement proposer quelques pistes de réflexion qui, sans être complètes et exhaustives, pourraient déboucher sur des solutions.
Quand on définit la corruption comme « l’usage abusif des services publics pour des intérêts privés », on se rend compte que ce phénomène touche la quasi-totalité de secteurs de notre administration, le secteur privé mais pratiquement tous les segments de notre société. La lutte contre la corruption dans l’administration et dans les autres secteurs doit être la priorité des priorités du Ministère chargé de la Promotion de la Bonne Gouvernance. Quelques exemples dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des services de sécurité peuvent être cités en guise d’illustration.
La corruption dans le secteur de la Santé: Elle se manifeste sous différentes formes notamment l’utilisation des équipements publics par certains agents du personnel médical pour des consultations privées mais aussi le vol des médicaments et leur vente dans le marché « noir ». Ceci pose le problème de la carence dans la manière dont les médicaments et autres produits sanitaires sont gérés au détriment des patients. A cela s’ajoute des payements informels qui consistent à faire acheter les patients des tickets différents de ceux officiellement et régulièrement conçus à cet effet, ou même collecter de l’argent des patients sans leur fournir le moindre reçu.
En plus de la corruption, ce secteur est aussi menacé par l’absentéisme des agents de la santé. Il est fréquent de constater dans certaines structures de santé l’absence répétée d’un infirmier chef de poste, d’un médecin ou d’un autre agent de santé, un absentéisme qui limite sévèrement l’accès aux services de santé des populations mais aussi réduit la qualité des soins. Certaines des causes de ces absences sont par exemple liées à des voyages (pour ce qui concerne les ICP en milieu rural) pour aller percevoir leur salaire dans les villes et qui souvent prolongent leur séjour. Il est urgent d’identifier toutes les autres causes et y apporter des solutions adéquates.
Toutes ces pratiques affectent sensiblement un principe fondamental de la Bonne Gouvernance, qui est la livraison à temps opportun des services. Une des conséquences de cette situation est par exemple l’affluence de nos compatriotes au niveau des structures sanitaires qui peuvent passer toute une journée au niveau d’un service de santé sans pouvoir bénéficier du moindre soin pour lequel ils ont sacrifié toute une journée. Il doit être possible, avec le concept de E-gouvernance, par l’utilisation de technologies d’information et de communication d’améliorer l’efficacité et l’efficience des services. Par exemple, l’affluence au niveau des structures sanitaires peut être réduite en mettant en place un système performant. Une grande partie des patients (sauf les urgences) peuvent par exemple, à travers le système, demander un rendez-vous pour leurs consultations et ne se rendre à l’hôpital qu’à l’heure indiquée. Cela suppose qu’en amont tous les rendez vous du jour aient été enregistrés à travers le système et seuls ceux qui sont sûrs d’être consultés feront le déplacement et à des heures précises.
La Bonne Gouvernance, toujours pour rester dans ce domaine de la santé, c’est mettre fin aux comportements de certains agents du secteur qui n’accueillent pas les patients de la meilleure des manières. On accueille les patients comme un père de famille qui donne des ordres à ses enfants. Ceci aussi est un comportement à bannir. Ceci pose le problème de l’absence d’éthique et des principes déontologiques chez certains agents sanitaires mais aussi celle du sens de la responsabilité professionnelle et l’obligation du service public.
La corruption au niveau des Forces de sécurité :
Elle se manifeste notamment au niveau de la gendarmerie et la police. Tous les gendarmes et agents de la police ne sont pas corrompus mais il faut reconnaître que dans ce milieu existe la corruption. Par exemple, beaucoup de sénégalais peuvent témoigner avoir assisté à une scène au niveau de la circulation entre certains policiers et les chauffeurs. Il est très fréquent de voir un chauffeur arrêté par un policier ou un gendarme, sans même savoir les raisons pour lesquelles il a été arrêté, demander à son apprenti de lui passer un billet de «1000 F CFA» qu’il envisage de remettre à l’agent de la circulation. Ceci est devenu si banal que, très souvent, ce sont même les passagers qui intiment l’ordre au chauffeur d’exécuter pour ne pas leur faire perdre de temps. Cette forme de corruption est en partie, la cause du non respect des visites techniques avec comme conséquence la fréquence des accidents de la circulation. Des solutions peuvent, et doivent être apportées pour mettre fin à ce phénomène.
Pour ce qui est de la gendarmerie, il arrive que des gens, parce qu’ils entretiennent des relations « amicales » avec un chef de brigade, se permettent de semer la terreur dans leur localité et sont intouchables du fait de leur « proximité » avec le commandant de la brigade ou d’un des agents. Il arrive même qu’une personne soit mise en prison tout simplement parce que celui qui est à la base, a des connaissances au niveau d’une gendarmerie ou d’un commissariat de police. Ou bien, elle peut être libérée du fait des mêmes raisons. Cela pose l’éternel problème de l’égalité des citoyens devant la loi qui doit véritablement être une réalité et non seulement un slogan.

La corruption dans le secteur de l’Education:
L’absentéisme mentionné plus haut dans le secteur de la santé est aussi un des phénomènes qui gangrène notre système éducatif. Dans beaucoup d’écoles, notamment en milieu rural, les enseignants anticipent toujours leurs weekend et ne rejoignent les salles de classe que les lundis, avec d’ailleurs beaucoup de retard. Les conséquences de ces absences pour les enfants sont néfastes et ont comme corolaire une diminution du volume horaire. Beaucoup d’heures sont perdues par les enfants parce que moins ils passent du temps avec leur enseignant, moins ils apprennent quelque chose. Il est regrettable de constater que, même si ces absences sont du temps perdu pour les élèves, cela ne se reflète jamais dans le salaire des enseignants. Même s’ils s’absentaient un mois entier, cela ne les empêchent pas de percevoir l’intégralité de leur salaire à la fin du mois alors que le retard accusé par l’élève parce que n’ayant pu avoir le nombre de jours nécessaire dans l’année, va se ressentir pour longtemps encore sur son cursus scolaire. Tout cela mérite réflexion.
Un autre problème qu’il faut aussi noter pour y apporter des solutions c’est le cas des écoles privées qui poussent comme des champignons dans certaines localités du pays. L’un des facteurs qui encourage cela, est la subvention et les primes dont elles bénéficient de la part du gouvernement au même moment où les écoles publiques connaissent des problèmes dont les retards de salaires et les indemnités d’examen sont les moindres. Ce qui est plus grave encore, c’est qu’il arrive que des agents de l’Etat fassent correctement leur travail d’enquête et produisent des rapports mais quand ces rapports ne sont pas favorables aux responsables de ces écoles privées, on leur demande de les modifier en leur faveur afin qu’ils puissent continuer à bénéficier des faveurs de l’Etat. Ce sont là aussi des pratiques contraires à la Bonne Gouvernance et qu’il faut bannir.
Il est aussi fréquent que des livres et autres fournitures scolaires qui sont supposés être gratuits pour les élèves soient vendus dans les écoles mêmes ou dans les librairies « par terre ». La Bonne Gouvernance, c’est la transparence. Si la livraison et la gestion de ces fournitures est transparente, ils pourront parvenir aux ayants droit comme prévu.
Le Ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance doit constituer un pilier important pour l’amélioration de la perception de la qualité du service public et veiller à ce que les services publics soient indépendants des pressions des appareils politiques, y compris les partis au pouvoir. Tout citoyen qui sollicite un service dans une structure publique, doit y aller sans que le fait qu’il n’y connait personne ne soit un handicap ou un obstacle pour satisfaire sa demande. Au niveau de l’administration, il existe des fonctionnaires qui demandent à des citoyens de leur donner de l’argent s’ils veulent recevoir leur papier plus tôt que prévu. Ils soutirent de l’argent aux citoyens pour un travail pour lequel ils ont déjà un salaire, comme si les citoyens payaient doublement les services auxquels ils ont droit.
La bonne gouvernance, c’est aussi la promotion du développement durable ; ce qui requiert un changement de comportements de la part de chacun et de tous. A ce niveau, les membres du mouvement « Y’en a marre », à travers le concept de « Nouveau Type de Sénégalais » qu’ils promeuvent, peuvent être de bons partenaires de votre ministère.
Par exemple, nous devons parvenir à un moment où les gens vont s’habituer à faire la queue dans tous les services comme ils le font au niveau des banques. Les gens doivent avoir la patience d’attendre que ceux qui les devancent soient servis avant de prétendre à être servi. Même dans les boutiques de quartier, nous devons suivre l’ordre des clients trouvés sur place.
Il faut qu’on arrive à une situation où, même en l’absence d’agent de police, que les gens puissent respecter les feux de signalisation, y compris les piétons. Que les chauffeurs fassent preuve de plus de patience, respectent l’ordre et ne pas doubler de manière irrégulière tout simplement parce qu’ils sont pressés. Organiser le secteur du transport de manière à éviter les surcharges doit être une priorité comme acte de bonne gouvernance. Cela requiert une application de la loi à l’endroit des chauffeurs fautifs, mais aussi à un changement de comportement de nos concitoyens qui, sous aucun prétexte, ne doivent plus accepter de monter sur une voiture en surcharge.
Ces quelques idées, tirées des secteurs qui me préoccupent le plus et qui ne représentent qu’une goutte d’eau dans la marre, ne sont que quelques thèmes de réflexion dont chacun d’eux méritent un développement plus détaillé. Compte tenu de tout cela, il est important de noter que la tache est immense et que les attentes sont nombreuses par rapport à ce nouveau ministère.
La participation étant l’une des pierres angulaires de la bonne gouvernance, non seulement toutes les couches de la population doivent participer aux processus de prise de décision, mais elles doivent aussi changer d’attitudes et de comportements. Cela va permettre à chacun de contribuer à l’amélioration de ses conditions de vie. C’est pourquoi, il est important que chaque sénégalais s’approprie le concept pour ainsi apporter ensemble les changements nécessaires à cette amélioration de nos conditions de vie si nous voulons que le niveau démocratique atteint par notre pays se reflète dans notre niveau de bonne gouvernance. Même si pour être opérationnelle, la bonne gouvernance a besoin d’institutions démocratiques fortes et fonctionnelles, elle requiert aussi une participation citoyenne à l’élaboration de toute politique de développement, depuis la conception, jusqu’à la réalisation, tant au niveau national que local.

Pourquoi, j’estime que vous avez un bon profil pour diriger ce Ministère?
Votre parcours respectable, votre riche expérience, vos convictions, votre attachement aux principes de la bonne gouvernance et de la transparence, sont un atout important et font qu’on peut valablement espérer que vous pouvez bien réussir dans votre nouvelle mission.
Compte tenu de ce parcours, de votre engagement sur les questions d’état de droit, de démocratie et de bonne gouvernance, mais surtout de la manière courageuse et professionnelle dont vous avez exercé pendant plus de trois décennies le métier de journaliste, je pense que vous saurez prouver à nos concitoyens qu’il est possible de faire plus et mieux.
Vous avez passé plus de la moitié de votre âge (32 ans de journalisme) à «dénoncer publiquement les scandales inhérents à la gestion de tout Etat ». C’est pourquoi, on est en droit d’attendre de vous de bons résultats en termes de « mettre en place, et de réussir à installer la bonne gouvernance dans l’esprit des Sénégalais au-delà de la promotion ». J’espère aussi que vous pouvez valablement contribuer à mettre en place un projet de gouvernance sobre, transparente, vertueuse et utile pour les populations du Sénégal. La bonne gouvernance étant une affaire de tous et de chacun, pour ma part, j’utiliserais les canaux à ma disposition pour vous faire parvenir toute idée et suggestion allant dans ce sens. Pour les exemples que j’ai pris, une collaboration franche de vos collègues de l’Education Nationale, de la Santé, des Forces Armées et de l’Intérieur vous permettra d’atteindre certains de vos objectifs.
En vous réitérant tout mon soutien dans cette mission pour la promotion de la gouvernance, je vous renouvelle mes encouragements et vous prie de croire à l’assurance de ma très haute et cordiale considération.

Moussa Dieng
Diack MBodokhane
Communauté Rurale de Ngoundiane
Région et Département de Thiès
Email : diengmou@msu.edu
Lundi 25 Mars 2013
Moussa Dieng




1.Posté par dikhate le 03/04/2013 15:26
HALTE AU MYTHICISME D’ABDOU LATIF COULIBALY : UNE SOCIETE DE DROIT PANAMEEN, ÇA NE VEUT RIEN DIRE

Monsieur Abdou Latif COULIBALY, Le Ministre de la Bonne Gouvernance fait toujours figure d’imposture ravageuse. Il est passé de son faux titre de journaliste d’investigation pour se lancer dans une tendance de manipulation et de dénigrement pour mieux tromper les citoyens meurtris par la crise économique. Dans sa dernière sortie médiatique il a qualifié de trahison nationale le fait que Karim WADE fasse entrer dans le capital d’une société sénégalaise des parts étrangères. Mais depuis quand ya-t-il du mal dans cela, quand on sait que par exemple, la société française France TELECOM détient des actions dans le capital de la SONATEL ? Que signifie d’important dans sa façon d’indiquer : « une société droit panaméen » ? Rien du tout à part de la mythification pour dérouter l’opinion.
S’il ya une illégalité dans le fait que des sociétés étrangères détiennent des actions dans des sociétés qui appartiennent à l’Etat, il n’a qu’à évoquer les dispositions de la loi qui l’établissent. Au lieu de donner des comparaisons erronées en prenant l’exemple de l’armée sénégalaise. Cela n’a aucun sens, parce que la défense nationale n’est pas affaire commerciale et, comparaison n’est pas raison. . Il faut qu’il explique clairement ou est le problème dans la présence des intérêts étrangers dans le capital de la société AHS. Tout le monde n’est pas naïf dans ce pays, il ya heureusement des gens avertis qui savent que c’est la loi uniquement qui établit les infractions et non des commentaires subjectifs.
Dire que « une société de droit panaméen » n’a pas droit à des parts dans une société sénégalaise est une annonce fallacieuse. Voici donc une nouvelle façon de berner les sénégalais, d’envenimer la psychose. En fait ce monsieur en fait de trop, c’est comme si sa vocation est de faire du tort aux autres, comme s’il est venu au journalisme pour dire et écrire du mal. « Une société de droit panaméen », ca ne veut rien dire, à part une société panaméenne. Le droit panaméen n’organise pas les sociétés. De façon précise et sérieuse, il faut comprendre que toutes les sociétés du monde relèvent du droit privé de leur pays respectifs.
Monsieur Abdou Latif COULIBALY n’est pas sérieux, encore moins un bon patriote, c’est une honte pour le Sénégal d’avoir un ministre qui ne fait que dégrader l’image de ce pays et l’honneur de ses bâtisseurs. Il a beau détester Karim WADE, lui qui a beaucoup fait pour le Sénégal par des réalisations réussies : l’aménagement de la corniche, le terminal conteneurs du Port de Dakar, la compagnie aérienne nationale, Sénégal-Airlines, le plan TAKKAL, etc.

Boubacar DIAKHATE
Juriste




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