Ciments Du Sahel : Les remerciements du détenu Saliou N'diaye

Nos textes ont commencé à porter leurs fruits. Les directeurs des Ciments Du Sahel n'ont plus confiance en personne et ils se méfient entre eux, ils n'ont pas osé faire leur fête de fin d'année et qui sais ce qu'ils n’oseront plus faire d'ici quelques mois. Ils ont enfin peur de quelque chose...l'inspection du travail a maintenant l'occasion de leur tenir tête, ils sont passés de 12 heures à 8 heures de travail par jour pour certains et ils seront obligés de le généraliser. ON A GAGNE.

Que tout le monde sache que je ne regrette rien de ce que j'ai fait et de tout ce qui s'est passé, si c'était à refaire aujourd'hui, je le referais. Je lance un appel à tous les employés qui restent aux ciments du sahel de n'avoir peur que de Dieu et de ne croire qu'en eux même, si quelqu'un à l'intension de partir parce que ne supportant plus la pression, qu'il fasse quelque chose qui pousse les chefs et les directeurs à respecter les règles du jeu et les lois en vigueur. S’ils ne le font pas pour eux qu'ils le fassent pour leurs collègues camarades et amis. je souhaiterais voir des gens plus engagés que moi, plus intelligents et mieux préparés à changer la condition des travailleurs des ciments du sahel...Dieu ne le fera pas à votre place, le gouvernement ne lèvera pas le petit doigt, alors, réveillez vous. Vous avez beaucoup plus peur du licenciement que de Dieu mais être licencié des ciments du sahel est une voie du salut...

Etre en prison est certes difficile mais ça ne le reste pas si l'acte qui vous y amène est noble. Moi je me sentais très fort et très grand et tous les autres prisonniers me prenaient comme une grande star et je sentais une grande liberté en moi bien qu'étant en cellule. Alors pourquoi avoir peur? Qui aurait cru qu'aux ciments du sahel il y aurait un mouvement d'humeur aussi large? Plus de 400 ouvriers refusant de travailler derrière une seule personne qu'ils ne connaissent même pas pour la plupart. C’est parce que tout le monde en avait marre. Les contractuels (CDD) qui restent aux CDS perçoivent les 2/3 de ce qu’ils percevaient avant, pour dire que l’esclavage perdure toujours dans la 2ème cimenterie du Sénégal.
Beaucoup d'entre vous me remercient mais je crois que c'est à moi de vous remercier d'avoir cru en moi, de me suivre dans une dénonciation qui ne promettait pourtant pas au début avec beaucoup de risques et de menaces, moi aussi j’ai reçu des menaces de mort et le mauvais geste de beaucoup de marabouts irresponsables, mais Dieu ; le Protecteur ; me suffit comme couverture. J’ai fait cette noble revendication par la grâce du Très Haut, je n’attendais aucune réaction de votre part encore moins des remerciements et encouragements qui ne sont heureusement pas nombreux car un seul m’aurait comblé. Je vous encourage à plus de détermination.
Vous avez vous même pris l'initiative d'affronter le mal et à l'unanimité. Vous avez essayé de négocier ma libération. Vous marchiez chaque jour 8 km (et pendant 4 jours) en aller et retour pendant que moi j'étais devant la télé et sous les ventilateurs correctionnels en mangeant à ma faim en buvant à ma soif et en dormant à mon sommeil. Vous avez valorisé mon geste et agrandi mon pas...vous avez fait de moi ce que je suis aujourd'hui, un être fier et digne. En faisant tout ceci pour moi vous ne saviez pas que vous étiez entrain de le faire pour vous même. Mais excusez-moi tous de remercier et d'encourager ceux qui ont perdu leur CDD à l'ensachage et dans le reste de l’usine (les licenciés étaient au nombre de 40 mais maintenant ils sont au nombre de 60, pour le moment) "on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs" nous sommes les œufs des omelettes ciments du sahel et ceci je l’ai dit à certains responsables des CDS en ajoutant que si licenciements il y aura je souhaiterais être le premier de la liste. Alors acceptons et tournons la page ciments du sahel. Maintenant que le compte à rebours s’est déclenché, le combat ne s’arrêtera jamais contre cette société…

Je ne souhaite pas la disparition de mes ennemis. Je leur souhaite longue vie pour qu’ils continuent à me créer des obstacles que je surmonte afin de me performer pour sentir en moi que je vis. Quand on réussit de bonnes choses c’est en grande partie grâce à nos ennemis. Alors je remercie la société hors la loi que sont les ciments du sahel.

Merci spécialement à: PAPE MALICK NDIAYE, CHEIKH OUMAR NDIAYE, HABIB SALL, CHEIKH MOUKHADRE GUEYE, LAMINE GUEYE, MOHAMED MBACKE DIENG, MALICK DIAGNE, NAFISSATOU DIOP BA, GEORGES MENDESE qui ont perdu leur CDI...merci aussi à ALIOUNE DIENG à la CSA et à la CNTS, à TOUS LES JOURNALISTES et à toutes les institutions financières qui ont entendu notre appel...

Merci particulièrement à ma femme FA, à Mme SECK sa grande soeur à leur famille, à la mienne, à tous mes amis, à MOUNASSE, à MAMY et à tous ceux qui m’ont soutenu pendant que j’en avais le plus besoin ! Nous sommes ce que nous faisons et nous le resterons. Les paroles s’en vont mais les écrits et les actes demeurent. De grâce contrôlez bien ce que vous faites, ce que vous êtes. MERCI A TOUS !
SALIOU NDIAYE / 775324668 // 09-02-2012