Les audits, un vrai faux débat

Le gouvernement est dans son rôle en procédant aux audits, il répond bien aux attentes et à une exigence du peuple sénégalais, à savoir recouvrer ses deniers détournés. Celà dit,il y a une chose bien plus importante : c'est de faire en sorte que la gestion de l'argent public soit formelle. Que les fonds publics soient effectivement soumis aux règles de la comptabilité publique. Dans un Etat qui prône la transparence, il ne doit pas y avoir d'argent liquide à faire voyager dans des valises ou à distribuer. Mieux tout décaissement doit avoir une trace (chèque avec signature du bénéficiaire ou encaisseur), ordre de virement, reçu,même les hadiya doivent être sous forme de chèque. Les dons des pays amis doivent être déposés dans les caisses de l'Etat, et à chaque fois procéder à des révisions budgétaires. Ainsi nous n'aurons pas après le départ de Macky à faire encore des audits et à dépenser de l'argent pour des commissions rogatoires et autres procédures dépensières.
Il est évident que si Wade avait gérait de cette façon nos finances publiques, on n'en serait pas à aller chercher des biens immobiliers, des comptes bancaires ou quelque autre avoir des dignitaires du PDS, des biens dits mal acquis; car il aurait suffit de comparer les réalisations et financements de chaque ministère avec les montants qui lui a étaient affectés pour connaitre les montants détournés. Plus question que le président en plein conseil des ministres ou à quelque autre occasion demande à son ministre de se partager avec ses ministres 7 milliards.
Sans doute, me dira-t-on, il restera les surfacturations? Certes! Mais il va de soi que prouver une surfacturation est (n fois) plus simple que trouver un bien supposé appartenir à une personne surtout avec des prête-noms.
De même il faudra que l'on se penche sur les fonds politiques et ou caisse noire. On le sait ces fonds sont laissés à la gestion discrétionnaire de son destinataire, Président de la République, Premier Ministre, Président Assemblée, mais qu'on nous dise à combien ils s'élèvent. Parce que c'est pas normal que ces fonds soient alimentés à la volonté du prince et de sa cour. Ces fonds ne s'élevaient qu'à six cent et quelques millions du temps de Abdou Diouf (officiellement en tout cas) Mais au vu de tout ce que Wade distribuait au nom de sa caisse, il devait y avoir des milliards dans son coffre. De même si la fortune de Macky vient de sa caisse, elle devait être alimentée en milliards. A défaut de les supprimer qu'on redéfinisse leur usage et leur modalité de gestion.
Après cela il suffira tout simplement de procéder à des audits réguliers pour ne pas qu'à chaque alternance on soit obligé de recommencer des audits qui en définitive font plus de bruit qu'autre chose.
Et enfin que les personnels des ministères et tous les fonctionnaires comprennent qu'ils ne sont pas des sujets, mais des agents de l'Etat et que tous ces ministres qui passent ne sont que des employés avec un contrat à durée déterminée, alors qu'eux y sont à durée indéterminée. Qu'ils n' obéïssent que si les ordres sont conformes à la loi, au cas contraire qu'ils refusent, au pire des cas ils seront mutés.D'ailleurs si on suivait les textes de loi à la lettre les Dages seraient les premiers à répondre devant la justice en cas de détournement de deniers, étant entendu que le ministre ne manipule pas de l'argent, en principe, et n'a pas de moyen de lui tordre le bras pour un décaissement irrégulier et non justifié.

Le vrai débat c'est la bonne gestion et la traçabilité des finances publiques, parce que les même causes risquent de produire les mêmes effets. Les Hadiya aux familles religieuses et soutien à l'église (oui,mais qu'on nous dise combien et d'où c'est tiré), la fondation de Mme Sall (oui mais qu'on nous d'où viennent les fonds et à combien ils s'élèvent), les sommes distribuées aux militants (oui si ça vient pas de l'argent public, mais pas question si c'est tiré de ressources publiques), les parrainages de gauche à droite (oui mais pas avec notre argent).
C'est ça le vrai débat et c'est là que le peuple attend le gouvernement pour nous débarrasser de la gestion informelle. Et bien entendu la satisfaction de la demande sociale. Pour ce qui est des audits de l'ère Wade, grand bravo, vous avez fait un excellent travail, laissez maintenant la justice faire le reste, d'ailleurs ce n'est plus de votre ressort; en espérant que la justice ne soit pas, comme le disait l'autre, Abdou Latif, pour ne pas le citer, ridicule.