Les obstacles à une réunification de la famille libérale


Les obstacles à une réunification de la famille libérale
L’appel de l’ancien Président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, non moins Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (PDS), pour une réunification de la grande famille libérale n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Entre les différentes formations politiques qui se réclament du libéralisme ou qui ont quelques sensibilités libérales, des go-betweens s’activent pour tenter de matérialiser ce désir onirique du chantre du « Sopi » (changement en Français). Et il y a des échos favorables au PDS et au sein du « Rewmi » d’Idrissa Seck où des voix s’élèvent pour appeler de leurs vœux cette réunification de la famille libérale. Itou à l’Alliance pour la République (APR) du Président Macky Sall où une voix et pas des moindres (celle d’Alioune Badara Cissé dit ABC) a tonné pour mettre en garde ceux qui seraient tentés de saborder le rapprochement des libéraux. Parce qu’effectivement, il y a des résistances à l’APR comme on en note au PDS et à « Rewmi ». Seulement, ces réactions réfractaires au projet de réunification de la grande famille libérale ne constituent pas des obstacles majeurs. Il y a d’autres récifs insurmontables et incontournables qui se dressent devant les défenseurs de cette idée.
En effet, l’appartenance de l’APR à l’idéologie libérale n’est pas encore prouvée. Le parti présidentiel est un conglomérat d’hommes et de femmes de différentes sensibilités idéologiques : s’y côtoient d’anciens trotskistes, d’anciens marxistes-maoïstes, des socio-démocratiques, des libéraux… Chacun ayant une histoire propre avec ce qui est devenu par la suite l’APR. Certains ont rejoint Macky Sall parce qu’ils ont subi la même injustice que lui au sein du PDS, d’autres pour combattre le régime de Me Abdoulaye Wade, d’autres encore par affection et solidarité ou par opportunisme. Mais aucun d’eux n’a adhéré à l’APR par idéologie politique. Ce n’est pas exclusivement de leur faute car le parti présidentiel traîne une tare congénitale : sa création n’est adossée à aucune base idéologique. Elle est le fruit d’un sursaut d’orgueil et d’une volonté commune de combattre Me Wade. Et il n’y a pas eu de fusion organique entre ces différentes sensibilités dans une idéologie unique. C’est un problème que l’APR doit solder à travers par exemple des assises à l’issue desquelles la question de l’appartenance idéologique serait définitivement réglée.
L’autre obstacle à la réunification de la famille libérale, c’est le cas Karim Wade. Il est clair que le PDS n’acceptera jamais de s’allier avec l’APR tant que le fils de l’ancien président de la République est en prison. Surtout que Me Abdoulaye Wade est toujours le Secrétaire général national du PDS, donc le centre de décision de cette formation. Cependant, une libération de Karim Wade suite à un non-lieu total, à un jugement ou pour un quelconque motif serait catastrophique pour le Président de l’APR. Elle renforcerait l’idée, défendue par le PDS, selon laquelle le fils de Me Wade est victime d’un règlement de comptes politiques. Macky Sall a donc tout intérêt à ce que Karim Wade soit maintenu le plus longtemps possible en prison pour rassembler le maximum de preuves attestant de sa culpabilité par rapport au délit d’enrichissement illicite qui lui est reproché. A défaut, sa détention aurait permis au Président Macky Sall de passer le cap de la présidentielle de 2017. Ce qui est un pari risqué car plus il dure en prison, plus son aura grandit auprès des populations qui verront en lui une victime. En réalité, Karim Wade est aujourd’hui une patate chaude entre les mains du pouvoir.
Par ailleurs, la rupture étant consommée entre l’APR et le « Rewmi » d’Idrissa Seck, il est invraisemblable que ces deux formations se retrouvent dans ce qu’il convient d’appeler la grande famille libérale. Et pour cause. Les ambitions présidentielles d’Idrissa Seck et de Macky Sall pour 2017 sont incompatibles. Pardi ! Le leader de « Rewmi » caresse toujours en rêve le fauteuil présidentiel quand Macky Sall nourrit le souhait de se succéder à lui-même au palais de la République. Mais il y a un fait que l’on oublie, ce sont les 36 % du candidat Wade à la présidentielle de 2012. Ce score fait l’objet de convoitise et d’une farouche bataille entre Sall et Seck. En effet, si Idrissa Seck peut espérer tirer profit d’un éventuel regroupement de la famille libérale pour avoir la haute main sur cet électorat de Me Wade, Macky Sall n’a pour le moment d’autre choix (eu égard à ce qui est dit supra), que de chercher à rabioter sur ce score à travers une grosse opération de débauchage des porteurs de voix au sein du PDS.
En définitive, le regroupement de la famille libérale n’est possible qu’entre le PDS, le « Rewmi » et quelques petits partis qui se réclament du libéralisme. Mais cela pourrait constituer un réel danger pour le Président Macky Sall. Et il ne l’ignore pas. Raison pour laquelle, il cherche à éviter par tous les moyens une jonction entre Karim Wade et Idrissa Seck. L’une des stratagèmes consiste à affaiblir le plus possible Idrissa Seck au moment où Karim Wade est en prison. C’est sous cet angle qu’il faut lire la grosse opération de débauchage des responsables du « Rewmi » qui est loin de connaître son épilogue. Des indiscrétions indiquent que Léna Sène, la nouvelle égérie d’Idrissa Seck, serait entre autres dans la ligne de mire du Président  de l’APR.
Toujours est-il que pour la reconstitution de la grande famille libérale, ce n’est pas demain la veille.
 
Par Amadou DIOUF
Vendredi 25 Octobre 2013




1.Posté par lamanmboor le 05/11/2013 09:07
D'accord sur les obstacles que vous évoquez, sauf pour le cas de Karim. Il faut arrêter de vouloir faire de Karim ce qu'il n'est pas. Il n'a pas l'aura politique qu'on cherche à lui trouver coût que coûte (il a été battu dans son quartier il y a quelques années seulement) et le peu d'aura dont il disposerait ne se diffuse qu'au près d'une caste d'opportunistes minoritaire disséminée au sein de ce qui reste du PDS. En réalité, il n'y a pas de famille libérale au Sénégal, mais une multitude de clans issus de l'explosion du PDS et qui se réclament du libéralisme. L'idée de leur regroupement n'existe que sous la calvitie d'un vieillard déboussolé qui cherche, et pour cause, à recoudre les morceaux d'un tissu qu'il a lui-même déchiré à dessein.



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