Ce que doit ressembler la Politique sénégalaise de financement des universités du projet de société “Yoonu Yokouté” du président Macky Sall


Ce que doit ressembler la Politique sénégalaise de financement des universités du projet de société “Yoonu Yokouté” du président  Macky Sall
Dans le projet de société “Yoonu Yokouté” du président Macky Sall, les universités sénégalaises doivent être conviées à un important chantier visant à renouveler les perspectives d’avenir de l’institution universitaire elle-même. Il s’agit d’une démarche qui repose sur une conviction que les instituions d’enseignement supérieur que sont les universités ont un rôle essentiel dans la formation de chaque individu pour l’avancement des connaissances et l’évolution sociale, culturelle et économique de la société. Ceci est d’autant plus important particulièrement en période de mondialisation et d’utilisation massive des nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est dire que la démarche s’articulera autour de trois éléments : une politique universitaire faisant état des attentes et des engagements du gouvernement à leur égard, un plan d’investissement traduisant le niveau de financement que le gouvernement doit consacrer aux établissements universitaires et la politique de financement servant à répartir de manière transparente et équitable l’ensemble des ressources financières mises à la disposition des universités sénégalaises. Les lignes qui suivent décrivent les principes de la formule de répartition des subventions que l’État sénégalais accorde aux universités en tenant compte des orientations générales de la Politique sénégalaise à l’égard de l’enseignement supérieur et des divers aspects de la réalité universitaire.  Les grandes orientations La Politique universitaire sénégalaise doit prévoir un plan de financement visant à corriger les problèmes mis au jour dans le modèle en vigueur depuis plusieurs années. C’est ainsi qu’elle doit préciser les orientations et les priorités d’action du gouvernement en cette matière. Parmi ces dernières, il convient de dégager ici celles qui doivent être prises en compte dans la Politique sénégalaise de financement de l’enseignement supérieur : - un financement de base permettant aux universités sénégalaises de remplir leur mission en tenant compte de leurs caractéristiques propres et en respectant les limites financières du gouvernement; - un financement de base reconnaissant l’autonomie d’action des universités et leur pouvoir d’initiative dans l’organisation des activités de formation et de recherche; - le renouvellement, le recrutement et la rétention d’un corps professoral de haute qualité; - l’accessibilité géographique des études universitaires, notamment par la présence de l’université dans les toutes les régions du Sénégal et par le développement de la formation à distance. A ce titre, il sera beaucoup moins coûteux d’élargir les universités existantes que de créer de nouvelles institutions. En guise d’illustration, au lieu de créer une deuxième Université dans la ban-lieux de Dakar, il serait plus judicieux et plus rentable (économiquement) d’avoir un campus de l’UCAD à Rufisque ou à Keur Massar. Dans la même lancée, l’Université de Ziguinchor peut avoir un campus à Kolda ou à Tambacounda, celle de Bambey aura par exemple, son campus à Kaolack. Quant à l’UGB, elle peut avoir un campus à Matam au moment où l’Université de Thiès aura un Campus à Mbour. Ces différents campus universitaires seront dirigés par des vice-recteurs. - la modernisation des équipements et des infrastructures de base comme les bibliothèques, les équipements scientifiques et de laboratoire, les technologies de l’information, etc. afin de les rendre conformes aux besoins de l’enseignement supérieur; - une gestion optimale de l’offre de programmes de formation et une promotion de la formation de la relève en recherche universitaire; - l’intensification des interactions entre les universités et les différents acteurs de la société sénégalaise et la mise en œuvre de stratégies d’insertion des diplômés dans la vie professionnelle; - l’utilisation optimale des ressources disponibles, l’efficience attendue de la part des universités et l’imputabilité de ces dernières devant la société et le gouvernement en ce qui a trait à la gestion des fonds publics alloués, aux grandes orientations de leur développement et aux résultats atteints; - la concertation et la complémentarité entre les universités, de même que la conclusion d’ententes de collaboration ou de services avec des entreprises ou des groupes sociaux contribuant à la réalisation de la mission universitaire; Tout cela sera suivi de prés par des objectifs clairs et précis en matière de politique de financement.  Les objectifs de la politique du financement Rappelons que le niveau et l’évolution des ressources mises à la disposition des universités sénégalaises relèvent des choix du gouvernement. Au terme de plusieurs années difficiles sur le plan du financement, le projet de société “Yoonu Yokouté” du président Macky Sall doit faire des choix en matière d’investissement dans l’enseignement supérieur. C’est ainsi que l’enseignement et la recherche universitaire doivent être considérés par “Yoonu Yokouté” comme un axe à privilégier pour assurer à long terme la prospérité des individus et de la collectivité dans une économie aux frontières éclatées où le savoir, l’imagination, la créativité, la recherche et l’innovation constituent la nouvelle matière première. C’est dire que le gouvernement du Sénégal doit procéder à un investissement graduel dans les universités au cours des prochaines années. Ceci permettra aux universités de disposer de moyens pour concurrencer avec succès les autres établissements d’enseignement supérieur de l’Afrique notamment celles anglophones de l’Afrique du Sud, du Ghana, etc. Toutefois, les crédits budgétaires du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ne doivent pas être la seule source publique de financement des universités. C’est ainsi que le niveau d’investissement envisagé sous l’autorité du ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche prendra en considération le soutien accordé par d’autres acteurs privés. Par ailleurs, sous réserve des ressources disponibles, le gouvernement du Sénégal financera un certain nombre de facteurs de croissance des coûts, notamment les salaires et les avantages sociaux du personnel par exemple. Quant à la politique de financement globale de l’ensemble des universités, elle reflètera les règles budgétaires édictées annuellement par le ministère de l’Enseignement supérieur et la recherche. Ces règles doivent répondre aussi à certains principes d’équité, de transparence, et de prévisibilité pour servir entre autres, à orienter l’action de l’enseignement supérieur vers des objectifs particuliers comme la réponse aux besoins sociaux, l’efficacité et l’efficience propre à la gestion des fonds publics et l’accessibilité des citoyens sénégalais aux services universitaires. La politique de financement doit également respecter l’autonomie d’action des universités; c’est dire que le choix des moyens pour réaliser la mission de l’université appartiendra donc à chaque établissement. En contrepartie, les choix effectués ne peuvent par eux-mêmes déterminer la part des ressources totales dévolues à l’enseignement et à la recherche universitaires. Il est donc de la responsabilité du gouvernement sénégalais de fixer le niveau global de sa contribution et de partager les ressources entre les établissements universitaires en place. En ce qui concerne les subventions accordées par le ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche, elles doivent couvrir les dépenses de fonctionnement et d’investissement. C’est ainsi que si le fonctionnement est subventionné par les crédits budgétaires, les investissements sont quant à eux, autorisés en vertu de plans quinquennaux d’investissements universitaires et financés au moyen d’emprunts remboursés par le service de la dette. En matière d’investissement par exemple, des subventions récurrentes doivent être accordées aux universités pour leur permettre de maintenir en bon état le parc immobilier et renouveler les équipements. Ces différentes subventions doivent être établies selon un cadre normatif périodiquement mis à jour. La politique de financement de l’enseignement supérieur visera donc, d’une part, à assurer la qualité des services et des activités de formation et de recherche en tenant compte des particularités des établissements et, d’autre part, à soutenir les orientations mises en avant dans la Politique sénégalaise à l’égard des universités. Celle-ci aura aussi pour objet de favoriser la réussite dans les études, de soutenir le renouvellement du corps professoral et d’encourager le partenariat public-privé.  La formule du financement à privilégier La formule de financement doit privilégier trois volets principaux; il s’agit du volet « enseignement », le volet « soutien à la recherche » et le volet « entretien des terrains et des bâtiments ». Concernant le volet « enseignement », il doit s’appuyer sur une mesure des activités d’enseignement dispensées par chaque université pour une année donnée. Cette mesure est qualifiée d’effectif étudiant pondéré. Autrement dit, l’enveloppe budgétaire réservée à cette fin est distribuée au prorata de l’effectif étudiant pondéré de chaque Université. Et pour établir l’effectif étudiant pondéré de chaque Établissement d’enseignement supérieur, les activités de formation des universités sont classées dans un certain nombre de groupes. C’est ainsi qu’un poids budgétaire est associé à chacun de ces groupes, et ce, pour chaque cycle d’études. C’est dans ce volet que les universités peuvent promouvoir la formation de la relève en favorisant un meilleur encadrement par l’amélioration de la qualité de la formation, la réussite des étudiants et l’augmentation du nombre de diplômés. Ceci passe aussi par la mise en place de mesures appropriées et efficaces de recrutement, de renouvellement, mais surtout de rétention des enseignants. Quant au volet « soutien à la recherche », il sera essentiellement destiné à financer le fonctionnement des bibliothèques, les coûts liés à l’informatique et à l’audiovisuel ainsi que l’administration générale des chaires de recherche. Ce volet comportera deux éléments distincts. D’une part, un montant fixe sera accordé à chaque Université pour les coûts de base de son administration générale. D’autre part, une enveloppe budgétaire sera repartie entre les établissements d’enseignement supérieur au prorata du nombre d’étudiants et de chaires de recherche. Enfin, pour le volet « entretien des terrains et des bâtiments », il assurera de manière normalisée, les ressources nécessaires au bon fonctionnement des édifices. Le modèle d’allocation reflètera les coûts associés à l’entretien et à la rénovation des terrains et des immeubles, à l’entretien ménager, à l’énergie, à la sécurité et à la protection, aux assurances sur les biens et, enfin, à la coordination de ces activités. Par ailleurs, la formule de financement de ces différents volets de la politique de financement des universités sénégalaises doit faire l’objet d’un contrat de performance entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et les universités afin d’obliger ces dernières à rendre compte de l’utilisation des sommes mises à leur disposition. Le contrat de performance traduit l’engagement de chaque établissement universitaire à l’égard de différents aspects de son activité et met en évidence le fait que les sommes investies ont pour but d’améliorer la qualité des enseignements et de la recherche. Le contrat sera rendu public, et l’Université qui reçoit le financement doit faire un rapport au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur l’état de réalisation des engagements pris dans son contrat de performance. Ceci permettra ainsi au ministère de faire lui-même, un compte rendu au gouvernement. En guise de conclusion, le développement social, culturel et économique du Sénégal doit pouvoir s’appuyer sur les universités. Si cela se réalise, nous sommes convaincus que les sénégalais seront fiers de leurs universités et que la collaboration de ces dernières avec le gouvernement constituera une clef indispensable à la réussite des étudiantes au moment où le problème d’orientation des nouveaux bacheliers se pose avec acuité. Nous avons l’espoir que cela pourra se réaliser avec l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Mary Teuw Niane qui a su réaliser un travail remarquable à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis en tant que Recteur.
Lundi 25 Février 2013
Salif BALDÉ Diplômé de l’ENEA de Dakar et de l’Université de




1.Posté par mouhamed niang le 26/02/2013 14:36
Merci M. BALDE pour cette pertinente communication. En tout cas le débat est bien pesé et je pense que le Sénégal doit faire de l'enseignement un levier incontournable pour atteindre la voie royale qui n'est autre que le développement. L'avancée titanesque des pays nord américains est le résultat d'une parfaite connexion entre les universités et la société. Si, au Sénégal, l'université est considérée comme une fabrique de chômeurs, en occident l'université est appréhendée comme une solution aux problèmes les plus complexes. Une chose est certaine dans un monde au diapason des connaissances, il est d'une vérité évidente que seuls les nations qui accordent une importance notoire au savoir parviendront a se hisser parmi les peuples qui gouvernent, décident et définissent les règles du jeux pour l'humanité. Il n'est jamais trop tard pour bien faire surtout que les leçons et les références ne manquent pas. Qui veut, peut

2.Posté par Modou Mbaye le 26/02/2013 15:42
Merci Salif, du courage et bonne continuation

3.Posté par GADIO LAYE le 26/02/2013 19:15
Merci Salif pour cette brillante contribution à la fabrique d'une université qui répond aux défis du développement de notre chers Sénégal!!!



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