Le problème du chômage : responsabilité entre l’Etat et le citoyen.


Le problème du chômage : responsabilité entre l’Etat et le citoyen.

Le problème du chômage : responsabilité entre l’Etat et le citoyen.

Dans tout Etat républicain, le pouvoir politique, a le devoir de mettre en place, au cours de son mandat, des politiques conjoncturelles viables et efficaces permettant aux populations de surmonter le problème du couple inflation/chômage. Le privilège de réduire le premier aggrave le second et inversement : il se pose alors le dilemme de l’arbitrage entre inflation et chômage.
Dans les pays en développement comme le Sénégal, le taux d’inflation s’est stabilisé à 1,4% et à 3,4% en 2012 et en 2011 respectivement (ANSD).
Pour la mesure du chômage, le Bureau International du Travail retient trois critères devant être remplis concomitamment : être dépourvu d’emploi, être activement à la recherche d’un emploi et être disponible pour occuper un emploi dans un délai de deux semaines à partir de la promesse d’embauche. Sur la base de cette définition, le taux de chômage s’établit à 10,2% en 2011 en sûrement un peu plus en 2012. Toutefois, certaines enquêtes révèlent un taux de chômage deux fois plus élevés en fonction des zones géographiques et des tranches d’âges.
Du point de vue de la logique économique, le cas du Sénégal en matière d’arbitrage entre inflation/chômage est un cas particulier dès lors que dans les pays développés les politiques conjoncturelles sont choisies en s’appuyant sur ce que l’on peut appeler le cycle électoral. Ce cycle s’explique par le fait qu’à l’approche des élections, les gouvernements sont tentés de créer de l’inflation dans l’optique de faire baisser le niveau du chômage à court terme. L’objectif est de remporter les élections dans un premier temps, pour ensuite augmenter le chômage et diminuer l’inflation juste après avoir été élu. Ce jeu pivot de balance explique le dilemme entre inflation et chômage. Ainsi, les ménages rationnels ou électeurs préfèrent être en activité même si la vie est cher (inflation) que d’être au chômage avec une vie pas cher. Par conséquent, l’objectif de long terme pour le gouvernement est une politique de moindre chômage et d’une inflation latente (inférieur à 1%).
Sauf que dans le cas du Sénégal, le raisonnement précédent est complètement inversé dans la mesure où lors des élections précédentes (2012), l’inflation a diminué de 2 points, passant d’une situation rampante à une situation latente ; alors que pour la même période le chômage continue à atteindre des niveaux historiquement élevés. Si l’on suppose que chaque électeur sénégalais préfère peu de chômage et peu d’inflation, aucun parti au pouvoir ne peut faire deux mandats successifs parce qu’il sera sanctionné aux prochaines échéances électorales. Certes, le problème de taille est que les électeurs ne disposent pas d’informations suffisantes sur l’état de l’économie et que l’Etat ne prend pas à bras le corps la situation du chômage : sa responsabilité est donc engagée. C’est cela qui justifie la situation actuelle de notre économie. Pendant que les partis cherchent des partisans et des voix pour battre leurs rivaux aux prochaines élections en diminuant le chômage, les populations sont contraints de subir les lois dictés par la conjoncture économique. Comme les électeurs se rappellent de moins en moins les évènements passés, l’Etat dispose ainsi d’une marge de manœuvre en fonction des situations économiques.
En ce qui concerne la responsabilité des citoyens, ceux-ci sont parfois guidés par le désir de se comporter comme des passagers clandestins, c'est-à-dire des auto-stoppeurs voulant toujours, pour le moindre effort, avoir un rendement plus élevé. Cela le conduit à arbitrer en faveur de l’imitation en lieu et place de l’innovation. Ce citoyen, à tous les niveaux et quelle que soit sa qualification, est hédoniste. Hormis, les politiques structurelles de long terme, le développement et la promotion de l’auto-entreprenariat vers des secteurs prometteurs pourrait permettre de résoudre le problème du chômage. Dans cette optique, le gouvernement, les universités et écoles de formation doivent, élargir l’offre de formation spécialisée vers les branches à fortes valeur ajoutée pour relancer l’économie et réduire de manière conséquente le chômage à défaut de ne pouvoir le supprimer.
Babacar NDIAYE
Université de Ziguinchor
babacar3@yahoo.fr
Mercredi 24 Avril 2013




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