Le Dr Penda MBow est une personnalité importante de ce pays. Historienne, Maitre-Assistante à l’université de Dakar, analyste politique et membre influente de la société civile sénégalaise, elle a participé à la chute du Président Wade. Elle a par ailleurs l’oreille du Président Macky Sall Il est donc d’autant plus inquiétant qu’elle produise lors d’une rencontre tenue à Berlin, malgré l’éclairage de la crise malienne, une analyse extrêmement superficielle et, à notre avis, fausse des risques structurels de déstabilisation du Sénégal.
Certes l’histoire institutionnelle des sociétés sénégalaises et maliennes n’est certainement pas la même. Notre système éducatif est meilleur, le Sénégal a presque toujours été une quasi-démocratie et notre élite est globalement plus valable que l’élite malienne. Mme Mbow a donc raison de pointer cette disparité de trajectoires. Elle ne semble cependant pas voir qu’il y a, entre le Sénégal et le Mali des ressemblances fortes mais surtout qu’une inflexion récente de la trajectoire sénégalaise a accentuée la fragilité de notre pays.
Le Dr Mbow commence par commettre une faute de raisonnement en partant d’un postulat non vérifié mais conforme à ce que les maliens disent d’eux-mêmes. Elle affirme en effet que la mobilité sociale est faible au Mali et que les élites maliennes actuelles sont les mêmes que du temps de Soundiata Keita. Elle y voit une des causes de la crise malienne. Une telle affirmation est probablement fausse. La mobilité sociale est une caractéristique de toutes les sociétés même si elle est plus ou moins forte. Déjà en 1948 dans Dieu d’eau, l’anthropologue français, spécialiste des dogons, Marcel Griaule montrait que ces derniers avaient changé à quelques années de distance leur mythe fondateur pour le conformer au nouvel ordre socio-économique de leur société pourtant jugée primitive. S’il y a mobilité et réorganisation sociale dans une petite communauté malienne, il est hautement improbable que ce ne fût pas le cas dans la société malienne prise dans son ensemble. D’ailleurs Madame Mbow devrait savoir que tout le regain d’intérêt pour la figure de Soundiata Keita est récent dans la société malienne, accompagnant la révolution de 1992 et la redécouverte subséquente de la Charte du Mandé.
Une autre cause de la crise malienne qu’identifie le Dr Mbow est que le Mali est un pays pauvre ayant un territoire immense qu’il peine à gouverner. Cette cause n’est pas aussi fallacieuse que celle invoquée précédemment. Elle est cependant à relativiser. Mme Mbow a raison de pointer les problèmes de gouvernementalité du Nord Mali. Il faut cependant signaler qu’à l’orée de la crise Malienne de 2012, le consensus parmi les chercheurs était qu’après la démocratisation de 1992, le Mali avait effectué un remarquable travail de décentralisation et que l’unité nationale était désormais préservée. Plus généralement, après vingt ans d’exercice démocratique à transitions pacifiques, le Mali était donné en exemple à l’ensemble du continent africain comme preuve qu’un État pauvre et multiethnique pouvait être pleinement démocratique.
Mme Mbow pointe enfin la fragilité de l’armée malienne qui n’a pas su faire face à l’attaque islamiste et la contraste avec la supposée qualité de notre armée qui aurait d’après elle tenu le coup face à un tel assaut. Il est toujours difficile d’évaluer des contrefactuels. Il faut cependant noter que cette supposée fragilité de l’armée malienne n’empêche pas que nous y envoyions nos soldats se faire former. L’armée malienne tout comme l’armée sénégalaise est une armée de métier contrairement à ce que suggère Mme Mbow et la nôtre n’arrive pas non plus à mettre un terme à la crise casamançaise malgré le fait que les rebelles du MFDC aient très peu de soutien international. L’affirmation du Dr Mbow selon laquelle notre armée aurait fait mieux que la malienne est donc, pour le moins, dénuée de fondement en l’absence d’agression effective contre le territoire sénégalais.
Ce que notre étude dans le cadre du Think Tank Ipode a montré c’est que les causes profondes de l’effondrement de la République malienne ne sont pas celles qu’identifie le Dr Mbow. Or si l’étude étiologique n’est pas bonne, il est impossible de comparer valablement les situations au point d’en conclure que le Sénégal ne pourrait s’effondrait comme le Mali. Qu’en est-il réellement ?
Dans l’étude d’Ipode, plusieurs causes avaient été tenues pour responsables de l’effondrement du Mali. Il y avait certes les problèmes de gouvernementalité au Nord avec l’irrédentisme touareg aggravé par la chute de Kadhafi. Il y a avait surtout plusieurs causes internes à la société malienne dont la principale était un effondrement généralisé du d’une part à la défiance de la population envers ses élites et d’autre part à la médiocrité d’élites politiques et militaires mal formées, peu soucieuses de l’intérêt général et corrompues. Le Sénégal pourrait-il suivre le même chemin ? Il est à tout le moins douteux que la réponse soit un non péremptoire comme semble le penser le Dr Mbow.
Tout comme le Mali d’avant la crise de 2012, le Sénégal apparaît comme un exemple de démocratie en Afrique mais il partage avec le Mali les mêmes problèmes structurels qui ont mené ce dernier pays à la catastrophe. Il y a au Sénégal comme au Mali d’avant 2012 une crise de basse intensité qui semble ne pas mettre en danger le pouvoir central. Depuis l’arrivée du Président Sall cette crise semble certes en passe de se résoudre. Ceci dit la Casamance est entourée de trois États en déliquescence (les deux Guinée et la Gambie) dont deux (la Gambie et la Guinée Bissau) sont des narco-États. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’une explosion de la crise casamançaise à la faveur de l’implosion de l’un ou l’autre de ces États fragiles. Et ce d’autant moins que le Sénégal servirait lui-même, d’après certains experts, déjà de plaque tournante à certains cartels sud-américains.
Une deuxième ressemblance entre le Mali d’avant la crise et le Sénégal est l’apparition de fortunes colossales à coté d’une population globalement pauvre. Au Mali on avait parlé de « milliardaires de la démocratie ». Au Sénégal, depuis le règne du Président Wade, une élite politique et affairiste s’est considérablement enrichie et l’affiche. Tous les indicateurs montrent que le Sénégal est extrêmement inégalitaire avec un coefficient de Gini[1] de 39,2 (celui du Mali est de 39,0) et un ratio de la population pauvre en fonction du seuil de pauvreté national de 46,7% (43,6% au Mali) selon le rapport 2011 de la Banque Mondiale. Le Sénégal est donc plus inégalitaire que le Mali. Cette inégalité elle-même pourrait, comme dans le cas malien mener à deux conséquences désastreuses. La première est un développement de toutes sortes d’activités délictueuses ces dernières étant les seules à même d’assurer le niveau de vie désiré. Ces activités iraient du banditisme violent, source d’insécurité, à la corruption généralisée nuisible au fonctionnement des institutions étatiques. Une seconde conséquence possible du creusement des inégalités est une perte de légitimité d’élites politico-économiques perçues à tort ou à raison comme corrompues.
Une troisième ressemblance, plus grave à notre avis, est la médiocrité des élites sénégalaise et une dégradation généralisée du niveau d’éducation et culture républicaine dans la société sénégalaise en général. Tout le monde au Sénégal convient qu’il y a une dégradation extrêmement rapide de la qualité de notre enseignement du niveau primaire au niveau universitaire. Cette dégradation est cependant rarement pensée en termes de danger pour la société sur le plan institutionnel. La démocratie a pour condition de pérennité l’existence de citoyens informés et conscients des enjeux dont le vote contrebalance le pouvoir de la classe dirigeante. Vue la trajectoire que suit le système éducatif sénégalais depuis une trentaine d’années, ce sera de moins en moins le cas dans le futur. Plus grave encore, l’élite sénégalaise elle-même ne paraît pas à la hauteur des enjeux comme le montre la pauvreté de l’analyse des enjeux de la crise du Mali pour le Sénégal et la misère de notre débat public. Le Dr Mbow peut se gausser de l’armée malienne et accuser la classe politique malienne d’endogamie pluriséculaire ; il ne nous paraît pas du tout évident que l’élite sénégalaise dont elle fait partie soit plus ouverte ou compétente. La communauté universitaire, à laquelle elle appartient a eu l’irresponsabilité de déserter les amphithéâtres pendant six mois en 2012, notre pouvoir judiciaire a grogné pour que lui soient alloués des fonds communs indexés sur les produits de décisions judiciaires qu’il rend, la hiérarchie policière vient de vivre un scandale sur fond d’accusations de trafic de drogue. Quant à notre classe politique, elle semble vivre dans une telle autarcie que l’on a du mal à distinguer une opposition à la coalition au pouvoir. Cette confusion est dangereuse en ce qu’elle prive le peuple d’un recours démocratique et pacifique en cas d’insatisfaction devant les politiques menées. De plus cette classe politique, société civile comprise, semble inapte à proposer des solutions concrètes aux problèmes que vivent les populations que ce soit l’approvisionnement en eau et en électricité ou les problèmes de l’emploi et de l’éducation. Elle ne nous paraît donc pas plus capable que la malienne de réagir avec intelligence et pensée stratégique à une crise imprévue du type de celle qu’a causée au Mali le renversement de Kadhafi. La gestion désastreuse de la mini-crise qu’a été la rupture du tuyau de Keur Momar Sarr n’est pas de nature à nous rassurer sur ce plan là.
Étant données les similitudes que nous avons relevées entre le Mali d’avant la crise et le Sénégal actuel, il nous semble que le Dr Penda Mbow est singulièrement malvenue de clamer que ce qui est arrivé au Mali ne pourrait arriver au Sénégal avec autant de légèreté dans l’analyse. Notre élite intellectuelle devrait être beaucoup plus modeste et analyser avec attention ce qui se passe dans notre sous-région afin d’en tirer les bonnes conséquences. Quoique Mme Mbow soit proche de notre président actuel, elle n’est pas son conseiller stratégique. Nous espérons que ceux qui conseillent le chef de l’état sur les questions de sécurité ne produisent pas des analyses aussi superficielles. Autrement, ce serait inquiétant.
Dr. Mouhamadou El Hady Ba,
Directeur général du Think tank Ipode.
Mme Mbow exprime la certitude arrogante, partagée par le peuple et l’élite sénégalaise, que ce qui s’est passé au Mali n’aurait pas pu survenir au Sénégal parce que notre société serait intrinsèquement meilleure que la société malienne. Son analyse ne nous paraît cependant pas fondé sur autre chose que des préjugés.
Certes l’histoire institutionnelle des sociétés sénégalaises et maliennes n’est certainement pas la même. Notre système éducatif est meilleur, le Sénégal a presque toujours été une quasi-démocratie et notre élite est globalement plus valable que l’élite malienne. Mme Mbow a donc raison de pointer cette disparité de trajectoires. Elle ne semble cependant pas voir qu’il y a, entre le Sénégal et le Mali des ressemblances fortes mais surtout qu’une inflexion récente de la trajectoire sénégalaise a accentuée la fragilité de notre pays.
Le Dr Mbow commence par commettre une faute de raisonnement en partant d’un postulat non vérifié mais conforme à ce que les maliens disent d’eux-mêmes. Elle affirme en effet que la mobilité sociale est faible au Mali et que les élites maliennes actuelles sont les mêmes que du temps de Soundiata Keita. Elle y voit une des causes de la crise malienne. Une telle affirmation est probablement fausse. La mobilité sociale est une caractéristique de toutes les sociétés même si elle est plus ou moins forte. Déjà en 1948 dans Dieu d’eau, l’anthropologue français, spécialiste des dogons, Marcel Griaule montrait que ces derniers avaient changé à quelques années de distance leur mythe fondateur pour le conformer au nouvel ordre socio-économique de leur société pourtant jugée primitive. S’il y a mobilité et réorganisation sociale dans une petite communauté malienne, il est hautement improbable que ce ne fût pas le cas dans la société malienne prise dans son ensemble. D’ailleurs Madame Mbow devrait savoir que tout le regain d’intérêt pour la figure de Soundiata Keita est récent dans la société malienne, accompagnant la révolution de 1992 et la redécouverte subséquente de la Charte du Mandé.
Une autre cause de la crise malienne qu’identifie le Dr Mbow est que le Mali est un pays pauvre ayant un territoire immense qu’il peine à gouverner. Cette cause n’est pas aussi fallacieuse que celle invoquée précédemment. Elle est cependant à relativiser. Mme Mbow a raison de pointer les problèmes de gouvernementalité du Nord Mali. Il faut cependant signaler qu’à l’orée de la crise Malienne de 2012, le consensus parmi les chercheurs était qu’après la démocratisation de 1992, le Mali avait effectué un remarquable travail de décentralisation et que l’unité nationale était désormais préservée. Plus généralement, après vingt ans d’exercice démocratique à transitions pacifiques, le Mali était donné en exemple à l’ensemble du continent africain comme preuve qu’un État pauvre et multiethnique pouvait être pleinement démocratique.
Mme Mbow pointe enfin la fragilité de l’armée malienne qui n’a pas su faire face à l’attaque islamiste et la contraste avec la supposée qualité de notre armée qui aurait d’après elle tenu le coup face à un tel assaut. Il est toujours difficile d’évaluer des contrefactuels. Il faut cependant noter que cette supposée fragilité de l’armée malienne n’empêche pas que nous y envoyions nos soldats se faire former. L’armée malienne tout comme l’armée sénégalaise est une armée de métier contrairement à ce que suggère Mme Mbow et la nôtre n’arrive pas non plus à mettre un terme à la crise casamançaise malgré le fait que les rebelles du MFDC aient très peu de soutien international. L’affirmation du Dr Mbow selon laquelle notre armée aurait fait mieux que la malienne est donc, pour le moins, dénuée de fondement en l’absence d’agression effective contre le territoire sénégalais.
Ce que notre étude dans le cadre du Think Tank Ipode a montré c’est que les causes profondes de l’effondrement de la République malienne ne sont pas celles qu’identifie le Dr Mbow. Or si l’étude étiologique n’est pas bonne, il est impossible de comparer valablement les situations au point d’en conclure que le Sénégal ne pourrait s’effondrait comme le Mali. Qu’en est-il réellement ?
Dans l’étude d’Ipode, plusieurs causes avaient été tenues pour responsables de l’effondrement du Mali. Il y avait certes les problèmes de gouvernementalité au Nord avec l’irrédentisme touareg aggravé par la chute de Kadhafi. Il y a avait surtout plusieurs causes internes à la société malienne dont la principale était un effondrement généralisé du d’une part à la défiance de la population envers ses élites et d’autre part à la médiocrité d’élites politiques et militaires mal formées, peu soucieuses de l’intérêt général et corrompues. Le Sénégal pourrait-il suivre le même chemin ? Il est à tout le moins douteux que la réponse soit un non péremptoire comme semble le penser le Dr Mbow.
Tout comme le Mali d’avant la crise de 2012, le Sénégal apparaît comme un exemple de démocratie en Afrique mais il partage avec le Mali les mêmes problèmes structurels qui ont mené ce dernier pays à la catastrophe. Il y a au Sénégal comme au Mali d’avant 2012 une crise de basse intensité qui semble ne pas mettre en danger le pouvoir central. Depuis l’arrivée du Président Sall cette crise semble certes en passe de se résoudre. Ceci dit la Casamance est entourée de trois États en déliquescence (les deux Guinée et la Gambie) dont deux (la Gambie et la Guinée Bissau) sont des narco-États. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’une explosion de la crise casamançaise à la faveur de l’implosion de l’un ou l’autre de ces États fragiles. Et ce d’autant moins que le Sénégal servirait lui-même, d’après certains experts, déjà de plaque tournante à certains cartels sud-américains.
Une deuxième ressemblance entre le Mali d’avant la crise et le Sénégal est l’apparition de fortunes colossales à coté d’une population globalement pauvre. Au Mali on avait parlé de « milliardaires de la démocratie ». Au Sénégal, depuis le règne du Président Wade, une élite politique et affairiste s’est considérablement enrichie et l’affiche. Tous les indicateurs montrent que le Sénégal est extrêmement inégalitaire avec un coefficient de Gini[1] de 39,2 (celui du Mali est de 39,0) et un ratio de la population pauvre en fonction du seuil de pauvreté national de 46,7% (43,6% au Mali) selon le rapport 2011 de la Banque Mondiale. Le Sénégal est donc plus inégalitaire que le Mali. Cette inégalité elle-même pourrait, comme dans le cas malien mener à deux conséquences désastreuses. La première est un développement de toutes sortes d’activités délictueuses ces dernières étant les seules à même d’assurer le niveau de vie désiré. Ces activités iraient du banditisme violent, source d’insécurité, à la corruption généralisée nuisible au fonctionnement des institutions étatiques. Une seconde conséquence possible du creusement des inégalités est une perte de légitimité d’élites politico-économiques perçues à tort ou à raison comme corrompues.
Une troisième ressemblance, plus grave à notre avis, est la médiocrité des élites sénégalaise et une dégradation généralisée du niveau d’éducation et culture républicaine dans la société sénégalaise en général. Tout le monde au Sénégal convient qu’il y a une dégradation extrêmement rapide de la qualité de notre enseignement du niveau primaire au niveau universitaire. Cette dégradation est cependant rarement pensée en termes de danger pour la société sur le plan institutionnel. La démocratie a pour condition de pérennité l’existence de citoyens informés et conscients des enjeux dont le vote contrebalance le pouvoir de la classe dirigeante. Vue la trajectoire que suit le système éducatif sénégalais depuis une trentaine d’années, ce sera de moins en moins le cas dans le futur. Plus grave encore, l’élite sénégalaise elle-même ne paraît pas à la hauteur des enjeux comme le montre la pauvreté de l’analyse des enjeux de la crise du Mali pour le Sénégal et la misère de notre débat public. Le Dr Mbow peut se gausser de l’armée malienne et accuser la classe politique malienne d’endogamie pluriséculaire ; il ne nous paraît pas du tout évident que l’élite sénégalaise dont elle fait partie soit plus ouverte ou compétente. La communauté universitaire, à laquelle elle appartient a eu l’irresponsabilité de déserter les amphithéâtres pendant six mois en 2012, notre pouvoir judiciaire a grogné pour que lui soient alloués des fonds communs indexés sur les produits de décisions judiciaires qu’il rend, la hiérarchie policière vient de vivre un scandale sur fond d’accusations de trafic de drogue. Quant à notre classe politique, elle semble vivre dans une telle autarcie que l’on a du mal à distinguer une opposition à la coalition au pouvoir. Cette confusion est dangereuse en ce qu’elle prive le peuple d’un recours démocratique et pacifique en cas d’insatisfaction devant les politiques menées. De plus cette classe politique, société civile comprise, semble inapte à proposer des solutions concrètes aux problèmes que vivent les populations que ce soit l’approvisionnement en eau et en électricité ou les problèmes de l’emploi et de l’éducation. Elle ne nous paraît donc pas plus capable que la malienne de réagir avec intelligence et pensée stratégique à une crise imprévue du type de celle qu’a causée au Mali le renversement de Kadhafi. La gestion désastreuse de la mini-crise qu’a été la rupture du tuyau de Keur Momar Sarr n’est pas de nature à nous rassurer sur ce plan là.
Étant données les similitudes que nous avons relevées entre le Mali d’avant la crise et le Sénégal actuel, il nous semble que le Dr Penda Mbow est singulièrement malvenue de clamer que ce qui est arrivé au Mali ne pourrait arriver au Sénégal avec autant de légèreté dans l’analyse. Notre élite intellectuelle devrait être beaucoup plus modeste et analyser avec attention ce qui se passe dans notre sous-région afin d’en tirer les bonnes conséquences. Quoique Mme Mbow soit proche de notre président actuel, elle n’est pas son conseiller stratégique. Nous espérons que ceux qui conseillent le chef de l’état sur les questions de sécurité ne produisent pas des analyses aussi superficielles. Autrement, ce serait inquiétant.
Dr. Mouhamadou El Hady Ba,
Directeur général du Think tank Ipode.
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