Dégâts collatéraux de l’affaire Habré : Abdoul Mbaye à la barre, le Sénégal sur la sellette.


Dégâts collatéraux de l’affaire Habré : Abdoul Mbaye à la barre, le Sénégal sur la sellette.
Officiellement, le Premier ministre du Sénégal vient de dire à la république sœur du Tchad qu’en 1990, le Sénégal avait accueilli un ressortissant tchadien et que ce dernier avait déposé dans les banques locales, en particulier à la BIAO, des milliards de francs.


Au moins, sur ce dossier, si le Tchad est comme le Sénégal, à la recherche des biens mal acquis de ses dirigeants ou ex-dirigeants, les autorités tchadiennes ne tarderont pas à envoyer un télégramme de remerciement à Monsieur Abdoul Mbaye pour cette information plus que précieuse. Ainsi, le Tchad n’aura pas finalement besoin de l’appui de la banque mondiale pour retracer l’argent de Habré au Sénégal.

Disons le très net, l’euphorie de la victoire semble avoir poussé les nouvelles autorités à vouloir révolutionner la vie publique, disons même à régenter la république. Pour elles, tout doit bouger. Mais à quel prix et comment ?

Comment elles ont pu accepter d’organiser le procès de Habré sans en mesurer toutes les conséquences ?

Voilà que le Sénégal se retrouve sur le banc des accusés, surtout quand il s’agira de traiter les crimes économiques de Habré.

En effet, le Premier ministre du Sénégal (une voix autorisée du milieu bancaire sénégalais) vient de lever le voile sur le secret bancaire et d’avouer publiquement qu’il a joué un rôle dans le recyclage des milliards de Habré sous l’œil protecteur des anciennes autorités sénégalaises.

La question que tout Tchadien devrait se poser c’est : pourquoi le Sénégal n’avait-il pas gelé les avoirs de Habré ? Une chose a été d’accueillir Habré pour des raisons humanitaires, une autre a été de fermer les yeux sur son « butin ».

Le Sénégal ne pourra pas dire : on ne savait pas. Le Premier ministre du Sénégal a publiquement avoué que les autorités sénégalaises avaient toutes les informations sur le butin de Habré. Autrement dit, Habré n’avait pas utilisé des circuits informels pour recycler son argent. C’est le Premier ministre du Sénégal qui l’affirme.

Imaginons, maintenant, que les autorités judiciaires qui se chargeront de l’instruction du dossier Habré s’intéressent à l’utilisation du butin de ce dernier et décident de jouer à la Eva Joly, autrement dit de convoquer toutes les personnes qui auraient bénéficié des largesses de Habré.

Plus grave, le Sénégal n’a plus d’arguments pour ne pas juger Habré. Et ceux qui veulent faire juger Habré ont maintenant un argument de taille : le Sénégal refuse de faire juger Habré parce qu’il serait complice de ses crimes économiques.

Non Monsieur le Premier ministre, vous n’aviez pas le droit de lever le voile sur le secret bancaire et ainsi exposer notre pays.

Jusqu’ici il n’y avait aucune information officielle sur la question. Il n’ y avait que des : il semble que, on dit que, on croit que… Et pour des raisons d’Etat, il devrait en rester ainsi.

Aussi, est ce que moralement le Sénégal peut aujourd’hui être parmi les premiers pays africains à avoir engagé la lutte contre les biens mal acquis et avoir à la tête de son gouvernement un homme qui a avoué avoir aidé un africain « à mal acquérir » des biens, ou du moins à déposer dans sa banque des milliards de francs dont l’origine semble être des plus douteuses ?

Nul ne doute de la probité et de la sincérité du Premier ministre, mais il faut quand même avouer que ce gouvernement a de sérieuses difficultés pour conduire convenablement les changements dont le Sénégal a besoin.

Comment un gouvernement peut se permettre six mois seulement après son installation d’ouvrir des dossiers aussi complexes que le dossier Habré ? Pourquoi ne pas prendre le temps nécessaire de l’étudier dans toutes ses dimensions ?

Si jamais on se retrouve avec des juges qui aiment jouer les stars, la surmédiatisation de l’instruction et du procès aidant, le Sénégal sera ainsi le théâtre d’un vaste spectacle politico-judiciaire.

Mettre en marche la machine judiciaire ne semble pas être trop difficile, mais la contrôler et surtout l’arrêter quand on veut ne semblent pas être trop faciles.

Sadikh DIOP

Administrateur de l’Observatoire de l’information et des médias
Vendredi 9 Novembre 2012
Sadikh DIOP




1.Posté par vip le 09/11/2012 09:03
Mr Abdoul Mbaye il est tout sauf un homme d'ètat il est de son devoir d'apporter des explications a ces accusations mais à ce point de mettre notre pays dans un pètrin d'apres ce k'il a dit nos autoritèe ètaient au courant du blanchiment du butin de Habrès et comme l'ètat est une continuitè nos dirigeants actuels auront du mal a lutter contre l'enrichissement illicite au niveau internatioan.

2.Posté par METTI le 09/11/2012 09:06
Moi si j' étais président , jamais je ne mettrais un banquier à la tête de mon équipe gouvernementale. C ' est prouvé que les banquiers ont une froideur financière incommensurable

3.Posté par Maa warou le 09/11/2012 12:57
Ils ne peuvent pas lutter contre l'enrichissement illicite, Macky s'étant enrichi illicitement. Ils font juste du saupoudrage et ce sera deux pelés et trois tondus qui payeront pour les autres.



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