Le Sahel dans le purgatoire du Djihadisme radical


Le Sahel dans le purgatoire du Djihadisme radical
Lorsque les terroristes du 11 Septembre, furent assimilés aux kamikazes, le gouvernement nippon riposta aussitôt « nous étions des soldats, pas des terroristes ».Car il savait qu’une nouvelle étape dans la violence planétaire, venait d’être franchie.
Pour autant les commanditaires de cette tragédie de la World Trade Center, préférèrent l’appellation de djihadistes, peut être pour la légitimité historique.
Après le djihad offensif vainqueur contre les croisés aux XVI et XVII, les djihads de conquête menés par les ottomans en Europe, et les Mongols en Asie ; enfin le djihad défensif contre l’expansion coloniale jusqu’en Afrique de l’Ouest. L’heure est au grand djihad qui engage le musulman dans le combat  intérieur pour le bien.
Sourate II, 255 « nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. Donc quiconque mécroit au rebelle tandis qu’il croit en Allah saisit l’anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est auditent et Omniscient ».
LE DJIHAD GLOBAL
En Afghanistan, nait le Djihad global marqué par la mondialisation. Il n’est pas défensif mais renvoie à une cause étrange incarnée par Al quaïda (la Base) qui se proclame porteur de vrai Islam.
Son entité politique, comme ses réseaux, demeure un mystère, mais il garde son label d’ennemis : l es Juifs ; les Américains, les Occidentaux, les hypocrites (comprenez les chiites).
Il voit dans l’attentat suicide, le passeport pour le paradis.
Cette idéologie suicidaire, rejetée par les musulmans, est déconnectée de toutes les normes admises.
Ben Laden, le saoudien, Jarqaoui le jordanien, Abou Hamza Montager l’égyptien, Atiyah abd al-Rahman l’américano-yéménite… mènent le combat en Bosnie, enTchetchenie, au cachemire indien, à Fallouja contre les américains… jusqu’-à la représentation de l’ONU à Bagdad .Les villes saintes chiites de Najaf et Karbala ne sont pas épargnées par les combattants suicidaires, tout comme le mausolée des deux  Imans de Samarra, en 2006.
Les Chiites du Pakistan, 12% de la population, eux aussi qualifiés d’hérétiques payeront un lourd tribut ; tout comme la minorité chrétienne
. Internationalistes et déterritorialisés, les djihadistes nomadisent de pays en pays. Leur militantisme ne défend aucune cause nationale. Impossible de les  dissuader ou de les acheter ; les repentis se comptent sur les doigts de la main. Ce qui déroute le plus dans cette mouvance Islamique, c’est le  décalage entre son radicalisme politique et son ultra-conservatisme religieux ; tout le contraire des grands mouvements islamiques engagés:
Les Frères musulmans, le Hamas palestinien, l’AKP en Turquie, et  les autres partis islamo-progressistes.
Al Quaida a incontestablement aggravé le Fitna (discorde) dans l’Umma islamique.
Cette nébuleuse a donné à Bush  toute l’opportunité de mener sa guerre globale antiterroriste qui aboutira à la liquidation physique de Ben Laden et autres ; certainement aussi  à l’affaiblissement du centre sans pour autant éradiquer la périphérie.
Selon le centre international de l’étude du terrorisme, le Sahel a enregistré en 10 ans, 1288 attentats et prés de 8000 morts.
Il s’agit bien du Sahel qui va du bord de l’atlantique aux confins du Sud.
Al qaïda serait-il le produit d’un siècle de frustrations ?
 Car depuis la dislocation de l’Empire ottoman, le monde arabo-musulman n’a subi que des défaites qui ont engendré des humiliations.
Il a perdu le contrôle du discours historique et la maitrise de son présent lui échappe.
LA RESPONSABILITE DE L’OCCIDENT
Israël a capturé, en plus de la Mosquée Al Aqsa, 4,5  millions de palestiniens dont il gère le quotidien. Et la communauté internationale s’en accommode.
En Irak, Bush a renversé Saddam et à la place, il a instauré un Etat ethno-confessionnel.
L’Occident se posant en garant du monde, s’attribue l’universalisme culturel et économique.
L’OTAN décide de la forme du régime à mettre en place, sauf qu’il oublie que la démocratie ne s’exporte pas par des bombardiers ; elle est du seul domaine du peuple.
Or, depuis 1991, avec la 1ère guerre du Golfe, le Moyen Orient, malade aussi d’inégalités, est le principal facteur de polarisation de la violence.
De fait, le printemps arabe a installé le chaos en Syrie et crée l’instabilité tribale en Libye.
Pour autant, la Turquie dirigée par un Parti islamique a réussi à combiner l’Islam à la vie moderne et réussir sa mutation démocratique avec à la clé des succès économiques.
Le pays de Recep Trayyip Erdogan est un grand partenaire économique du Sénégal en particulier dans le domaine agro-alimentaire.
A côté, des pays du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite…), assis sur des réserves inépuisables d’hydrocarbures, rachètent à tour de bras à travers le monde, tout ce qui est à vendre : palaces, châteaux, terres, ports….et autres clubs de foot.
Pour satisfaire leurs opinions publiques anti-américaines et antisionistes, ils exportent le fondamentalisme religieux : le Wahhabisme ; tout en se gardant d’aider à soulager la misère des masses musulmanes.
Or la misère et la pauvreté, à l’occasion aggravées par la crise identitaire, constituent le terreau des islamistes radicaux. Les prêches incendiaires sont leur forme d’expérience, les attentats aveugles, leur mode opératoire.
Dés lors que s’installent la psychose de la peur et son corollaire, la délation, ils règnent sur les esprits et non sur les cœurs de ceux qu’ils subjuguent.
L’ISLAM  RELIGION DE TOLERANCE
Le Coran, parole de Dieu, n’est ni contraignant ni permissif.
Il donne un horizon à la conscience et fortifie  les esprits et les cœurs. C’est au croyant de s’en enrichir  et de laisser de côté les sujets de discorde. L’islam est bien compatible avec la modernité, car il permet son plein épanouissement au genre humain.
Plutôt que la révolution politique ou islamique, les sénégalais ont toujours préféré l’évolution, le compromis, le maslaha.
Les discours guerriers n’ont jamais fait recette chez nous. L’islam confrérique est ancré comme ciment identitaire des sénégalais. Ses fondateurs sont toujours vénérés et leurs descendants fort bien respectés ; quoi qu’il y ait une minorité de petits marabouts plus attirés par le gain et le prestige que par la spiritualité.
Les extrémistes de la foi qui se sont adonnés à la destruction des mausolées dans le Nord Mali ; au lieu de les visiter et de méditer sur le sens de leur construction, ont montré leur étroitesse d’esprit. C’étaient des hommes fabriqués à tout haïr, à tout humilier et à tout détruire.
C’est suffisant pour que l’Etat redouble de vigilance et soit plus regardant sur le mouvement des fonds drainés en faveur des ONG islamiques pilotées par des barbus  enveloppés dans des quamis, leurs habits religieux.
LE SYNDROME SAHELIEN
Après avoir  allumé le brasier libyen, la France s’évertue à présent à éteindre l’incendie du Nord Mali. On n’y comprend rien. Sino qu’AREVA, site d’uranium au nord Niger, est à portée de main des djihadistes.
Mais cette fois, le remède risque d’être douloureux.
Comme le faisait remarquer un officier supérieur français : « On a été nuls ! LE Mali sera notre Iraq. Comme les Américains là-bas, nous avons déclenché un bordel régional. La diplomatie des « coups » a un prix .Prohibitif ».Express n°3171 du 11 au17-4-2012.
Certainement les effets collatéraux de la chute de Kadhafi
Les 3000 touaregs chassés par les nouveaux maîtres de Tripoli se retrouvent sans employeur. Ils s’en sont retournés, lourdement armés, au Nord Mali où le MNLA (Mouvement national de libération d’Azaura) les a accueillis à bras ouverts.
Les touaregs 15000 millions, ces kurdes du sahel, sont dispersés entre Le Mali, le Niger, le sud de l’Algérie, la Libye et le Burkina.
Ils parlent d’autonomie pour ne dire d’indépendance..
Leur alliance avec les islamistes radicaux est brisée dés le contrôle du Nord Mali. Car les Touaregs pratiquent l’islam confrérique et leurs femmes se sont pas enfermées dans un voile.
Qui sont ces extrémistes radicaux ?
Le groupe armé islamique d’Algérie (GIA) se fait appeler par la suite groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) avec les leaders algériens Abd El Malick Abou Zeid, l’idéologue…et Moctar Ben Moctar le plus redoutable, un ancien afghan qui a perdu un œil au combat comme son ami le Mollah Omar, le chef des Talibans.
Le GSPC est depuis 2007, une filiale d’Al qaïda sous le sigle AQMI (Al qaïda au Maghreb islamique).
Tous des fanatiques impitoyables. Le rapt sanglant du site gazier, Dinaminas en Algérie, porte la signature de Moctar Ben Moctar.
Ansar Ed-Dine (défenseurs de la religion).Son fondateur Lyad Ag ghali a servi dans les rangs de la légion islamique de Kadhafi avant d’aller combattre au Liban en 1982.Nommé par Toumani Touré, consul à Djeddah, il en  sera expulsé trois ans plus tard.
Le MNLA l’écarte de sa direction ; c’est alors qu’il crée Ansar ed-Dine, une mouvance salafiste proche d’Aqmi.
Le MUJAO : (Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest)
Ce groupe très violent, dissident d’Aqmi, est surtout connu dans la capture d’otages. Il opère sur l’ensemble du Sahel. Il a noué des liens avec une autre secte tout aussi radicale et violente :
le Bolko Haram (la civilisation occidentale est haram) crée en 2011, sème la mort et la désolation dans le nord Nigéria. Il revendique l’assassinat de beaucoup de chrétiens mais aussi de notables musulmans.
On lui attribue la capture de sept membres d’une même famille française dont quatre petits gamins, dans le Nord Cameroun.
Tous ces groupes terroristes font du commerce des otages et du trafic de drogue leur  économie de guerre.
Selon Pierre Lapaque, directeur de l’ONUDC (office des Nations Unis contre la drogue et le crime pour l’Afrique de l’ouest) basé à Dakar, le trafic de cocaïne est l’un des plus rentables : 900 millions d’euros de bénéfice.
Des connexions avec des courants salafistes dans des pays arabes, sont attestés par la condamnation de l’intervention française au Nord -Mali par le Qatar, l’Egypte et la Tunisie, les seuls dans la communauté internationale;  même la Russie de Poutine la soutient et participe au transport des troupes.
CONCLUSION
La seconde phase de l’opération Seral contre les troupes terroristes, en particulier Aqmi et Mujao sera longue et complexe, puisqu’il faudra les débusquer jusque dans leurs derniers tranchements, aux massifs des Iforas et dans le long couloir qui va vers Agalogue et Taoudemi.
Le général Tchadien, Mery, chef du contingent tchadien de 2000 hommes, qui avait combattu en 2004  le chef islamiste Abdel Raza le « paria » aux confins du lac Tchad et du Niger, sait à quoi s’en tenir dans la guerre anti-insurrectionnelle.
Le déploiement des troupes africaines sera déterminant à cet effet, car le plus dur reste à faire.
De plus est que l’armée malienne doit être à la ligne de front au lieu de régler des comptes à Bamako.
La victoire sur les islamistes n’a été rapide que par les bombardements. Les drones américains, basés à Niamey, ces avions sans pilotes téléguidés, peuvent observer et localiser des cibles individuelles. Reste que le combat au sol demeure incontournable.
Pour autant, la victoire militaire en l’absence de buts politiques clairs, est toujours orpheline. Certes, il  faut former les troupes maliennes, mais surtout assoir la bonne gouvernance fondée sur des élections libres, un parlement, une constitution solide, le partage équitable des richesses et une utilisation rationnelle de l’aide internationale.
Sinon le Mali n’échappera pas à l’instabilité et le Sénégal ne sera pas non plus en sécurité.
Comme le soulignait le professeur Abdoulaye Bathily, historien avant gardiste, dans sa conférence à l’ENDSS le 16 février : «  Si nous ne développons pas l’Afrique, les autres continueront à nous asservir »
 
Mamadou Ndiaye enseignant en retraite Ndouck Fatick Senegal
Lundi 25 Mars 2013




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