LA TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS, LA JUSTICE, LA RUPTURE : MON INTIME CONVICTION.


LA TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS, LA JUSTICE, LA RUPTURE : MON INTIME CONVICTION.
C’est devenu une coutume au Sénégal qu’après chaque alternance que la gestion des vaincus soit auditée : une sorte de reddition des comptes. La gestion du Parti Socialiste auditée par le PDS qui lui aujourd’hui est en train d’être audité par l’APR. Quoiqu’ on puisse dire, ces audits se déroulent toujours de la même façon - une sur médiatisation- et laissent la même impression qu’ils (ces audits) n’aboutiront à rien de sérieux si ce n’est le triomphe de la justice des vainqueurs.

La SICAP, le Port Autonome de Dakar, le COUD, le CICES, et la SAPCO pour ne citer que ceux-là avaient une des gestions les plus nébuleuses sous Abdou DIOUF. Au lendemain de la première alternance en l’an 2000, placées sous les feux de rampes des média, et livrées à l’opinion, ces sociétés avaient été auditées par le régime libéral. Dans le Rapport Public 2001 de la Cours des Comptes il y est clairement établi que d’anciens dignitaires du régime socialistes avaient été épinglés et des instances pour fautes de gestion avaient été ouvertes entre autres, à l’encontre d’anciens dirigeants tels que Ibrahima SARR de la poste, Sada NDIAYE du COUD, Lamine DIOUF de l’IPRESS. Concernant M. Adama SALL, ancien DG de la SAPCO, le Commissaire du Droit l’avait renvoyé devant la Chambre de Discipline financière pour diverses fautes de gestion. Au finish, le régime de Wade en a décidé autrement, Ce qui permit à certains d’entre eux de revenir aux affaires.

On me dira que Macky n’est pas Wade, que la justice est indépendante, subitement d’ailleurs, parce que son fonctionnement, et le mode de désignation de ses membres n’ont pas changé, les hommes qui l’animaient (la justice) sous Wade continuent de l’animer aujourd’hui. Si nous croyons à la séparation des pouvoirs nous ne pouvons pas penser un seul instant que les choses ont changé du côté de la justice juste parce qu’il y a un nouveau ministre de la justice, fut-elle une dure à cuire. Que ce gouvernement est décidé à aller jusqu’au bout dans la traque des biens mal acquis, je ne le crois pas. Car aller jusqu’au bout, serait se tirer une balle dans la tête.

Dans la traque de biens supposés mal acquis, la convocation me semble orientée. Par définition, un bien mal acquis et un bien acquis illégalement. Or parmi ceux qui ont acquis illégalement des biens depuis l’alternance, il n y a pas que ceux du PDS. Où sont ces hommes et femmes de l’administration Sénégalaise, de la Justice, aussi bien de l’Exécutif que du Législatif qui avaient permis à Karim et Cie d’acquérir illégalement des biens ? Je serai ravi de me tromper lorsque la justice convoquera des proches du président Macky qui seraient impliqués dans des malversations financières ou dont la gestion a été épinglée par la cour des comptes. Le cas de M El Hadji KASSE conseiller spécial de Macky, chargé de Communication et de la stratégie à la présidence est patent et sert d’exemple. D’ailleurs, en son temps la Cour des comptes n’avait pas emprunté quatre chemins pour demander au garde des Sceaux, ministre de la Justice de l’époque, l’ouverture d’une information judiciaire contre l’ex Directeur général de la Sspp, qui avait fait… pire : Une imprimerie, vingt véhicules etc., commandés et payés, mais jamais livrés selon toujours la cour des comptes. Qu’on nous dise dans ce cas d’espèce s’il ne s’agit pas là d’un enrichissement illicite, ou de biens mal acquis ? Que l’opinion soit éclairée sur la véritable destination de cet argent. Quid de ceux-là qui à travers une chaine de solidarité se sont partagés les réserves foncières du stade Léopold Sédar SENGHOR, du CICES, et plus encore de la zone de captage ? De ces hommes d’affaires ayant bénéficiés de gros marchés et dont les travaux n’ont pas été livrés notamment pendant le FESMAN et qui chercheraient à se réfugier (s’ils ne l’ont pas déjà fait) dans la mouvance présidentielle ?

La rupture. Elle ne viendra pas de l’Exécutif comme le président Macky veut nous le faire croire parce qu’il y a autour de lui et parmi ses souteneurs les plus fous, des hommes qui avaient bénéficié d’avantages indus lorsque Macky était aux côtés de WADE. Et pourtant c’est avec ces hommes que le président, lui-même englué dans les fonds Taïwanais, sur lesquels il devra répondre une fois hors du palais, veut changer le Sénégal. Je ne le crois pas. La rupture annoncée aux sénégalais, doit prendre les allures du nettoyage des écuries d’Augias. Le Sénégal a besoin d’être nettoyé des douze années de pouvoir des libéraux et de quarante années de pouvoir du PS, marquées par la gabegie, la corruption et le népotisme, années pendant lesquelles tous les leviers de développement ont été tributaires de gestion clanique ou familiale. Wade avait ses enfants et ses proches pour conduire les destinés du Sénégal, Macky a autour de lui ses frères et sa belle-famille une gestion familiale et clanique. Voilà la rupture annoncée. C’est le yonou yokouté.

Mon intime conviction est qu’il ne saurait avoir de rupture tant que la justice n’est pas protégée des pressions politiques et de l’opinion publique, tant que la justice ne reste pas indépendante afin d’assurer l’équité et une justice égale pour tous les citoyens, je ne vois pas comment une rupture peut-elle s’opérer. Celle-ci doit provenir de la justice à qui il appartient d’appliquer et de faire appliquer les lois votées et cela pour tous les Sénégalais de quelque bord que ça soit. Puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets, les proches de Macky seront entendus sous peu une fois que le pouvoir les échappera. La roue tournera, l’histoire bégayera, et ainsi ira le Sénégal, la justice des vainqueurs triomphera toujours au détriment de la vraie justice. Ce n’est pas à Macky SALL de marquer la rupture. C’est à la justice de montrer le chemin de la rupture. La justice doit être notre Héraclès à nous et c’est à elle de faire le toilettage des écuries d’Augias version Sénégalaise. C’est fondamental et c’est un préalable à la rupture. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. WADE est l’absent le plus présent dans l’audition des anciens dignitaires libéraux. Tous, ils se défaussent sur lui sans qu’il ne soit possible à la justice Sénégalaise de l’entendre. Si on veut marquer la rupture c’est par là qu’il faut commencer : donner à la justice la possibilité d’entendre le président une fois hors du pouvoir sinon on donnera l’impression d’être ridicule.

Jean Collin SAMBOU

samboujeancollin@yahoo.fr
Vendredi 18 Janvier 2013




1.Posté par daragoyada le 18/01/2013 12:11
Tout simplement excellent !!!

2.Posté par Koumpa le 18/01/2013 18:17
ARTICLE TRES CONVAINCANT ET PERTINENT MAIS MALHEUREUSEMENT LES HOMO-SENEGALENSIS NE SONT PAS ENCORE ENTRES DANS LE MONDE DE LA VRAIE DEMOCRATIE ET DE LA JUSTICE LIBRE ET TRANSPARENTE...IL FAUT COMMENCER DEJA PAR AUDITER LES INSPECTEURS ET COLONELS DES DOUANES, ENSUITE LES INSPECTEURS DES IMPOTS COMME CEUX DU TRESOR.

3.Posté par madam le 19/01/2013 22:23
contribution excellente, excellent commentaire poste numero 2. Ce qui est drole, c que les senegalais ne viennent pas echanger sur ce genre de contributions, ils sont entrain de commenter le salaire du fils de youssou ndour et de se jeter des mechancetes à la figure.



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