Economie: De l’échec de Wade à l’urgente nécessité d’une rupture, avec Macky SALL


Economie: De l’échec de Wade à l’urgente nécessité d’une rupture, avec Macky SALL
Malgré la construction d’infrastructures entachées de concussions et de malversations à très grande échelle, le régime de l’alternance n’a malheureusement pas amélioré les conditions de vie des Sénégalais. En dépit des discours cosmétiques sur la croissance économique, véhiculés à travers la stratégie de croissance accélérée, le revenu per capita du Sénégal est passé de 350 000 FCFA en 2000, à 509 000 FCFA en 2011 selon les chiffres de l’ANSD, soit 45% d’augmentation après plus de 10 ans. Or, en 10 ans, tous les prix des denrées de première nécessité ont plus que doublé, soit au moins 100% d’augmentation sur chaque prix. En guise d’exemples : le prix du kilo de sucre est passé de 450 FCFA en 2000 à 800 FCFA en 2012 ; le prix du litre d’huile est passé de 520 FCFA en 2000 à 1300 FCFA en 2012 ; le prix du kilo de riz est passé de 210 FCFA en 2000 à 500 FCFA en 2012 ; le prix du litre de gasoil est passé de 310 FCFA en 2000 à 800 FCFA en 2012 ; le prix du litre d’essence est passé de 450 FCFA à 860 FCFA en 2012 ; et le prix de la bombonne de 6 Kg de gaz butane est passé de 1300 FCFA en 2000 à 4300 FCFA en 2012. S’y ajoute que le prix du loyer a été triplé, sur fonds de spéculations immobilière et foncière dont l’Etat demeure le principal responsable. Ainsi, il faut constater qu’il y’a eu moins de 50% d’augmentation sur le revenu par tête et plus de 100% d’augmentation sur les prix des denrées de première nécessité : le niveau de vie du Sénégalais a baissé, ce qui justifie d’ailleurs que le Sénégal soit loin de pouvoir atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui visent la réduction de la pauvreté de moitié en 2015. Pour atteindre ces OMD, il fallait des taux de croissance économique de 7 à 8% à partir de l’année de 2003. Mais malgré la stratégie de croissance accélérée, on est passé d’une moyenne de 5% de croissance entre 1994 et 2003, à une moyenne de croissance économique de 3% entre 2003 et 2012. C’est pourquoi, la pauvreté s’est aggravée, passant de 40% en 2002 à 54% de sénégalais chroniquement pauvres en 2012. Face à cette réalité, les défenseurs du régime libéral tirent souvent leur argumentaire des chocs exogènes et asymétriques, tels que la crise du pétrole et la crise des matières premières agricoles.

Mais il faut retenir, d’une part, que des pays de l’UEMOA économiquement plus vulnérables que le Sénégal, comme le Mali, le Burkina ou le Bénin, ont eu à faire preuve d’une bonne maîtrise de l’inflation par des stratégies internes, telle que la rationalisation de leurs dépenses publiques. D’autre part, des initiatives d’allègement fiscal et de promotion des affaires ont été prises à partir de 2000, mais la croissance débridée des dépenses publiques ont poussé l’Etat à attiser d’autres fronts pernicieux de pression fiscale qui ont découragé les initiatives privées et renchéri les coûts des facteurs de production déjà aggravés par la crise électrique et pétrolière. Le mal du Sénégal a donc clairement été la gabegie érigée en mode de gouvernance, les détournements de fonds publics et la croissance des dépenses publiques tirées par un clientélisme politique poussé à l’extrême. Les études économiques ont montré que les dépenses publiques évoluent en sens inverse avec le PIB, et le niveau exorbitant atteint par les dépenses publiques du système wadien ont eu un effet d’éviction sur les fonds qui aurait dû permettre d’alléger le coût de la vie et de concéder au secteur privé une marge financière supplémentaire incitative et favorable à son développement accéléré.

L’Etat joue un rôle prépondérant dans une économie quelque soit l’angle idéologique d’analyse. Et il ressort de manière claire que, pendant 12 ans, l’Etat du Sénégal a failli à sa mission de promoteur général de l’économie et d’animateur de notre marche vers le développement, s’occupant simplement d’infrastructures de prestige dont le financement est tâché des pires crimes financiers de l’histoire de notre pays.

Voter pour WADE c’est voter pour la continuité avec la vie chère et avec la nébuleuse autour de l’utilisation de l’argent public. Elire WADE au second tour comporte un autre risque économiquement dangereux : c’est un vieux qui demande trois ans pour, dit-on, finir ses chantiers, les chantiers du Sénégal. Donc, après trois ans, deux seuls scénarios, non souhaitables, sont possibles : manipuler les institutions et opérer une dévolution monarchique du pourvoir pour encore 4 ans, ou appeler à une autre élection au bout de trois ans avec les coûts que cela va occasionner pour le contribuable sénégalais. S’y ajoute que les investisseurs vont être réticents vis-à-vis d’un interlocuteur qui ne va sûrement pas durer au pouvoir.

Voter Macky SALL, c’est prôner la rupture en portant le choix sur un ancien premier ministre qui a été témoin des pires erreurs de gouvernance qui ont fini par affaiblir la république. Inutile de rétorquer que Macky est comptable du bilan de WADE. Macky a assumé le bilan 2000-2008, mais avec le bénéfice moral qu’il n’en était pas le décideur suprême, et il est dit d’ailleurs que c’est avec lui, comme premier ministre, que les projets de WADE ont commencé à se concrétiser en 2005. Par ailleurs, la logique voudrait que si Macky SALL était coupable de quoi que ce soit alors qu’il dérange tant le régime en place, il aurait été traduit en justice avant d’en arriver au second tour avec WADE. C’est de là que ressort la pertinence du programme de la coalition Macky 2012, dont les principaux axes de propositions tournent autour de la restauration de la république en tirant les leçons des dérapages wadiens. Quid du recentrage de l’action économique de l’Etat sur les priorités du pays, notamment la réduction des prix des denrées de première nécessité.

Dr Elhadji Mounirou NDIAYE

Economiste
Vendredi 9 Mars 2012
Dr Elhadji Mounirou NDIAYE




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