L'EMPLOI DES JEUNES AU SENEGAL


L'EMPLOI DES JEUNES AU SENEGAL
Du diagnostic lucide aux pistes de solutions pour gagner la bataille de l'emploi



"..Aux jeunes, ne traçons pas un seul chemin; ouvrons leur toutes les routes..." Léo Lagrange



Dans tous les pays du monde, la problématique de l'emploi des jeunes se pose de manière cruciale. C'est, en effet, l'une des plus graves questions posées à nos gouvernants de quelques niveaux qu'ils soient. La conjoncture (nationale et internationale) ainsi que les mauvais choix de politiques publiques parfois accompagnés de démagogie, sont à l'origine des problèmes d'insertion que rencontrent les jeunes de notre pays. Les solutions devront être différentiées selon la nature des problèmes à résoudre. Evoquer la question de l'emploi des jeunes, revient à se poser 5 autres questions: i)-l'accompagnement des jeunes vers le premier emploi, ii)-l'adéquation entre formation et emploi, iii)-le décrochage autrement dit "les laissés pour compte" qu'en faire d'eux ? iv)- la cohérence politique et territoriale de nos choix, v)-l'évaluation de ces choix (pertinence, efficacité et efficience).



I-UN DIAGNOSTIC LUCIDE



De l'exclusion à la misère sociale des jeunes

Trop de jeunes en ont peu et trop de jeunes n'en ont pas du tout. Ils vivent souvent dans une misère sociale intérieure qui de temps en temps se manifeste. Ils ont le sentiment, ces jeunes-là, qu'ils ne font pas ou plus partie, qu'ils sont en marge d'une société qui fonctionne à plusieurs vitesses, qui tantôt les sollicite, tantôt les oublie. Ce sentiment d'échec est pire que l'échec lui même car il atteint le mental de nos jeunes et rend très difficile leur insertion. Nous ne cesserons de le répéter, c'est l'inadéquation entre les formations et les emplois, la non-qualification et l'inégal accès aux services de base de l'Etat (sports, technologies de l'information et de la communication (TIC), transports et déplacements, logement décent qui génèrent ce mal être.

Notre système éducatif est en panne

La situation actuelle est que de nombreux jeunes hommes et jeunes femmes se trouvent exclus de l’enseignement, avant d’avoir obtenu un diplôme reconnu et sont donc dans une situation désespérante, puisqu’ils n’ont ni l’avantage du diplôme, ni la contrepartie d’une formation adaptée aux besoins du marché du travail. Ceux qui ont eu la chance d'obtenir le baccalauréat, sont confrontés aux difficultés d'accès au premier cycle. Malgré l'élargissement de notre carte universitaire en 2007 (naissance des Universités de Gaston Berger de Saint Louis, Ziguinchor en Casamance, Thiès et Bambey), nous faisons face à une massification de l'UCAD. Les annonces (sans résultat) de création d'autres sites universitaires ont été faites depuis 2008, celle d’une deuxième université à Dakar n'a pas encore vu le jour.

Le chômage des jeunes, un éternel casse-tête malgré les efforts des pouvoirs publics

Le chômage des jeunes, une endémie (source ANDS, 1990). En effet, 60% de la population a moins de 20 ans. Les jeunes en âge de travailler (15 à 34 ans) représentent plus de la moitié de la population active (3.500 000). Le taux de chômage des jeunes est de 12.9 % au niveau national et de 18.59 à Dakar et sa banlieue. Ce taux de chômage est endémique du fait d'une main-d'œuvre non qualifiée (système formel et de formation inadaptée; d'une formation inadéquate à l’emploi et d'un secteur privé moderne faible (moins de 10% du total des emplois; 90% des emplois sont informel ou rural) et d'un conservatisme ambiant qui ne facilite pas l'exploration réelle du secteur non marchand et de l'économie sociale et solidaire. Le marché de l’emploi présente un faible niveau d’offres, ensuite un chômage urbain élevé notamment chez les jeunes (18,59% à Dakar), enfin un sous-emploi chronique en milieu rural, principale cause des mouvements migratoires.

Une sous qualification inquiétante. En effet 57% des demandeurs d'emploi n'ont pas de diplôme, ce qui constitue un sérieux handicap. Selon le Bureau sous-régional pour l'Afrique de l'Ouest de la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique «57% des demandeurs d'emploi n'ont pas de diplôme et 1,6% seulement sont titulaires d'un diplôme universitaire». Il y a plus d'hommes demandeurs d'emploi que de femmes En effet, selon cette source il y a davantage d'hommes (64%) que de femmes (36%) qui recherchent un emploi. Et parmi ces demandeurs, ceux âgés de 15 à 35 ans représentent 56%. Il est aussi fait état que la majorité des demandeurs d'emploi soit 53% n'ont pas fait d'études, tandis que 74% de ceux qui ont été scolarisés n'ont pas dépassé le stade du primaire et 87% quatrième année du cycle secondaire. Cette situation de chômage constitue un frein au développement socioéconomique de notre pays.



II- LANCONS UNE CONFERENCE SOCIALE POUR L'EMPLOI DES JEUNES dés 2013



Pour que ces jeunes au chômage, "ces opprimés" de notre société cessent de l'être, il est urgent de convoquer une grande conférence sociale sur l'emploi des jeunes en 2013. Ce rendez-vous permettrait d'inaugurer une nouvelle façon de penser et d'agir. Ensemble, pourqu'enfin nous (société civile, organisations syndicales et patronales, associations, groupements) débattions d'un contrat social (sociétal) plus juste à bâtir avec nos énergies, nos initiatives et nos entreprises. Pour cela, il faudra l'effort de tous, de la constance et de la confiance en soi. La question de grandes missions territoriales autour de l'emploi des jeunes dans toute l'étendue du territoire sera au cœur de ce rendez-vous pour aider les jeunes dans leur parcours d'insertion sociale et professionnelle par l'information, l'orientation et l'accompagnement. La territorialisation de nos politiques publiques de l'emploi sera l'une des clés de réussite de notre combat contre le chômage et pour l'emploi des jeunes.

En attendant ce rendez-vous que j'appelle de tous mes vœux en 2013, avec pragmatisme, je vous livre mes propositions.

1- FAVORISONS PLUS DE COMPETIVITE DE NOS ENTREPRISES DANS UN ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE SAIN Redisons- le, l'Etat, seul ne peut être l'employeur de tous les demandeurs d'emplois. Sinon pourquoi ne l'avons-nous pas encore fait? Toutefois, l'Etat doit réunir, fournir et garantir les conditions de création d'emplois par une réforme du code du travail et par des mesures incitatives sociales et fiscales. De plus, l'Etat doit améliorer l'environnement des affaires, soutenir l'innovation et l'investissement qui sont tous facteurs de créations d'emplois. Il ne s'agit là pas d'un discours patronal ou libéral. "Pour tondre un mouton, il faut d'abord qu'il donne de la laine. Pour retrouver des emplois et du pouvoir d'achat, il faut d'abord rétablir la situation économique saine dans notre pays.

2-REFORMONS NOTRE SYSTEME EDUCATIF

Redonnons à nos universités leur rôle de carrefour de recherche et d'élaboration de modèles de développement.

Rendons obligatoire, pour toute formation post bac, un stage intitulé "Entrée à la Vie Active (EVA) d'une durée de six mois minimum afin de préparer le jeune aux réalités du travail. Ce stage pourra être pris en compte pour l'obtention de son diplôme sous forme de validation d'Acquis.



3- OUVRONS L’ECOLE DE L'ALPHABETISATION ET DE LA DEUXIEME CHANCE

Ouvrons à nos jeunes en "décrochage" l'école de l'alphabétisation et de la deuxième chance pour ceux qui sont peu ou pas instruits afin de les remotiver à reprendre des études. Les expériences française et danoise sont intéressantes à plus d'un titre.



4-EXPLORONS LES VOIES DE L'ALTERNANCE - L'apprentissage et la professionnalisation-

Pour une meilleure préparation à la vie active."Il faut valoriser tous les talents, de manière à limiter les échecs scolaires et d’éviter, chez beaucoup trop d’adolescents, le sentiment d’être exclus, d’être sans avenir. Nécessité d'une melting pot: voies classiques et alternance de manière à ce que puissent être corrigées de trop fréquentes erreurs d’orientation en assurant chaque adolescent que son sort n’est pas définitivement scellé entre 14 et 20 ans"(rapport Delors, Unesco, 1996).

Et si l'on s'inspirait de programmes et modèles tels que:

-le programme Pro-jeunes en Uruguay qui a offert une formation professionnelle courte pour les jeunes de bas niveaux avec une pédagogique basée sur la recherche-action et financée de façon tripartite.

-l'apprentissage version allemande qui constitue la principale filière de formation des jeunes dans ce pays.

-le programme-pilote Juakali au Kenya visant à améliorer les systèmes de formation de jeunes par le "système coupon". le jeune choisit sa formation et son organisme de formation.

-le programme Jovenes en Amérique Latine et aux caraïbes alliant école et formation professionnelle.

-l'Initiative Commonwealth Youth Crédit (CYCI) qui vise à améliorer les opportunités pour les jeunes créateurs d'emplois via le microcrédit.



5- FAISONS DE LA MOBILITE UN FACTEUR D'INSERTION

La mobilité est une nécessité. Favorisons-la! La méconnaissance des régions du Sénégal et de la sous région constitue un facteur handicapant pour tout projet d'insertion. La problématique de l’accès à l’emploi chez les jeunes est aussi particulièrement liée à leurs conditions de mobilité. Traçons-leur des routes d'avenir.

6- EXPLORONS L'ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE . Notre société a subi des mutations. Les inégalités se sont accrues et des sénégalais qui souffraient ont vu leur misère grandir. Dans nos cités, aux abords de nos belles avenues, de nos rues et ruelles, nos sœurs, nos frères, nos enfants, des adultes, malvoyants, malentendants tendent la main parfois au péril de leurs vies. Les enfants trainent; non enfants? Non, ceux des autres. Un spectacle horrible. Explorons ensemble les voies de l'économie sociale et solidaire qui allie utilité sociale, activité économique et/ou gouvernance démocratique et donnant la primauté aux personnes sur la recherche de profits. Malgré une crise financière, il faut renforcer voire permettre l'accès aux services publics, à la protection sociale, au droit au travail jusque-là soustraits à la loi de la rentabilité et à l’obsession du profit. C'est ainsi que nous ferons du lien social et générerons des solidarités collectives.

7-REORGANISONS LA PRODUCTION NON MARCHANDE DE NOTRE ECONOMIE Réorganisons ensemble la production non marchande (l’économie domestique et la production non marchande des administrations privées et publiques qui fournissent des biens et des services dont certains sont collectifs). Le secteur non marchand recèle des gisements d'emplois: l'agriculture, l'enseignement, les services non rendus par la puissance publique, l'environnement, la mobilité et des déplacements, la lutte contre toutes les formes d'exclusion, les tics, les sports comme moyen d'éducation pour tous, le tourisme rural.

8- EXPERIMENTONS UN DISPOSITIF-PHARE: Le permis de conduire et d'insertion à 3000 F par mois, c'est possible.

Ce dispositif constitue une mesure conjoncturelle pour favoriser l'autonomie et l'insertion des jeunes.

OBJECTIFS ET PUBLICS PRIORITAIRES: Ce dispositif donne droit à tout jeune sénégalais, demandeur d'emploi, porteur de projet d'insertion, en âge de voter ET titulaire d'un compte bancaire au sein d'un établissement public.

LES PARTENARIATS: L'Etat garant et cautionnera, l'entreprise auto-école d'insertion (Association Pour l'Insertion par la Conduite (APIC)), le jeune bénéficiaire, les collectivités territoriales cogérantes, la ou les institution (s) bancaire (s), prêteuse (s).

LES MODALITES FINANCIERES: L'Etat servira de caution financière en prélevant 1% de son budget global soit plus 25 milliards de FCFA, le jeune bénéficiera d'un prêt solidaire à taux zéro par la banque publique et remboursable à 3000 FCFA/ mois durant 3 ans maximum. Les collectivités territoriales seront mises à contribution. Celle-ci viendra en déduction du prêt consenti au jeune, l'institution bancaire préfinance le permis et l'auto-école par le prêt solidaire à taux zéro.

LES MODALITES D'ACCOMPAGNEMENT ET DE SUIVI DES DOSSIERS: La mise en place du dossier, son instruction et sa validation par le COmité de PILotage (COPIL) sur la base d'un projet d'insertion. La formation jusqu'à l'obtention du permis de conduire. Le suivi post-formation

LES CONVENTIONS DE PARTENARIATS: Une convention de partenariats sera établie avec toutes les parties prenantes qui garantiront les droits mais aussi les devoirs de chaque partenaire.



par Bouna KOITA, expert en politiques publiques et conseiller d'insertion sociale et professionnelle des Jeunes
Samedi 5 Janvier 2013




1.Posté par Moussaka le 05/01/2013 10:24
En voila un qui pose enfin les vrais problemes.Réduction des prix des denrées de première nécessite,acces pour tous aux soins de sante,etc...tout ça,c'est du populisme de mauvais gout,c'est ainsi-économique,contraire a l'histoire économique.Il faut créer des emplois,donc des revenus aux jeunes,au lieu de verser sans fin dans cet infantilisme économique.

Pour Aidara Sylla.Est ce que quelqu'un peut m'edifier.Il détiendrait des cheques de plusieurs milliards de Wade.Soit.Mais est ce a dire que Wade est poursuivi pour enrichissement illicite.Jusque la non que je sache.Il y a trop de confusion de genre actuellement au Senegal et on doit faire attention.

2.Posté par mame boye le 05/01/2013 11:49
du nouveau sur skype vous voulez connaitre votre avenir ajoutez moi la.voyante89 merci

3.Posté par mame boye le 05/01/2013 11:49
du nouveau sur skype vous voulez connaitre votre avenir ajoutez moi la.voyante89 merci

4.Posté par Mor takhawaalou le 05/01/2013 22:05
Moussaka, wade bénéficie tjrs de son immunité d'ancien chef d'Etat. N'eut été cela on l'aurai poursuivi en premier lieu pour malversation et enrichissement illicite. Le seul cas qui peut le faire épingler c'est la haute trahison qui dans nos textes reste confuse. c'est pas aussi facile que tu le pense de poursuivre un ancien chef d'Etat au regard de notre constitution.

5.Posté par Barros le 05/01/2013 22:33
Il est urgent de tenir des TDR pour trouver des solutions à ce problème qui risque de troubler gravement ce pays. Nous les jeunes en premier puisque nous sommes les concernés devrons prendre notre responsabilité afin de développer les meilleures solutions au chômage.
Nos responsabilités ne s'agissent pas à mon avis de changer de régime ou de ministre, mais d'imposer nos programmes et réclammer des quotas dans les postes de responsabilités étatiques et parlementaires.
Vous avez parlé du permis à 3.000/mois ça concerne le transport, y'a aussi d'autres possibilités dans d'autres domaines comme l'agriculture surtout, le secteur des télécommunications, et même le commerce, l'aviculture, le domaine pétrolier, l'exploitation minière etc.
Nous sommes tous daccord que ce pays ne manque pas d'opportunités mais il est mal organisé. Ce manque d'organisation a pour principal victime les jeunes mais aussi fait le bonheur d'une minorité qui se battra pour ne rien partager.
Il faut réunir les jeunes autour d'une table, salariés, chômeurs, commerçants, marchands ambulants, sans profession et qualification, agriculteurs, footballeurs, artites etc.
C'est bien possible d'organiser un grand forum quant on y met la volonté, il s'agit pas à mon avis de parler pour se faire entendre ou se positionner il s'agit d'agir.
Le travail on le crée on ne le cherche pas sinon le monde n'en serait pas là depuis sa création.
Jsuisdispopourtoutecollaboration !!!!

6.Posté par lepeuple le 08/01/2013 11:36
Chers jeunes du Sénégal, le prix actuel de l'arachide est favorable à l'auto-emploi. Gardez vos semences et suivez la météo, si l'année sera pluvieuse on retourne à la terre.

7.Posté par patama-aliti toyi le 13/03/2013 17:41
je me nomme patama-aliti toyi de nationnalite' togolaise .je suis titulaire du certificat professionnel de metier en plomberie depuis 2005 et je cherche un emploi en plomberie



Dans la même rubrique :

AIDA CHERIE - 22/05/2015