La liberté, c'est le choix


La liberté, c'est le choix
La morale kantienne de l’impératif catégorique est malheureusement inapplicable. De l’avis même de l’auteur des « Trois Critiques » dont la « Critique de la Raison Pratique » qui analyse la question morale : « aucune action véritablement morale n’a sans doute jamais été accomplie ». Parce que le rigorisme kantien est hors de portée dans la société humaine imparfaite.
C’est dire que lorsqu’on essaie de jouer les moralistes extrémistes (ce qui n’était pas le cas du philosophe allemand qui se situe dans la critique philosophique en quête d’absolu) ; on finit par déraper en soutenant des thèses du genre : « ils sont tous pourris ».
L’option religieuse n’est pas moins dogmatique, et pour cause, telle est son essence.
C’est pourquoi il faut rappeler que la politique n’est ni la religion ni la morale. Son domaine propre est celui de l’action efficace au service des hommes dans la cité, telle qu’elle est. Elle exige lucidité et ouverture d’esprit pour faire, quand c’est nécessaire des compromis dynamiques.
Cela n’exclut ni le respect de la morale publique ni celui des pratiques confessionnelles.
En vérité la posture moraliste est signe d’un égo surdimensionné. Il y a aussi complexe, frustration, jalousie et pire, méchanceté qui poussent certains à essayer de jouer les Cassandre et à distiller le venin de la contre-vérité selon laquelle : « tout se vaut », « Macky et Wade c’est du pareil au même ».
Outre qu’il s’agit d’une fausse assertion ; elle trahit un parti-pris honteux pour le statuquo.
Inciter à l’abstention, au non-choix c’est évidemment favoriser le pouvoir en place.
Ne pas choisir c’est choisir la perpétuation du Wadisme qu’on fait semblant de fustiger.
Au moment du deuxième tour, il n’y a plus de ratiocination qui vaille ; un vote s’impose et il est ,en l’occurrence un referendum pour ou contre Wade, dans un premier temps.
Ce régime qui n’a jamais rien eu de libéral a été celui d’un seul, monarque républicain certes mais d’un égoïsme névrotique. Pour Wade seul compte le MOI, la famille et peut-être accessoirement les laquais.
Chaque ministre ou soi-disant responsable a été une fois au moins humilié publiquement voire chassé avant d’être réintégré ou oublié.
La désinvolture qui a caractérisé le traitement infligé aux hommes est encore plus criarde en ce qui concerne la gestion de l’Etat : 6 Premiers ministres en 12 ans, un record, des remaniements permanents, des réformes constitutionnelles quasi-quotidiennes, bref du n’importe quoi. Et sur le plan des deniers publics des dérives inimaginables que seul un nouveau pouvoir permettra d’évaluer pour en mesurer l’ampleur.
Mais le seul rejet du Wadisme ne suffit pas pour justifier le choix pro-Macky. Il y a aussi et surtout la volonté d’appliquer les conclusions des Assises Nationales qui vont refonder la Démocratie sénégalaise. Dans ce nouveau contexte qui va s’imposer ; il n’y aura plus jamais de « Président-monarque ». Macky sera un « Président normal » pour reprendre une expression employée chez les Toubabs. D’abord l’homme ne joue pas à être humble ; il l’est. Et, ensuite il sait qu’une nouvelle majorité s’est constituée pour une gestion saine parce que transparente du pouvoir.
Si tous les 12 candidats recalés du premier tour ont tenu leur parole de le soutenir - et la qualité de ces hommes et femmes est reconnue de tous- ; lui ne pourra pas faire moins.
J’ajoute, que le voudrait-il ; il ne le pourrait pas car les citoyens nouveaux resteront vigilants et exigeants.
L’après Wade ouvre grandement les portes d’un Sénégal nouveau où la vraie Démocratie, respectueuse de l’équilibre des pouvoirs va s’exercer.
Macky a eu la chance d’avoir occupé tous les postes les plus prestigieux de la République à l’exception de la Présidence. Il a vu l’évolution du pays et de la société sénégalaise dont il est, lui-même un produit remarquable de métissage culturel.
Il a conscience de vivre un moment historique pour présider autrement et agir pour relever les défis qui assaillent notre cher Sénégal.
Les Grands Travaux de Wade, c’est lui qui les a lancés dans la transparence. Les dérives ont eu lieu après. Il sait donc quoi faire, après un nécessaire état des lieux, pour redresser la barre.
Il n’est pas question d’organiser des chasses aux sorcières ; même si la justice doit passer pour tous.
Un formidable défi interpelle donc tous les patriotes lucides, soucieux du devenir du pays et de ses jeunes. Ce combat est le leur et ils l’ont bien compris. Ils ne laisseront personne saccager l’héritage. Les dégâts causés par Wade sont considérables et une bataille titanesque sera indispensable pour les réparer. Réhabiliter les valeurs républicaines ne sera pas la tâche la plus aisée, en mettant en exergue le travail, le mérite, l’amour de la patrie. Et non pas se gargariser d’avoir « fait des milliardaires », nommer des ministres incultes, dévaluer les fonctions diplomatiques, introduisant le virus du népotisme dans la haute Administration et celui de l’argent-roi dans les plus hautes Institutions.
Oui, il s’agit là de morale républicaine à enseigner dans les écoles et à faire s’enraciner dans la vie nationale.
Sans se faire illusion encore une fois sur les hommes imparfaits que nous sommes tous. Mais nous osons croire que d’aucuns sont plus patriotes que d’autres, moins soucieux de s’enrichir et peut-être un peu plus déterminés à servir le peuple sénégalais.
Oui, ce peuple existe. Il s’est exprimé le 26 Février dans les urnes et va confirmer son jugement sans appel le 25 Mars.

Mouhamadou M. DIA
Professeur de philosophie-journaliste
Lundi 12 Mars 2012
Mouhamadou M. DIA




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