Le 25 janvier 2009 s'éteignait à Dakar à l'âge de 98 ans le Grand Mawdo, Mamadou Moustapha DIA, l'un des pères des indépendances africaines. Comme nous le rappelait à l'époque son ami et ancien collaborateur Roland Colin (Sénégal notre pirogue, au soleil de la liberté, Présence Africaine, 2007), il fut d’abord instituteur dans le Sénégal profond, il s’associa à Senghor pour fonder, en 1959, le Bloc Démocratique Sénégalais, devenu ensuite Union Progressiste Sénégalaise, qui dirigea le pays dans les moments cruciaux de l’autonomie et de l’indépendance. Les deux compagnons se séparèrent en décembre 1962, lorsque Dia, Chef du gouvernement, menant un combat sans merci contre l’économie de traite et pour la démocratie participative et le
développement, fut accusé par ses ennemis d’un prétendu « coup d’État ». Abandonné par Senghor, il fut condamné à une prison cruelle, d’où il ne sortit qu’au bout de 12 ans. Depuis sa libération, en 1974, il s’était fait le champion inlassable d’un « développement à partir des communautés de base », fustigeant les dévoiements des classes dirigeantes, et prônant un « socialisme humaniste » et une mondialisation à visage humain.
Je ne compte pas les fois où j’ai lu ses articles publiés sous l'appellation « l’œil du Patriarche » ou entendu ses avis sur la situation politique nationale et internationale. Ses analyses très pertinentes sont toujours d'actualité avec une conception redoutable et une exigence d'économiste adossé aux théories du développement à la base. Il avait choisi d’en payer le prix, mais on peut témoigner qu’il n’en a pas moins souffert par amour pour sa patrie.
Ce choix, cependant, ne fut pas seulement souffrance. Il lui valut aussi l’admiration et l’affection de tous ceux qui apprenaient à connaître, derrière l’austérité du grand patriote, la générosité et la sensibilité d’un homme qui était le plus fidèle et le plus attentif des pères, frères, grand pères, oncles, époux et amis.
Ceux-ci étaient nombreux dans les milieux et de différentes générations. Ils étaient nombreux aussi dans les familles religieuses car il était soufi et musulman pratiquant qui maîtrisait à merveille l'Islam et le wird tidjania auquel il réserva des attachements puissants.
Le merveilleux homme qu’il était dans le sens noble du terme a laissé derrière lui une génération de patriotes, en Sénégal et à l’étranger, qui comme lui, sont convaincus qu'on ne peut pas développer un pays sur la base de l'aide et de la mendicité internationales. L’attention qu’il accordait à l'orthodoxie dans la gestion des affaires de l' État, le souci qu’il avait de politiques en adéquation avec les besoins du peuple et intransigeance qu'il savait faire montre lorsque le moment l'exigeait: c’est là le souvenir le plus précieux que nous, qui avons été de ceux-là, garderons de lui.
C'est l'occasion pour nous de demander aux jeunes chercheurs d'aller explorer ce grand monument qui a joué un rôle prépondérant à l'aube de notre accession à la souveraineté internationale. Des livres d'acteurs des événements du 17 décembre 1962 et le récent film d' Ousmane William Mbaye plaident pour sa réhabilitation pleine et entière car contrairement aux autres, il n'a pas sculpté sa propre voie pour sortir du ravin au nom de sa propre gloire.
développement, fut accusé par ses ennemis d’un prétendu « coup d’État ». Abandonné par Senghor, il fut condamné à une prison cruelle, d’où il ne sortit qu’au bout de 12 ans. Depuis sa libération, en 1974, il s’était fait le champion inlassable d’un « développement à partir des communautés de base », fustigeant les dévoiements des classes dirigeantes, et prônant un « socialisme humaniste » et une mondialisation à visage humain.
Je ne compte pas les fois où j’ai lu ses articles publiés sous l'appellation « l’œil du Patriarche » ou entendu ses avis sur la situation politique nationale et internationale. Ses analyses très pertinentes sont toujours d'actualité avec une conception redoutable et une exigence d'économiste adossé aux théories du développement à la base. Il avait choisi d’en payer le prix, mais on peut témoigner qu’il n’en a pas moins souffert par amour pour sa patrie.
Ce choix, cependant, ne fut pas seulement souffrance. Il lui valut aussi l’admiration et l’affection de tous ceux qui apprenaient à connaître, derrière l’austérité du grand patriote, la générosité et la sensibilité d’un homme qui était le plus fidèle et le plus attentif des pères, frères, grand pères, oncles, époux et amis.
Ceux-ci étaient nombreux dans les milieux et de différentes générations. Ils étaient nombreux aussi dans les familles religieuses car il était soufi et musulman pratiquant qui maîtrisait à merveille l'Islam et le wird tidjania auquel il réserva des attachements puissants.
Le merveilleux homme qu’il était dans le sens noble du terme a laissé derrière lui une génération de patriotes, en Sénégal et à l’étranger, qui comme lui, sont convaincus qu'on ne peut pas développer un pays sur la base de l'aide et de la mendicité internationales. L’attention qu’il accordait à l'orthodoxie dans la gestion des affaires de l' État, le souci qu’il avait de politiques en adéquation avec les besoins du peuple et intransigeance qu'il savait faire montre lorsque le moment l'exigeait: c’est là le souvenir le plus précieux que nous, qui avons été de ceux-là, garderons de lui.
C'est l'occasion pour nous de demander aux jeunes chercheurs d'aller explorer ce grand monument qui a joué un rôle prépondérant à l'aube de notre accession à la souveraineté internationale. Des livres d'acteurs des événements du 17 décembre 1962 et le récent film d' Ousmane William Mbaye plaident pour sa réhabilitation pleine et entière car contrairement aux autres, il n'a pas sculpté sa propre voie pour sortir du ravin au nom de sa propre gloire.
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