Guerres en Afrique, d'où viennent les armes des rebelles ?

La maitrise de ce fléau qu’est la guerre en Afrique, passe par la maitrise des circuits de distribution des armes que l’Afrique ne fabrique pourtant pas !


Guerres en Afrique, d'où viennent les armes des rebelles ?
Evitons les termes « djihadistes », ou « islamistes » pour parler dans un cadre global. Préférons le terme « rebelle » pour désigner ces groupes armés qui ne cessent de remettre à zéro, le compteur du développement des rares pays Africains qui en prennent la voie. Même si, à leur décharge, les causes viennent souvent des modes de gouvernance.

Ensuite, osons poser la question de savoir qui arme ces groupes ? Et comment s’en prennent-ils pour transporter jusques chez eux, ces armes que l’Afrique ne fabrique pourtant pas ? Les systèmes de renseignement, aujourd’hui mis à profit pour cette guerre malienne n’auraient-ils pas pu servir en amont ?
La réponse à ces questions problématise la méthode d’acquisition d'armes par les rebelles en Afrique. Les pays africains gagneraient à inviter la communauté internationale en général, et les partenaires occidentaux en particulier, fabricants d’armes, à un débat aux fins de recherche de solutions inhérentes à la politique d’écoulement de la production d’armes.

En notre qualité d’africain préoccupé, cette autosuggestion triche en quelque sorte la politique solidaire de contrôle des transferts d’argent susceptibles de financer des actions terroristes. Nul ne doute de l’effet positif de cette stratégie de blocage du mal à sa source. La solution aux guerres africaines, passera également par cette même stratégie. La refuser pourrait être qualifié de « deux poids, deux mesures ». Il faut en effet que les puissances, fabricants d’armes, acceptent la mise en place et le suivi, d’une politique de vente d’armes dont les failles entravent fortement le décollage des pays africains.

Qui ose douter que la situation actuelle au mali est une résultante, parmi d’autres, de la guerre libyenne ? La logique voudrait que les états qui s'étaient engagés en Libye, assument leur responsabilité en se constituant principaux « donateurs » pour éteindre le feu qu'ils ont aidé à s'allumer dans le nord Mali. Cette guerre n’est en réalité qu’une suite logique d’un engagement inachevé et prématurément clôturé. La force de la vapeur provenant de la marmite chauffée à fond, ne permet souvent pas la remise du couvercle. Pour l’éviter il faut s’occuper d’abord de l’intérieur bouillant - au risque d’un dégoulinement sans borne commençant néanmoins par le voisinage !

En effet, il est difficile de comprendre comment un groupe supposé clandestin, peut trouver les moyens financiers, matériels et logistiques pour se procurer des armes capables d’inquiéter un Etat souverain, reconnu et qui n'a pas besoin de se cacher pour s'équiper. Ce constat, au-delà de la situation malienne, concerne tous les pays souffrant de rébellion. Nous estimons en effet, qu’on ne peut pas se cacher pour s’équiper, et être mieux équipé que ceux qui en ont l’obligation. La logique ne l’accepte pas ! Mais c’est surtout réfuté par le rôle régalien de la gestion de la sécurité des citoyens par l’Etat.

Au-delà de l’assistance internationale pourtant appréciée, mais dont la récurrente suscite des doutes, l'on devrait se demander si certaines rébellions bénéficient d'une complicité cachée étrangère d'Etats développés, fabricants d'armes ? Le cas échéant, est-ce par peur de dévoiler des « pyromanes-pompier » dans le groupe de secouristes venus éteindre le feu, qu’on circonscrit volontairement l’intervention au strict arrêt des hostilités ? Pour éviter que des cendres, renaissent d’autres feux, il est plus que nécessaire de se soucier des fuites et destinations du contenu des arsenaux des pays sinistrés.

D’autre part, conscients de l’intelligence stratégique des pays à fort potentiel militaire, nous n’osons croire qu’ils sont assez négligents pour ne pas surveiller et tracer la destination des armes qu'ils vendent ? Ils sont en effet conscients de ne jamais fournir d’armes à une menace potentielle, capable de les retourner contre eux.
D’ailleurs, pour des équipements bien moins sensibles que l'armement, des autorisations d'exportation et d'importation sont requises pour identifier les fournisseurs mais surtout les bénéficiaires !

Ces facteurs constituent un motif suffisant pour que les pays africains, dans un cadre organisé à la dimension de la CEDEAO ou de l’UA, exigent le respect des accords de non fourniture d'armes à des groupes indépendants ; accords dont nous n’osons croire à l’inexistence. L’Afrique est une niche de croissance qui lui vaut une convoitise quasi-mondiale. Ce facteur devrait la conforter dans la gouvernance mondiale. Egalement, elle devrait se donner les moyens pour que soit ce qu’elle souhaite que cela arrive.

Seul un Etat souverain et reconnu par la communauté internationale devrait pouvoir acheter des armes chez les industriels. Les coalitions de soutien devraient, après chaque guerre, identifier la provenance des armes des rebelles et appliquer des sanctions aux fournisseurs responsables.
A défaut, l’Afrique continuera à souffrir de ces « incendies » dont les « pompiers » ne sont pas étrangers aux causes !
djsarr@hotmail
Mercredi 30 Janvier 2013
Djibril SARR




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