Pourtant rien n’augurait un climat politique aussi tendu juste quelques mois après la prise de fonction du président Macky Sall : ancien bras droit du président Abdoulaye Wade, une campagne très civilisée entre les deux candidats, une alternance saluée partout dans le monde, une passation de service marquée par les prières de l’ancien à l’endroit de son successeur, l’injonction de Abdoulaye Wade aux responsables de son parti de laisser le nouveau président travailler tranquillement et si besoin de l’accompagner entre autres.
Tout cela après un processus électoral très violent amenant des observateurs et des acteurs de la communauté internationale à craindre le syndrome ivoirien pour le Sénégal. Le peuple était profondément divisé à propos de la candidature du président sortant. Après cette épreuve où le peuple a montré toute sa maturité et son élégance démocratique, le nouveau Président devait se comporter en véritable « Père » de la nation en cousant le tissu social jadis déchiré.
Hélas, dès les premières heures de son accession à la magistrature suprême, le peuple a eu droit à des fuites dans la presse savamment orchestrées poursuivant un but bien déterminé faisant état de vol d’objets d’art, de voitures (y compris celle de fonction du Président de la République), de salons, de moquettes, etc. Ces accusations aussi farfelues qu’indignes pour notre République à l’encontre de l’ancien Président de la République ont eu le mérite de faire du Sénégal la risée du monde et de déchirer à nouveau le tissu social. Ces accusations à la limite humiliantes contre le Président sortant reposent avec acuité le débat sur la fin de la fonction présidentielle et la vie post-présidentielle en Afrique.
Désormais, il semble exister deux Sénégal : le Sénégal des biens et le Sénégal des mauvais, le Sénégal des honnêtes et le Sénégal des malhonnêtes, le Sénégal des intègres et le Sénégal des voleurs, le Sénégal des démocrates et le Sénégal des pourfendeurs de la démocratie. Et pire toute voix discordante à celle de la mouvance présidentielle est stigmatisée.
C’est dans ce contexte que le président de la République apparemment très affecté par les attaques de ses opposants et anciens frères libéraux menace de sévir contre toux ceux qui l’attaqueront. Après avoir déclenché une stratégie offensive avec des poursuites judiciaires, le président semble aujourd’hui être dans la défensive. Le président Macky Sall a déclaré solennellement, samedi 22 décembre 2012, à la 2e Université républicaine des jeunes de son parti, l’Alliance pour la République (APR). «Je n’accepterai plus que l’on porte atteinte à l’image du président de la République» menace le chef de l’Etat.
Cette menace du Président de la République pose problème au regard du passé très récent de la vie politique sénégalaise et surtout sous l’angle démocratique.
Dans leur combat politique contre Abdoulaye Wade, aucun discours ne semblait être de trop pour les opposants d’hier, majorité présidentielle d’aujourd’hui. Les gouvernants d’aujourd’hui cautionnaient et entretenaient des discours incendiaires portant atteintes à l’image de l’institution présidentielle. Le président Abdoulaye Wade n’a-t-il pas été qualifié de « fenn katt » (menteur) par Amath Dansokho, de fou par Barthélémy Dias, de monstre par la presse, de « ninki nanka » par Moustapha Niasse, etc.? Le comble a été l’inscription de son nom sur un cercueil avec la chanson « Gorgui dé na sul nagne ko » lors de certains rassemblements de ses opposants. Les Sénégalais se rappellent encore des propos de l’ancien bras droit du président Abdoulaye Wade, Macky Sall, vis-à-vis du patriarche Mamadou Dia. Cela dit qu’il n y a rien de nouveau sous le soleil. C’est l’arroseur arrosé.
Sous l’angle démocratique, cette menace est inacceptable et interpelle tous les défenseurs des droits de l’Homme. La liberté d’expression est une liberté inaliénable que toute structure étatique est condamnée à respecter dans toute sa rigueur. Cette liberté consacrée par notre Constitution en son article 8 est le charme et le symptôme de la vitalité de la démocratie sénégalaise. « Toutes les fois que vous verrez, disait Montesquieu, dans un Etat qui se donne le nom de République tout le monde tranquille soyez assurer que la liberté n’y existe pas ». En termes de libertés individuelles et collectives, le président Macky Sall ne doit pas et ne peut pas faire moins que ses prédécesseurs. Ce même peuple sénégalais qui a fait face au président Abdoulaye Wade le 23 juin 2011 est toujours debout pour barrer la route à toute entorse à la démocratie sénégalaise. Le président Macky Sall doit savoir pour de bon que la démocratie est insatiable et plus qu’on en a plus on en a besoin. Les peuples ne perdent jamais leurs acquis démocratiques.
Adama SADIO ADO
adosadio@yahoo.fr
Tout cela après un processus électoral très violent amenant des observateurs et des acteurs de la communauté internationale à craindre le syndrome ivoirien pour le Sénégal. Le peuple était profondément divisé à propos de la candidature du président sortant. Après cette épreuve où le peuple a montré toute sa maturité et son élégance démocratique, le nouveau Président devait se comporter en véritable « Père » de la nation en cousant le tissu social jadis déchiré.
Hélas, dès les premières heures de son accession à la magistrature suprême, le peuple a eu droit à des fuites dans la presse savamment orchestrées poursuivant un but bien déterminé faisant état de vol d’objets d’art, de voitures (y compris celle de fonction du Président de la République), de salons, de moquettes, etc. Ces accusations aussi farfelues qu’indignes pour notre République à l’encontre de l’ancien Président de la République ont eu le mérite de faire du Sénégal la risée du monde et de déchirer à nouveau le tissu social. Ces accusations à la limite humiliantes contre le Président sortant reposent avec acuité le débat sur la fin de la fonction présidentielle et la vie post-présidentielle en Afrique.
Désormais, il semble exister deux Sénégal : le Sénégal des biens et le Sénégal des mauvais, le Sénégal des honnêtes et le Sénégal des malhonnêtes, le Sénégal des intègres et le Sénégal des voleurs, le Sénégal des démocrates et le Sénégal des pourfendeurs de la démocratie. Et pire toute voix discordante à celle de la mouvance présidentielle est stigmatisée.
C’est dans ce contexte que le président de la République apparemment très affecté par les attaques de ses opposants et anciens frères libéraux menace de sévir contre toux ceux qui l’attaqueront. Après avoir déclenché une stratégie offensive avec des poursuites judiciaires, le président semble aujourd’hui être dans la défensive. Le président Macky Sall a déclaré solennellement, samedi 22 décembre 2012, à la 2e Université républicaine des jeunes de son parti, l’Alliance pour la République (APR). «Je n’accepterai plus que l’on porte atteinte à l’image du président de la République» menace le chef de l’Etat.
Cette menace du Président de la République pose problème au regard du passé très récent de la vie politique sénégalaise et surtout sous l’angle démocratique.
Dans leur combat politique contre Abdoulaye Wade, aucun discours ne semblait être de trop pour les opposants d’hier, majorité présidentielle d’aujourd’hui. Les gouvernants d’aujourd’hui cautionnaient et entretenaient des discours incendiaires portant atteintes à l’image de l’institution présidentielle. Le président Abdoulaye Wade n’a-t-il pas été qualifié de « fenn katt » (menteur) par Amath Dansokho, de fou par Barthélémy Dias, de monstre par la presse, de « ninki nanka » par Moustapha Niasse, etc.? Le comble a été l’inscription de son nom sur un cercueil avec la chanson « Gorgui dé na sul nagne ko » lors de certains rassemblements de ses opposants. Les Sénégalais se rappellent encore des propos de l’ancien bras droit du président Abdoulaye Wade, Macky Sall, vis-à-vis du patriarche Mamadou Dia. Cela dit qu’il n y a rien de nouveau sous le soleil. C’est l’arroseur arrosé.
Sous l’angle démocratique, cette menace est inacceptable et interpelle tous les défenseurs des droits de l’Homme. La liberté d’expression est une liberté inaliénable que toute structure étatique est condamnée à respecter dans toute sa rigueur. Cette liberté consacrée par notre Constitution en son article 8 est le charme et le symptôme de la vitalité de la démocratie sénégalaise. « Toutes les fois que vous verrez, disait Montesquieu, dans un Etat qui se donne le nom de République tout le monde tranquille soyez assurer que la liberté n’y existe pas ». En termes de libertés individuelles et collectives, le président Macky Sall ne doit pas et ne peut pas faire moins que ses prédécesseurs. Ce même peuple sénégalais qui a fait face au président Abdoulaye Wade le 23 juin 2011 est toujours debout pour barrer la route à toute entorse à la démocratie sénégalaise. Le président Macky Sall doit savoir pour de bon que la démocratie est insatiable et plus qu’on en a plus on en a besoin. Les peuples ne perdent jamais leurs acquis démocratiques.
Adama SADIO ADO
adosadio@yahoo.fr
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