Le Sénégal sous Macky face à la Communauté Internationale.


Le Sénégal sous Macky face à la Communauté Internationale.
Assurément, la visite de Barack Obama au Sénégal fut un succès diplomatique énorme qui confirme le leadership du Sénégal et de son Président sur la scène internationale. La venue du Président des Etats-Unis d’Amérique a permis de repositionner le Sénégal sur la scène diplomatique internationale. Tout comme elle confirme si besoin en était que la puissance diplomatique et l’influence d’un pays ne sont pas forcément proportionnelles à sa richesse ou à son PIB par tête d’habitant. Le Sénégal est un petit pays certes de par ses dimensions géographiques, mais il pèse et compte sur la scène internationale. Si les spécialistes et les chroniqueurs se sont surtout penchés sur les retombées de la visite d’Obama au Sénégal au sens politique et diplomatique, notre propos se situera surtout sur le style diplomatique du Président Macky Sall.
En effet, pour la mise en œuvre de sa politique étrangère, le Président Macky Sall est venu avec sa stratégie propre, directement tributaire de ses sensibilités intellectuelles, qui ont imprimé à la conduite de notre diplomatie, une marque personnel le, étant entendu que la diplomatie est le domaine réservé du Président de la République, un certain style et des retouches adaptées aux intérêts stratégiques du Sénégal, dans le contexte considéré.
En effet, considéré comme un pôle de développement régional au rôle stratégique, et malgré ses maigres moyens, le Sénégal aidé par une position géostratégique remarquable et des ressources humaines de qualité, compte faire entendre sa voix dans le monde, par le biais d’une politique étrangère et d’une diplomatie efficaces au service du développement économique et social, basée sur la paix entre les peuples. Sous ce rapport, la politique diplomatique initiée par le Président Sall s’appuie sur quatre piliers référentiels ou grands axes.
Le premier est celui du bon voisinage et la poursuite des objectifs d’intégration sous régionale. De façon générale, la prise en compte de la proximité est l’un des défis qui se pose en matière de politique étrangère. Ce qui n’a pas empêché le Président Sall de réserver sa première sortie en terre gambienne, voisine la plus proche, pour rendre visite à son homologue, Yaya Jahmmeh, considéré comme un acteur clé pour la résolution de la crise casamançaise vieille de plus de 30 ans. Le 16 décembre 2012, toujours dans le cadre de sa diplomatie de voisinage, le président Macky Sall s’est rendu en Guinée Conakry pour rencontrer son homologue Alpha Condé. Un déplacement qui a permis de signer plusieurs accords dans le cadre de la sécurité, le terrorisme, la lutte contre la criminalité transfrontalière, le trafic de drogue, la formation judiciaire entre autres secteurs de coopération.
 Dans la vision diplomatique du Président du Sénégal, la gestion du voisinage immédiat se traduit par la maitrise de l’environnement frontalier. D’où l’importance du gouvernent de Macky Sall de considérer les enjeux et les données politiques, économiques et sociales des pays limitrophes. Le concept de « ceinture de sécurité », souvent utilisé dans le vocabulaire diplomatique  sénégalais, reflète la pleine dimension sécuritaire dans les rapports du Sénégal avec ses voisins directs. Ces relations sont également fondées sur le dialogue et les pratiques en matière de concertation mutuelle. Elles sont marquées par la maturité, le sens du compromis dynamique, et une volonté de paix. Cette diplomatie de paix a été réaffirmée lors de la 67 éme Assemblée générale des Nations Unies durant laquelle, le Président nouvellement élu disait «  Bâtir un monde meilleur, c’est assurément et avant tout œuvrer ensemble pour que la paix règne entre les peuples et en leur sein ».
Le deuxième axe de la politique étrangère du Sénégal est l’intégration continentale par la poursuite de l’unité africaine. La Constitution sénégalaise proclame dans son préambule « l’attachement du Sénégal à l’idéal de l’unité africaine ». En outre, l’article 96 dispose que : « la République du Sénégal peut conclure avec tout Etat africains des accords d’association ou de communauté, comprenant l’abandon total ou partiel de souveraineté, en vue de réaliser l’unité africaine». C’est dans ce contexte qu’il faudra situer l’honneur qui a été fait au Sénégal, par l’Union africaine, en élisant Macky Sall,  Président du Comité d’orientation des chefs d’Etat et de gouvernement du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (Nepad) lors du 20 ème sommet de l’Union africaine,  à Addis-Abeba. C’était au cours de la 28ème session du Nepad.
Quant à la promotion de la paix dans le monde, troisième axe de la politique étrangère du Sénégal,  la paix se conçoit comme l’instauration entre tous les Etats, de relations de confiance perçues par chaque Etat comme préservant sa propre sécurité au même titre que celle des autres. Cette conception de la paix est à la base de ses relations bilatérales. Elle guide aussi son action au sein des instances multilatérales où il prône la réforme des institutions internationales, notamment le Conseil de Sécurité, pour une meilleure gouvernance mondiale.
L’action  du Sénégal est d’abord préventive en ce qu’elle consiste à inviter, par le discours et l’attitude, au respect des principes et idéaux inscrits dans les chartes constitutives des organisations dont  il est membre et qui tournent autour de l’égalité, du respect mutuel, de la solidarité et de la paix. Le Président Macky Sall, qui est régulièrement consulté par ses pairs sur les dossiers ouest africains, a accueilli, en mai dernier, soit un mois seulement après sa prise de fonction, un Sommet extraordinaire de la Cedeao sur le Mali et la Guinée Bissau. Le quatrième axe est la promotion des droits de l’homme et sous ce rapport, le Sénégal continue d’exister en tant que Etat, en tant que Nation. La Direction des Droits de l’Homme et le Comité Sénégalais des Droits de l’Homme qui, je suis sûr retrouvera son Agrément A vont développer un important programme d’éducation aux droits humains. Une diplomatie de paix, de bon voisinage, d’influence est en train d’être développée tranquillement, sans publicité tapageuse depuis l’arrivée de Macky Sall.  
 
Chaque pays fait la diplomatie de sa géographie. La géographie du Sénégal est perturbée par des crises qui secouent depuis quelque temps la sous-région ouest africaine. C’est dans un tel contexte que le Président de la République a sensibilisé la Communauté internationale sur les dangers de la crise malienne, dans l’équilibre de la région ouest-africaine. Il a été un acteur de premier plan dans les actions décisives en faveur du retour de la paix au Mali. En déclarant que « la victoire sur les terroristes n’a pas d’alternative », lors du départ du contingent de militaires sénégalais devant participer aux opérations de la Misma (Mission Internationale de soutien au Mali, par conséquent,  le Sénégal,  donne à cette intervention un triple aspect. D’abord venir en aide à un pays avec qui le Sénégal a tout partagé : même Etat dans le cadre d’une fédération, même devise, même drapeau à l’exception de l’étoile, etc. ensuite honorer ses engagements dans le cadre de la Cedeao.
 
Enfin, «s’engager au Mali, c’est protéger le sanctuaire national, c’est défendre la patrie» disait Macky SALL. Le Président Sall a très tôt compris que la période  d’instabilité régionale dans laquelle nous sommes rentrés depuis quelques années, si elle perdure encore, avec la présence d’Aqmi dans la bande saharo-sahélienne, l’essor des trafic de drogue, les conflits de pouvoir, la montée des intégrismes de tous genres, l’intolérance politique et confessionnelle, les dissensions ethno-religieuses, l’accaparement des ressources et des richesses nationales par des oligarchies, la faiblesse des institutions républicaines, le Sénégal risquerait d’en payer un lourd tribu.
 
Si le Sénégal assume de grandes responsabilités dans le monde sans commune mesure avec ses dimensions géographiques et humaines, la disponibilité et l’efficacité des forces armées y contribuent pour une part essentiel. Le professionnalisme de l’armée sénégalaise, sa loyauté vis-à-vis des institutions républicaines, font qu’elle vient en appoint à la diplomatie sénégalaise. Les limites de la sécurité collective fondée sur la notion d’absence de guerre préconisent le recours à la sécurité coopérative fondée sur le triptyque paix-développement-démocratie.
 
Sous la férule de Macky Sall, le Sénégal est, en train de redevenir la plate-forme diplomatique qu´il avait cessé d´être depuis des années. Dans la panoplie relativement longue de cette intense activité diplomatique, il faudra noter la récente visite, au Sénégal, du Président du puissant Nigeria, Son Excellence Goodluck Jonathan,  la première puissance économique et militaire de l`Afrique Occidentale. La visite de Mme Hillary Clinton reste aussi un des temps forts de la diplomatie sénégalaise. Le Sénégal a également été le premier pays où  la Secrétaire d’Etat américain, Hillary Clinton, a entamé sa tournée africaine, le 2 août 2012. A cette occasion, l’ex-chef de la diplomatie américaine  a prononcé à l’Université de Dakar un discours repère sur la nouvelle diplomatie africaine des Etats-Unis d’Amérique. Une autre visite qui a rehaussé la politique étrangère du Sénégal, celle de Monsieur  Stephen Harper, Premier Ministre du Canada.
 
Une intense activité diplomatique a été initiée dans le monde avec des visites d’Etat dans des pays qui entretiennent avec le Sénégal des relations diplomatiques suivies. Ainsi, après avoir été reçu à Paris deux fois en l’espace de quatre mois, par deux régimes différents, le Président Macky SALL s’est illustré, de très belle manière, pour sa première participation à un Sommet de l’Union Africaine en juillet dernier à Addis Abeba. Ainsi, après avoir été reçu à Paris deux fois en l’espace de quatre mois, par deux régimes différents, le Président Macky SALL s’est illustré, de très belle manière, pour sa première participation à un Sommet de l’Union Africaine en juillet dernier à Addis Abeba.
 
Le Président Macky Sall, alors Président en exercice de l’Oci, a été, en mai dernier, l’hôte du Serviteur des deux Saintes Mosquées, Sa Majesté le Roi Abdallah Ben Abdel Aziz Al Saoud, Roi d’Arabie Saoudite, dont le pays est un poids lourd dans la gestion des affaires de la Oummah islamique et du monde. De même, il a pris part, avec succès, les 14 et 15 août au 4e Sommet extraordinaire de l’Oci. Une occasion saisie pour lancer un message profond sur le sens de la solidarité islamique, thème du Sommet, dans le contexte politico-stratégique et économique du monde musulman. Sa proposition de nomination d’un envoyé spécial de l’Oci pour le Mali et la région du Sahel a été entérinée par ce Sommet.  
 
La diplomatie économique, quatrième  axe de la politique étrangère découle de son statut de pays en développement. Le Sénégal, sous Macky Sall n’échappe pas à cette réalité des temps modernes et a introduit l’option de la diplomatie économique dans sa politique étrangère. Le Ministre des affaires étrangères, sur instruction du Président de la République a rehaussé la diplomatie de son pays en mettant en œuvre un plan méticuleux de transformation qualitative de la diplomatie Sénégalaise dont le rôle jusque-là se cantonnait principalement dans une diplomatie de représentation et de prestige. Les raisons du choix du Sénégal, en faveur de la diplomatie économique lui ont permis de se fixer des objectifs que différentes entités s’emploient à réaliser en tenant en compte les atouts et les contraintes que présente l’environnement économique national et international.
 
Conscient que les pays que l’on dit émergent dans lesquels existe une forte croissance à deux chiffres bénéficient d’Investissements Etrangers Directs (IED) massifs, le président Macky Sall, par exemple lors de sa première visite au Koweït a décroché un financement 140 milliards de francs Cfa qui serviront à financer ses chantiers, avec en prime l’ouverture d’une ligne aérienne entre le Sénégal et le Koweït. La diplomatie, qui naguère visait le rapprochement entre les peuples pour surtout favoriser la coopération et la coexistence pacifique, a fait sa mue en allant chercher, au-delà de ce cadre classique et traditionnel, de nouvelles opportunités d’échanges multiformes.
 
Cette diplomatie ne saurait prospérer, sans une politique de revalorisation de la fonction diplomatique. A l’ère de la mondialisation, l’utilité des diplomates ne dépend plus (seulement) de la qualité de leurs contacts, voire de leurs compétences linguistiques et de leur présence active sur le terrain. Les nouveaux diplomates ont aussi bien de capacités à parler commerce et économie, à identifier des sources d’investissements, et à vendre les produits et services sénégalais. Sous ce rapport, pour donner un relief particulier à la diplomatie économique, le Président Sall a intelligemment réactivé la jurisprudence mise en place par Senghor  consistant à réserver aux diplomates de carrière les deux tiers des postes d’ambassadeurs et le tiers à des personnalités ayant la formation, le cursus et la pratique nécessaires. Cette utilisation rationnelle et intelligente du personnel diplomatique commence à donner ses fruits, puisque les résultats montrent bien la portée de la diplomatie économique dans la défense et la promotion  de l’intérêt national.
 
C’est dire en effet que le champ des relations internationales est d’une grande complexité du fait des mutations qui s’y opèrent constamment. L’interdépendance des actions, qui rappelle le mécanisme des vases communicants a imposé au Sénégal la détermination d’une politique étrangère adaptée  ainsi que la mise en œuvre d’une diplomatie de qualité.
 
Pape Abdoulaye KHOUMA
Conseiller Technique à la Présidence de la République
Responsable Politique APR aux Parcelles Assainies
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Samedi 6 Juillet 2013




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