Heureux qui comme Oumar…


Heureux qui comme Oumar…
« Je suis en train de faire ma scolarisation administrative ». C’est par cette formule amusante mais fort éloquente qui résonne encore dans l’écho de la salle de réunion que j’eus l’occasion, pour la première fois de te rencontrer. Le Maire avait, en effet, décidé de te confier la direction de la culture de la Ville. Très rapidement, une sympathie mutuelle se développa entre nous. A plusieurs reprises, je passais prendre le café dans ton bureau. Mais comme tu as pu le deviner, ce moment de café était plutôt un prétexte pour apprendre et recueillir auprès de l’homme de l’art les multiples facettes de la culture dont je m’évertuai à comprendre le sens comme tout homme politique, curieux par définition. Je n’oublie pas nos discussions sur la littérature notamment celle sur le chef d’œuvre de Dumas (Le Comte de Monte Cristo). Ton passage à la Ville de Dakar est marqué d’une empreinte indélébile.
Ceux qui ont eu l’agréable plaisir de travailler avec toi ou sous ta direction ont vite adopté cet homme à la fière allure. Tout chez toi était précis et modeste. Le port vestimentaire incrusté dans la tradition qui rappelait ton ancrage à cette Africanité que la culture-ta culture- professait. Le verbe, empreint de solennité mais juste et convaincant. Tu étais le maître, le professeur par ton sens de la mesure, mais aussi ta conviction. Dakar te doit beaucoup. Tu as su donner corps à la vision d’un homme dont l’une des marques de fabrique est certainement un détecteur de talents.
Ce lundi, alors que je réglais les détails d’un voyage, j’interrompis tout comme par prémonition pour te rendre visite. C’était notre dernier entretien. Hier, quand j’ai appris le décès de ta chère mère, j’ai pensé à toi. Je n’en reviens toujours pas en relisant ce sms qui m’annonce ta disparition. J’ai tout arrêté aujourd’hui car pour moi, le temps s’est arrêté. Et pourtant Paris gronde de mille bruits. Ballon d’or raté ; Président infidèle… Je reste insensible à tout ce vacarme car ma double douleur m’affecte. J’espère que tu me pardonneras mon absence car j’aurais souhaité t’accompagner vers ta dernière demeure. Je ne te pleure pas Oumar, je te chante car on ne pleure pas un artiste, on le chante. Tu fus un homme bon, un artiste au sens plein et entier du terme.
Maman, par amour, a décidé de te précéder au paradis pour t’accueillir comme elle accueillit jadis tes premiers pas. Elle est partie plus tôt pour t’accompagner et te guider vers le Prophète (PSL) comme elle accompagna et guida tes premiers pas. Au soir d’une vie remplie,  dans la douceur de la Meilleure des Nuits, tu la rejoins pour dormir éternellement  auprès d’elle comme à la belle époque de l’enfance. Je te vois d’ici-bas sourire.
Merci pour tout grand Oumar.
Moussa TAYE
Mairie de Dakar
 
Mercredi 15 Janvier 2014




1.Posté par Ibou le 15/01/2014 13:38
Paix a son ame



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