Du statut pénal des anciens ministres et des contrevérités distillées par Wade et ses partisans


Du statut pénal des anciens ministres et des contrevérités distillées par Wade et ses partisans
Madické Niang, Souleymane Ndéné Ndiaye, Ousmane Ngom menacent de ne pas déférer à la convocation d'un juge "ordinaire" au motif qu'ils ne sont justiciables que devant la Haute Cour de Justice. Ils tendent également à faire croire que la cour de répression de l'enrichissement illicite est liberticide et viole les droits de l'homme. Ont-ils raison ? La réponse est négative et ce genre d'affirmation fait partie du tissu de contrevérités diffusé à longueur de semaine dans les médias par des individus qui semblent apeurés. Pourquoi ? Un petit rappel des textes s'impose.


Rappel des textes nationaux

Article 101 constitution du Sénégal :
"Le Président de la République n'est responsable des actes accomplis dans l'exercice de ses fonctions qu'en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en accusation que par les deux assemblées, statuant par un vote identique au scrutin secret, à la majorité des trois cinquièmes des membres les composant ; il est jugé par la Haute Cour de Justice.

Le Premier Ministre et les autres membres du Gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis. Ils sont jugés par la Haute Cour de Justice. La procédure définie ci-dessus leur est applicable, ainsi qu'à leurs complices, dans le cas de complot contre la sûreté de l'Etat. Dans les cas prévus au présent alinéa, la Haute Cour est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la détermination des peines, telles qu'elles résultent des lois pénales en vigueur au moment où les faits ont été commis."

Article 7 de l'actuelle loi sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite
«Lorsque les faits constitutifs de l’enrichissement illicite concernent une personne bénéficiant d’une immunité ou d’un privilège de juridiction, le procureur spécial transmet le dossier à l’autorité compétente aux fins de l’exercice des poursuites par les voies légales».

Rappelons que cette loi (loi 81-53 du 10 juillet 1981) devrait être mise à jour avec la Création de la Cour de répression des crimes économiques et financiers pour sans doute les raisons que nous avons développées dans un article (http://www.socialisme-republiquesn.org/economie/des-crimes-économiques/1576-sénégal-qui-a-peur-de-la-cour-de-répression-des-crimes-économiques-et-financiers).

Rappel des textes internationaux
Il ne faut pas oublier que le Sénégal a ratifié un certain nombre de conventions internationales qui ont une force supérieure aux lois nationales et qui garantissent les droits de la défense.

La convention de l'Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption applicable au Sénégal définit l'enrichissement illicite comme étant « l’augmentation substantielle des biens d’un agent public ou de toute autre personne que celui-ci ne peut justifier au regard de ses revenus».

De même, la convention des Nations Unies contre la corruption ratifiée par le Sénégal définit en son article 20 l'enrichissement illicite comme étant « une augmentation substantielle du patrimoine d'un agent public que celui-ci ne peut raisonnablement justifier par rapport à des revenus légitimes » et lui confère le caractère d'une infraction pénale.

D'ailleurs, le détournement de derniers publics cause de l'enrichissement illicite est en soi une atteinte aux droits de l'homme selon la Convention des Nations Unies contre la corruption.

Encore une fois (http://www.socialisme-republiquesn.org/economie/des-crimes-économiques/1576-sénégal-qui-a-peur-de-la-cour-de-répression-des-crimes-économiques-et-financiers), ces conventions garantissent les droits de la défense et la présomption d'innocence. Mais elles permettent également aux Etats signataires de mettre en œuvre les instruments appropriés pour rechercher, poursuivre et juger effectivement les criminels économiques.

Donc il appartient de manière évidente aux personnes soupçonnées d'enrichissement illicite de prouver l'origine de l'accroissement subit et disproportionné de la valeur de leur patrimoine.
C'est ce que prévoient certaines dispositions figurant dans le code général des impôts sénégalais relatif au train de vie et personne ne les a jamais attaquées devant les tribunaux. Il ne s'agit donc point de renversement de charge de la preuve mais de présomptions qui supportent la preuve contraire. Si un présumé enrichi illicite ne peut pas prouver sa richesse subite, il doit effectivement rendre compte devant les tribunaux. Et puis, c'est tout.

Contrairement aux élucubrations de Abdoulaye Wade et de ses affidés, la Cour dite de répression des crimes économiques et financiers ou de l'enrichissement illicite n'a donc rien d'un Guantanamo ou d'un tribunal militaire. En l'état actuel du droit positif sénégalais, ses décisions sont susceptibles de recours devant la Cour de cassation.

L'enrichissement illicite relève du droit pénal commun. Il s'agit d'un délit inséré dans le code pénal sénégalais et relève donc des tribunaux répressifs ordinaires sauf effectivement privilège de juridiction. Ni plus ni moins.

Quid des convocations des anciens Ministres devant les tribunaux ordinaires ?

Certains partisans du régime de Wade citent en référence l'article 7 de l'actuelle loi sur l'enrichissement illicite précité pour bomber le torse et défier l'autorité publique prétendant ne plus vouloir répondre aux convocations de la police judiciaire lors des enquêtes préliminaires ordonnées par un procureur de la République.

Ils se trompent lourdement parce que ces individus oublient ou font semblant d'oublier les principes de bases de leurs cours de droits (bon nombre d'entre eux sont des avocats). En effet le privilège de juridiction cesse avec la durée de leur mandat de Ministre ou de député. Cela est clair et constant en droit pénal.

Pour celles ou ceux du grand public à qui cette règle peut paraître incompréhensible (en l'absence de décisions jurisprudentielles sénégalaises publiquement connues) ou qui pensent que les textes sénégalais sont imprécis (alors qu'il n'en est rien) nous les renvoyons au droit français qui a inspiré notre droit pénal.

Ainsi par exemple, le Conseil constitutionnel français a rappelé plusieurs fois que le statut pénal du Président de la République et des Ministres ne confère un privilège de juridiction que pendant la durée du mandat (cf. par exemple Conseil constitutionnel décision du 22 janvier 1999). A l'expiration de son mandat, le Président redevient un simple citoyen et peut être poursuivi dans les conditions de droit commun. Cela explique que le Président Chirac ait été attrait devant les tribunaux ordinaires pour emplois fictifs après la fin de son mandat. Ce principe du droit vaut également pour les Ministres.

D'ailleurs en France, la responsabilité pénale des Ministres en fonction peut-être engagée même devant les tribunaux ordinaires pour les actes commis mais qui sont sans lien avec leurs fonctions. Il aurait dû en être ainsi au Sénégal d'ailleurs pour le saccage de journaux qui aurait été commandité par Farba Senghor Ministre car il s'agissait d'actes manifestement détachables de ses fonctions.
Il n y a donc rien d'exceptionnel dans le fait de poursuivre les délinquants économiques, fussent-ils anciens Ministres, et de leur appliquer les règles du droit pénal sénégalais relatives à l'enrichissement illicite.

Sachons donc raison garder et laissons la justice faire son travail d'autant plus que pour le moment, les investigations ne porteraient que sur les rapports d'audits qui avaient été établis durant le régime de Wade mais que ce dernier avait, semble-t-il, rangé dans des tiroirs. Si les anciens dignitaires du régime de Wade n'ont rien à se reprocher, ils ne gagnent rien à envahir les médias pour "faire du bruit". A moins que…

Ibrahima Ndiaye
Socialisme et République
http://www.socialisme-republiquesn.org
Vendredi 8 Juin 2012
Ibrahima Ndiaye




1.Posté par pierre le 08/06/2012 12:42
Merci pour l'éclairage . Ce type de commentaire est trés utile dans ce contexte ou certaine parties cherchent à maintenir un flou artistique pour se présenter comme victime. Ils sont justiciable comme simple citoyens c'est tout. merci

2.Posté par S/s le 08/06/2012 12:45
monsieur ndiaye rien que des contre vérité

3.Posté par mali le 08/06/2012 13:16
IL FAUT AUDITER ILLICO ASSURANCES . D’HONNÊTES CITOYENS AYANT SOUSCRIT UN CONTRAT D'ASSURANCE RETRAITE ARRIVE A TERME DEPUIS 2010 NE SONT TOUJOURS PAS PAYES

4.Posté par adama le 08/06/2012 13:25
envoyez leur le GIGN ou BIP c'est plus simple à comprendre que ce texte

5.Posté par FAUX le 08/06/2012 13:33
Il y a lieu de distinguer selon que l'infraction a été commise pendant ou en dehors de l'exercice de les fonctions. Votre référence au droit français, est limitée. Le cas de Chirac est très clair. Pendant l'exercice des fonctions, il ne peut être convoqué en justice pour des faits etrangers a son mandat de président. Par contre, et c'est la position de la cour de cassation, a la fin de son mandat, il devient justiciable ordinaire pour les faits qui sont commis avant d'etre président. La combinaison des articles 101 de la constitution et 7 de la LEI démontre a suffisance que les membres du gouvernement ne peuvent etre entendu que dans le cadre de la procédure mise en place pour la Haute cour de justice, pour autant que les actes poursuivis aient été commis pendant l'exercice de leur mission.

6.Posté par Un avocat inetrnational le 08/06/2012 13:58
"En effet le privilège de juridiction cesse avec la durée de leur mandat de Ministre ou de député. Cela est clair et constant en droit pénal"????????????????????

Comment pouvez-vous déblatérer une telle hérésie? Une telle ânerie me laisse pantois!!!!!!

Le privilège de juridiction d'un ministre recouvre tous les actes liés à l'exercice de la fonction du ministre
ou qui ont pu être réalisés grâce à cette fonction de ministre et ceci durant toute la période d'exercice effectif de la fonction de ministre.. Cela veut dire que ces actes relèvent toujours du privilège de juridiction, quand bien même leur auteur a cessé de remplir les fonctions de ministre depuis belles lurettes!!!!!!!!!!!!!!!!

Ce n'est pas parce qu'il n'exerce plus la fonction de ministre que ses actes délictuels ou crimininels commis durant l'exercice de fonction ministérielle tombent dans le régistre du droit commun à l'exclusion totale du privilège de juridiction dont bénéficie son auteur....

Vous pouviez nous épargner toutes ces salades qui ne reposent que sur des élucubrations!!!!!!!!

7.Posté par Emme le 08/06/2012 14:00
Villepin a été jugé dans l'affaire "Cleastream" non? Donc ces wadaillons peuvent se retrouver dans les tribunaux

8.Posté par Un avocat inetrnational le 08/06/2012 14:13
A Emme

Dans l'affaire Clearstream, les faits reprochés à Monsieur Dominique de Villepin l'ont été dans le cadre de l'exercice de sa fonction de secrétaire général de l'Elysée sous la présidence de Monsieur Jacques Chirac.

Monsieur de Villepin n'était ni le ministre des affaires étrangères, ni le premier ministre, qu'il est devenu par la suite sous l'impulsion de Monsieur Chirac.

En france, le sécrétaire général de la présidence qui n'a pas rang de ministre ne jouit pas de privilège de juridiction, dévolue au président de la république, aux membres du gouvernements entre autres!!!!

9.Posté par a dkar le 08/06/2012 14:42
Je ne critique pas Monsieur Ndiaye dans son développement. Mais, je me laisse interrogatif après tout son discours qu'il termine par, laisser la justice faire son travail. Alors, pourquoi écrire un tel article, qui peut bel et bien influencer la psychologie des gens?

Et puis, je crains qu'il n'ait pas de notion sur la justice internationale. Rapproche toi des avocats de Velepin ou Chirac! Ils te diront que les wadistes sont à 200% plus fautifs que leurs clients.

Autre chose, lisez le petit communiqué du ministère de la justice. Il semble que les occidents sont invités dans la lutte contre l'enrichissement illicite. Obama, Hollande .... sont tous partants

10.Posté par Saltigué le 08/06/2012 15:35
Moi, je pense qu'il faut leur opposer la jurisprudence Idrissa Seck qui étant ancien Premier Ministre (le fils de Wade n'est qu'ancien Ministre) a été convoqué à la DIC et écroué à Rebeuss avant même la mise en place de la Haute Cour de justice. Si le fils de Wade n'a rien géré en tant que Ministre, comment un Premier Ministre qui n'a pas de Directions pourrait gérer et fauter?
Wade, je vous appelle à méditer tous les actes posés il n'y a guère. C'est l'effet boomerang!

11.Posté par Alimatou le 08/06/2012 16:43
Le privilège de juridiction est une protection politique temporaire pour ne pas perturber l'action du gouvernement.
Il cesse avec les fonctions de Ministre.
Sinon ce serait trop facile de s'abriter derrière son statut de Ministre et de faire ce que l'on veut.
Oui Ndiaye a raison. Les Ministres de wade sont redevenus des citoyens ordinaires.
Charles Pasqua accusé dans l'Angola gate a été jugé bien après la fin de ses fonctions de Ministre par un tribunal correctionnel

12.Posté par aldowakam le 08/06/2012 16:52
A Avocat International
Non mon cher! Dominique de Villepin a été poursuivi pour des ordres d'investigation qu'il aurait donnés à un ancien des Services secrets français le Général Rondot en janvier 2004 alors qu'il était .... ministres des Affaires étrangères. La question est de savoir si cet ordre supposé entrait dans le cadre de ses prérogatives de Ministre. La réflexion de Emme est bien pertinente. Que nos juristes, les vrais, nous éclairent sur cette question.

13.Posté par alex le 08/06/2012 17:02
Mr l'avocat international,
la question n'est pas de savoir si ses anciens ministres bénéficient du privillége de juridiction pour de présumés
délits commis ds le cadre de leur fonction. il s'agit plutot de savoir s'ils peuvent être entendus par la police ou la gendarmerie pour des enquêtes préliminaires au même titre que tout citoyen. la réponse est évidente: OUI.

14.Posté par Juriste petit le 08/06/2012 18:11
Le débat soulevé par M. Ndiaye est intéressant.
La doctrine en France considère que la durée de la protection ne peut qu'être liée au mandat. C'est ce dernier, et lui seul, qui justifie la protection. C'est donc à cette durée et à elle seule qu'elle doit être limitée. Si le Président de la République n'est pas un justiciable comme les autres, l'ancien Président de la République le redevient, faute de quoi les immunités destinées à la fonction deviendraient des privilèges attribués à la personne.
Durant leur fonction, les Ministres ne peuvent être justiciables que devant la Haute Cour mais après leur fonction ils redeviennent des Citoyens ordinaires.
Les Ministres de Wade ne sont pas des privilégiés de droit divin. Wade se prenait pour un Roi. Ses Ministres aussi. C'est pourquoi ils étaient et continuent d'être si arrogants. Mais tout cela c'est terminé

15.Posté par A juriste petit le 08/06/2012 19:00
A juriste petit
Tu risques fort de rester petit avec un tel raisonnement.
Je t'apprends qu'un ministre en exercice est justiciable devant les juridictions de droit commun pour les crimes et délits commis avant son entrée en fonction!
les cas sont légions en France. Prenez l'exemple de georges Tronc, d'Alain Juppé en son temps ......
C'est la personne du ministre de la république qui est protégée, ceci exclusivement pour ses actes politiques effectués dans l'exercice de ses fonctions.
Pour tous ces actes, il n'est justiciable que devant la haute cour de justice, ceci jusqu'à sa mort.......

16.Posté par avocat international le 08/06/2012 22:10
A Alex
Ne soyez pas péremtoire!
Dans le cadre d'une enquête préliminaire, la police ou la gendarmerie qui diligente l'enquête le fait sous la direction du parquet. Seulement, comment voulez-vous que la police judiciare soit compétente là où le ministère public en question sous l'égide du procureur qui dirige cette enquête n'est pas compétent, puisque la loi qui prévoit un privilège de juridiction écarte totalement leur compétence en faveur de la haute cour de justice.

La police ou la gendarmerie ne peut absolument pas être compétente dans les cas où le procureur de la république en personne n'est pas compétent pour diligenter une enquête!!!!!!!!!!

17.Posté par Juriste petit le 08/06/2012 23:53
Avocat international, mon œil
Le privilège est lié à la fonction et non à la personne. Tu ne sais rien de ce que tu racontes
Si c'est Fairbanks s'engorge ou Wade qui t'a payé pour poluer les forums après avoir pillé les caisses de l'Etat, tu perds ton temps car justice se fera tôt ou tard

18.Posté par Sory Diallo le 09/06/2012 00:33
Pas d`insultes ou d`invectives, Juristes_les vrais_eclairez nous

19.Posté par Francis le 12/06/2012 14:22
Intéressant comme sujet.
Extrait de la page Wikipédia consacrée à l'affaire Clearstream :
"En présence de Jean-Louis Gergorin, Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères demande le 9 janvier 2004 une première enquête au général Philippe Rondot, proche conseiller de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, pour vérifier l’existence des comptes bancaires attribués à des personnalités, dont Nicolas Sarkozy. La compétence de Dominique de Villepin à demander une enquête à un officier supérieur est discutée. Fin juin 2004, il informe le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin que l’hebdomadaire Le Point va publier des informations mettant en cause un ministre important du gouvernement. Il lui est demandé de mener des investigations. Il demande une deuxième enquête à Pierre de Bousquet de Florian, directeur de la DST, sans l’informer de l’enquête préliminaire de Philippe Rondot et surtout des forts doutes de ce dernier.

...Dominique de Villepin était donc bien Ministre lorsque l'affaire a commencé. Et il a été poursuivi devant les tribunaux correctionnels...



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