Le dernier classement « Doing Business », établi par la Banque mondiale sur la facilité à créer et gérer une entreprise, place le Sénégal au 178 eme rang mondial sur 189 pays, non seulement derrière la Guinée ou la Gambie mais aussi derrière le Rwanda, le Niger, la Mauritanie, le Malawi, Zimbabwe, le Cameroun, la Côte d'Ivoire ( 167), le Mali, le Burkina Faso, le Togo, le Ghana (67) pour ne citer que ces pays.! Comme il est tout de même difficile de croire que gérer une affaire est véritablement plus aisé à Conakry ou à Bamako qu'à Dakar, St Louis ou Kaolack .Singapour est le champion mondial suivi de Hong Kong, de la Nouvelle Zélande et des Etats Unis. Le Danemark premier pays européen est 5 eme. La France notre premier partenaire économique est classée 38 eme ; la question se pose des enseignements à tirer de ce genre de classement. «Doing Business» s'appuie sur une dizaine de critères. Ceux-ci sont basés d'une part sur le nombre de démarches administratives, les délais et le coût qu'impliquent certaines tâches élémentaires comme enregistrer une entreprise, obtenir un permis de construire, un crédit, ou un raccordement au réseau électrique, et, d'autre part, sur certains aspects du système de régulation du secteur privé, par exemple sa capacité à protéger les investisseurs ou à diffuser l'information concernant la solvabilité des entreprises. Chaque critère donne lieu à un classement international et le rang final d'un pays est la moyenne de ces classements catégoriels. Pour rappel, ''BD'' ne se prononce pas sur le niveau de la fiscalité ainsi que sur le cout du travail. Le problème que pose ce type de classement est que tous les critères ont la même importance et, pris individuellement, ne représentent pas nécessairement ce qui importe vraiment pour les créateurs et gestionnaires d'entreprise.
J'étais parti dans un pays du Maghreb pour une formation organisée par la Jica (Japon International Coopération Agency) regroupant une vingtaine d'ingénieurs du continent africain. Nous avions assisté a un forum ou les représentants de l'Etat exposaient devant des investisseurs étrangers (américains, européens, asiatiques) les avantages et atouts divers du pays (fiscalités, réductions de taxes etc.) A la fin du forum, je m'étais rapproché d'un homme d'affaires européen qui représentait une grande firme mondiale de fabrique d’électrodes. Après les présentations je lui avais demandé pourquoi il ne regardait pas du côté du Sénégal pour implanter son affaire ? J'avais pris soin de bien lui expliquer les avantages qu'offrait le Sénégal a savoir une position géographique sur la routes de l'Europe et des Amériques, avec une ouvertures sur les pays voisins (CDEAO ) et bien sur une stabilité politique sans laquelle on ne peut faire convenablement des affaires. Sans un mot, il alluma son ordinateur, ouvrit je ne sais quel fichier et me demanda en anglais : Sénégal, west africa right?...Pendant quelques longues secondes il se mit a lire et puis me fixa droit dans le yeux et me dis: en effet votre pays a seulement les deux atouts que vous avez énumérés. Mais cela n'est pas suffisant pour investir et gagner de l'argent. Ah oui? Je voulais qu'il continue...Je sais que l'indice de corruption est importante chez vous; et s'il faut y ajouter vos problèmes d'électricité et le manque de personnel qualifiés...Il s'arrêta sentant que je n'avais plus envie d'en entendre plus. Je suis désolé mais votre pays n'est pas très attractif pour nous, finit-il de me dire. Si beaucoup d'hommes d'affaires avaient ce genre d'informations sur notre pays !J'avais aussi retenu lors de cet entretien que les investisseurs viennent d'abord et surtout pour gagner de l'argent. Et donc améliorer l'environnement des affaires c'est prendre des mesures qui puissent permettre a l'investisseur de gagner raisonnablement de l'argent. Ils ne viennent pas pour nous aider a réduire notre taux du chômage. Il y aurait en effet quelque chose de naïf à penser que la réduction de quelques jours du délai d'une formalité administrative pourrait suffire à multiplier le nombre de créations d'entreprises dans un pays.
Dans le cas présent le problème est que les critères utilisés par « Doing Business » sont probablement des indicateurs très indirects et très imparfaits des instruments dont dispose effectivement un Etat pour dynamiser son appareil productif, comme par exemple la lourdeur de la machine administrative ou sa capacité à accompagner les entrepreneurs. A trop se fixer sur de simples indicateurs on risque de confondre symptômes et remèdes. Dans ces conditions, faut-il simplement ignorer ces classements qu'affectionnent particulièrement les médias? Probablement pas. Quand ils sont défavorables, ils devraient au contraire inciter à une analyse approfondie des déficiences qu'ils semblent signaler et de la façon d'y remédier. «Doing Business» ou l'indice de compétitivité mondiale paraissent révéler des faiblesses dans la façon dont le Sénégal accompagne son secteur privé. Tâchons de voir précisément ce qu'il en est et comment y remédier plutôt que de rejeter d'emblée ces diagnostics, aussi imparfaits et approximatifs soient-ils.
''L'environnement des affaires n'incite pas a prendre des risques'' selon Mansour Cama président du CNES (Confédération des Employeurs du Sénégal) intervenant a un forum sur l'investissement et l'environnement des affaires. Mr Cama ajoute qu'il nous faut une meilleure adéquation entre la formation universitaire et le marché du travail. Contrairement au ministre Diene Farba Sarr qui a émis des doutes sur la sincérité du rapport 2013 de la Banque Mondiale en arguant le fait que la Banque n'a pas tenu en compte par exemple du guichet unique qui permet la création d'entreprises en 24 heures, et ceci depuis Janvier 2013; le Président Macky Sall lui s'est heureusement ressaisi en optant pour une lecture réaliste et dynamique du rapport “DB” qui incite a faire plus d'efforts en ''accélérant les réformes majeures et nécessaires pour rendre notre pays attractif.''
Autres points faibles de notre économie: l'énergie et la faible productivité.
Si au niveau de l' énergie des efforts importants sont notés, et que la Sénélec prévoit de disposer d'environ 905 Mw dans son parc de production ( la centrale a gaz liquéfié pour 150 Mw, deux centrales fonctionnant au charbon pour une puissance de 350 Mw, l'importation a partir de la Mauritanie de 80 Mw, extension des centrales de Bel air et Kahone pour 60 Mw, la centrale hydroélectrique de Félou pour 15 Mw, le parc éolien de Taiba Ndiaye pour 70 Mw, la réhabilitation des centrales existant pour 60 Mw) Aujourd'hui 680 Mw sont “disponibles” !
Au vue de ce parc très diversifié, lié a une dépendance au charbon ( nous n'en disposant pas et notre tourbe n'est pas encore exploitée, sans parler des problèmes liés a la pollution) et a un Etat voisin ( la Mauritanie) pour 80 Mw...ne faudrait-il pas envisager la construction d'une centrale nucléaire de la gamme des 1000 Mw comme l'avait envisage Me Wade? ( 1 million de Kw produisant environ 7 milliards de Kwh par an pour un cout unitaire qui serait de l'ordre de 1650 milliards a 2300 milliards par unité de 1000 Mw, prix du Kwh très stable par rapport a l'uranium et très bas après amortissement de la centrale.).La question du nucléaire reste intéressante quand le Président Macky Sall nous dit qu'il a besoin de 10.000 milliards pour financer son projet de Sénégal émergent. Nous ne seront pas attractif aux yeux des investisseurs si nous ne réglons pas de façon durable la question énergétique.
Quant a la productivité de notre économie, nous ne travaillons pas assez d'une manière générale (moins de 5 heures sur 8 de présence et ceci s'explique partiellement par les lourdeurs administratives liées il faut oser le dire a la corruption. Dans ce contexte bienvenue a l'Ofnac!( Office national anti-corruption). Pour améliorer le classement Doing Business du Sénégal les années a venir il nous faut: améliorer davantage notre administration fiscale, réduire les frais de notaires, réduire les taxes de transfert, réduire les taux d'imposition du revenu des sociétés ( les 2 premières années d'installation par exemple), améliorer les procédures d'import-export, renforcer la sécurité des biens au niveau du port de Dakar et enfin mettre en place un C.N.S.E.A ( Comite National de Suivi de l'Environnement des Affaires). Ce comité devra comprendre des personnalités qualifiées : un représentant pour chaque association du patronat ( Cnp. Mdef, Cnes) , un représentant de la Sénélec, un de la Sde, un du Ministère des Finances (douane) et un de la Primature. On peut y ajouter la présence d'un représentant de la Chambre de commerce. La gestion actuelle de l'environnement des affaires par Madame Mimi Touré, Premier ministre sur instruction du chef de l'Etat Macky Sall ne donnera pas les résultats attendus car elle ( la gestion) doit être transférée a ce comité ( une dizaine de personnalités) qui nomme librement son président, se fixe un programme de travail annuel, se réunit a intervalle régulier tous les 2 mois et transmet un rapport a la Primature pour les correctifs et accélérations a apporter dans les procédures ; Pour être efficace, tous les membres du comité devront etre remplacés a 100% après chaque publication du classement mondial du DB, ainsi le nouveau comité installé aura pour mission de mieux faire que le comité partant: c'est la voie de la performance. Toujours mieux faire... l'Etat devra ici jouer pleinement son rôle de facilitateur. Ce comité doit disposer d'un bureau d'accueil et les informations relatives a son fonctionnement et a ses objectifs transmises a tous les futurs investisseurs des le début des procédures d'installation.
Bref l'environnement politique (rapport tendu pouvoir-opposition) et syndical ( trop de grèves a cause de l'absence d'un dialogue et d'un consensus social) influent indirectement mais négativement sur l'environnement des affaires au Sénégal; c'est pourquoi il appartient au chef de l'Etat Macky Sall et a lui seul de poser les actes qui mènent vers un ''Sénégal émergent '' qui reste pour l'instant un rêve... tellement nous en sommes loin. Pour atteindre cet objectif le président Macky Sall en plus de sa volonté réelle , devra s'armer de l'esprit d'ouverture et de dialogue de feu le Président Senghor, de la sérénité et du sens de l'Etat du Président Abdou Diouf, de l'audace du Président Abdoulaye Wade et d'une vision claire du programme qu'il veut réaliser. A mi-parcours , le président Macky Sall semble se chercher encore …. Un bon environnement des affaires, une bonne gouvernance et une transparence dans la gestion des deniers publics, une justice « juste », une égale opportunité pour tous les sénégalais sans distinction de sexe, d'ethnie, de religion ou de tarikha...un système éducatif en adéquation avec les besoins des entreprise, une prise en charge réelle de l'agriculture-élevage-pêche (A.E.P), un système de santé universelle qui fonctionne...ne sont que des maillons dans la longue chaine qui devra, un jour , si nous y croyons et surtout si nous y travaillons, nous mener vers L'Emergence. Des pays jadis plus pauvres que le Sénégal ont eu a relever ce défi.
Par Amadou Sy DIOP
Cincinnati, Ohio , Usa
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