La lutte Sénégalaise !


Une bonne ou mauvaise merde ?

7 avril 211

Après un lustre d’hibernation, votre « Sociologue Rebelle » est enfin de retour. Il s’en veut de vous avoir fait croquer le marmot. Entre un monument (ou une statue) qu’on inaugure, un fils de président nommé ministre de l’énergie pour jouer au superman, ou encore l’organisation inoportune d’un FESMAN à la veille duquel un étudiant s’en prenait indignement à un professeur, expression d’un affaissement des mœurs, oui, entre le ras-le-bol des peuples qui deviennent de plus en plus exigeants au point que leurs manifestations intermittentes puissent astreindre la fuite, très lâche, d’un dictateur ou conduire à des démissions d’ « empereur », le « sociologue Rebelle », faisant abstraction de tous ces sujets aussi importants les uns que les autres, vient vous livrer son analyse sur un sport dont la popularité le laisse assez perplexe. Une chose peut être populaire et, pourtant, elle n’en demeurerait pas moins mauvaise, pense-t-il. Au regard de son ampleur, le « Rebelle » soutient mordicus que « la lutte sénégalaise » est une « bonne merde ».

Il est d’usage dans l’approche sociologique des phénomènes, de définir les notions usitées afin de pallier tout amalgame. Pour se conformer à cette exigence des sciences sociales, le Rebelle voudrait donner une approche de définition de la « bonne merde ». La merde c’est tout ce que l’on répugne, tout ce qui parait sale ou peu porteur d’intérêt. On l’assimile, dans son acception première, aux excréments d’hommes et d’animaux. La merde, dans son sens le plus usité, exprime un jugement de valeur, c’est-à-dire une appréciation subjectivement comparative faisant du réel un pure produit de la pensée. Chaque individu peut donc, en fonction de sa position, suivant ses convictions ou par rapport à ses intérêts, imputer un type de jugement à une chose, une situation sans se préoccuper souvent de l’objectivité de son opinion ou de son analyse. C’est ainsi que même la loi peut être perçue comme injuste, voire ressentie comme étant une « merde » pour ceux à qui elle s’applique. Pour s’éloigner des cosmogonies n’ayant aucune réciprocité avec les faits, le sociologue engagé se veut factualiste et corrobore ses analyses par des faits réels mais également conjecturels.

À titre indicatif, il voudrait attirer l’attention des lecteurs sur les figures de style contenus dans le titre de cet article. « La lutte sénégalaise » peut renvoyer à une métonymie désignant la partie d’un tout qu’est le Sénégal. Une « bonne merde », un oxymore métaphorique dont les guillemets traduisent un souci d’édulcorer la lourdeur du terme. Mais il faut surtout retenir que, selon le sociologue de la rébellion, la lutte est avant tout, suivant ses caractéristiques actuelles, une vraie merde. Merde qui aurait tout de même quelques maigres bons côtés sur lesquels il ne s’est pas appesanti. Ainsi, considérant que le mal et la vertu peuvent être les propriétés d’un même corps, d’un même élément, l’oxymore « bonne merde » traduirait la fleur du mal, le pure de l’impure. Mais en ce qui concerne la lutte, l’impure surplomberait de loin les aspects de « pureté » qu’elle pourrait revêtir.

La lutte, en tant que sport, pourrait être une nécessité sociale puisqu’elle contribue à la formation et à la santé physique des citoyens. Les sports de combat, toutes les compétitions mettant en scène des personnes qui doivent s’affronter ou concurrencer suivant certaines règles bien définies pour l’obtention d’un quelconque titre, fut-il symbolique, ou d’une rétribution matérielle, répondraient à certains besoins sociaux. Dès lors, il semblerait utile que la société la valorise et la soustrait de tout ce qui serait susceptible de la rendre merdique. Car si la merde ravale le côté purement sportif de la lutte, tel que le sociologue le constate dans la violence qu’elle suscite au quotidien, celle-ci serait dévoyée.

lutte sénégalaise, c’est aussi et surtout de la violence. Ce sont des hommes qui en viennent aux mains après s’être défiés. Une violence inouïe qui fait de ces lutteurs et spectateurs des bouchers, des vampires assoiffés de sang. Un psychologue, interrogé sur l’ampleur de la lutte au Sénégal, décrivait celle-ci comme une transposition de la violence sociale dans l’arène. Cette caractéristique de l’ « agressivité naturelle » transposée ou transférée n’intéresse guère le Sociologue Rebelle. Il s’étonne juste qu’une telle activité sanglante soit légitimée par l’ensemble des maillons régulateurs de l’Etat qui s’empressent de s’inviter au crime avec un air innocent que nul ne saurait comprendre. La victoire à risque d’Emeu SÈNE sur GRIS lors de leur confrontation du 06 Mars 2011, malgré les deux graves blessures de ces lutteurs, l’une visible, l’autre dissimulée, risquerait d’être fatale un jour si, à cause de la prétendue issue heureuse de ce combat, les organisateurs de lutte laissaient continuer d’autres situations du même genre, dans l’unique but de faire sensation ou de pousser au paroxysme l’expression du courage des combattants, alors que l’un ou les deux lutteurs se trouveraient dans un état calamiteux. De telles folles attitudes seraient dramatiques si l’on n’y prend garde. Les uns perdent des dents, les autres sont mis K.-O; la mort est proche.

Fixons les idées. Cela pourrait arriver. Imaginer Abdoulaye WADE, président du Sénégal, présent à un combat de lutte, dite traditionnelle, opposant un lutteur X à un adversaire Y. Au cours de cet affrontement, X assène un coup mortel à Y. Celui-ci est évacué très rapidement aux urgences. Malheureusement, il meurt avant même d’accéder dans le bloc de réanimation. Pire encore, supposons qu’il meurt sur le champ, pendant le combat. Le CNG camouflera sûrement cette mort en évacuant Y et ne se gênera pas de demander la poursuite des autres combats. Car le chef de l’État est l’invité d’honneur; il faut lui offrir un maximum de plaisir. Mais, comme tout cadavre non enseveli finit toujours par émettre des odeurs nauséabondes à cause de sa putréfaction, le peuple apprendrait à travers la presse qu’Y a perdu la vie.
Que se passerait--il ? Après une stupeur généralisée, ce serait l’indignation. Chacune des parties, Gouvernement, promoteur, sponsors, CNG, public, lutteurs, se constituera en inquisiteur et voudra coûte que coûte désigner un bouc-émissaire. Voulant se laver de tout soupçon de complicité dans une affaire criminelle, le Gouvernement serait le premier à désigner les fautifs et, sans gêne, se permettrait de prendre des décisions fermes, oubliant, ou feignant d’oublier, que c’est lui qui parrainait les promoteurs de lutte.

Parmi ces décisions que « l’État sénégalais » pourrait improviser, l’on noterait l’interdiction temporaire ou définitive de la merde que constitue la lutte. Si la suspension est ce qui aurait été retenue, lorsqu’elle serait levée, les autorités mettraient en place d’autres structures, chercheraient à humaniser la lutte car quoiqu’on dise ce sport reste une bonne merde dont elles ne voudraient pas se débarrasser aussi rapidement. Oui, la lutte, c’est l’opium du peuple sénégalais. Oui, elle semblerait constituer l’une des dernières armes, l’ultime stratégie déployée ou encouragée par l’État comme moyen de détournement, de diversion des consciences vis-à-vis des préoccupations essentielles.
Même si cette merde est populaire, parce qu’ayant fabriqué de nouveaux riches, et bien qu’elle ne saurait jamais être un facteur de développement là ou les politiques agricoles, voire « industrielles » ont échoué, elle risque, au regard de son organisation et de son ampleur, ainsi que des récupérations marchandes qu’en font autant les hommes politiques que les médias, d’abêtir tout une génération de jeunes qui vendrait, comme une « pute », leur âme et leur esprit au profit de leur corps.

Votre Sociologue Rebelle pourrait écrire un livre sur ce sport merdique que l’on nous matraque à longueur de journée à travers des émissions télévisées et des journaux aussi bidon les uns que les autres. Le Rebelle a failli tomber dans leur piège. Mais sa maigre culture l’en a soustrait et lui a donné une arme redoutable : c’est l’exposition sélective. C’est lui donc qui choisit ce qu’il veut consommer. Il résiste à la publicité et à la propagande. C’est un homme libéré.
En fait, tout n’est pas mauvais dans la lutte traditionnelle sénégalaise, même si l’on a dû être exposé à des scènes saugrenues et répugnantes telles que les parties intimes d’un lutteur sorties de son cache-sexe au cours d’une confrontation, la bagarre en direct sur un plateau de télé entre l’avocat d’un promoteur et le DG de la 2STV ce 26 février 2011, ou, encore, l’octroi répété par la RTS1 d’un long temps d’antenne à un promoteur incontrôlable pour lui permettre de déverser sa bile sur Sidy Lamine NIASS, détenteur d’une télé concurrente. Le Rebelle ne sait pas s’il existe des promoteurs sérieux, lavés de tout soupçon sur la provenance et la nature des sommes faramineuses investies dans ce sport, mais des lutteurs exemplaires, il en est convaincu. Yékini fait partie de ceux-là. Lui, qui, plus d’une fois, a bravé la méchanceté de nombre de Sénégalais en remportant des victoires incontestables sans avoir eu besoin de satisfaire à un slogan mal intentionné (« Kouy dem ardo »), voulant que ce dernier ou son adversaire saigne à mort avant le verdict de l’arbitre, s’est aussi exprimé une fois en parabole pour dire qu’il n’y’avait pas que la lutte comme moyen de sortie de crise pour les jeunes. Une jeunesse sportive, mais inculte, et sans formation professionnelle ne saurait contribuer au rayonnement politique, économique, culturelle et social de son pays.

Si l’on veut éviter que la lutte passe de son état de « bonne merde » à une « vraie merde », il faudrait, préconise le Sociologue Rebelle, l’organiser comme simplement un sport qui, certes génère de l’argent, mais qui ne serait aucunement le modèle par excellence de promotion sociale ou d’éducation d’une jeunesse socialisée principalement par la télé au détriment de l’école et de la famille. Une restriction sur le nombre d’émissions de lutte, sur le temps et l’heure de diffusion des combats doit faire l’objet de mesure imposée aux acteurs de ce champ sportif. Le gouvernement devra s’efforcer de valoriser la connaissance et le travail manuel afin que le Sénégal soit doté de chercheur-concepteurs et de producteurs qui sont les seuls à être capable de former des esprits, pour les uns, et de faire prospérer la matière, pour les autres. Le sociologue Rebelle s’indigne qu’au moment où l’inflation a mis toutes les familles à terre, qu’à l’heure où les grèves deviennent récurrentes dans les établissements scolaires, universitaires et hospitalières, il n’ait d’autres préoccupations, avancées par le Premier ministre Souleymane Ndéné N’DIAYE, que la création urgente d’une arène sur le site du Technopole. Votre sociologue de la rue, ce vagabond, a honte que les autorités étatiques imposent des sommes faramineuses à des étudiants, futurs chercheurs et chômeurs de surcroît, pour s’inscrire en thèse sans que leur soit allouée aucune subvention. Il a honte que la quasi-totalité des étudiants, par ailleurs débrouillards, ne puissent continuer la rédaction de leurs mémoires, de leurs thèses suite à une coupure d’électricité. Ces candidats au savoir sont obligés de mettre fin à leurs productions intellectuelles car la batterie de leurs pauvres ordinateurs ne possède aucune autonomie.
Utiliser la lutte comme une couette pour se protéger du froid des cœurs meurtris ou comme une diversion politique afin de manquer aux missions dévolues, reste une farce qui, non seulement n’honore pas l’homme politique, mais ces subterfuges malsains ne sauraient durer longtemps. Car, comme le dirait l’autre, « on peut tromper une partie du temps une partie du peuple, mais on ne peut tromper tout le temps tout le peuple ». En 2007, votre Sociologue a voté pour Abdoulaye WADE. Pourquoi ? Pour son âge. Âge ! Quelles bonnes raisons pouvaient amener le Rebelle à faire un tel choix incongru ? Il voyait en lui un père, disons une mère-poule. Celle-ci se prive pour nourrir ses petits. « WADE en ferait autant », pensait-il. Il mettrait les intérêts de la Nation avant les siens, c’est-à-dire avant ceux de son parti, de sa famille, de son fils. Mieux, Suivant ce même raisonnement, l’anticonformiste crut que le Chef de l’État connaîtrait les priorités de l’heure qui étaient entre autres la prise de mesures adéquates contre l’inflation, le chômage, bref contre les problèmes socioéconomiques. Erreur ! Le Sénégal, malade donc à l’image de notre « sport national », est sur le point de devenir une merde.

En définitive, retenons que l’expression « lutte sénégalaise » n’est qu’une métonymie, un prétexte. C’est la situation politique, économique et sociale qui était l’objet de cet article. Le Sociologue Rebelle est un patriote. Il interpelle implicitement l’ensemble des Sénégalais à prendre conscience de la gravité de l’heure. Ce souffle impétueux de rupture sociale qui frappe violemment les pays maghrébins n’épargnera pas le Sénégal. Tous les signes sont là pour le confirmer. Il suffit d’en faire bon lecture. Sa lecture à lui est très simple. Des hommes qui s’immolent devant le Palais de la République, cela veut dire, que le peuple accuse l’État d’être la source de ses malheurs; il veut qu’on entende son agonie. Des hommes qui s’immolent devant ce symbole, cela signifie, qu’aujourd’hui c’est quelques personnes, quelques cadavres, mais demain ce serait tout le Sénégal, tous les Sénégalais. Pour l’instant, ce ne sont que des signes. Ils étaient prévisibles. Quand un peuple a faim, quand il ya plus de chômeurs que de travailleurs, quand l’inflation frappe le pauvre et profite au riche en devenant source de distinction et d’inégalité sociale, la rêverie devient un crime, et la négligence un luxe à ne pas se permettre. Au nom d’Allah, au nom du Prophète de l’islam, au nom de Jésus, au nom de toutes nos Croyances, au nom de nos Institutions, Le gangster patriote demande aux dirigeants de ce pays d’écouter le cri du peuple, de se pencher sur leurs vrais problèmes. Billaahi wallaahi tallaahi le peuple souffre. Même son silence émet de petits bruits. Président, écoutez votre peuple !

Malick GAYE, le « Sociologue Rebelle »
mactko@yahoo.fr
Lundi 11 Février 2013
Le Sociologue Rebelle




1.Posté par Orion le 11/02/2013 08:39
Sociologue autoproclamé.
Désolé, mais je ne lirai pas ton texte.

2.Posté par Paco le 11/02/2013 10:37
Très bon texte. Il faut vraiment que les gens réflécchissent sur dérives de la lutte. Mais Orion, tu n'as pas l'air intelligent

3.Posté par CLEM le 11/02/2013 10:49
Orion, je sais que tu es un chômeur. Pourtant le Sociolg défend tes intérêt. Vas-y lis waay

4.Posté par Orion le 11/02/2013 13:26
A Clem: où es-tu allé chercher que j'étais un chomeur ??? Quant au prétendu sociologue, je le mets au défi de produire sur ce site-même le ou les diplômes qui l'autorisent à se targuer de ce titre. Cet homme, qui déverse son verbiage sur d'autres sites à l'intention des gogos et des incultes, ne défend que ses propres intérêts.

5.Posté par CLEM le 11/02/2013 15:13
Ah tu crois donc que tu es plus intelligent que tout le monde puisque les autres sont des "incultes" ? Vas-y sors nous tes diplômes pendant qu'on y est ou ferme-la à jamais.

Moi je lis bien tout le monde avant de faire des remarques.

6.Posté par CLEM le 11/02/2013 15:16
N'oublie pas de poster ton nom et ton prénom au préalable, si tu en as bien sûr



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