Dans ce froid glacial qui souffle sur Berlin, que je quittais pour rentrer sur Dakar, la fameuse lettre du célèbre écrivain français Emile Zola me taraudait l’esprit : « j’accuse ». Je pensais à cet article publié en janvier 1898 dans l’Aurore, comme lettre ouverte au président de la république française Félix Faure. En décortiquant les chefs d’inculpation de cette historique accusation dans l’affaire Dreyfus, le contexte, sur certains points, m’ a semblé similaire à ce qui se passe dans notre pays depuis un an . Alors, je me résous à rependre ma modeste plume après 12 mois de silence et d’observation du nouveau pouvoir. Je la reprends non pour plagier Zola, faire un appel du pied, accuser ou calomnier qui que soit (comme certains pourraient le croire) mais juste pour dire ma part de vérité devant cette tragédie historique qui est en train de s’emparer de notre pays depuis mars 2012 et certainement pour ces 4 prochaines années, si l’on y prend garde.
Il y a un an tout un peuple s’était dressé pour faire partir un homme ; oui il devait certainement partir et il est parti ; mais la question est de savoir si l’enjeu en valait la chandelle ! C’est cela qui explique cette modeste contribution qu’il me plait d’intituler «je refuse».
Je refuse comme je l’ai fait avant l la dernière présidentielle, entre les deux tours et après, d’être amnésique en supportant ceux qui ont trahi l’idéal libéral. Qu’ils soient du régime précédent, de l’actuel ou des deux à la fois. Ceux la qui ont perverti notre vision libérale et saccagé la suite de notre projet démocratique, économique et social qui, à l’ origine, était ce qu’il y avait de meilleur pour le Sénégal et l’Afrique au sortir de trois siècles d’esclavage , de colonisation et 40 ans de socialisme débridé, ravageur et sans ambition.
Je refuse d’accorder du crédit à ceux-là , qui en février/mars 2012 regardaient les sénégalais dans les yeux pour leur proposer un projet chimérique qui n’est fondé sur aucune stratégie ou vision et qui ont profité de la vacuité intellectuelle de la dernière présidentielle pour glaner les suffrages d’un peuple, qui pour des raisons éthiques et démocratiques, voulait se débarrasser de Wade et de ceux qui avaient perverti ou trahi la nouvelle émergence libérale sociale née de l Alternance de 2000.
Je refuse de suivre un homme apparemment kidnappé et instrumentalisé par des socialistes et de vieux communistes au point d’oser regarder tout un peuple dans le blanc des yeux et lui promettre de diminuer le prix des denrées de 1ere nécessité, en faisant fi des coûts de production qu’il ne maitrise pas ; et qui aujourd’hui, fait face en toute impuissance, à la flambée de l’ensemble des prix, plongeant notre pays dans une crise économique et financière sans précèdent.
Je refuse de suivre un homme qui crie, urbi et orbi, probité et sobriété à tous les carrefours du pays, alors qu’on informe peu après, qu’il disposerait d’un patrimoine symbolisé par un iceberg dont la seule partie visible dépasse dit on, les 8 milliards, fortune dont même la chancelière de la première puissance économique européenne Angela Merkel ne dispose du dixième, elle qui est pourtant aux affaires depuis 8 ans.
Oui j’avais toutes les raisons de refuser il y a un an de suivre des hommes dont le profil éthique pour gouverner est douteux, de suivre un candidat président sans vision, et conviction claires, qui une fois élu passerait tout son temps à tâtonner, tergiverser et imiter au lieu d initier.
Je refusais de participer au remplacement de notre aristocratie par une «artistocratie» appuyée par une prétendue presse libre, mettant en avant un libertinage et une «théâtralisation» de la vie politique au grand dam de notre oligarchie Intellectuelle, de nos grandes plumes cassées, nos hommes de culture aux grandes idées (devenus subitement muets), et nos millions de chefs de famille vertueux mais, aujourd’hui, désemparés. Je refuse de n’apprendre à nos enfants que du «thiakhaguoune» et du «Takh ci ripe» et de ne leur proposer que la lutte, la danse et le « mbalakh » comme modèles de développement et vecteurs de réussite sociale. Je refuse de faire croire à nos enfants que ce Grand théâtre qui devait être un grand Opéra, un labo culturel à l’image de l’Opéra de Paris, celle de Vienne ou de Berlin, ne sert qu’à casser les micros pour des séances d’exhibitionnisme, d’«exorcisme et de transes» ouvrant les voies à toutes formes de dérives obscènes et immorales. Oui, Dakar ne dort pas ; non seulement il ne dort plus, mais c est tout le Sénégal qui ne dort plus , et ne se repose plus afin de pouvoir réfléchir en toute sérénité, car à chaque coin de rue, on convie sa jeunesse innocente à des séances de tam-tam avilissant et dégradant la personnalité ; je refuse que notre culture ne soit que ça…
Je refuse de croire qu’une simple théâtralisation d’une mendicité d’Etat peut venir en aide aux sinistrés des dernières et futures inondations orchestrée par certains, qui peinent à résoudre définitivement l’épineux problème d’assainissement. Je refuse de ne pas me demander, en prenant à témoin l’opinion, où sont passée ces centaines de milliards du PEPAM et du PELT empruntés aux bailleurs dans le compte débit de tout le peuple sénégalais. Qui furent les ministres de l’hydraulique et de l’énergie en 2000 puis 2002 ? Qui fut le chef d’orchestre de tous ces « musiciens » maladroits à partir de 2004, dont « l’amère symphonie » est devenue inondations, délestages en continu, pauvreté et rareté des ressources publiques ? N y aurait il pas bien des absents au banc des accusés ?
Non, nous refusons de tromper les sénégalais et plaidons plutôt pour un audit global et non sélectif de tous ceux qui ont géré les deniers publics de 2000 à 2012. Que tous ceux qui ne disposaient pas de titres fonciers, de permis d’occuper ou d’une moindre carte grise en 2000 et qui aujourd’hui possèderaient plusieurs dizaines d’hectares du domaine national, des appartements à l’extérieur et un parc de plusieurs grosses cylindrées, disent comment ils les ont obtenus : ce serait cela la rupture.
Je refuse de participer à un lynchage médiatique et une intimidation de nos valeureux magistrats, nos braves enseignants et de certaines forces de sécurité sous le prétexte qu’ils n’ont pas droits aux fonds communs et primes de motivations ou qu’ils soient seuls et entièrement responsables des ordres venus des sommets politiciens.
Non, je refuse, car l’Etat ce n’est pas seulement les politiciens (qui eux ont droit aux fonds politiques et autres caisses dites noires) mais c’est aussi cette administration, cette fonction publique républicaine que l’on doit respecter, protéger et motiver.
Je refuse de cautionner un régime qui tend à réduire notre patronat en «poltronat» dont les capitaines courbent l’échine devant les décideurs politiciens aux fins de décrocher des avantages ou des marches publics. Notre pays n a pas besoin d’un régime nouveau qui comme l’ancien, promeut la transhumance pour asseoir sa base en réduisant une certaine classe ou caste politique en un troupeau affamé errant de prairie en prairie.
Oui, je refuse quels que puissent être les quolibets et attaques auxquels je m’expose, provenant des thuriféraires embusqués, car je sais que les blessures qu’ils m’infligeraient seraient beaucoup plus supportables que les stigmates que laisseraient sur ma conscience l’acceptation dans l’hypocrisie de la vaste entreprise de liquidation de notre âme nationale. Oui, je refuse parce que le fils d’un ancien combattant qui s’est battu pour l’honneur et la grandeur du Sénégal, ne saurait se résoudre à suivre ceux-là que l’on suspecte d’ambitionner de livrer notre pays à des lobbies étrangers obscurs.
Non pas que je sois contre les amitiés internationales ; loin s’en faut mais ; je refuse juste parce que je considère que ces amitiés doivent être fondées sur le respect mutuel, la solidarité et non sur un complexe de supériorité/ infériorité qui promeut des valeurs aux antipodes de notre culture nationale.
Non, je refuse de ne pas accepter que ces grands chantiers, résultats d’une véritable vision libérale, ne fussent pas nécessaires pour sortir notre pays du cercle vicieux de la pauvreté. Je refuse de ne pas croire que cette vision libérale qui a sorti t’Europe de l’obscurantisme et la pauvreté depuis 3 siècles et qui permet à l’Allemagne, à la Grande Bretagne et aux Pays Bas de résister à l’euro crise, ne soit pas le remède qui sortira l’Afrique de sa misère économique chronique.
Non, je refuse d être amnésique ou ingrat par rapport à une vision à laquelle j’ai cru pendant plus d’un ¼ de siècle, de faire la promotion du socialisme, de l’économie d’Etat, incompatible avec ce contexte de mondialisation obligatoire. Je refuse de remplace le « il faut travailler beaucoup travailler, toujours travailler » par du « il faut parler, beaucoup parler, toujours parler »
N’étant ni communistes, ni socialistes, nous refusons les alliances de circonstances et de conjoncture, juste pour être dans l’air du temps et se partager le gâteau. Nous restons des libéraux qui ne font pas dans le syncrétisme idéologique et l’hypocrisie sociale ; Oui, je refuse le meurtre du père même si, à un moment donné, il était nécessaire d’essayer de le sortir de sa bulle.
Je refuse de soutenir une alternative, qui ne soit libérale et le vice président de l’Internationale libérale que j ai longtemps été ne saurait avoir une autre attitude. Nous préférons un vieux président qui gouverne avec des jeunes à un jeune président qui gouverne avec des vieux.
Parce qu’il fallait ramener un père spirituel à la raison, j’assume ma participation à une coalition électorale dans une campagne de principe pour la non candidature de Me Abdoulaye Wade. Au moment où d’autres sont allés faire le tour du pays pour tenir des promesses qu’ils ne pourront jamais respecter. A partir de ce 25 mars 2012, mes amis du PLC et moi avions repris notre liberté, en refusant de regarder dans une direction imposée par manipulation, à toute l’opinion. Même si c’étaient des moments, extrêmement périlleux de ramer ainsi à contre courant d’un torrent populaire. Mais en mars 2012, Il y avait en lieu et place d’un débat programmatique, plutôt une campagne pour ou contre Abdoulaye Wade. Nous autres, avions juste estimé que Wade, pouvait et devait se passer d’un troisième mandat afin qu’une autre génération puisse prendre la relève. Mais nous ne pouvions soutenir l’arrivée au pouvoir d’un cartel socialiste- communiste en piétinant nos convictions idéologiques.
Car étant convaincu qu’aujourd’hui il n’y pas de projet de développement plus crédible net et clair que le libéralisme social. Il y a certes eu sous le régime précédent un problème dans la gestion institutionnelle et celle des ressources humaines. On peut faire beaucoup de reproches ; Mais si l’on terminait ces grands chantiers, si ces autoroutes et ces échangeurs pouvaient aller jusqu’à Kaolack, Touba, St Louis, Tamba, Kedougou et Ziguinchor ! Le Sénégal mérite un grand président qui poursuive ces grands travaux et qui fait croire à notre jeunesse que nous pourrons, un jour, construire des TGV, des centrales nucléaires, des parcs éoliens et solaires. Oui à l’alternance générationnelle libérale mais dans la responsabilité l audace et la compétence ;
Tout comme Emile Zola dénonçait l’antisémitisme qui caractérisait le procès Dreyfus du gouvernement Faure, j’avertis contre les dangers d’un « éthnicisme » rampant en refusant de participer à tout ce qui pourrait plonger le Sénégal dans ce cycle démoniaque. Le Sénégal, notre cher pays, c’est certes le Fouta mais c’est aussi le Cayor, le Djolof, le Ndiambour, le Walo, le Baol, le Sine et Saloum, le pays Lebou, la belle Casamance et les autres.
Notre force réside dans la cohésion entre toutes nos ethnies qui sont toutes cousines et sœurs. Mais comment ne pas s’inquiéter, qu’une frange ethnique se soit singularise si fortement dans son soutien pour un candidat en 2012 et depuis mars dans une entreprise de colonisation rampante de l’administration publique. Cela a déstabilisé certains pays dans notre sous région. Zola n ayant pas été compris en son temps, l’antisémitisme avait poursuivit son malheureux chemin jusqu’a déboucher sur la 1ere guerre mondiale l holocauste, la seconde guerre et cette confrontation quasi permanente entre mondes arabe et juif.
Je refuse de suivre ceux qui stigmatisent et tentent de ridiculiser nos vaillants marabouts et confréries qui de tout temps ont été un rempart inébranlable au service de la cohésion et de la dignité nationale ; l’Etat doit respect, aide et protection ; Non, nos guides spirituels ne sont pas des citoyens ordinaires comme disait l autre.
Mon devoir citoyen, comme Emile Zola à l’époque, est de parler, quoiqu’il m en coûte, car je refuse d’être complice en me taisant.
Ne pouvant pas distribuer la lettre de Zola à tous nos concitoyens, il me semble utile d’en partager une citation avec l’opinion :
« Et c’est un crime encore que de s’être appuyé sur la presse immonde, que de s’être laissé défendre par toute la fripouille de Paris, de sorte que voila la fripouille qui triomphe insolemment, dans la défaite du droit et de la simple probité. C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes …. C’est un crime d’égarer l’opinion … cette opinion qu’on a pervertie jusqu'à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de création et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des œuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le Dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’œuvre prochaine de la vérité et de la justice. Cette vérité, cette justice que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies » .Cette citation pourrait s’adapter à notre contexte sénégalais a bien des égards.
Dr Mamadou Lamine Ba (ancien ministre)
Président du PLC
Il y a un an tout un peuple s’était dressé pour faire partir un homme ; oui il devait certainement partir et il est parti ; mais la question est de savoir si l’enjeu en valait la chandelle ! C’est cela qui explique cette modeste contribution qu’il me plait d’intituler «je refuse».
Je refuse comme je l’ai fait avant l la dernière présidentielle, entre les deux tours et après, d’être amnésique en supportant ceux qui ont trahi l’idéal libéral. Qu’ils soient du régime précédent, de l’actuel ou des deux à la fois. Ceux la qui ont perverti notre vision libérale et saccagé la suite de notre projet démocratique, économique et social qui, à l’ origine, était ce qu’il y avait de meilleur pour le Sénégal et l’Afrique au sortir de trois siècles d’esclavage , de colonisation et 40 ans de socialisme débridé, ravageur et sans ambition.
Je refuse d’accorder du crédit à ceux-là , qui en février/mars 2012 regardaient les sénégalais dans les yeux pour leur proposer un projet chimérique qui n’est fondé sur aucune stratégie ou vision et qui ont profité de la vacuité intellectuelle de la dernière présidentielle pour glaner les suffrages d’un peuple, qui pour des raisons éthiques et démocratiques, voulait se débarrasser de Wade et de ceux qui avaient perverti ou trahi la nouvelle émergence libérale sociale née de l Alternance de 2000.
Je refuse de suivre un homme apparemment kidnappé et instrumentalisé par des socialistes et de vieux communistes au point d’oser regarder tout un peuple dans le blanc des yeux et lui promettre de diminuer le prix des denrées de 1ere nécessité, en faisant fi des coûts de production qu’il ne maitrise pas ; et qui aujourd’hui, fait face en toute impuissance, à la flambée de l’ensemble des prix, plongeant notre pays dans une crise économique et financière sans précèdent.
Je refuse de suivre un homme qui crie, urbi et orbi, probité et sobriété à tous les carrefours du pays, alors qu’on informe peu après, qu’il disposerait d’un patrimoine symbolisé par un iceberg dont la seule partie visible dépasse dit on, les 8 milliards, fortune dont même la chancelière de la première puissance économique européenne Angela Merkel ne dispose du dixième, elle qui est pourtant aux affaires depuis 8 ans.
Oui j’avais toutes les raisons de refuser il y a un an de suivre des hommes dont le profil éthique pour gouverner est douteux, de suivre un candidat président sans vision, et conviction claires, qui une fois élu passerait tout son temps à tâtonner, tergiverser et imiter au lieu d initier.
Je refusais de participer au remplacement de notre aristocratie par une «artistocratie» appuyée par une prétendue presse libre, mettant en avant un libertinage et une «théâtralisation» de la vie politique au grand dam de notre oligarchie Intellectuelle, de nos grandes plumes cassées, nos hommes de culture aux grandes idées (devenus subitement muets), et nos millions de chefs de famille vertueux mais, aujourd’hui, désemparés. Je refuse de n’apprendre à nos enfants que du «thiakhaguoune» et du «Takh ci ripe» et de ne leur proposer que la lutte, la danse et le « mbalakh » comme modèles de développement et vecteurs de réussite sociale. Je refuse de faire croire à nos enfants que ce Grand théâtre qui devait être un grand Opéra, un labo culturel à l’image de l’Opéra de Paris, celle de Vienne ou de Berlin, ne sert qu’à casser les micros pour des séances d’exhibitionnisme, d’«exorcisme et de transes» ouvrant les voies à toutes formes de dérives obscènes et immorales. Oui, Dakar ne dort pas ; non seulement il ne dort plus, mais c est tout le Sénégal qui ne dort plus , et ne se repose plus afin de pouvoir réfléchir en toute sérénité, car à chaque coin de rue, on convie sa jeunesse innocente à des séances de tam-tam avilissant et dégradant la personnalité ; je refuse que notre culture ne soit que ça…
Je refuse de croire qu’une simple théâtralisation d’une mendicité d’Etat peut venir en aide aux sinistrés des dernières et futures inondations orchestrée par certains, qui peinent à résoudre définitivement l’épineux problème d’assainissement. Je refuse de ne pas me demander, en prenant à témoin l’opinion, où sont passée ces centaines de milliards du PEPAM et du PELT empruntés aux bailleurs dans le compte débit de tout le peuple sénégalais. Qui furent les ministres de l’hydraulique et de l’énergie en 2000 puis 2002 ? Qui fut le chef d’orchestre de tous ces « musiciens » maladroits à partir de 2004, dont « l’amère symphonie » est devenue inondations, délestages en continu, pauvreté et rareté des ressources publiques ? N y aurait il pas bien des absents au banc des accusés ?
Non, nous refusons de tromper les sénégalais et plaidons plutôt pour un audit global et non sélectif de tous ceux qui ont géré les deniers publics de 2000 à 2012. Que tous ceux qui ne disposaient pas de titres fonciers, de permis d’occuper ou d’une moindre carte grise en 2000 et qui aujourd’hui possèderaient plusieurs dizaines d’hectares du domaine national, des appartements à l’extérieur et un parc de plusieurs grosses cylindrées, disent comment ils les ont obtenus : ce serait cela la rupture.
Je refuse de participer à un lynchage médiatique et une intimidation de nos valeureux magistrats, nos braves enseignants et de certaines forces de sécurité sous le prétexte qu’ils n’ont pas droits aux fonds communs et primes de motivations ou qu’ils soient seuls et entièrement responsables des ordres venus des sommets politiciens.
Non, je refuse, car l’Etat ce n’est pas seulement les politiciens (qui eux ont droit aux fonds politiques et autres caisses dites noires) mais c’est aussi cette administration, cette fonction publique républicaine que l’on doit respecter, protéger et motiver.
Je refuse de cautionner un régime qui tend à réduire notre patronat en «poltronat» dont les capitaines courbent l’échine devant les décideurs politiciens aux fins de décrocher des avantages ou des marches publics. Notre pays n a pas besoin d’un régime nouveau qui comme l’ancien, promeut la transhumance pour asseoir sa base en réduisant une certaine classe ou caste politique en un troupeau affamé errant de prairie en prairie.
Oui, je refuse quels que puissent être les quolibets et attaques auxquels je m’expose, provenant des thuriféraires embusqués, car je sais que les blessures qu’ils m’infligeraient seraient beaucoup plus supportables que les stigmates que laisseraient sur ma conscience l’acceptation dans l’hypocrisie de la vaste entreprise de liquidation de notre âme nationale. Oui, je refuse parce que le fils d’un ancien combattant qui s’est battu pour l’honneur et la grandeur du Sénégal, ne saurait se résoudre à suivre ceux-là que l’on suspecte d’ambitionner de livrer notre pays à des lobbies étrangers obscurs.
Non pas que je sois contre les amitiés internationales ; loin s’en faut mais ; je refuse juste parce que je considère que ces amitiés doivent être fondées sur le respect mutuel, la solidarité et non sur un complexe de supériorité/ infériorité qui promeut des valeurs aux antipodes de notre culture nationale.
Non, je refuse de ne pas accepter que ces grands chantiers, résultats d’une véritable vision libérale, ne fussent pas nécessaires pour sortir notre pays du cercle vicieux de la pauvreté. Je refuse de ne pas croire que cette vision libérale qui a sorti t’Europe de l’obscurantisme et la pauvreté depuis 3 siècles et qui permet à l’Allemagne, à la Grande Bretagne et aux Pays Bas de résister à l’euro crise, ne soit pas le remède qui sortira l’Afrique de sa misère économique chronique.
Non, je refuse d être amnésique ou ingrat par rapport à une vision à laquelle j’ai cru pendant plus d’un ¼ de siècle, de faire la promotion du socialisme, de l’économie d’Etat, incompatible avec ce contexte de mondialisation obligatoire. Je refuse de remplace le « il faut travailler beaucoup travailler, toujours travailler » par du « il faut parler, beaucoup parler, toujours parler »
N’étant ni communistes, ni socialistes, nous refusons les alliances de circonstances et de conjoncture, juste pour être dans l’air du temps et se partager le gâteau. Nous restons des libéraux qui ne font pas dans le syncrétisme idéologique et l’hypocrisie sociale ; Oui, je refuse le meurtre du père même si, à un moment donné, il était nécessaire d’essayer de le sortir de sa bulle.
Je refuse de soutenir une alternative, qui ne soit libérale et le vice président de l’Internationale libérale que j ai longtemps été ne saurait avoir une autre attitude. Nous préférons un vieux président qui gouverne avec des jeunes à un jeune président qui gouverne avec des vieux.
Parce qu’il fallait ramener un père spirituel à la raison, j’assume ma participation à une coalition électorale dans une campagne de principe pour la non candidature de Me Abdoulaye Wade. Au moment où d’autres sont allés faire le tour du pays pour tenir des promesses qu’ils ne pourront jamais respecter. A partir de ce 25 mars 2012, mes amis du PLC et moi avions repris notre liberté, en refusant de regarder dans une direction imposée par manipulation, à toute l’opinion. Même si c’étaient des moments, extrêmement périlleux de ramer ainsi à contre courant d’un torrent populaire. Mais en mars 2012, Il y avait en lieu et place d’un débat programmatique, plutôt une campagne pour ou contre Abdoulaye Wade. Nous autres, avions juste estimé que Wade, pouvait et devait se passer d’un troisième mandat afin qu’une autre génération puisse prendre la relève. Mais nous ne pouvions soutenir l’arrivée au pouvoir d’un cartel socialiste- communiste en piétinant nos convictions idéologiques.
Car étant convaincu qu’aujourd’hui il n’y pas de projet de développement plus crédible net et clair que le libéralisme social. Il y a certes eu sous le régime précédent un problème dans la gestion institutionnelle et celle des ressources humaines. On peut faire beaucoup de reproches ; Mais si l’on terminait ces grands chantiers, si ces autoroutes et ces échangeurs pouvaient aller jusqu’à Kaolack, Touba, St Louis, Tamba, Kedougou et Ziguinchor ! Le Sénégal mérite un grand président qui poursuive ces grands travaux et qui fait croire à notre jeunesse que nous pourrons, un jour, construire des TGV, des centrales nucléaires, des parcs éoliens et solaires. Oui à l’alternance générationnelle libérale mais dans la responsabilité l audace et la compétence ;
Tout comme Emile Zola dénonçait l’antisémitisme qui caractérisait le procès Dreyfus du gouvernement Faure, j’avertis contre les dangers d’un « éthnicisme » rampant en refusant de participer à tout ce qui pourrait plonger le Sénégal dans ce cycle démoniaque. Le Sénégal, notre cher pays, c’est certes le Fouta mais c’est aussi le Cayor, le Djolof, le Ndiambour, le Walo, le Baol, le Sine et Saloum, le pays Lebou, la belle Casamance et les autres.
Notre force réside dans la cohésion entre toutes nos ethnies qui sont toutes cousines et sœurs. Mais comment ne pas s’inquiéter, qu’une frange ethnique se soit singularise si fortement dans son soutien pour un candidat en 2012 et depuis mars dans une entreprise de colonisation rampante de l’administration publique. Cela a déstabilisé certains pays dans notre sous région. Zola n ayant pas été compris en son temps, l’antisémitisme avait poursuivit son malheureux chemin jusqu’a déboucher sur la 1ere guerre mondiale l holocauste, la seconde guerre et cette confrontation quasi permanente entre mondes arabe et juif.
Je refuse de suivre ceux qui stigmatisent et tentent de ridiculiser nos vaillants marabouts et confréries qui de tout temps ont été un rempart inébranlable au service de la cohésion et de la dignité nationale ; l’Etat doit respect, aide et protection ; Non, nos guides spirituels ne sont pas des citoyens ordinaires comme disait l autre.
Mon devoir citoyen, comme Emile Zola à l’époque, est de parler, quoiqu’il m en coûte, car je refuse d’être complice en me taisant.
Ne pouvant pas distribuer la lettre de Zola à tous nos concitoyens, il me semble utile d’en partager une citation avec l’opinion :
« Et c’est un crime encore que de s’être appuyé sur la presse immonde, que de s’être laissé défendre par toute la fripouille de Paris, de sorte que voila la fripouille qui triomphe insolemment, dans la défaite du droit et de la simple probité. C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes …. C’est un crime d’égarer l’opinion … cette opinion qu’on a pervertie jusqu'à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de création et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des œuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le Dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’œuvre prochaine de la vérité et de la justice. Cette vérité, cette justice que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies » .Cette citation pourrait s’adapter à notre contexte sénégalais a bien des égards.
Dr Mamadou Lamine Ba (ancien ministre)
Président du PLC
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