De la contestabilité du marché de l’énergie au Sénégal (Amadou Faye, Professeur de gestion à l'Université de Thiès)


De la contestabilité du marché de l’énergie au Sénégal (Amadou Faye, Professeur de gestion à l'Université de Thiès)
Au Sénégal comme dans de nombreux pays en développement, le secteur de l’électricité est traditionnellement organisé sous forme de monopole public verticalement intégré. En effet, le secteur de l’énergie électrique est régi notamment par le décret n° 84-1128 du 4 octobre 1984 portant réglementation de la production, du transport et de la distribution. Aux termes de ce décret, c’est la Société Nationale d’Electricité (SENELEC), dont l’Etat détient la totalité du capital social qui exerce le monopole sur toute la chaîne de valeur.

Ce type d’organisation, qui pouvait être justifiée au départ, a peu à peu révélé un grand nombre d’inefficacités cumulatives : production structurellement déficitaire, absence de puissance de réserve, taux d'indisponibilité des équipements de base trop élevé, mauvais entretien des équipements, sous optimisation de la charge de travail, insuffisance des compétences dans la conception et le management des processus...

Aussi, la situation financière de l'entreprise publique est souvent préoccupante : tarifs maintenus artificiellement bas pour des raisons sociales, arriérés de paiement des administrations et difficulté de recouvrement des créances, manque de lisibilité sur la structure des coûts générant un endettement massif, manque de crédibilité vis à vis des fournisseurs rendant leurs conditions commerciales plus onéreuses...

Le cumul de ces phénomènes entraine des retards d’investissements, des externalités négatives au processus de développement, à la sécurité et au bien-être des populations.

Une solution serait de réformer complètement le système mais elle ne lève pas la contrainte de financement. Une autre solution est de le rendre contestable en supprimant le monopole sur certains segments de l’industrie. Ceci permet par exemple : de faire appel à des capitaux privés pour installer de nouvelles capacités efficaces et rentables. La suppression des barrières à l’entrée est donc de nature à favoriser l’émergence, sous certaines réserves, de nouvelles pressions concurrentielles de nature à renforcer l’efficacité du secteur.

Pour éviter l'impact négatif du coût prohibitif de la location des intsallations additionnelles sur la croissance, en attendant de trouver une solution dans les sources d'énergies alternatives, deux pistes seraient probables :

Ø On pourrait envisager en effet une structure intégrée au niveau du transport et de la distribution par une zone d’activité qui reste sous le contrôle de l’Etat, et privatisation et introduction de la concurrence à la production sur les installations de faibles capacités. Ce modèle permettrait d’expérimenter une privatisation partielle de l’activité.

Ø Un autre modèle avec une concurrence ouverte du réseau de transport aux concurrents moyennant un coût d’accès peut être envisagé également. A côté du groupe de monopole apparaissent des unités privées opérant dans la production ou la distribution. Cette organisation nécessite notamment l'élaboration d'une cartographie complète du réseau et une amélioration de la tension sur les réseaux de transport. Par ailleurs, cette alternative présenterait le risque d'une concurrence déloyale au niveau du coût d’accès au réseau. Il faudrait surement envisager une extension des compétences de l'ARTP sur le secteur énergétique pour créer ce cadre de régulation...

Amadou FAYE
Coordonateur A.P.R à Bargny, membre de la C.C.R
Email : courrierfaye@yahoo.fr
Lundi 11 Mars 2013
Amadou Faye




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