La cherté et l’opacité des tarifs des péages dénoncées en France
Lors de la privatisation des autoroutes en France, le gouvernement assurait aux usagers que la concession entraînera aucun abus dans les prix des péages, que c’est l’Etat qui fixe les prix et non les sociétés d’autoroutes. Ce qui s’est avéré faux par la suite. Car depuis lors, chaque début du mois de février, les sociétés d’autoroutes révisent à la hausse leurs tarifs : une augmentation moyenne de 2,5% a été constatée en 2012. Ces tarifs vont encore augmenter en février 2014. En juillet 2013 la Cour des Comptes a dénoncé le déséquilibre contractuel au profit des sociétés d’autoroutes, dont Eiffage (APRR). Non seulement l’indexation des tarifs des péages sur l’inflation n’est pas justifiée, mais encore les sociétés d’autoroutes se livrent régulièrement à des hausses de tarifs au rythme nettement supérieur à celui du coût de la vie.
Alors qu’en France il est déploré que l’Etat ne se soit pas suffisamment armé pour résister au lobbying des puissantes entreprises du BTP, au Sénégal on ne semble pas se soucier des effets de la position dominante de ces grands groupes. L’Etat doit recueillir toutes les données nécessaires à l’audit périodique du concessionnaire SENAC ; et se doit de les rendre publiques pour dissiper toute opacité défavorable aux usagers. Dans cette optique, il convient de procéder à la contre-expertise de toutes les dépenses affectées à la concession et de refuser toute hausse tarifaire supposée financer des investissements nouveaux sur l’autoroute. Il est du devoir du gouvernement d’user de son pouvoir régalien, et de refuser ou résilier tout contrat de plan qui permettrait la compensation des dépenses d’investissement de SENAC par une augmentation des tarifs. En un mot, un Etat respectable ne doit pas accepter qu’une entreprise privée transforme ses citoyens en vaches à lait, alors même que celles-ci sont déjà très amaigries par la disette.
Concessionnaire grassouillet, usager chétif.
Quand le trafic chute le concessionnaire aura tendance à créer de nouvelles sources de revenus, connexes à la gestion de l’autoroute. Il en est ainsi des frais exagérés exigés des usagers pour enlever leurs véhicules tombés en panne sur l’autoroute.
Un particulier qui emprunte l’autoroute Dakar-Diamniadio doit s’assurer que sa voiture ne tombera pas en panne. Si cela arrive, il sera obligé de débourser 15 000 francs CFA pour la faire remorquer. On peut se demander légitimement si le prétexte de la sécurité avancé pour justifier ce tarif tient la route. Si ce prix est prévu ou permis par une clause du contrat de concession, ce serait la preuve d’un déséquilibre contractuel ahurissant au détriment de la population sénégalaise. La SENAC ne peut pas se retrancher derrière l’obligation de sécurité qui pèse sur elle pour justifier des prix aléatoires et excessifs. Tout laxisme de l’Etat sur la manipulation des clauses du contrat de concession aura de graves répercussions sur le maigre budget du sénégalais lambda. Qu’on ne vienne pas nous servir l’argument aseptique consistant à dire qu’il y a pire ailleurs.
Le foisonnement, une technique subtile pour duper l’Etat et rançonner l’usager
L'Etat doit tenir à l’œil la SENAC pour qu'elle ne soit pas tentée à pratiquer le foisonnement au Sénégal. Par la pratique du foisonnement les concessionnaires d’autoroutes se mettent d’accord avec l’Etat sur une hausse moyenne des tarifs des péages pour l’ensemble du réseau. Ensuite ils appliquent une hausse importante sur les tronçons d’autoroute les plus fréquentées. Ainsi ils gagnent plus d’argent, même lorsque le trafic diminue. Par exemple si pour 2014 le gouvernement sénégalais autorise une augmentation moyenne du tarif des péages de 2%, La SENAC, pour gagner plus d’argent, peut appliquer une hausse plus forte sur le tronçon Dakar-Pikine qui est très fréquentée; et une hausse moindre sur le reste de l’autoroute. Il suffira pour la SENAC de faire varier les tarifs en fonction de la fréquentation des tronçons pour faire de l’autoroute à péage une machine à sous qui fait gagner à tous les coups. A la longue il n’y aura plus aucun rapport entre les coûts de l’investissement et les tarifs pratiqués. L’opacité du système des péages sera encore plus douteuse et même l’Etat, s’il ne fait pas preuve de vigilance et de diligence, perdra ses marques dans cette ruse bien orchestrée. L’Etat serait coupable s’il ne remplissait pas convenablement son rôle de régulateur, en veillant au respect de l’ordre public économique de protection. Il ne resterait alors que les radars sociaux pour empêcher que l’autoroute à péage devienne un vrai jackpot, plus juteux qu’au Casino où le gain n’est pas garanti !
Aliou TALL
Président du RADUCC (Réseau Africain de Défense des Usagers, des Consommateurs et du Citoyen)
Paris – Dakar.
Lors de la privatisation des autoroutes en France, le gouvernement assurait aux usagers que la concession entraînera aucun abus dans les prix des péages, que c’est l’Etat qui fixe les prix et non les sociétés d’autoroutes. Ce qui s’est avéré faux par la suite. Car depuis lors, chaque début du mois de février, les sociétés d’autoroutes révisent à la hausse leurs tarifs : une augmentation moyenne de 2,5% a été constatée en 2012. Ces tarifs vont encore augmenter en février 2014. En juillet 2013 la Cour des Comptes a dénoncé le déséquilibre contractuel au profit des sociétés d’autoroutes, dont Eiffage (APRR). Non seulement l’indexation des tarifs des péages sur l’inflation n’est pas justifiée, mais encore les sociétés d’autoroutes se livrent régulièrement à des hausses de tarifs au rythme nettement supérieur à celui du coût de la vie.
Alors qu’en France il est déploré que l’Etat ne se soit pas suffisamment armé pour résister au lobbying des puissantes entreprises du BTP, au Sénégal on ne semble pas se soucier des effets de la position dominante de ces grands groupes. L’Etat doit recueillir toutes les données nécessaires à l’audit périodique du concessionnaire SENAC ; et se doit de les rendre publiques pour dissiper toute opacité défavorable aux usagers. Dans cette optique, il convient de procéder à la contre-expertise de toutes les dépenses affectées à la concession et de refuser toute hausse tarifaire supposée financer des investissements nouveaux sur l’autoroute. Il est du devoir du gouvernement d’user de son pouvoir régalien, et de refuser ou résilier tout contrat de plan qui permettrait la compensation des dépenses d’investissement de SENAC par une augmentation des tarifs. En un mot, un Etat respectable ne doit pas accepter qu’une entreprise privée transforme ses citoyens en vaches à lait, alors même que celles-ci sont déjà très amaigries par la disette.
Concessionnaire grassouillet, usager chétif.
Quand le trafic chute le concessionnaire aura tendance à créer de nouvelles sources de revenus, connexes à la gestion de l’autoroute. Il en est ainsi des frais exagérés exigés des usagers pour enlever leurs véhicules tombés en panne sur l’autoroute.
Un particulier qui emprunte l’autoroute Dakar-Diamniadio doit s’assurer que sa voiture ne tombera pas en panne. Si cela arrive, il sera obligé de débourser 15 000 francs CFA pour la faire remorquer. On peut se demander légitimement si le prétexte de la sécurité avancé pour justifier ce tarif tient la route. Si ce prix est prévu ou permis par une clause du contrat de concession, ce serait la preuve d’un déséquilibre contractuel ahurissant au détriment de la population sénégalaise. La SENAC ne peut pas se retrancher derrière l’obligation de sécurité qui pèse sur elle pour justifier des prix aléatoires et excessifs. Tout laxisme de l’Etat sur la manipulation des clauses du contrat de concession aura de graves répercussions sur le maigre budget du sénégalais lambda. Qu’on ne vienne pas nous servir l’argument aseptique consistant à dire qu’il y a pire ailleurs.
Le foisonnement, une technique subtile pour duper l’Etat et rançonner l’usager
L'Etat doit tenir à l’œil la SENAC pour qu'elle ne soit pas tentée à pratiquer le foisonnement au Sénégal. Par la pratique du foisonnement les concessionnaires d’autoroutes se mettent d’accord avec l’Etat sur une hausse moyenne des tarifs des péages pour l’ensemble du réseau. Ensuite ils appliquent une hausse importante sur les tronçons d’autoroute les plus fréquentées. Ainsi ils gagnent plus d’argent, même lorsque le trafic diminue. Par exemple si pour 2014 le gouvernement sénégalais autorise une augmentation moyenne du tarif des péages de 2%, La SENAC, pour gagner plus d’argent, peut appliquer une hausse plus forte sur le tronçon Dakar-Pikine qui est très fréquentée; et une hausse moindre sur le reste de l’autoroute. Il suffira pour la SENAC de faire varier les tarifs en fonction de la fréquentation des tronçons pour faire de l’autoroute à péage une machine à sous qui fait gagner à tous les coups. A la longue il n’y aura plus aucun rapport entre les coûts de l’investissement et les tarifs pratiqués. L’opacité du système des péages sera encore plus douteuse et même l’Etat, s’il ne fait pas preuve de vigilance et de diligence, perdra ses marques dans cette ruse bien orchestrée. L’Etat serait coupable s’il ne remplissait pas convenablement son rôle de régulateur, en veillant au respect de l’ordre public économique de protection. Il ne resterait alors que les radars sociaux pour empêcher que l’autoroute à péage devienne un vrai jackpot, plus juteux qu’au Casino où le gain n’est pas garanti !
Aliou TALL
Président du RADUCC (Réseau Africain de Défense des Usagers, des Consommateurs et du Citoyen)
Paris – Dakar.
Autres articles